Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Débat :
ce que cache le slogan "Je suis Charlie" ?
Les 4 millions de citoyens qui ont manifesté en 2015 auraient marché pour condamner le terrorisme, la violence, l'islamisme radical, pour préserver les valeurs de la République, la liberté d'expression (de caricaturer, de blasphémer), la laïcité, l'utopie de bonheur et d'esprit libertaire vivant dans les pages de l'hebdo et les têtes des journalistes et dessinateurs...
A l'opposé, E. Todd estime que les citoyens ont manifesté pour montrer leur rejet des musulmans, des immigrés installés en France et diffusant une propagande islamiste. A partir des attentas perpétrés par une minorité de religieux fanatiques (Frères musulmans, militants de Daech...), le "peuple de France" aurait généralisé le problème et condamné les adeptes de l'islam en France...
Or des enquêtes sociologiques poussées ont montré que les manifestants venaient de classes sociales et de lieux très différents et surtout que les Français d'origine musulmane étaient eux aussi descendu dans la rue pour montrer leur détestation de la haine...
JPB
“Nous savons désormais, avec le recul du temps, que la France a vécu en janvier 2015 un accès d’hystérie.” Quatre mois après les manifestations du 11 janvier, qui ont réuni plus de quatre millions de Français, l'anthropologue et historien Emmanuel Todd livre sa vision de la “France de Charlie”.
Dans Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, publié le 7 mai, il analyse les fondements de “l’hystérie collective” et du “flash totalitaire” qui ont caractérisé, selon lui, les rassemblements qui ont suivi les attentats de Charlie Hebdo...
“Le basculement de la France dans l'incroyance généralisée (...) pose des problèmes d'équilibre psychologique et politique à la population.”
La France de 2015 est "un pays de sceptiques". Selon Emmanuel Todd, l'effondrement du catholicisme a provoqué une perte de sens en France. Pour expliquer ce phénomène, l'auteur remonte aux années 1960. A cette époque, la France vit une période de "déchristianisation" qui s'illustre en partie par une baisse de la fréquentation des églises et par l'augmentation du nombre d'enfants nés hors mariage. Pour l'auteur, la religion catholique servait d'unité et de socle de valeurs communes entre les Français. Sa disparition a provoqué un "vide existentiel" au sein de la population.
“L’athéisme est générateur d’angoisse, la population de l’Hexagone est en risque métaphysique et donc à la recherche d’un adversaire structurant, d’une cible : l’islam.”
"Je suis Charlie" est-il islamophobe ? Pour Emmanuel Todd, les pancartes brandies le 11 janvier en faveur de la liberté d'expression ou contre l'intégrisme religieux masquent une autre motivation plus implicite : l'islamophobie.
En défendant le droit de caricaturer Mahomet, en demandant que l'Etat "sacralise une image de Mahomet en forme de bite" (selon Emmanuel Todd), les manifestants ont voulu écarter les musulmans de la République. Pour l'auteur, le rassemblement du 11 janvier n'est pas égalitaire ni universel, comme il le prétend, puisque demander le droit de blasphémer le "personnage emblématique" d'une "religion minoritaire et opprimée" est, pour l'auteur, un moyen d'affirmer "sa domination et son droit de cracher sur la religion des faibles."
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