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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Perpignan : lettre ouverte au maire-philosophe

M. Jean-Marc Pujol et J.P.Bonnel (photo Jean-Marie Artozoul)

M. Jean-Marc Pujol et J.P.Bonnel (photo Jean-Marie Artozoul)

Lettre ouverte à M. Pujol, maire de Perpignan

 

Vendredi 5 février, à 18 heures, j'accueillais, à la librairie Torcatis, le public venu écouter la présentation de l'association Walter Benjamin et des lectures d'oeuvres du philosophe. 

 

De nombreux amis et personnalités se trouvaient dans la salle du second étage, préparée par Roger Coste (1), quand, tout d'un coup, vous surgîtes  (je n'oublie surtout pas l'accent circonflexe!), Monsieur Le Maire de Perpignan, sans complexe, et très chic, en costume noir trois pièces, de la nuit de Perpi dans la lumière (que dis-je , les "lumières" voltairiennes !) de la librairie Torcatis… mais très en colère et tenant à bout de bras un papier….

 

Je pensais que vous veniez, M. Pujol, pour participer au débat sur le philosophe juif allemand… Mais non ! Déception ! Vous mettez l'Histoire (et les histoires) avant la philosophie !

 

D'abord agressif, vous me criez que mon article (2) n'est qu'un tissu de ragots, que je pratique la délation et que c'est l'esprit de Vichy qui règne dans mon texte…

 

-Vichy, tiens, tiens, me dis-je, c'était l'accusation, quelques heures avant cette rencontre surréaliste, de C. Dufflot à l'égard de M. Valls, à propos de la déchéance de nationalité et de l'état d'urgence inséré dans la constitution…

Ainsi, on pourra être inquiété pour un grand "délit", notion vague, qui peut être un geste criminel mais aussi un délit d'opinion, la liberté d'expression étant alors menacée… Vichy, Pétain, Ies rafles, le régime qui va pourchasser les antifascistes, les intellectuels communistes ou juifs, qui vont devenir des apatrides… 

 

Bravo, M. Pujol, vous étiez bien dans le débat avec Walter Benjamin … Je vous ai alors proposé de vous exprimer devant la petite assemblée et de lancer la discussion, car c'est ce qui manque le plus ici à Perpignan et en France, en général…

 

Vous refusâtes, comme vous avez refusé quand je vous ai proposé un débat avec Benjamin Stora, sur l'Algérie, à l'occasion de la venue au salon du livre de Collioure, en août 2014, du directeur du musée de l'immigration…

 

Et vous continuâtes à me dire que vous aviez été blessé par toutes ces insinuations ordurières dont je m'étais fait l'écho dans mon article…

 

Je vous répondis que j'avais rassemblé des rumeurs persistantes, que j'avais voulu d'abord écrire un texte humoristique, ironique et poétique, en employant le conditionnel et en jouant sur les mots.

 

J'ajoutai aussi que c'était la liberté d'expression d'un citoyen, que c'était "l'esprit Charlie", que vous aviez si bien défendu, M.Pujol, en manifestant le janvier 2015, dans les rues de Perpignan… 

 

Or, vous me répondez alors que mon texte polémiste, ce n'était là ni la liberté de s'exprimer ni l'esprit Charlie…Vous m'apprîtes aussi que votre conseillère municipale Suzy Niquaise se trouvait dans un état grave à cause de mes attaques…Je lui souhaite -comme l'on dit- un prompt rétablissement: elle pourra alors m'inviter enfin à visiter le cercle algérianiste…(je lui ai donné 3 fois mon contact...)

 

Ragots, rumeurs, cochonneries...

 

Il est vrai, d'ailleurs, que j'ai longtemps hésité à publier ce texte qui, outre des aspects politiques précis, aborde des questions privées d'ordre sexuel… 

Puis je me suis dit : le plus grave, dans le domaine de la liberté d'expression, c'est l'autocensure… Combien de personnes, dans leur travail, face à la hiérarchie, combien de journalistes se censurent eux-mêmes… Je ne vais pas faire pareil, même si mon texte va sembler provocateur et se tenir en perpétuel équilibre entre le ragot malsain (ce que M.Pujol appelle la délation) et la vérité de l'information (mon texte est truffée de vérités).

 

 J'étais sur la ligne de crête, sur la corde raide et j'ai essayé de ne pas tomber dans l'abîme, c'est-à-dire dans la méchanceté "gratuite" : en fait, je ne vous souhaite, Monsieur Le Maire aucun accident de santé mais au contraire, je vous félicite de profiter de la vie pleinement…

 

Votre venue inopinée à la librairie Torcatis, votre intrusion soudaine, sans dire un mot aux libraires, me parlant pendant dix bonnes minutes sous les regards étonnés de l'assistance et sous les flashes de Jean-Marie Artozoul, correspondant des journaux La Croix du Midi et du Petit Journal, est assez étonnante…

 

 C'est une démarche directe auprès d'un "opposant" -qui a pourtant appelé à voter pour vous en mars 2014 (3) -, se passant ainsi d'un intermédiaire, avocat ou directeur de cabinet…Démocratie directe ! Oui, c'est, en fait, un geste démocrate de la part d'un… Républicain, et j'aime assez ! Je souhaite seulement que le maire organise cette démocratie dans sa ville en donnant la liberté d'expression à tous les citoyens dans des structures qui doivent être mises en place sans attendre...

Sans attendre que notre belle cité catalane n'entre en déliquescence avancée...

 

M.Pujol, merci d'avoir perturbé un peu la soirée consacrée à la littérature et à la philosophie. Vous êtes un sacré chahuteur..!

 

Il faut aussi dire, à votre décharge, que les raisons d'être en colère ont été multiples, la semaine dernière : outre mon blog, vous avez supporté les critiques de Clotilde Ripoull dans l'Indépendant et la colère de Louis Aliot lors du dernier conseil municipal. Vous n'auriez rien fait de positif depuis votre élection, clama l'ancienne conseillère municipale d'opposition. Vous auriez trahi la parole donnée, dénonça le leader du Font national… 

 

Ragots ou vérités, à vous de juger, à vous de répondre, dans mon blog ou ailleurs…

 

Face à ces dénonciations, mes allusions étaient bien légères et constituaient un exercice de style mêlant des références à des événements précis et des rumeurs d'en-dessous de la ceinture : un peu d'humour, M. Le Maire, et sachez que le peuple estime que les affaires privées d'un homme public ne sont jamais totalement privées, qu'elles ont un impact sur les affaires publiques…

Par exemple, le poste de conseillère régionale réservée à une conseillère municipale, qui s'est fait remarquer par un club de sport qui coûta si cher à la ville, et qui dispose, pour tout diplôme, pour tout viatique susceptible de l'aider à la Région, d'un Bafa…

 

 A vous, M. le Maire, de ne pas livrer votre flanc aux ragots, à vous de ne pas laisser filer les rumeurs, par naïveté ou par fierté mal placée, à vous de vous expliquer et de débattre...

Bien à vous.

 

JPB

 

---

 

(1)Joël Mettay, Gildas Girodeau, Manfred Flamembaum, Clotilde Ripoull, M.Mesplé, Georges Cazeneuve Madeleine Claus, Michèle Bayar, Nicole Gaspon…

 

Je remercie aussi Alain Tarrius (pour son message de soutien) ainsi que Nicolas Caudeville (qui m'a donné la parole - Voir le site "L'Archipel contre-attaque"), Fabrice Tomas, Laurent Fontquerny, Jérôme et Roger Ripoull…et, pour son beau texte :

 

---Isabelle Jouandet Je découvre l’incident et, partant, l’article litigieux. Nous sommes bien loin de l’esprit « Charlie ».

Ma première remarque tient à la liberté d’expression / d’opinion. Spécialisée en la matière, la XVIIe Chambre correctionnelle de Paris, a rappelé dans un jugement récent :

"A titre liminaire, il doit être souligné que, s'agissant d'un homme politique, les limites de la critique admissible sont plus larges, lorsqu'il est visé en cette qualité, qu'à l'égard d'un simple particulier; qu'en effet, il s'expose inévitablement et consciemment à un contrôle attentif de ses faits et gestes tant par les journalistes que par la masse des citoyens et doit, par conséquent, montrer une plus grande tolérance."

Ceci dit, cette réaction du Maire de Perpignan me paraît peu judicieuse : par son esclandre public, il fait lui-même publicité à l’article et d’une certaine façon prend le risque de donner crédit aux rumeurs énoncées. Or, à la lecture, ce texte évoque des ragots bel et bien existants, sinon fondés, que son auteur évacue avant même de conclure par un … « Et il aurait bien raison » …

 

Chacun apprécie, ou pas, le style de JPB teinté d’humour, parfois féroce. Reconnaissons-lui le courage d’écrire (tout haut) ce que beaucoup disent (tout bas) : au final, cela a le mérite de recadrer les choses. 

 

Enfin sur les blogs et les réseaux sociaux, leur existence permet un accès à l’information et au débat public dont les citoyens sont le plus souvent privés. La tendance de la plupart des hommes politiques et médias est au musellement et à la désinformation de l’opinion. Ce nouveau vecteur est bel et bien dérangeant mais nécessaire dans un contexte d’asphyxie de la liberté d’opinion.

 A nous d’exercer notre esprit critique et … de tolérance. Ceci est tellement vrai que les politiques prennent eux-mêmes d’assaut les réseaux ; le Maire de Perpignan lui-même n’a-t-il pas lancé avant les municipales de 2014 un "kit de campagne" à télécharger, contenant 9 images à insérer sous forme de bannières ou d'images d'accueil, sur les comptes Facebook et Twitter des électeurs volontaires.

 

- - -

(2) "Le maire de Perpignan entre rumeurs et vérités" (le blogabonnel du 4 février)

(3) voir le texte et les signataires dans mon livre "365 jours avec JMPujol" (dans les bonnes librairies) et sur le site de L'Indépendant.

Lundi 8 février à 17h30

Séminaire international

Séminaire d’Études Catalanes-CRIMIC et GRACMON (Université de Barcelone)

Art Nouveau - Modernisme : París-Barcelona (II)

Conférences

F É V R IE R En partenariat avec l’Institut Ramon Llull

UNIVERSITE PARIS-SORBONNE

CENTRE D’ÉTUDES CATALANES

9, rue Sainte Croix de la Bretonnerie – 75004 Paris Tél: 01 42 77 65 69 – Fax: 01 42 74 12 70 Courriel : centre.etudes-catalanes@paris-sorbonne.fr

Teresa-M. Sala (GRACMON, Université de Barcelone)
« Paris à Barcelone vue et exposée par les modernistes catalans »
Núria Aragonès ( GRACMON, Université de Barcelone)
« Costume et peinture : la parisienne mythe et source d’inspiration pour les peintres du modernisme catalan »

Eliseu Trenc (Professeur émérite de l’Université de Champagne Ardenne)
« Xavier Gosé et les derniers modernistes décadents, élégance et raffinement »

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