Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Alain Finkielkraut définit ainsi ses travaux :
« Je cherche d'abord à tirer au clair la métaphysique c'est-à-dire le rapport fondamental à l'être qui se manifeste dans la sensibilité, les façons d'agir, de faire, les mœurs, les habitudes caractéristiques de notre temps »
La publication de La Défaite de la pensée en 1987 marque un tournant dans son œuvre et le début d'une critique de la « barbarie du monde moderne ».
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Dans les médias, les débats, les blogs, on se déchaîne contre l'intellectuel, qui vient de publier "L'identité malheureuse"(Stock, 19,50 euros) : il serait, lui le juif aux parents polonais, raciste; il dénoncerait l'excès d'immigrés en France, il stigmatiserait surtout l'Islam... Il serait, en bref, un relais de l'extrême droite !
Il est vrai que, parfois, on croit percevoir le discours de Mme Le Pen, la musique militaire de l'extrême-droite... Pourquoi ? Car la fille n'a plus le discours extrémiste de son père, les jeux de mots répugnants, le fascisme ambiant de Jean-Marie : le FN a masqué sa vraie nature pour être respectable et pouvoir gagner les élections : on cache les nervis, les blousons noirs de l'antisémitisme, les voyous du racisme anti-arabe...
Le discours de Marine devient social (les anciens électeurs du PCF votent FN), laïque (contre le voile islamique à lécole), souverainiste (défense de la nation; onpense à Chévénement); ce discours hypocrite, très élaboré, prémédité, est quasi révolutionnaire: il faut faire table rase et chasser les partis de l'établishment !!! Le succès du parti d'extrême droite (outre le contexte de crise, économique et morale et les compromissions des pouvoirs en place, de gauche et de droite (*)
Si le discours du philosophe fait penser à celui du FN, c'est parce que celui-ci a volé sans honte, a pillé sans vergogne les idées de nation, de patrie, de culture française, de laïcité (qui a certes fait trop de concessions)... Or Finkielkraut défend l'intégration, critique les extrémistes islamistes et les Maghébins fanatiques, veut protéger le passé, la mémoire de la France, toutes les valeurs qui la constituent. Alors, on fait l'amalgame...
Il est pour une immigration contrôlée qui conserve l'homogénéité du pays, il montre que le changement démographique déstabilise la France : les citoyens (des quartiers populaires surtout) ne se sentent plus chez eux : "les Français vivent l'effacement de soi." Et :
"pour la première fois dans l'histoire de l'immigration, l'accueilli refuse à l'accueillant, quel qu'il soit, la faculté d'incarner le pays d'accueil."
Il donne raison à M.Valls qui ne fait qu'appliquer la loi et a permis tous les recours démocratiques à la famille de la jeune Léonarda. Il pense que le Français vit désormais en exil dans son propre pays : l'intégration ne semble plus fonctionner quand on assiste à un étrange spectacle : des jeunes beurs français, partagés entre deux cultures, deux identités, sifflent l'équipe de France (donc la France !) lors d'un match de foot avec l'Algérie...
Le philosophe veut de l'autorité, protégeant l'identité et les valeurs républicaines, il est contre l'angélisme et prône une morale pour tous; pas celle qui dit que tout se vaut, pas celle du "droit à la différence" : on accepte la "différence" du nouveau arrivant, si celui-ci respecte la nôtre et a la volonté de s'intégrer. Et de ne pas vivre dans un ghetto, un quartier où tous les trafics prospèrent : Barbès à Paris, Canebière et porte d'Aix à Marseille, Place Cassanyes à Perpignan...
Depuis longtemps, depuis De Gaule, nos dirigeants ont laissé courir et pourrir la situation, faisant venir des immigrés, des bras mal payés quand les Français ne veulent pas se salir et désirant les renvoyer quand le chômage est là. Mais ces anciens immigrés, harkis ou arabes, sont Français et toues les propositions du FN et des nostalgiques d'une France pure, des colonies, de Vichy, de l'Algérie française, etc...sont creuses, inopérantes, pernicieuses !!!
Que reproche-t-on au philosophe ? D'aborder des sujets qui font mal : la baisse du niveau au lycée, à l'université, l'influence du numérique, le jeunisme, la manipulation de l'affectif lors des manifs de "jeunes" pour Léonarda, la fin de l'écrit, de la bonne littérature, l'oubli de nos classiques, l'indifférence à l'égard de vrais artistes, la mode et l'argent s'emparant de tout..?
Lui reproche-t-on d'être trop laïque et de ne pas accepter les compromis, surtout à l'école : "L'enceinte scolaire délimite un espace séparé, singulier, irréductible. Elle n'est ni un appendice de la famille, ni un prolongement du forum, ni un étal de marché, ni non plus une antenne gouvernementale..." (page 41).
Non, une école n'est pas un marché, c'est un sanctuaire, on doit conserver son passé, son symbole : lieu de brassage, de fraternité, de culture, d'éducation, d'enseignement, de dialogue démocratique...
Une école ne doit pas subir la loi inique du marché.
Lisons le philosophe, mais lisons-le bien, avec attention et nous constaterons qu'il est tout en nuances ! Loin de la démagogie et des masques de l'extrême-droite et de ceux qui font son jeu (*) !
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(*) Jeu stratégique dangereux de Mitterrand et de la gauche, ambiguïté de F.Fillon qui ne choisit pas entre le candidat de gauche et celui de l'extrême-droite, gestion de certaines municipalités avec le FN (Gaudin à Marseille, cas de Nice, de villes du Gard...)