Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Cycle de conférences sur Camus organisé par les AIAM ("Amitiés internationales André Malraux : Pierre Coureux, président, à Paris - Jean Bigorre, J.Pierre Bonnel en Roussillon/Catalogne) :
* Ce soir vendredi 15, à 19 h, à la médiathèque de Villelongue del Monts "Camus libertaire" par Daniel GUERRIER (entrée libre)
** Samedi, Hélène RUFAT :
Samedi à Collioure (Centre culturel à 17 h) Conférence sur Camus et l'Espagne par Hélène RUFAT:
*Hélène Rufat, Professeur de littérature et de langue et littérature françaises, à l'université Pompeu Fabra de Barcelone, a consacré sa thèse de doctorat à l'image et aux mythes de la Méditerranée dans l'œuvre d'Albert Camus. Membre du C.A. de la SEC et du comité de rédaction de Présence d’Albert Camus, elle a dernièement surtout travaillé les aspects libertaires de Camus et ses liens avec l’Espagne (cf notammet la revue Anthropos, nº199, les actes des "Rencontres de Lourmarin", le dictionnaire Albert Camus, Pourquoi Camus). La Méditerranée reste présente au sein de recherches s’intéressant aux représentations (littéraires) des diversités culturelles, des identités multiples et des valeurs humaines.
*** Deux artistes pour la paix: Albert Camus et Pau Casals
À la suite de la démission d’Albert Camus de l’UNESCO, Pau Casals (comme tant d’autres Espagnols réfugiés en France) lui adresse une lettre de félicitations pour ce geste. À son tour, Camus lui répond avec un grand respect et une grande admiration pour l’artiste engagé. Lettres inédites, elles expriment une préoccupation partagée pour le rôle de l’artiste engagé. "Tout ce qui concerne la paix me touche profondément" déclarait encore quelques années plus tard le maître, le 24 octobre 1971, au siège de l’ONU. Cette inquiétude l’accompagne en effet toute sa vie, avec son corollaire, la passion pour la liberté. Ainsi, un simple aperçu de ses écrits met en évidence une ressemblance de pensée remarquable avec celle d’Albert Camus: vocabulaire similaire, références culturelles partagées, tristesse pour l’Espagne contemporaine et revendications de liberté réitérées. Cette communication présente une première comparaison des écrits des deux artistes autour de la question de la paix, associée particulièrement aux critiques adressées au régime franquiste, mais aussi de manière plus conceptuelle en tant que principe fondamental. Nous constaterons ainsi un même sentiment de "responsabilité d’artiste" face aux valeurs et aux engagements sociaux.
*** Camus l'Espagnol :
Personnellement, je n'oublierai pas les entrevues que j'ai eues avec lui depuis ces jours déjà lointains où nous faisons campagne dans les colonnes de Solidaridad Obrera pour la libération des Espagnols antifascistes séquestrés à Karanganda. Son indépendance de jugement lui permit à cette occasion de fustiger d'Astier de la Vigerie qui, prenant prétexte des horreurs du phalangisme, voulait excuser l'opprobre moscovite. De même, il reprit Gabriel Marcel, mécontent de l'état de siège, et qui aurait voulu justifier le régime de Franco en remarquant que celui de Staline était pire. Sur ce terrain, Albert Camus n'admettait pas d'hésitations : c'était un caractère débordant de franchise, et sans la moindre défaillance. Les dilettantes ou fellow-travelers qui prétendirent le mépriser n'ont pas été capables de comprendre sa pensée, et encore moins de se mesurer avec lui. Puisque autant pour les campagnes d'aide - celle de la grève générale de Barcelone -, pour l'agitation - le cas des militants anarchistes condamnés à mort -, pour la protestation - celle qui précéda l'entrée de l'Espagne à l'Unesco -, Albert Camus fut toujours le premier, le véritable, l'indispensable animateur.
Disparu aujourd'hui, nous ne nous laisserons pas abattre par la douleur et croire que nous devrons manquer à l'avenir de soutiens dans le monde intellectuel, mais nous doutons vraiment qu'Albert Camus puisse être remplacé dans ce qui valait son amitié, cette amitié sincère qui ne demandait pas de contrepartie, qui était faite d'abnégation, et se fondait dans la conscience d'un devoir que lui-même résuma ainsi : « Le monde où je vis me répugne, mais je me sens solidaire des hommes qui y souffrent. »
F. Gómez Peláez (extrait publié dans Le Monde libertaire.)
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*Jalons pour "Camus et l'Espagne" : Camus ne renia jamais ses origines minorquines et espagnoles; il considérait l'Espagne comme sa "seconde patrie"; à ceux qui l'écoutaient en 1958 : "Nous sommes en partie du même sang et j'ai envers votre patrie, sa littérature et son peuple, sa tradition une dette qui ne s'éteindra pas." (article "Ce que je dois à l'Espagne- La Pléiade, Gallimard).
La grand-mère de Camus est Catherine CARDONA, née à San Luis de Minorque (près de Mahon aux Baléares), île conquise par les Bretons, les Français, puis les Catalans. (les noms de rue en breton sont en train d'être changées en catalan).
en 1935, il se rend aux Baléares sur l'^le de Majorque (lire "Amour de vivre" dans le recueil "L'envers et l'endroit".
1937, début de la guerre civile espagnole. Pour le théâtre, il écrit "Révolte dans les Asturies", sur le combat des mineurs du pays basque.
1948 : Il écrit sa 3ème pièce "L'état de siège", sur la guerre d'Espagne.
1952 ; échange de lettres avec P.Casals. Camus refuse de participer aux activités de l'UNESCO qui intègre l'Espagne franquiste. Casals remercie Camus Ses articles dans des revues libertaires montrent son attachement à l'Espagne; il défend les victimes du franquisme (lire le livre de Lou MARIN, qui a réuni les articles libertaires de Camus- nouvelle édition à Montpellier, aux éditions INDIGENE, 2013 - Rappelons la présence de LOU MARIN, fin août, au festival de Collioure, débats avec Benjamin SORA, Daniel GUERRIER, Jean-Pierre BARROU...
**** Livres : Javier Figuero "Camus ou l'Espagne exaltée" (essai "Autres Temps", mai 2008.
"Camus et l'Espagne", Edisud, Les Rencontres méditerranéennes, 2005 (articles, en particulier de Jacqueline Valensi, de Jean-Louis Meunier et d'Antonio Castaner, sur la traduction du "Cant espiritual" de Joan Maragall : il considérait la "langue" de sa mère comme un simple patois; Camus reconnaîtra plus tard la langue catalane de cette mère décrite longuement au début de "Le Premier homme"(Folio-Gallimard, page 15 : "Elle avait un visage doux et régulier, les cheveux de l'Espagnole bien ondés et noirs, un petit nez droit, un beau et chaud regard marron..."
Camus ne parlait pas le catalan. En outre, il ne se rendra en Espagne qu'une seule fois (Description du voyage dans ses "Carnets", édition de La Pléiade-)