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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 14:43

caxaforum.jpg  (J.p.bonnel)  * Goya et Delacroix à Barcelone (mars 2012)

 

  Voir Delacroix dans les musées de province : La dame qui caresse son perroquet (1827, à Lyon), Aspasia : Aline la Mauresque, ou la mulâtre (1824, au musée Fabre de Montpellier). Portraits, représentations, figures d'animaux, puis cette modernité, cette abstraction du Tigre dans sa grotte : un tourbillon de noire peinture dans lequel on perçoit à peine les lignes de a bête !

 

   J'aime le titre en catalan : "Cap de gat" (tête de chat, aquarelle de 1825). L'inspiration littéraire de Delacroix est importante : Les Natchez, 1823 (au MOMA), Milton et le paradis perdu, La confession publique, Lord Byron : Child Harold's Pilgrimage, Les Grecs expirant face aux Turcs, 1826 (Musée des Beaux-Arts de Bordeaux). 

  Je dessine vite et debout "Un Arabe au Maroc", 1832, et Les Filles d'Alger dans leur appartement, 1847/49 (au Musée Fabre, de Montepellier), accroupies devant un généreux callumet... Les animaux de la période marocaine sont peints avec maladresse ou bien c'est la vision, le "style" delacroisien... Je préfère m'arrêter, stupéfait, devant la toile intitulée "Chasse aux lions", 1854 (au musée d'Orsay): c'est une abstraction rouge, une modernité orangée, plus moderne que Cézanne ou la fauve révolution...

  Moins gai est le "Crist a la creu" (en catalan), de 1835, par Dela/croix, ou le "Crist lligat a la columna, 1852 (pas le Dali de Port-Lligat, mais le Christ attaché à la colonne), ou encore, "El Crist del jonc" (BNF, 1833).

 

   Mais trop de monde pour cette belle expo gratuite - financée par la Caixa - et les cartels (en catalan, espagnol et anglais) sont trop petits !

   Avec Goya, entre les autoportraits et les portraits officiels de la cour, nimbés d'ironie, on regarde avec plaisir les caricatures, la société marginale de l'Espagne du début du XIX° siècle et les "Désastres de la guerre". La soeur de Charles IV dans un vide orangé, donne une impression d'inachevé : Maria Josepas de Borbo, 1800, au palais d'Aranjuez. Plus original est le portrait du roi Charles IV, de 1789 : le personnage "sort" du tableau, grâce au vert du fond et au rouge du costume; il est comme en relief, il avance vers le spectateur pour illustrer la "relation moderne entre le monarque et ses sujets"...

   La corrida, en 1814/16, est un thème exploré, là aussi, de façon critique, par Goya; ce jeu sanglant est à mettre en relation avec les désastres de la guerre; il montre l'importance des "picadors" : leur participation est un moment tragique de la corrida; il dessine la monture, le cheval, l'homme, tous liés par la proximité de la mort. Goya s'inspire de la dissertation de José Vagas Ponce sur la corrida de toros; il décrit, en 1805, la fréquence des accidents; Goya représente un événement crucial, la mort du maire de Torrejon, à Madrid, en août 1790.

  Cette vision critique de la tauromachie se développe durant les années qui suivent la guerre d'Indépendance. Les estampes montrent la violence humaine, l'affrontement irrationnel entre l'homme et la mort : à la guerre ou à la corrida, celui-là s'abouche avec celle-ci...

 

   Amusons-nous avec les légendes choisies par Goya : "¨Pour bouger la langue d'une autre manière", ou "Es millor morirse" : il vaut mieux mourir dans cette situation-là, en finir quand on est pauvre et infirme...

 

    Le peintre de Sarragosse dévoile les images de la condition humaine; avec l'album de Bordeaux, il démontre que la violence est un pendule au retour immédiat...

 

 

* à la Caixaforum, au pied de Montjuich.

 

 

 

 

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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