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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Commerces : Perpignan ville-musée..?

J.Lourau - Groupe de jazz Cavale - André Scobeltzine (livres publiés)
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**SAISON JAZZEBRE 2016 vous présente

Concert: Electric Biddle / Julien Lourau Quartet

Jeudi 17 mars - 20h30 - Casa Musicale, Perpignan - Tarif : 10€/8€/5€

Julien LOURAU Saxophones Electronique, Hannes RIEPLER Guitare , Dave Maric Piano Electro- nique, Jim HARTS Batterie

Renseignements et Réservations : ASSOCIATION STRASS
Ex-école de Château-Roussillon / Chemin de Château-Roussillon 66000 Perpignan
04.68.51.13.14 / www.jazzebre.com

Commerces des villes moyennes : tourisme et hypermarchés pour compenser la désindustrialisation.

Mais le centre-ville est en perdition - le coeur historique de Perpignan va-t-il devenir un musée à ciel ouvert..? Perpignan, ville d'art, d'histoire et de congrès..?

 

-La cité catalane a-t-elle plus d'atouts qu'Albi, Béziers..?

 

Florian a déménagé a Albi il y a trois ans, content de rejoindre une petite ville «  à taille humaine  ». Mais quand la bise fut venue, les touristes sont partis. Il a alors réalisé que «  le centre-ville a l’air mort une bonne partie de l’année »  :

«  On a l’impression qu’il y a beaucoup de magasins fermés et que les seuls commerces restants sont destinés aux touristes. Il y a une ambiance de vide. »

Pour confirmer cette impression, ce diplômé en géographie a décidé de se lancer dans un inventaire des commerces de sa ville. Un travail de terrain de plusieurs semaines réparties sur un an et demi dont il partage aujourd’hui les résultats via une carte interactive et sur une page Facebook

 

 

Sociologie des commerces du centre-ville d'Albi

 

 

 

 

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Il en tire ce genre d’infos  :

  • «  10 % des commerces sont fermés  »
  • «  En dehors du marché, le seul commerce alimentaire est une boulangerie  »
  • «  35 % des commerces sont destinés à l’habillement  ».

Béziers, Vierzon, Albi, même combat

Dans les échanges qu’il a avec les habitants, notamment grâce à sa page Facebook, Florian a l’impression que les choses s’aggravent. Pour lui, les causes sont claires : la ville mise trop sur le tourisme et les congrès, et ses abords comptent trop de centre commerciaux.

Est-ce un cas unique  ? En 2013, l’Institut pour la ville et le commerce a réalisé une étude sur les communes dont les centre-villes se vident. Il comptait une cinquantaine de communes où plus d’un commerce sur dix est vide (Béziers, Vierzon, Châteauroux, Cholet ou Nevers) contre une vingtaine seulement en 2001.

La faute principalement à l’extension des centres commerciaux. En France, les deux tiers des achats de produits alimentaires se font en périphérie des villes relevait Terra eco en 2013. 

Le volume de surfaces commerciales croît de 4% à 5% par an depuis le début des années 2000, bien plus que la consommation des ménages. Et ces millions de mètres carrés nouveaux sont quasiment totalement situés en périphérie des villes.

 

Et le politique ?

Dans un rapport remis à Nicolas Sarkozy en 2009 sur le sujet, Jean-Paul Charié, alors député (UMP) du Loiret assurait :

«  Il est urgent que le politique reprenne en main les règles de l’architecture commerciale. Nos entrées de ville sont littéralement défigurées par des zones commerciales en forme de boîtes à chaussures empilées en pleins champs. »

 

- - -En France, une cinquantaine de villes ont voulu faire face à la désindustrialisation de leur économie en précipitant le développement de zones commerciales et autres galeries marchandes.

  • Mirage commercial après désindustrialisation
  •  

En 2001, Moulinex fermait son usine d’Alençon (Orne), berceau historique de la marque, entraînant la suppression d’un millier d’emplois. Douze ans plus tard, cette petite ville de 26 000 habitants est confrontée à un nouveau choc économique, cette fois dans les services, révélé par l’accélération des fermetures de boutiques dans son centre-ville. Plus d’un local commercial sur dix est désormais inoccupé, deux fois plus qu’en 2001.

 

A priori, aucun rapport entre ces deux crises. Et pourtant… au lendemain de la fermeture de Moulinex, la municipalité d’Alençon déclenche «Phénix», un plan de relance ambitieux visant à créer «1 000 emplois en 1 000 jours». Phénix repose sur l’engagement de plusieurs grands chantiers de construction de logements (aménagement d’un nouveau quartier), d’équipements publics (construction d’une prison) et surtout de commerces. Une fois les vannes ouvertes, les promoteurs s’engouffrent et projettent jusqu’à 120 000 m2 de nouvelles surfaces commerciales sur l’agglomération alençonnaise !

Heureusement, «seule» la moitié des surfaces projetées sortira de terre. Entre-temps, la ville perd 10% de sa population. Avec plus de commerces pour moins d’habitants, le secteur marchand bascule dans une situation hyperconcurrentielle, dont le commerce de centre-ville est le premier à payer les frais. Le plan Phénix finit avec du plomb dans l’aile.

 

Alençon n’est malheureusement pas un cas isolé. Une cinquantaine de villes en France ont voulu faire face à la désindustrialisation de leur économie en précipitant le développement de leur secteur tertiaire marchand. Les zones commerciales se sont alors multipliées aux portes des villes de Calais, Cholet, Châteauroux, Guéret, Moulins, Nevers, Vierzon…

 

Ces villes n’ont fait que confiner, puis déplacer leur problème de dévitalisation économique : elles sont aujourd’hui les plus touchées par la vacance commerciale (19% de commerces vacants en centre-ville de Calais, 17% à Cholet, 16% à Châteauroux, 20% à Guéret, 15% à Moulins, 18% à Nevers, 26% à Vierzon) et doivent désormais faire face à une dégradation plus générale de leur image et de leur attraction.

Comment les élus de ces villes ont-ils pu autant s’aveugler ? En méconnaissant ou en feignant de méconnaître (course à la création d’emplois oblige) les logiques de développement des groupes de distribution.

Or, la profitabilité des distributeurs est mise à mal depuis une quinzaine d’années. Ceux-ci doivent faire face à l’érosion de leurs chiffres d’affaires en raison d’une saturation des marchés de consommation et du ralentissement, voire d’une diminution, du pouvoir d’achat des ménages. Ceux-ci doivent également faire face à une élévation de leurs coûts d’exploitation, due notamment au renchérissement du coût des matières premières et à une élévation des coûts d’occupation de l’espace (les loyers commerciaux ont augmenté de 40% entre 2000 et 2010). Bref, il leur coûte de plus en plus cher de vendre de moins en moins…

Une parade consiste paradoxalement pour ces groupes à multiplier les ouvertures de magasins pour bénéficier d’effet de taille et réaliser des économies en amont de la phase de commercialisation de leurs produits. Qu’importent en effet les surcoûts de commercialisation générés par l’ouverture d’un énième magasin, peu voire pas rentable du tout sur un territoire à faible potentiel ou saturé, tant que ces surcoûts sont compensés en amont, par les économies réalisées au niveau des achats et de la logistique.

De nombreux projets d’immobilier de commerce se justifient désormais non pas par l’existence d’une nouvelle demande de consommation locale, mais par la nécessaire croissance organique et la concentration des entreprises de distribution.

En définitive, ni le marché ni les pouvoirs publics ne régulent la production de surfaces commerciales. C’est ainsi que, depuis une quinzaine d’années en France, le parc de surfaces commerciales croît à un rythme plus rapide que celui de la consommation. Il a progressé de 60%, passant de 48 millions à 77 millions de m2 entre 1992 et 2009, alors que dans le même temps, la consommation n’a progressé que de 38%.

Hélas, ce mode de développement n’a pas d’avenir. Les villes de la désindustrialisation comme Alençon sont les premières à en faire l’amère expérience. Il est fort probable que le phénomène de la vacance persiste et s’aggrave en raison cette fois de la progression des ventes par Internet. En projetant les évolutions actuelles de la production de surfaces commerciales (+ 3,5%), de la consommation des Français (entre + 1 et + 2%, en étant optimiste) et des ventes par Internet, le développement des transactions marchandes pourrait rendre obsolète quelque 40 millions de m² de surfaces commerciales en 2020, soit 25% du parc constitué à cette date.

Le rapport du commerce au territoire doit être refondé, de même que les objectifs des politiques d’urbanisme commercial doivent être repensés. Il est urgent que les candidats aux élections municipales se saisissent de ces enjeux. L’attraction des villes ne peut reposer sur le développement effréné du commerce pour servir une vision opportuniste et de court terme motivée par la seule course à l’emploi. Sauf à ce que les promoteurs de ce type de politique sachent répondre à cette double question urbaine et sociale : que faire des futures friches commerciales héritées de feu notre société de consommation de masse ? Que faire des emplois issus de ce mirage commercial condamnés à disparaître avec lui ?

Pascal Madry Directeur de l’Institut pour la ville et le commerce ©Libération

 
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