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Actualité de DALI : livre, film, photos...
Ce que l’on dit de la maison de Dali à Port-Lligat
1. La maison de pêcheur de la LIDIA
Dans Le Journal d’un génie, Salvador Dalì, le 15 septembre 1953 :
« Le journaliste et écrivain Eugeni d’Ors, qui n’est pas venu à Cadaquès depuis cinquante ans, vient me rendre visite, entouré d’amis. Il est attiré par le mythe de la Lídia de Cadaqués. Il sera sans doute possible que nos deux livres sur le même sujet paraissent simultanément. En tout cas, le sien vaguement esthète et pseudo-platonicien ne pourra que faire briller les arrêtes réalistes et hyper cubistes de ma “bien plantada”. »
Celle-ci était une villageoise, veuve de Nando, un brave marin aux yeux bleus et sereins.
D'Ors-Xènius avait passé l'été, à l'âge de vingt ans, dans la maison de Lídia…"
"L'esprit prédisposé à la poésie, elle fut émerveillée par les conversations inintelligibles des intellectuels catalans…" Le titre du futur livre, non envisagé lors du séjour, fut trouvé quand l'auteur se rappela sa première réaction, à la vue, de Lídia :
"Regarde-moi cette Lídia comme elle est bien plantée !"
Je voudrais raconter l'histoire d'une rencontre insolite entre un intellectuel de Madrid et une pauvre villageoise de Cadaquès. Résumer le portrait que fit d'Ors de Lídia, dans son livre pathétique sur cette "sorcière" : La véritable histoire de Lidia de Cadaqués, fut publiée à Barcelone, en 1911, le recueil rassemblant les chroniques écrites durant tout l'été dans le "Glossaire" du journal La voix de Catalogne...
Je voudrais fictionner surtout, car cette vie insolite incite au romanesque...
Je voudrais faire un récit d’inspiration cubiste : dire en même temps tous les points de vue de cette époque considérée en un temps resserré, au début de vingtième siècle, le village, la mer, les oliveraies, les pêcheurs, les femmes au travail ou oisives lors du départ des hommes…le décor extérieur et le territoire intime des personnages…Surtout, de façon surréaliste, cette fois, décrire l'existence de Lídia dans cette microsociété et l'état de son esprit quand elle cogite, délire et se met à écrire, dans des lettres, et dans sa tête, surtout...…
Dalì écrivit de cette femme étrange, à qui il acheta sa pauvre cabane de pêcheur, amorce de sa formidable maison sur le rivage : "A part le mien, je ne crois pas avoir connu de cerveau plus merveilleusement paranoïaque que celui de Lídia."
J.P.Bonnel, extrait de La LIDIA de Cadaquès
(en vente à Perpignan, Torcatis et Catalana, à Cadqué (librairie unique sous les arcades, dans l'avenue principale. Chez l'auteur : 15 euros, port compris)
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LA maison-musée de Dali, a été acheté à la LIDIA, "sorcière de CADAQUES", jamais citée dans le film récent ou les articles ci-dessous, alors qu'un curé (?) est omniprésent... D'où vient ce personnage ?
-Casa DALI, par Coco Capitàn
Dalí travaillait toujours, où qu'il soit et à n'importe quel moment de l'année, mais la peinture, c'est-à-dire l'exécution de grandes œuvres à l'huile, il ne la pratiquait qu'en été à Portlligat... La chaleur estivale lui procurait sa véritable extase.
La Casa Dalí ouvre la maison de Salvador Dalí sur les rives de la Costa Brava, en Espagne, avec des photos de Coco Capitán qui offrent un rare aperçu de la maison et de l'atelier surréalistes de l'artiste. Achetée par Dalí au début des années 1930, la maison a servi de résidence principale et d'espace de travail à l'artiste, et a donné naissance à certaines de ses peintures les plus célèbres, dont The Persistence of Memory.
Une introduction spéciale de l'architecte Oscar Tusquets Blanca raconte ses 15 années d'amitié avec Dalí, tandis que de nouvelles photos exclusives de Coco Capitán capturent la maison de l'artiste dans la même lumière dorée qui l'attirait dans le village méditerranéen de Portlligat, où il "prétendait être le premier Espagnol à voir le soleil se lever".
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La maison présente trois types d’espaces. Les pièces où les Dalí passaient les moments les plus intimes de leur vie au rez-de-chaussée avec les salles 7 à 12 ; l'atelier, les salles 5 et 6, où se trouvent rassemblées toutes sortes d'objets liés à l'activité artistique ; enfin les espaces extérieurs, la salle 13 et les patios 14 et 15, conçus plus spécifiquement pour la vie publique.
Elle appartient à la Fondation Gala-Salvador Dalí qui en assure la gestion.
De la bicoque de pêcheurs achetée avec son épouse Gala, à Portlligat, en Catalogne, Salvador Dalí avait fait une demeure extraordinaire. C’est aujourd’hui un musée que la photographe Coco Capitán a eu le loisir d’explorer, s’immergeant dans la pensée du peintre surréaliste, auquel Quentin Dupieux consacre un film, en salle le 7 février.
Dans un palace parisien, une journaliste française interviewe Salvador Dalí, son idole. L’entretien se passe mal. La jeune femme décide d’aller le voir chez lui, en Catalogne, pour lui arracher un peu de temps supplémentaire. Elle découvre alors l’excentricité au quotidien du maître, la Rolls, la même que celle d’Elvis, qui roule sur le sable, les tocades gastronomiques, les aphorismes incompréhensibles.
C’est là que Coco Capitán, photographe espagnole basée à Londres, s’est rendue à l’été 2023. À la demande de l’éditeur barcelonais Apartamento, elle a, pendant plusieurs jours, tôt le matin, avant le déferlement des visiteurs, arpenté les différents espaces. Ses images sont rassemblées dans un ouvrage, publié en novembre. « Ce qui me frappe, c’est la lumière qui baigne les lieux, le soleil enveloppe tout, décrit-elle. On comprend qu’il aimait aussi les lieux pour cela. L’endroit est idéal pour un peintre. » Lui-même s’enorgueillissait d’ailleurs d’être le premier Espagnol à voir le soleil se lever, Portlligat étant situé dans la partie la plus orientale de la péninsule Ibérique.
Ce bout de Catalogne, l’artiste le fréquentait bien avant qu’il ne soit « Daaaaaalí ». Son père, notaire (comme l’était celui de Marcel Duchamp, le surréalisme devant beaucoup à la profession), est un bourgeois de Figueras, à quelques kilomètres de là. Enfant, il parcourt ces plages de la Costa Brava. Adulte, il part pour Madrid, puis Paris, sans jamais oublier sa région natale. En France, il rencontre Elena Ivanovna Diakonova (1894-1982), que tout le monde appelle Gala. De dix ans son aînée, elle est l’épouse du poète Paul Eluard et la maîtresse du peintre Max Ernst. Ils tombent amoureux et veulent s’installer à Cadaquès. Mais la famille Dalí refuse que leur fils s’affiche avec une femme divorcée et déjà mère.
En 1930, le couple achète une maisonnette de pêcheurs à Portlligat, à quelques centaines de mètres en retrait de Cadaquès. Pendant des décennies, il n’aura de cesse d’acheter les cabanes environnantes, de réunir les bâtiments. Au fil de sa fortune, il fera de sa cahute un palais. « Une véritable structure biologique, avait-il coutume de dire. A chaque nouvel élan de notre vie correspond une nouvelle cellule, une nouvelle pièce. »
« C’est très étrange de visiter ces lieux, on a l’impression de suivre les méandres de sa pensée », commente Coco Capitán. Ici, tout rappelle Salvador Dalí, ou plutôt ses toiles, et les associations d’idées, irrationnelles comme dans un rêve, qui y sont dépeintes. Un ours empaillé accueille les visiteurs, des publicités Pirelli sont accrochées dans le jardin, les invités s’asseyent dans le fameux sofa en formes des lèvres de l’actrice hollywoodienne Mae West.
Le mythe Dalí s’est forgé ici. Les équipes de télévision viennent l’interviewer sur la terrasse. Les stars en vadrouille passent par Portlligat. Le roi Juan Carlos et la reine Sophie viendront même lui rendre visite, ainsi que Walt Disney. Mais le personnage principal de Portlligat n’était pas cet aréopage d’admirateurs. Ni même Salvador Dalí. L’héroïne était la hiératique et terrifiante Gala. Tout, dans cette maison, est une offrande de l’artiste à son amour absolu. En 1982, à la mort de Gala, qu’il avait peinte en Madone de Port Lligat, il quitte la demeure où il ne remettra plus les pieds, partant pour le château de Púbol, à 60 kilomètres de Cadaquès, il y mourra en 1989.
Aujourd’hui, la Fondation Gala-Salvador Dalí assure la gestion du château de Púbol, du Musée Dalí de Figueras (et d’un espace dédié à sa collection de bijoux), ainsi que de la maison de Portlligat. Dans la mythologie insondable du peintre, c’est bien cette demeure qui est la plus touchante, celle où, derrière les oripeaux, celui qui était obsédé par les grands maîtres, Raphaël ou Vélasquez, se tenait seul face au chevalet. Les images de Coco Capitán montrent autant l’excentricité que le repaire d’un homme qu’on devine pris dans ses doutes.
-DAAAAAAAALI, film de Quentin Dupieux ! En salle le 7 février 2024 -
Daaaaaalí !, avec Anaïs Demoustier dans le rôle de la journaliste, et une myriade d’acteurs (Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Edouard Baer et Didier Flamand) dans celui du peintre, a été tourné en partie en Espagne, en Catalogne, où l’artiste a vécu pendant des décennies. Est recréée à l’écran l’étonnante ambiance de son repaire à Portlligat, devenu un musée parmi les plus visités du pays.
Dans Daaaaaalí !, en salle le 7 février, le réalisateur français Quentin Dupieux montre moins l’intimité de l’homme né en 1904 et mort en 1989 que la mythologie de l’artiste qui fut, avec Andy Warhol et Pablo Picasso, un des plus connus de son temps. Celui dont les envolées délectaient les téléspectateurs des talk-shows, ce personnage cravaté dont la moustache défiait la gravité, l’olibrius qui, dans une célèbre publicité, se disait « fou du chocolat Lanvin ». Il n’est pas question de l’homme qui composait des toiles à la complexité encore étudiée aujourd’hui, de l’intellectuel qui rêvait de mêler science, philosophie et art, ni de celui qui aura été un ardent soutien du régime du général Franco…
- À Port Lligat, la folle maison de pêcheur de Salvador Dalí,
Refuge du couple Gala-Dalí dans les années 30, cette petite maison de pêcheur située en bord de mer, tout près de Cadaquès, est devenu au fil du temps une étrange demeure en colimaçon accrochée en bas d’une colline. Piscine phallique, œufs de pierre et autres objets insolites en font un véritable tableau.
La façade de la bicoque blanchie à la chaux irradie sous le soleil, lequel aime aussi se mirer à loisir dans la mer. De loin, la maison-atelier si chérie de Salvador Dalí à Port Lligat, en Catalogne, ressemble à un tableau si ce n’était la grappe de visiteurs qui, dès le matin, font la queue à l’entrée. Le privilège de visiter ces lieux pittoresques se comprend dès le seuil franchi, où l’ambiance se teinte tout de suite d’une pointe de folie : un immense ours naturalisé vous accueille crocs dehors. Quel cirque : bienvenue chez Dalí !
... ce n’était qu’une petite pièce d’à peine cinq mètres carrés, encombrée de filets de pêche. Au fil des années, comme l’oiseau fait son nid, le couple agrandit la minuscule propriété en y accolant des constructions, si bien que l’ensemble constitue aujourd’hui une étrange demeure en colimaçon accrochée en bas d’une colline plantée d’oliviers. Ils y passeront beaucoup de temps jusqu’à la mort de Gala en 1982.
...antre du couple Gala-Dalí. Mobilier, sculptures, miroirs, objets insolites, des cygnes, des aigles, des oursins, des escargots, cohabitent au milieu des bouquets d’immortelles séchées, les fleurs préférées de Gala. Ces végétaux ayant poussé au cap de Creus alentour imprègnent les murs d’une odeur épicée. On passe avec le même délice de la chambre à coucher (murs blancs, literie rouge et bleue), à l’atelier encombré de boîtes de couleurs, de palettes et de pinceaux, de lunettes aux verres bicolores (vert et rouge pour obtenir une vision en relief), et de postes de radio.
...partout dans l’encadrement des fenêtres, on aperçoit la mer et les îles rocheuses de la baie – Port Lligat est un tableau vivant. Au dehors justement, le clou de la visite a pris la forme d’une piscine phallique flanquée de becs de cygnes crachant de l’eau, agrémentée de grands-voiles, d’un canapé rose fuchsia, et de publicités gonflées à bloc pour les pneus Pirelli. Dans les jardins, des œufs (obsession toute dalinienne) se font bronzer la coquille, tout comme la carcasse d’un géant fabriqué avec les restes d’un canot de pêcheur.
* Visite par groupes de 8 personnes :
Maison-musée Portlligat Salvador Dalí - Platja de • 17488 Port Lligat
www.salvador-dali.org
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