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Par leblogabonnel
La beauté?
Pierre Daix, parlant de Picasso : "Les artistes semblent aller plus vite que la beauté, parce qu'ils ont peur d'elle. Les créateurs (sauf Matisse, Maillol, Bonnard) refusent la beauté, du moins, ils disent la difficulté ou l'impossibilité de l'atteindre."
Manet capte, lui, la beauté fluctuante, la fuite des éléments naturels, leur évanescence : les nymphéas, un monde en miniature. Il note le temps continu, les éléments changeants des fleurs et de leurs formes : ce déroulement horizontal de la peinture aboutit à une fresque abstraite...
Matisse recherche l'ordre du monde, la lumière parfaite, le silence des intérieurs et la beauté, elle provient du plus simple objet, d'un détail, d'étoffes surtout; mais il ne quête pas simplement l'idée de beauté, de la couleur et de la lumière exacte, il peut accentuer un défaut (portrait de Greta Moll), la massivité ou les distorsions d'un corps. La peinture est déjà un lourd métier, difficile : aboutir à la cohérence de l'espace pictural; pourquoi irait-il vers les problèmes du monde, pourquoi sortir de l'espace de l'atelier ? Il y a, là, tant à faire !
Au contraire, les cubistes refusent la beauté traditionnelle; ce n'est pas le désir d'imiter la nature qui l'emporte ni l'emprise de l'émotion qui serait à la source du tableau: la peinture reste dans son cadre, elle ne subit plus les influences extérieures, la toile cubiste se veut autonome.
Si Bonnard et Matisse montrent le beau, Picasso représente la face violence de l'homme, le monstre qu'il peut devenir. Il refuse l'idée conventionnelle de la beauté, comme Kandinsky qui va s'éloigner des paysages russes tant aimés et aller vers l'abstraction. La plastique du monde en prend un coup !
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