Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Johnny c'est fini ! -
De la France YéYé à la France sans identité -
Pendant deux jours, on ne pouvait plus parler d'autre chose. L'actualité, ce fut lui, l'ancien yé-yé, lui Johnny, qui était parti au paradis des guitares et des motos USA...
Seul Trump tenta de secouer la léthargie, la censure généralisée dans les médias : il provoqua, ouvrit sa gueule, attisa encore plus le proche-Orient...On se demande bien pourquoi... Relancer les activités des marchands de canon de Californie..?
Hallyday naquit de l'après-guerre, des trente glorieuses, d'un temps d'inconscience, pour une jeunesse insouciante, qui découvre la musique outre-Manche et outre-Atlantique, qui passe "outre" le moralisme des parents, et dit "Yes" à ces bruits étranges : glissement vers le "Yé-yé". C'est le vieux Edgar Morin, traversant encore plus que J.H. le siècle, les modes, les manies, les folklores, les rumeurs, l'univers people, et les inventions musicales, qui lança le néologisme faisant florès...
Au bout des années "Sixties", cette jeunesse populaire, dont je fus, écoutant la radio des jeunes sous l'oreiller, en cachette, comme d'autres se masturbent dans la nuit de la couette, pendant que les parents dorment ou regardent la télé, laissa la vedette à l'adolescence bobo qui se révolta en Mai 68…
Après les guerres coloniales (Algérie, 1962), cette jeunesse étudiante, bourgeoise, exige des réformes sociologiques plus que sociales ou socialistes…Elle a une identité, le miroir n'est pas encore brisé. Les yéyés évoluent et Johnny s'adapte, parcourt le temps des Français sans le devancer, mais en le traduisant en chansons, en énergie, en volonté de vivre. La fureur d'un James Dean !
Puis vinrent la crise, pétrolière, migratoire, l'adaptation nouvelle du libéralisme, le mondialisme et l'uniformisation financière engendra le malaise général, la division, le populisme, le communautarisme, l'intention d'indépendantisme… L'extrême-droite répond à la venue des immigrés. La peur naît avec l'échouement des migrants aux rives de la Méditerranée.
Le terrorisme est partout et nous devenons "Charlie" pour simuler une unité, une identité française, traduisant plutôt un réflexe anti-étranger, anti-arabe, surtout... (lire Emmanuel TODD)…
Avec la mort de J.H. et après ces obscènes funérailles, magnifiant la société du spectacle et le triomphe du catholicisme dans la République laïque, c'est une ultime tentative pour resserrer les liens, revenir aux racines, créer la mythologie nationaliste du roman national…
Johnny est parti, avec lui la nostalgie d'une grandeur française, et l'utopie d'une France unique et unifiée…
J.P.Bonnel
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L'adieu
La gare étend son quai au cœur d'un cimetière.
On redoute toujours de ne plus se revoir
Et l'on nourrit un bien fragile et fol espoir
Quand on se dit adieu sous un jour bien austère.
Les pleurs viennent baigner les plus tendres aveux,
Précédant les états qui vont suivre l'absence
Et envahir d'ennui les prisons de silence
Qui naissent de l'instant où l'on s'est dit adieu.
Il semble que l'on soit loti dans une bière.
Le visage trahit les sentiments secrets.
Les sens sont abolis sous le poids des regrets.
La chambre est un autel propice à la prière.
Il n'est plus dans le cœur de place pour la haine
Et l'amour et la joie se transforment en peine.
Que l'on soit des milliers ou que l'on soit à deux,
On se retrouve seul quand on se dit adieu.
Jean Iglesis