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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Beaux-Arts de Perpignan - Rencontre avec Serge Fauchier, directeur

 

max-partezana.jpg Serge Fauchier (C) Max Partezana

 

 

 

J'ai rencontré Serge Fauchier il y a quelques semaines pour mon projet de livre sur la "mémoire culturelle" des Pyrénées-orientales (ou Catalogne du Nord). Je publierai demain la suite de l'entretien, sur l'artiste Fauchier.

 

Je publie ce texte aujourd'hui, au moment où une polémique naît à propos de la survie des B.A.-Heart (voir L'Archipel contre-attaque d'hier), après le départ de Jordi Vidal de la directeur de la culture de Perpignan et la contestation de son action. 

 

S. Fauchier m'a reçu tout de suite, sans problème; c'est un homme d'une grande gentillesse, à la réflexion fine et profonde; les critiques affleurent à peine, car SF est soumis au devoir de réserve, mais une fois à la retraite, on espère lire ses mémoires à propos de l'école des Beaux-Arts...  

 

C'est un directeur modeste, proche de ses élèves, attentif aux productions des artistes en herbe.

 

Le débat va se poursuivre... La nouvelle polémique s'engage... Le maire, J.Marc Pujol va être interpellé sur un nouveau front, après celui du commerce du centre-ville....

 

Vers une disparition prochaine des BA de Perpignan..? Certes, l'école coûte à la mairie près d'un million d'euros par an, mais 8 fois moins que l'Archipel…Et la jeunesse d'ici a besoin de cette ouverture vers l'art, ainsi que les écoles primaires qui profitent des actions pédagogiques des BA…

 

Abandonner les BA, ce serait tuer un peu la culture et la vie du centre-ville. Ce serait renoncer à ce que l'on peut estimer inutile et qui, pourtant, est au coeur de la vie humaine : l'art, le rêve, la création…

Personnellement, j'ai suivi les animations (fin d'année, réalisations des étudiants, nuit des musées) des deux années écoulées et je n'ai rien ressenti à la vue des "créations" montrées au public… 90 % des "installations" contemporaines me semblent encombrer les musées et disparaîtront dans quelques années. J'estime cependant que la recherche, les nouveaux courants, l'épanouissement de soi… doivent être aidés et consolidés. 

 

Parmi la masse peu lisible de ces réalisations, l'oeuvre d'un artiste insolite et original peut naître ! Doit jaillir ! 

 

Les Beaux-Arts, dans leur dualité -tradition et contemporainité- doivent être préservés !!!

 

J.P.Bonnel

 

 

- - - 

 

Entretien avec Serge Fauchier - Directeur de l'Ecole des Beaux-Arts (HEART) de Perpignan

 

 

1. Le directeur.

 

S.Fauchier me reçoit dans son bureau très modeste, à l'entrée de Heart (jeu de mot avec Heart et les liens de ce centre avec l'école d'art de Genève); il est responsable de l'école depuis 2008. Jordi Vidal, directeur de la culture à la mairie de Perpignan, gère le Centre d'Art Contemporain.

 

 

Les deux établissements sont très liés car les activités de second cycle s'appuient sur le CAC; de même, en première année, l'option "arts" se déroule au CAC et le design à Heart. "Nous organisons aussi des conférences, développes par les événements du centre contemporain : projections, contact avec "Imago", publication de Guy-Claude Mari, dont l'association est partenaire. Tous les mois, Mari organise une projection pour les étudiants, sur l'essai au cinéma et sur les documentaires."

 

Les professeurs  travaillent, de mai à mai, avec les étudiants de 3ème et 4ème années. Viennent ainsi à Perpignan le Canadien Stefan Wright, de l'école de l'image; le Suisse Ance , qui a écrit sur Guy Debord et sur Walter Benjamin et le Romantisme; le philosophe Bruce Begout, originaire de Bordeaux...

 

 

Les moyens financiers de l'école proviennent de l'EPCC, qui est autonome, mais le financement se fait par la ville de Perpignan et par la Drac : des professeurs sont payés par la municipalité, par le ministère de la culture et d'autres par l'EPCC : "L'Etat -la DRAC- se désengage; la part de la mairie est à présent de 80% du financement de l'école !

 

Depuis 2010, l'établissement est autorisé à recruter; cette année, la première année compte quatre-vingt élèves. A partir de la réforme de 2008/009, il est possible de mettre les écoles en réseau.  "Nous avons des difficultés financières", explique S. Fauchier. "Nous avons 14 enseignants alors que Nîmes, ville équivalente, en dispose de trente, avec un budget double. En tant que directeur, je m'occupe de tout : de l'organisation de la pédagogie, des profs; le but est de rendre une crédibilité aux enseignants de notre époque ! La partie administrative est assurée par Isabelle Dulac, venue de la direction de la Drac; elle assure un tiers de son emploi du temps à Perpignan. 

 

 

Le projet de l'école : la transmission et le document. 

 

La transmission. Chaque semaine, il y a un projet autour d'un sujet, d'une technique : dessin, son, photo, vidéo, infographie...avec des réalisations. La proposition est d'origine individuelle ou collective.

 

Le diplôme est décerné à partir de la troisième année : il s'agit de réaliser un mémoire, non universitaire, autour de la recherche personnelle. Ensuite, s'imposent des stages, l'obligation de faire des cours dans les écoles ainsi que la réalisation d'un mémoire sur un an et demi; c'est un texte écrit accompagné d'un DVD et de réalisations plastiques. "On établit des passerelles entre la pratique personnelle et les choix théoriques des élèves.", explique S. Fauchier. Cinq crédits de mémoire sont à obtenir pour la réalisation de ce mémoire...

 

 

L'école s'adressait d'abord, les années précédentes, aux écoles primaires et maternelles en accueillant des classes entières Aujourd'hui, cette action est en sommeil, en raison de l'étroitesse des locaux. Cependant deux professeurs vont encore directement dans les écoles en intervenant pendant un à trios jours. L'enseignant qui intervient parle de ses projets avec les étudiants qui participent à l'expérience pédagogique.

 

Pour 2015, sera lancé  le projet d'inviter des artistes durant un trimestre. 

 

La seconde partie de l'école concerne la documentation. Il s'agit de documents au sens le plus large possible : montrer comment il s'introduit dans les pratiques esthétiques. C'est M. Bader, spécialiste de la photo documentaire, assure les cours de 4ème et 5ème année; il vient deux fois par mois à Perpignan. Il est commissaire de l'actuelle exposition sur "Walter Benjamin, ange de l'Histoire".

 

 A l'époque, il y a quelques années, existait un pont entre "Visa pour l'image" et l'Ecole d'Art : l'histoire et l'analyse de l'image documentaire pouvaient être expliquées...

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