Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Front national : Entretien avec Louis ALIOT
JPB: M. Aliot, nous avons au moins deux points communs; nous aimons le ski et nos familles sont originalres de l'Ariège. D'ailleurs, à Ax et à Foix (vous étiez au lycée avec mon cousin germain), on dit "AlioT", en prononçant unT final sonore… Pourquoi ne pas avoir conservé cette prononciation ? Trop sudiste, provinciale..?
L.A: C'est l'influence des médias parisiens…Peut-être ressemblance de prononciation avec Alliot-Marie… Mais je ne peux pas cacher mon accent ; je ne le cultive pas, non plus…
JPB. : Après le succès du FN lors des dernières élections -régionales- il me semble qu'on assiste à un reflux de l'influence de Marine, une moindre présence dans l'actualité… On le constate avec la rivalité avec Marion Maréchal…Lors du récent voyage au Québec, le refus des politiques pour la rencontrer et la critique des journalistes…La démission de centaines de conseillers municipaux en France…En outre, avec la "dédiabolisation" (rupture avec le père, le passé trouble, la xénophobie, la mise en sourdine de certains thèmes porteurs: sortie de l'Europe, insécurité) et la captation d'idées par la droite et le pouvoir : la déchéance de nationalité, la fermeture des frontières, en raison de l'arrivée massive de migrants, il semble que le FN n'a plus grand-chose à proposer. De même pour le débat sur la laïcité et le communautarisme. N'est-il pas devenu un parti comme les autres, même s'il est avant tout le pâti des mécontents, des révoltés, des gens affaiblis par la crise..?
L.A. : La rivalité avec Marion Maréchal n'existe pas. Il y a beaucoup de manipulation de la part des journalistes. Vous faites référence au journal télévisé de Montréal : le reportage de Canal + a été manipulé ; les réponses de Marine n'ont pas été insérées ! et d’ailleurs la presse française s’est faite épinglée par la presse canadienne. Pour l'instant elle refuse d'aller dans les médias, elle prend le temps de souffler, de réfléchir pour préparer la suite.
Quant aux conseillers municipaux du 66, ils sont toujours présents à Ste-Marie, au Soler et à Saint-Estève ; sont partis Clotilde Font, Kortanec de Bompas et Mme Pelras (belle-soeur du journaliste Jean-Paul Pelras) dont le mari François a été condamné à dix mois avec sursis et 12 000 euros d’amende et déclaré en faillite personnelle pour 5 ans. Et c’est lui que certains médias locaux ou journalistes indélicats reprennent complaisamment pour me nuire.
Les événements, tout nous donne raison : il faut rétablir les frontières ; nous le disions il y a dix ans déjà ! Les frontières servent à filtrer les arrivants. L'actualité nous donne raison : on a ainsi obtenu du crédit auprès de la population. Cela nous laisse le temps de développer d'autres thèmes. Sortir de l'Europe, c'est difficile, ça se prépare, ça s’explique…
Quant au thème du communautarisme, la religion doit rester dans la sphère privée ; elle ne doit pas exercer de pression dans la sphère publique. Il ne faut pas confondre l’islam politique, - à laquelle on ne demande aucun effort pour s'adapter aux règles du pays où elle se trouve - et les musulmans-individus.
Prenons l'exemple des Juifs : c'est Napoléon qui les a intégrés en leur demandant de respecter un certain nombre de règles lors de la convocation du fameux grand snhédrin ; c'est ainsi qu'ils avaient accepté par exemple de changer leurs prénoms d’origine ou d’y adjoindre un autre prénom…Au contraire, on ne demande rien, aucun effort particulier aux responsables musulmans, car on a peur : c'est de l’électoralisme ; on retrouve ce problème à Perpignan, avec le clientélisme, le communautarisme dans les quartiers…le maire a les mains liées.
JPB. : En apparence, vous êtes sympathique, le gendre idéal…Vous parlez bien, avec calme et humour. Cependant, au fond de vous-même, n'êtes-vous pas un homme dur... ? Une sorte de raciste ne sommeillerait pas en vous... ? D'ailleurs, êtes-vous "républicain" ? Qu'est-ce qu'un "Républicain" pour vous... ?
L.A. : Je suis républicain car je suis d'accord avec la devise "Liberté, égalité, fraternité"…Parce que je respecte la constitution de la France et la démocratie, les règles électorales… Je suis en fait plus républicain que ceux qui se qualifient ainsi ! Je suis pour la souveraineté populaire : on est quasiment le seuls à demander la participation des citoyens en proposant des référendums, des votes d'initiative populaire !
Dans la République française, est citoyen celui qui appartient à la nation France : Homme dans le monde et citoyen français en France.
Je suis un défenseur de ce qu'a été la France : son histoire, toute son histoire, son 'Empire, et je suis en contact avec beaucoup de ressortissants du continent africain issus nos anciennes colonies. Il y a un grand partenariat à mettre ne place avec les pays d’Afrique pour desserrer l’étau migratoire et par un développement harmonieux répondre aux aspirations légitimes des populations.
Quant à la fin de la guerre d'Algérie, nous ne respectons pas la date du 19 mars 62 car un carnage a suivi, avec l'exécution de milliers de Harkis…Nous devons nous mettre d'accord sur une date. Le 5 décembre avait été choisi…mais Hollande et Valls font la dense du ventre à l’Algérie et ravivent les tensions historiques.
Quant à être français, ça s'hérite ou ça se mérite ! La filiation, c'est le droit du sang ; la naturalisation, c'est le droit du sol, avec manifestation de la volonté de devenir français et d'accepter certaines règles : apprendre la langue, respecter les lois du pays…
JPB. : Mais dans la réalité, dans la gestion des villes détenues par le FN, dans la constitution d'un groupe parlementaire européen, êtes-vous républicain..?
L.A. : Nous avons formé un groupe au parlement européen avec plusieurs nationalités…mais en éliminant les partis extrémistes, ou néo-fascistes (comme en Grèce)…Quant à la gestion des villes et les accusations de censure (abonnements de revues "gauchistes" ou anti-FN non renouvelés…), je ne censurerai rien, je ne fermerai rien, car il y a un public pour tout ; cependant, quand on exagère dans les dépenses…On se doit de faire des économies. Je me souviens par exemple d’un festival de rue, à Ax-les-Thermes, qui avait couté 120 000 euros aux contribuables…je trouve ça vraiment exagéré ! Il faut contrôler les dépenses aussi dans la culture : voyez ce que coûte le théâtre de l'Archipel à Perpignan ! En plus, ce n'est pas beau même si tous les gouts sont dans la nature. Mais quand même à ce prix…Alors que je suis allé récemment au théâtre municipal et je l’ai trouvé formidable, il fallait le rénover et l'utiliser à plein !
JPB. : Lors des dernières municipales (mars 2014), j'ai appelé à voter, hélas, pour M. Pujol, dans une pétition d'écrivains, de personnalités…Je suis à présent très déçu et le réflexe républicain ne jouera sans doute pas avec autant d'efficacité la prochaine fois. En outre, M. Pujol n'est qu'ingratitude et il a prôné le "ni-ni" (ni gauche,ni FN) aux Régionales, alors que les électeurs de gauche ont dit "oui à la droite et non au FN"… Vous avez donc une chance d'être élu maire de Perpignan (en cas d'un second tour face à la droite classique et si la gauche se retire encore une fois)…
Pourquoi feriez-vous un bon maire ?
L.A. : Car je n'appartiens à aucun des réseaux qui ont fait l'histoire municipale de Perpignan. Je n'ai rien à voir avec les Alduy, Barate, Pujol, Bourquin ou Cresta…Les querelles politiciennes ont pesé extrêmement lourd sans la situation de Perpignan. J'ai une vision extérieure tout en étant très proche ! Je connais très bien Perpignan. Mon frère y est né…Et j’ai de la famille proche dans le département. L'essentiel est de ne pas refaire les mêmes erreurs à l’avenir. La ville a un potentiel économique important, sous-utilisé, mais le clientélisme a été poussé à l'extrême !
Ainsi dans certains quartiers, une partie de Saint-Jacques par exemple, pour la question de la propreté, certains ne font pas d'efforts et se laissent aller en faisant pression sur la mairie. Car mieux encadrés, ils seraient capables de respecter les règles de la vie commune. Ils sont conscients de ce problème. Et beaucoup veulent d’en sortir. Encore faut-il s’en occuper plus sérieusement. En outre, ils ont une culture, qu'il faut montrer. Quant à abattre des maisons insalubres petit à petit, il aurait mieux valu abattre tout le quartier de Saint-Jacques (en préservant les joyaux qui y subsistent) et repartir sur de nouvelles bases !
JPB: M. Aliot, avez-vous une proposition forte pour changer Perpignan, redonner espoir à ses habitants, "réenchanter" la ville ?
Je mettrai le maximum sur le développement économique, pour la création d'emplois, pour l'image de Perpignan (faire oublier les faits divers tragique, la victime lors d'un conflit entre Gitans et Maghrébins, les émissions de France-Culture sur le quartier St-Jacques…).
Développer une ville française car je suis opposé au catalanisme militant extrémiste, et je ne pense pas que le bilinguisme soit une solution à la préservation de la culture catalane. Le Français est la langue de la République ; Une partie des élites catalanes mettent leurs enfants dans des écoles catalanes pour avoir la paix et obtenir de la discipline, comme dans le privé : c'est une façon de sélectionner socialement les enfants, mais les débouchés « catalanistes » sont bien souvent inexistants (sauf en catalogne espagnole), même si le niveau est par ailleurs très bon. Ma devise, Catalan d’accord, mais Français d’abord !
Propos recueillis à Perpignan, le jeudi 31 mars 2016.
*Voir sur LCP, samedi 9 avril à 23h20 et dimanche 10 avril, à 10h20 : la stratégie de marketing utilisée par Steeve Brivois, ancien vendeur de téléphones portables, devenu maire FN de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais)