francesca caruana
Démarche artistique
L’influence du groupe Support/Surface, l’attrait pour Matisse, pour Sam Francis, pour l’Arte Povera ont amorcé les premières formes durables de son travail. Un travail qui ne se départit pas non plus de ressources textuelles (rapport texte/image de la poésie lettriste ou du Nouveau Roman)
Sa recherche s’appuie sur un rapport entre hasard (du geste) et construit (de la couleur et de la ligne), le savant et le spontané, la conception esthétique et les matériaux trouvés. De ces dialogies sont issus des gestes simples, charpentés par des lignes de fusain ou de graphite voisines de formes organiques, fibreuses … Les questions d’espace et de spatialisation sont sous-tendues par le trait, et une forme de détournement au sens où l’exprimait Verlaine « ni tout à fait la même ni tout à fait une autre » (cf. expo à Nouméa, KWê , signifiant l’aiguille, le lien, en langue Kanak). Le geste pictural par rapport à la surface, est sans recherche d’effet volontaire, si ce n’est celui produit par la peinture lâchée en plein mouvement.
Dans la mise en place des peintures, un dispositif orthogonal intervient souvent, au sein duquel la toile est mise en relation avec le sol à l’aide d’objets divers (paille, os, bois flottés…). Ces toiles appelées peintures installées insistent sur une vision critique traditionnellement frontale léguée par l’imposante « fenêtre d’Alberti ». Il s’agit ici de considérer les deux plans horizontal/vertical dans leur ensemble, les objets exogènes, de brocante, ou d’os, thématisent les graphismes gestuels de la toile.
Plusieurs voyages en Nouvelle-Calédonie à la rencontre des artistes Kanak ont alimenté son goût pour les sociétés tribales, sources généreuses d’inspiration converties en installations.
On trouve ainsi dans le travail un hiatus organisé entre peinture et petits volumes, entre gestualité spontanée et l’espace aléatoire qu’elle détermine.
Lorsque la peinture est présentée sans objets associés, elle est le plus souvent en séries, c’est une déclinaison de la surface à peindre, même format, même identité graphique. Là encore le procédé interroge ce que fut la peinture traditionnelle : pas de dessin préalable pour recevoir la couleur. A contrario les lignes du dessin arrivent en dernier, pour donner son squelette à la surface de couleur. Les tracés et graphismes organisent des tensions avec les couleurs du dessous et désignent un espace à atteindre.
|