* Je veux écrire ce roman : "Le monde raconté par un idiot."
* Une anecdote de l'enfance. Janine fait remarquer à mon petit frère que j'ai des "fourmis dans les jambes". Didier répond : "Des fourmis ? Moi je ne les vois pas ! "
* L'enfance berlinoise de Walter Benjamin : "Nous avons envers l'enfant mort qui est en nous la même responsabilité qu'envers les espérances en souffrance du passé."
* Ecrire tour à tour dans toutes les pièces de la maison, sous l'injonction mobile du soleil qui me fait écrire au fil du temps dominateur.
* La "trope" joue un "tour" au lecteur. Et l'écrivain s'amuse avec les outils du style !
* Je dirai un jour ma peur en descendant dans une mine de Lorraine : mille mètres dans la terre, par un ascenseur. Descendre comme on plonge dans la mort. Ou dans la mer : peur des fonds marins, mais amour de la mer, de la grande bleue. Je dirai l'ascension vers le ciel américain : interminable ascenseur du World Trade Center... Là-haut, pas question d'admirer le paysage, New York étalé, l'océan écaillé : la tour tangue et, à ce moment précis, je n'imaginais pas que cette architecture aurait une existence aussi éphémère !
* Je relis la Prose du Transsibérien, ce spectacle forain. Prose poétique. J'assiste à un rapprochement saisissant entre ce début de siècle 1905 et la chute d'un monde, à l'Orient : interrogations, déplacement imaginaire vers les espaces de l'Est, avec le retour de la Russie et des Républiques indépendantes de l'ex-URSS...
* Je ne voudrais pas m'ennuyer, condition selon Roger-Martin du Gard, pour devenir un bon écrivain...(Lettres, page 39, je n'ai pas noté l'édition).
* Cioran : "Qu'est-ce qu'un artiste ? Un homme qui sait tout, sans s'en rendre comptez. Un philosophe ? Un homme qui ne sait rien, mais qui s'en rend compte." (Le crépuscule des pensées).
* Pourquoi j'écris ? Je répondrai comme Blaise Cendrars : "Parce que..."
* J'aime cette formule d'Alain Corbin : "La rumeur des viscères."
* La modernité a privilégié la recherche formelle. Les contemporains veulent la lisibilité immédiate, le dialogue des réseaux sociaux, les contacts rapides avec "Facebook", la parole spontanée, la publication instantanée d'une photo, d'un poème, d'un sentiment... Que restera-t-il de cette masse d'écrits et d'oeuvres éphémères..?
(photo J.P.Bonnel, musée Valéry, Sète)