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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

L'enfance de Catherine Millet. Une enfance de rêve - Le canif à Collioure

images-copie-7.jpeg Catherine Millet

 

Je poursuis le compte-rendu de mes grandes lectures estivales. Voici C. Millet, dont j'ai parlé à plusieurs reprises (sur la vie sexuelle de Dali, sur sa venue à Perpignan, grâce au CML, sur son époux Jacques Henric : dialogue au café de la Poste...).

   Elle nous avait habitués, la directrice d'Art Press, à des récits libertins et dynamiques...Mais ici, à part quelques touches sur l'éveil sexuel de l'enfant...

 

Avec le récit autobiographique qu'elle publie cette année chez Flammarion, le lecteur est face à une écriture lente, classique, étudiée et belle jusqu'à l'ennui... Pas d'écart de langage, pas de volonté de faire du style, d'inventer des images, de chambouler la syntaxe. Seule semble compter la vérité de l'enfance à dérouler sans chapitres, sans froufrous...

 

C.M. raconte ses premières fois, sa découverte de la vie, les portraits des membres de sa famille. Surtout elle essaie de comprendre "comment on peut grandir sans se fabriquer une morale." 

 

C'est sans doute le passage sur les lectures de l'enfant et sur son désir d'écrire qui est le plus intéressant : à la page 106 : "Je mettais en place le pouvoir des mots sur moi-même. On peut manquer d'un toit, d'un amour, de tout, mais ne pas disposer des mots qui désignent sa souffrance est à mes yeux le malheur extrême…"

 

Un peu plus loin, elle s'identifie à Cosette et fait référence à David Copperfield, pour raconter les ennuis de la vie domestique et les déchirures familiales, la mésentente de ses parents. 

 

La naissance de l'écriture est partout. Catherine Millet a toujours eu la certitude qu’elle écrirait, un jour. Elle commence à mener une "vie dédoublée", faite de matière réalisée et de matière rêvée, dès son plus jeune âge. "La fiction avait fonction d’une cachette que je transportais avec moi comme la tortue sa carapace qui la protège."

 

J'aime ce passage sur Collioure, où la mère louait un deux-pièces près du boramar et des anciens remparts (Catherine parle d'ailleurs du vieux ciné installé à cet endroit) :

 

La famille est en vacances. Dans les alentours de Collioure, lors d’une promenade à pied, le frère perd son canif. Il s’en aperçoit, le soir, une fois rentré. Ils décident de refaire ensemble la route, le lendemain, dans l’espoir de retrouver le petit objet sans doute tombé de la poche du frère. Cela tiendrait du miracle. Ils vont pourtant le retrouver. Catherine Millet revient sur ses pas et réinvestit la noirceur de l’enfance...

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