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Joseph FALIEU (photos de J.P.Bonnel) - Censure au palais des Congrès et parc des expositions de Perpignan - Visite du moulin de Collioure ce dimanche 17 juin 2018
Joseph FALIEU (photos de J.P.Bonnel) - Censure au palais des Congrès et parc des expositions de Perpignan - Visite du moulin de Collioure ce dimanche 17 juin 2018
*** Jo Falieu, ancien prof de philo à Prades, communautaire en Conflent (voir son témoignage dans mon livre (avecPaul Gérard) sir les Communautés libertaires (Trabucaire éditeur), est aussi poète : il a publié plusieurs recueils, dont un sur Rimbaud.
Son dernier, il l'a présenté à Saint-Estève, grâce à l'association des "Rendez-vous des Bassou", salle Boléro.
Voici un de ses textes.
jours de mai
Cinquante berges camarade
Que reste -t-il de ces jours de “chienlit”
où gueulaient les pavés?
Où le sang de Paris
tourbillonnait dehors
dans les dédales altiers des immeubles cossus?
Où tu courais à perdre haleine
peur au ventre et bâillon sur les lèvres?
Un idéal confus de ces rêves hallucines
où se faisait l'amour parmi les jets de pierres
les visages durcis par les gaz lacrymo
la cuirasse luisante des carapaces noires aux boucliers tendus
y creusait un délire
un empire déchu qui s’écroulait enfin avec des cris d’enfants
ses slogans sur les murs
comme une onde-imagine
la morale à papa s’écroulait sans frémir
la fin d’un monde vieux , racorni, usé dans ses artères
terriblement miteux
transi dans ses pantoufles sales
qui n’en finissait pas de crever ses abcès
comme un vieux général
En un temps où le monde éructait ses Viet Nam
où Prague s’immolait au feu de Ian Pallach
où le sexe érigeait ses fanions de détresse
et exigeait son droit à la beauté
où l’enfant bondissait dans les cœurs des ados
et vivait ses prophètes
hachurant sur les murs leur trop plein de colère
la haine du Bourgeois
la haine d’un vieux monde que fuient les camarades
ces nouveaux combattants d’une belle utopie
où l’imagination fleurit sur les murs-palissades
où se faisait la vie dehors dans les manifs
où les amphis vibraient comme des ruches
où l’ Odéon ouvrait ses portes aux poètes à venir
où la Sorbone enfin laissait battre les cœurs
lâchait la bride aux enragés
sur un air de pagaille
aux mots d’ordre vengeurs :
“ sous les pavésla plage”
“l’imagination au pouvoir ”
“ il est interdit d’interdire”
“jouissez sans entraves”
“cours camarade, le vieux monde est derrière toi”
disaient ces murs crachant d’espoir
pour un monde orphelin
“le désordre c’est l’ordre moins le pouvoir”
disait aussi Ferré
l’anarchie y vibrait sur fond de vague brune
aux costumes de guerre
la liberté jaillit comme une farandole
comme un volcan nouveau aux portes de la vie
Tu en sortais grandi par tant de magnitude
haletant sous l’effet d’une vague d’assaut
vibrant comme une mer dans la joie solidaire
des grands jours de manifs
aux accents magnifiques
aux discours de potaches érigés en drapeaux
flottant comme des flammes au vent de l’anarchie
vivant l’instant à perdre haleine
écrivant sur les murs
tout un trop plein d’amour
à la gueule de bois des passants ordinaires
Toi qu’on a tant chéri 68 68
Toi que j’ai tant aimé
jusqu’à faire ma vie
sur tes bouts de chandelles !
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