Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
RENCONTRE : avec l'historien Robert VINAS
Entretien avec Robert Vinas
Robert est né à Ria, au pied de la tour et du drapeau catalan, en hommage à Guifred le Poilu. Il vit ensuite à Palau et à Pollestres à partir de neuf ans.
"Je suis de Pollestres ; j'ai fait mon CM2 à l’école primaire et joué au foot et au rugby dans ce village ".
Il fait ses études au Lycée Arago et à la Faculté des Lettres de Montpellier conclues par le CAPES d’Histoire et Géographie et un DES d’histoire du Moyen Age sur les Templiers du Masdèu. Après le concours de l'enseignement il obtient un premier poste à Liévin, dans le Pas de Calais, mais deux ans après il revient au pays, à Céret.
Il doit ensuite faire son service militaire, en régiment disciplinaire à Arras, seul moyen de se rapprocher de son épouse, restée à Liévin.
Ensuite, Robert obtient un poste à l'étranger : l'armée lui accorde une permission exceptionnelle pour se rendre à l'alliance française à Paris et rencontrer Marc Blancpain, Président de l'Alliance.
Il va se rendre au Brésil, à Curitiba, ville de province, mais avant de partir, il effectue un stage à Royan, au Centre des méthodes audiovisuelles.
Il est au Brésil en février 68, à Rio, le jour du carnaval. Il va y rester cinq ans : deux enfants vont naître au pays des indiens Guaranis.
...
Ce que j'ai fait de mieux : parti du dialecte roussillonnais de base, j'ai appris le catalan oral et écrit, ce qui m'a donné des ouvertures vers Gérone, Barcelone, Majorque : j'ai deux conférences prévues à Figuères et Palma avant l’été.
Je récuse l'expression "Pays catalans" car je préfère la formule "Pays de langue catalane".
Faut-il intégrer tous les pays où on parle catalan ? Valencia affirme qu'elle n'est pas catalane mais son valencien c'est du catalan à 95%. J'ai fait une conférence à Valencia ; à la fin, on m'a dit : "Vous parlez très bien le valencien du Nord".
Aux Baléares, ils disent "on est majorquins", mais ils reconnaissent qu'ils parlent catalan. En Roussillon, seulement 10% de la population parlent catalan ; il faut aller dans les maisons de retraite ; on y parle catalan avec 90% des gens.
Pourquoi cette faiblesse de la langue catalane ici : une ou deux générations n'ont pas fait le travail de transmission à leurs enfants. Dès le 18e siècle, la décatalanisation a commencé : les élites ont trahi, elles ont voulu les avantages et ont négligé la langue. Puis sont venues les lois de la 3éme république et l'interdiction de parler catalan dans les écoles. La chute est très sensible depuis la guerre de 1914.
La langue ne pourra être sauvée que quand il y aura plus d'autonomie en Catalogne. Mon « indépendantisme » est culturel : la plus grande autonomie rapprochera le Roussillon du Sud ; cela permettra de sauver ce qui peut l'être.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle eut lieu la "renaissance catalane" qui fut la redécouverte d'un territoire avec des artistes, des artisans, des intellectuels... Les tendances catalanistes resurgissent jusqu'en 1936 avec la Generalitat ; ensuite, régna le franquisme et depuis 1975 a lieu une nouvelle résurgence. J'y crois : pour conserver ce passé, nous avons besoin d'une Catalogne forte et la plus autonome possible. Est-ce un Etat capable d'être moderne dans l'Europe d'aujourd'hui ? Oui, car il a la capacité d'invention et d'initiative économique beaucoup plus que dans le reste de l’Espagne. Barcelone sera le port et l'entrepôt de la Méditerranée occidentale.
La Catalogne au Moyen-Age était une nation ; il faut lire Ramon Muntaner : dès le début du XIVe siècle, l'idée nationale est présente ; c'est un sentiment d'appartenance à une nation depuis le Moyen-Age.
Etre catalan, on le sent aux tripes. Cela n’empêche pas d’être citoyen français, malgré quelquefois de douloureux tiraillements.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bonnel (extraits)
* entretien à paraître dans un livre "Mémoire culturelle du pays catalan"
(Teresa Rebull, Eliane Comelade, M.Claude Valaison, Renata Portet, Claude Massé, Joséphine Matamorros, Olga et Pierre Garcia-Fons, Jacques Maso, Michel Perpinya, Serge Kamké, Pere Verdaguer, Ramon Gual, Seege Fauchier, Patrick Loste...)
*BANYULS : l'association "Culture et patrimoine en Côte Vermeille"
a le plaisir de vous inviter à la conférence qu'elle organise le dimanche 22 mai 2016
à 17 heures à Banyuls-sur-Mer - Salle Novelty
Le trésor des Templiers
par Robert VINAS - Entrée libre
Alors que les historiens du Moyen Âge ont apporté sur la constitution et le devenir de l'indéniable fortune templière des éléments de réponse indiscutables, l'introuvable trésor des Templiers continue à exciter l'imagination des hommes. Car depuis le Moyen Âge, la même question se pose : où est passée cette fortune ? Et rien ne peut empêcher les hommes d’aujourd’hui de penser que les Templiers nous ont laissé des trésors cachés. C’est leur recherche éperdue qui va nous faire sortir de l'Histoire pour entrer dans le mythe. C’est cette recherche, à la base de la constitution du mythe templier, que nous contera Robert Vinas.