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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Ecritures de l'été - Rimbaud à Marseille

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  * Villégiature tranquille dans un transat du Prado. A Marseille, la drôle de mort de Rimbaud. Dans le jeu de quilles de la vie, il perd la sienne. Mort d'une jambe, perte d'un poète...

 

  Arthur toujours ivre sur sa dune d'olive. Harar, Roucas blanc, Lolla Touareg. Il peut écrire tous les déserts des pages, ailleurs la vraie mort...

 

   L'écriture rimbesque court sur le sein des vagues. Elle est happeuse, pressante, exigeante, sans concession : elle est la mer, dirait Rimbald le Marin, elle écrit du haut de ses épées d'écume !

 

  *  L'été des oiseaux sur la plage. Pattes et poitrines calcinées par le soleil. Les ailes dans le goudron du vent. La cage noire des cheveux. Quelques filles, qui détiennent la vocation du bonheur, voltigent dans leurs dentelles, dont le geste aérien est charnel. La peau se lit à la pointe d'un sein qui cogne à l'enveloppe de l'air. Un désir nu se visse dans cette rougeur à la chair de poule.

 

   Eté des arbres crachés à la mer; elle rend pourtant un jour, toujours, ses excréments d'hommes et d'objets. Au-dessus des têtes, un manège de cuivres. Une musique d'eau sur l'enclume du sable. La chaleur habite la surface des lèvres, tout à leur récitation du silence. Sculptures immobiles des corps marins. L'été referme ses demeures de noix sous une rapide voûte de bras.

 

     Il se tient où navigue l'écriture. Il mine le crayon de la parole...

 

  * Chemins de l'été. Carrières abandonnées. Ardoises de la maison liquide. Nomadisme de par les plaines. Camis ramaders de Catalogne. Canaïres de Provence. Trazzere de Sicile. Drumul oilor de Roumanie. Canadas de Castille. Drailles du Languedoc...

 

  * Je me souviens, Le Lavandou...Ces gens multicolores, hôtels éventrés, cuisses boursouflées, coquillages blancs, mondes du large, des nuits humides et des sexes ouverts...

  Devanture sans vitrine, un décor de sable et un café posés dans un théâtre fin de siècle...

 

   * Miettes d'un été.

 

 * Après le lever brutal du matin gorgé de soleil, l'écriture se renouvelle, dans l'ombre des tuiles et des lauses...

 

  * J'apprécie, lors des matins estivaux, l'effet duveteux de l'évaporation, de la dissipation des mots nocturnes. Je l'attends, la guette, cette fuite des brumes, pour découvrir enfin les lignes du village, du paysages, les courbes de la mer. Mais la brume se change en un brouillard intense, qui monte, vite, vers les collines et, même en courant vers les hauteurs, les vignes, les tours de guet, elle monte plus rapidement que moi, la brume insoupçonnée, même en courant sur le toit du décor, je n'ai guère le temps d'apercevoir la vergue de la mer, le découpage du littoral, la cambrure de la Méditerranée, la ligne obstinée de l'horizon, l'improbable voile hasardée dans les cotons trompeurs... Il faut fendre les vapeurs de l'impossible jour pour revenir chez soi, avant l'intégrale invisibilité...

 

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