« La catalogne, prochain Etat de l'Europe ! » scandent les indépendantistes catalans. Simple provocation ou réelle possibilité ? La catalogne, depuis plus de mille ans, s'inscrit dans des remous chroniques en Europe : la tension entre enracinement d'une Nation et absence d'Etat.
* La catalogne peut-elle effectivement devenir un 28e Etat européen ?
Expérience d'indépendance et développement de la nation catalane
Tradition étatique catalane - Enracinement profond de la nation
** Naissance du catalanisme aux racines des revendications d'indépendance
De la naissance du catalanisme à la lutte pour la reconnaissance - Du renforcement de l'autonomie aux prétentions d'indépendance
I*** Résistance espagnole et européenne des revendications indépendantistes
Etat-nation pluriel ou Etat plurinational ? - " Europe des régions" ou balkanisation ?
La Catalogne peut-elle devenir independante ?
Expériences d’indépendance et développement de la nation catalane Tradition étatique millénaire La Catalogne se caractérise par une implantation précoce de structures étatiques, dans la cadre d’une confédération souveraine, puis d’une autonomie dans le royaume d’Espagne dès 1469. La vie politique catalane, dynamisée par une bourgeoisie précoce, s’organise autour des Corts, assemblées consultatives, qui promulguent les Usatges, constitutions unifiant les coutumes et appuyant la paix publique sur des bases législatives. Enracinement profond de la nation En temps de prospérité comme de crises et de répression, s’est formée une nation, regroupant des traits importants de la définition fichtéenne.
La Catalogne revendique également un statut particulier au sein de l’UE, Europe des régions tribune pour les régionalismes. L’Europe est, en effet, régulièrement stigmatisée par les Etats comme un relai des régionalismes, avec qui elle dialogue, sans qu’ils ne passent par le pouvoir national. Maastricht a ainsi institué un Comité des régionalismes au sein de l’UE et le catalan y bénéficie d’un statut particulier. Conjointement, on remarque, en effet, en Europe, une tendance à la fédéralisation ou à l’approfondissement de la décentralisation dans la plupart des Etats.
*** Panique linguistique en Catalogne: un tribunal a décidé que des élèves en difficulté avec le catalan ne pourraient suivre les cours en castillan qu'à titre "exceptionnel". Le verdict, contraire à la Constitution selon certains, relance la bataille linguistico-éducative entre partisans de l'immersion (le tout-catalan) et défenseurs du libre choix de la langue d'enseignement.
A première vue, Barcelone est un modèle de tolérance linguistique. Les gens vous parlent en catalan ou en castillan avec la même aisance, les journaux y sont publiés dans les deux langues et si vous voulez, vous aussi, apprendre à jongler entre ces deux langues officielles de la Catalogne, rien de plus simple: le gouvernement local offre des cours de catalan gratuits. Inutile de vous sentir limité si vous ne parlez que castillan, les Catalans vous reconnaissent à l’accent et s’adressent directement à vous dans la "langue des Espagnols".
Le catalan à l’école, on n’y touche pas
Cette paisible coexistence cache en réalité une interminable bataille entre, d’un côté, les partisans de la "catalanisation" à tout crin des espaces politiques, éducatifs et professionnels en Catalogne et, de l’autre, les défenseurs d’un modèle bilingue. Et comme souvent en Espagne, il faut choisir son camp.
Dernier épisode de ce conflit ouvert il y a près de 40 ans, dès la fin de la dictature franquiste, le verdict du Tribunal supérieur de justice de Catalogne (TSJC) jeudi 8 mars.
Il valide le modèle éducatif dit de "l’immersion linguistique". Qu'est-ce donc que l'immersion linguistique? C'est l’éducation publique avec pour unique langue d’enseignement le catalan.
Un système contesté. Trois familles se plaignaient en effet que leurs enfants ne puissent pas suivre les cours en castillan. Le tribunal requiert alors une solution "exceptionnelle" pour ces bambins, mais décide que le catalan restera la langue principale à l’école.
Mais depuis 1994, le Tribunal Suprême et le Tribunal Constitutionnel, les deux instances les plus élevées de la hiérarchie judiciaire espagnole, se sont prononcées à plusieurs reprises sur le caractère inconstitutionnel du modèle d’immersion linguistique.
A la rentrée, le même TSJC qui rend aujourd’hui cet avis, donnait lui aussi un ultimatum de deux mois au gouvernement catalan pour mettre en place un système éducatif bilingue pour toutes les familles, pas seulement pour trois!
répond Francisco Caja, président de Convivencia Cívica Catalana, l’association qui a représenté les trois familles au tribunal et s’apprête à porter l’affaire en cassation. Selon cet homme, dont la barbe est aussi longue que la déception devant un tel verdict, le gouvernement catalan veut "éradiquer le castillan de Catalogne" en instaurant une "pédagogie de la haine" contre le castillan.