Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Les éditeurs des Pyrénées-orientales n'ont pas voulu du roman d'Isabelle Callis-Sabot; le thème retenu - guerre civile en Espagne, Retirada- aurait été trop "romancé".
Ils ont tort : nous avons la mémoire courte et ce genre d'horreur est à raconter sans cesse. L'auteur a trouvé un éditeur portugais qui a confectionné une bien belle couverture : le sable d'Argelès, les Albères et le ciel de la Catalogne, toute les nuances du bleu...
Les éditeurs d'ici sont passés à côté d'un récit bien structuré, dramatique et écrit avec aisance; malgré quelques poncifs dans les descriptions ("les rayons vivifiants du soleil", un paysage "écrasé de chaleur"...), le lecteur ne peut rester indifférent à de nombreux passages pathétiques : les ouvriers de Paulilles (page 15), l'évocation du poète Machado (p.58, 129, 147), les nouvelles de la guerre civile et la chute de Barcelone (p.66, 75...), la description d'Argelès et de sa fameuse (hélas!) plage, l'histoire de "Banania" et du tirailleur sénégalais (p. 83), la figure du grand-père abattu par un officier lors de la "grande guerre", le portrait de Maillol (p. 105), le rêve de Luis (p. 143)...
La chronologie du récit est brisée par les retours sur la guerre de 14/18 : est original ce parallèle entre la première guerre mondiale et la mort du grand-père et la guerre civile (temps de la narration), avec l'engagement de Francisco, le "communiste", si mal considéré par Thérèse, sa belle-mère. D'ailleurs la critique acerbe de certains éléments -anars et staliniens- égorgeurs de curés ou violeurs de nonnes, de la "gauche républicaine", est très directe. La vision idyllique de la République n'est pas reconduite; le point de vue fasciste n'est pas donné : le lecteur comprend simplement que le narrateur est franchement antifranquiste...
Un autre aspect original du livre réside dans les analyses familiales : derrière la tragédie de la guerre se devinent les déchirements d'une fratrie : la haine de Thérèse la catholique pour Francisco le rouge, l'amour d'Emile pour sa belle-soeur Angèle, la rivalité entre les deux soeurs, Rose et Angèle...
Originale aussi, et un peu étonnante, cette page 76, où l'auteur se cite elle-même en donnant un extrait de poème..! Petite faiblesse de l'ego..?
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Isabelle Callis-Sabot - Collection: Voyages dans la Fiction , 222 - Date de Publication: Juin 2011
Genre: Roman - Prix: 21 €
ISBN: 978-989-697-246-2
Banyuls sur mer, été 1936. La guerre civile vient d’éclater en Espagne, à quelques kilomètres à peine, de l’autre côté des Pyrénées. Luis a huit ans. Le conflit lui semble lointain et irréel. Jusqu’au jour où son père Francisco lui annonce son départ : il va partir combattre contre les troupes de Franco. Luis promet d’être courageux et de veiller sur sa mère. Mais il est loin de se douter que la guerre change les hommes. Il n’imagine pas non plus que l’absence fait naître de nouvelles passions et révèle des conflits de famille trop longtemps enfouis…
Isabelle CALLIS-SABOT est née à Montpellier en 1958. Après des études d’ergothérapie, elle se consacre à l’écriture. D’abord poète, elle commence par publier quelques recueils, avant de se tourner vers le roman.
Le Bugey, où elle est venue s’installer, devient la source de son inspiration, par la richesse de son histoire et la beauté de ses paysages.
Son premier ouvrage « Le Miracle de Mazières » témoigne de son attachement à cette région. Il remporte le prix d’Ambronay en 2000.
Suivront ensuite d’autres romans historiques célébrant diverses périodes et différents lieux de l’Ain.
En 2009, Isabelle Callis-Sabot quitte son pays d’adoption et choisit de vivre dans le Sud de la France. Un retour aux origines, un choix déterminé, un endroit où elle puisera le thème de ses futurs ouvrages.