Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Action culturelle à Perpignan - Médiation..?
C'est vrai, il y eut de beaux événements, picturaux, musicaux, théâtraux à Perpi, on en va pas contester l'évidence !
On ne va pas revenir non plus sur les gâchis :
* suppression de l'Ecole d'art : Michel Pinell n'a rien dit...Ou plutôt il a contesté l'action des profs et des directeurs successifs...
* Défiguration de deux hôtels particuliers (De Lazerme...) pour aboutir à un musée moderne : "On ne peut pas tout garder.", répondit M.Pinell, parlant du patrimoine, pour justifier le nouveau Musée H. Rigaud...
* Licenciements du directeur de la culture qui avait engagé des actions au coeur du contemporain (expo aux Minimes, avec le Frac; film et expo sur Walter Benjamin : L'adjoint à la culture était d'accord avec le maire, jugeant que Jordi Vidal était dans l'illégalité, nommant son épouse commissaire d'expo...
* Projet de vente du Centre d'art contemporain W.Benjamin : le lieu, après rénovation a coûté un million d'euros; la mairie voudrait le revendre 650000 euros ! Quel bénéfice ! M.Pinell n'a pas bronché et son ami, le candidat Romain Grau ne s'est pas prononcé sur le sujet... Quel candidat promettra de conserver le CAC WB..?
(qu'il sache que je veux bien le gérer, de façon bénévole, avec l'association W.Benjamin, le jury du Prix européen...)
* L'adjoint à la culture a enduré pendant cinq ans et a avalé des couleuvres; il a accepté toutes les décisions du maire, après avoir milité activement pour lui en 2014, après avoir entretenu son amitié (lui offrant des livres...). Pourquoi s'est-il révolté lors de l'affaire du théâtre municipal ? Car il n'a pas été consulté...car il fallait choisir une autre voie, quelques mois avant les municipales de 2020..?
M.Pinell a-t-il l'ambition de revenir en tant qu'adjoint à la culture..? Pourquoi a-t-il trahi J.M.Pujol, après avoir été un de ses plus grands thuriféraires..?
A lui de s'exprimer, s'il le désire...
JPB
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L'université en centre ville / épisode 6.
L'affaire du théâtre municipal.
Les Perpignanais veulent conserver leur théâtre à l'italienne et ils l'ont fait savoir en faisant beaucoup de bruit (pétition avec 9000 signataires, plusieurs rassemblements en 2017 et 2018). Mais le maire n'écoute pas, n'entend pas ; il est obstiné.
Pour lui le théâtre doit être dévolu à l'université et transformé en amphi. Les travaux ont été lancés début 2019, sans permis de construire, sans architecte. Le référé suspensif a été rejeté par le tribunal administratif, mais le jugement sur le fond aura bien lieu dans les prochaines semaines ; et on verra bien. Toutes les décisions sur ce projet avaient été votées par l'ensemble du conseil municipal, y compris l'adjoint à la culture. Un massacre patrimonial de plus à imputer à l'équipe municipale. Il y avait d'autres endroits pour édifier un amphi de 450 places demandé par l'université.
Cerise sur le gâteau, lors d'un récent conseil municipal le théâtre est passé dans l'escarcelle de la communauté urbaine ; il n'est plus municipal. Pourtant le centre ville, ses habitants ont besoin de ce lieu de culture !
9 juin 2019
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répond sur son bilan :
Chère Madame, juger est toujours facile. Sachez que je suis fier de mon "bilan culturel". Je suis fier de ce que j'ai fait pour tous les Perpignanais durant ces années :
Live au Campo, Expos Picasso, Dufy, Clavé, Maillol Rodin, Charte de coopération culturelle, rénovation totale de la Médiathèque, projet Rigaud / Versailles ...
Et oui, je défends une dame quand elle subit une invective machiste et de cela aussi je suis fier. Et oui, je pense possible de faire de la politique autrement, avec une équipe unie et un mode de gouvernance qui respecte ses citoyens et ses élus. Bravo à vous de vous investir dans la chose publique, vous avez raison de vous mobiliser car, de ce système, c'est ensemble que nous pourrons y arriver. Je suis à votre disposition pour en parler.
(sur Facebook, juin 2019)
AVIGNON à Perpignan
Le théâtre de l'Archipel, antichambre du festival d'Avignon, répétitions, finitions...Perpignan, destination culturelle ??
FESTIVAL D'AVIGNON
LAURENT GAUDÉ : «A PARTIR DE QUAND UNE FOULE DEVIENT-ELLE UN PEUPLE ?»
Par Guillaume Tion Photo Bruno Charoy
— 2 juillet 2019 à 17:36 (mis à jour le 3 juillet 2019 à 09:58)
Dans la pièce «Nous, l’Europe, banquet des peuples», mise en scène par Roland Auzet, le prix Goncourt 2004 appelle à retrouver le caractère épique de l’Union européenne.
Laurent Gaudé, dans les locaux d'Actes Sud, à Paris, le 20 juin. Photo Bruno Charoy
Européennes, deuxième tour. Dans la cour du lycée Saint-Joseph, le poète-auteur-dramaturge Laurent Gaudé et le metteur en scène Roland Auzet s’interrogent sur l’Europe. L’UE techno qui distille sa dose de grisaille à chaque bulletin d’information, certes, mais aussi l’Europe de la fresque historique et ses deux siècles de construction épique. Les deux faces d’une même réalité pour un spectacle où se déploie toute une panoplie de formes. Théâtre, musique ou encore chorale sont proposés par le metteur en scène - lui-même compositeur et percussionniste - dont l’un des combats réside dans la reconnaissance du geste opératique contemporain. Sur un plateau bouillonnant dont on entend d’ici le tapage artistique et l’engagement de la parole théâtrale, comédiens de nationalités différentes et chœur de l’Opéra Grand Avignon entouré d’une quarantaine de chanteurs amateurs raconteront notre Europe sous le regard d’un «grand témoin», voire acteur de la construction, convoqué chaque soir (Susan George, Pascal Lamy, François Hollande…).
Que va-t-il sortir de ce frottement entre les mondes politiques et artistiques ? Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004, revient pour Libé sur les enjeux de cette opération hors norme, menée à l’Archipel - scène nationale de Perpignan avant sa venue à Avignon.
Pourquoi s’emparer du sujet de l’Europe ?
En réaction à l’air du temps, au fait que ce qui paraissait inconcevable aux gens de ma génération est apparu possible : l’UE peut se déconstruire. Je voulais dire mon attachement à cette aventure politique, et les colères que je ressens par rapport à des insatisfactions ou des échecs, autrement que dans un essai ou un article de journal, qui ne sont pas mon domaine d’écriture. C’est un poème en vers libre narratif, avec un enjeu d’écriture.
Entre l’européanisme volontaire d’il y a une vingtaine d’années et la défiance généralisée d’aujourd’hui, que s’est-il passé ?
Tout dépend de l’analyse que l’on fait à l’heure actuelle. Dans votre question, il y a l’idée que la situation s’est désagrégée. Est-ce que c’est le cas ? Certes les populismes ont augmenté, Orbán ou Salvini ont brandi leur désir d’une Europe à leur image, ce qui pose le problème sur une autre ligne de front, celle de l’extrême droite. Mais l’Europe s’est aussi élargie et poursuit son aventure. Même chose concernant la lecture des résultats des européennes. On peut dire que Salvini et Le Pen ont fait un carton, mais du point de vue de l’organisation du Parlement, ce scrutin n’impacte pas les grands équilibres.
Comment analysez-vous le désamour européen ?
C’est une succession d’éléments. L’épisode grec a endommagé le système : on a vu pour la première fois une Europe qui pouvait être autoritaire vis-à-vis de ses citoyens et tordre le bras aux gouvernements. La question des migrants a aussi beaucoup compliqué la vie des europhiles en Italie. Je pense l’UE coupable d’avoir laissé longtemps le pays se débrouiller avec ce problème. Mais pour nuancer, il ne faut pas tout mettre sur le dos de la construction européenne. La réussite des populismes dépasse la question de la zone Euro. Il y a quelque chose avec le retour de l’homme fort. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Chine ou en Turquie.
La crise européenne n’est-elle pas que le reflet de problèmes internes ?
Oui, et les politiques ont joué sur ce discours en se défaussant sur «Bruxelles qui impose». Je pense que l’expérience européenne existe et se trouve en expansion. C’est une réalité peu évoquée, mais si on se place à hauteur d’homme, on sous-estime et on sous-traite la question du brassage : il y a énormément de familles binationales. La réalité presque familiale de l’europe existe. Ce brassage va augmenter, mais ne passe pas la barre du discours politique. Personne ne dit qu’il y a énormément de binationaux et que l’Europe, c’est aussi ça.
C’est cet aspect familial qui vous a attiré ?
C’est le caractère épique de l’Europe. Nous sommes héritiers d’une histoire qui se trouve être une épopée permanente. Il est fascinant que ce soit le mot qui vienne le moins vite à l’esprit. S’agissant d’Europe, on préfère ennui, administration, lenteur, mollesse. Alors que c’est épique. Pris par petits segments, on trouve l’histoire de l’UE passionnante. Dans sa globalité, on a plus de mal. Ce qui m’accroche, c’est la recherche de ce souffle et ses répercussions sur les destins individuels.
Les gilets jaunes, ça vous parle ?
La question du peuple m’intéresse : à partir de quand une foule devient-elle un peuple ? Parfois, une foule reste une foule, cela donne des jacqueries, et d’autres fois opère une transformation énigmatique : la foule se voit comme une entité souveraine, puissante. On peut alors parler de peuple. Cette question est au cœur de ma pièce précédente, Et les colosses tomberont. En France, le phénomène des gilets jaunes, malgré la réalité de la colère, de la contestation, n’a pas coagulé. Mais c’est peut-être une amorce. Un mouvement peut avoir plusieurs vagues. Nous verrons dans quelques années.
A l’heure des réseaux sociaux et de la libération des outrances, le théâtre est-il encore le lieu de la contestation politique ?
Il n’en a plus l’exclusivité, mais il le porte. Il a ça en lui, dans la nature de l’adresse… au théâtre, des gens s’adressent à un public à un moment présent. Cette nature peut porter le politique, être vecteur du débat. Le théâtre est une caisse de résonance où la parole politique passe très bien.
Vous avez écrit plusieurs versions de Nous, l’Europe ?
Assez tôt, j’ai croisé Roland Auzet. Il a vu dans mon poème un matériau possible pour le théâtre, et via sa compagnie, Act Opus, m’a commandé la pièce. J’ai ouvert un deuxième front, travaillé sur deux textes en même temps : une version poétique, et une version scénique. Ce qui est édité chez Actes Sud n’est donc pas ce qui sera joué. Mais le spectacle sera en réalité une troisième version : la version scénique modifiée par le travail sur le plateau. Et aussi par l’univers de Roland.
On nous bassine tout le temps avec la Neuvième de Beethoven, devenue l’hymne européen, mais l’Europe culturelle, ce serait quoi ?
Peut-être pas la Neuvième de Beethoven, justement. C’est un point de vue que nous partageons avec Roland, par ailleurs très impliqué dans la musique contemporaine. Cet hymne qu’on brandit ne semble pas naturel. Comme si, devant nécessairement choisir un air irréfutable, on s’était tourné vers Beethoven. Cela montre d’ailleurs bien ce dont les peuples ne se sont pas encore emparés. Normalement, l’hymne vient de la base, la colère devenue étendard. On nous a dit que c’était la Neuvième… pourquoi pas, mais ce n’est pas tripal. D’ailleurs, Roland propose un autre hymne pour l’Europe.
Lequel ?
Il faudra venir voir le spectacle !
Nous, l’Europe, banquet des peuples de Laurent Gaudé mise en scène de Roland Auzet dans la cour du lycée Saint-Joseph, du 6 au 14 juillet à 22 heures.
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