Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Louis Aliot pénitent - photo supprimée : JM.Pujol à la procession de la Sanch
Le maire JMPujol à la cathédrale Saint-Jean de Perpignan
Perpignan : une ville en quête d'identité
La belle cité catalane va-t-elle s'ouvrir à la modernité ? Je veux dire s'ouvrir à la fois sur le nord, vers l'Europe, et vers le sud, la Méditerranée. En effet, le citoyen a l'impression de vivre dans une ville refermée sur elle-même, ratant mille occasions de de se développer et mettre en valeur son patrimoine; ville claquemurée dans ses traditions, exotiques et surannées (la procession du vendredi saint), dans une nostalgie paralysante d'un âge d'or catalan et majorquin, alors que la langue recule et devient objet de musée...
A moins que les autorités se donnent les moyens d'aider à la survie du catalan, en prenant, par exemple, le train de l'Indépendance avec la soeur barcelonaise. On en doute, le territoire se sentant plus français que catalan et la population étant devenue plus cosmopolite...
Sous le slogan "Perpignan la Catalane", le clan Alduy a tenté de donner une identité à la préfecture, mais les élus réformistes n'ont choisi que l'aspect folkloriste de la Culture catalane sans vraiment forcer l'Etat français à aider au bilinguisme.
C'est ainsi que double langage a régné, rendant, en surface, hommage au catalan et à la catalanité (il y a une maison pour ça !) et à "l'accent", du côté des Socialistes, et remise en question de bastions catalanistes par la droite (Casa Pairal, Cedac, institutions catalanes peu visibles dans la citadelle de l'hôtel Pams...). L'élite culturelle et politique est partie vers d'autres horizons ou a été éliminée par les petits chefs en place; et que dire des jeunes qui, faute de travail au pays, sont partis en masse, loin de leur ville natale, retrouvée pour les vacances et perçue comme un gros bourg provincial qui peine à se transformer...
Aujourd'hui, avec l'accession à la mairie d'un maire à la culture pied-noir, tournée plus vers la nostalgérie que vers une modernité utilisant l'échange entre les langues européennes, la civilisation catalane en prend un coup. Fatal, sans doute. Il faut dire que les autres candidats à la mairie (à part J.Codognès) étaient d'origine extérieure, non catalane: preuve que l'esprit de "Perpignan la Catalane" a reculé, sans doute de façon inéluctable.
Pour s'ouvrir sur la mer, un canal devrait rapprocher, de façon symbolique, la ville et Canet-plage, port de Perpignan, comme Frêche a inventé Port-Marianne pour Montpellier.
Au tramway des années 1950, célébré par Claude Simon (et les repérages récents, au Centro espagnol, de Maria Moutot, avec le beau texte de Serge Bonnery), doit succéder une navette fluviale, des terres vers la Méditerranée. Force du symbole.
Or les symboles que nos élus au pouvoir, à la mairie, - droite et extrême-droite - ont trouvé, sont religieux. M. Pujol et M.Aliot se sont retrouvés lors des fêtes pascales, le premier se montrant à la messe et tenant un cierge (se montrant surtout sur les réseaux sociaux, forme de propagande, d'exhibitionniste), le second se cachant sous la cape du pénitent (qu'avait-il à se reprocher ? d'avoir laissé tomber sa compagne dans leur piscine vide ? d'avoir traité de pute la journaliste politique de l'Indépendant..? d'avoir voulu, à son tour, instrumentaliser la communauté gitane..?). On avait l'impression que la rivalité politique de la campagne continuait se poursuivait à travers la religion. Que le "débat était clos", comme l'a affirmé M.J.M.Pujol, mais pas la peur face à un FN qui "talonne" la droite municipale (en fait qui l'avait distancée dès le premier tour, M.Pujol ne devant le salut qu'à la gauche)...
On a surtout l'impression, qu'à travers ces gestes traditionalistes et en apparence "privés" (mais pas de vie privée possible pour un homme public), les deux concurrents droitiers voulaient asseoir leur idéologie dans la tradition la plus conservatrice et affirmer leur assise dans les électorats les plus réactionnaires et bourgeois de la ville. Ce spectacle d'un autre temps montrait combien Perpignan n'était pas prête à entrer dans la modernité, à s'ouvrir aux autres composantes de sa population, à donner la parole aux idées politiques et intellectuelles des citoyens non représentés au conseil municipal ou à l'agglomération.
MM. Pujol et Aliot ont réaffirmé leur identité de catholiques traditionalistes. Veulent-ils que cette identité soit l'image du Perpignan du XXI° siècle..?
J.P.Bonnel