Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Par leblogabonnel
La lectrice (photo Jean-Pierre Bonnel)
Il pleut, ça verse, les gués sont fermés, vivent la rose et le lilas !
Vive la lecture ! Si vous pouvez rester sous la couette, au lieu de vous rendre au labeur, prenez un livre, n'importe lequel mais prenez un livre au lieu d'aller jouer les voyeurs sur les réseaux sociaux...
Aujourd'hui, je vous conseille...pas Camus, parce que je sors d'un marathon d'une semaine : Camus et lalgérie, le libertaire, l'Espagne, le Catalan... D'accord, il faut lire avant tout Noces, L'Etranger et Le premier homme...Mais vous l'avez déjà fait, je pense....
Alors, lisez "Modernes catacombes", éditions Gallimard. Avec R.Debray, le lecteur n'est jamais déçu : il y a du contenu, de la réflexion, une pensée paradoxale, courageuse ! Et du style, une écriture ramassée, sèche, ironique, très surveillée, comme la culture qu'elle véhicule.
Le personnage, passé de la révolution sud-américaine aux salons parisiens en col mao, tout en conseillant le président Mitterrand, puis se rapprochant de Chevènement, a centré sa réflexion sur l'image (en dirigant des cahiers, sur les médias, aujourd'hui arrêtés)...
Ayant lu qu'il préparait un opéra sur Walter Benjamin, je lui ai écrit, lui faisant part de mon livre sur le penseur juif; il m'a répondu qu'il avait ouï de mon ouvrage, mais qu'il ne citait jamais, dans son propre texte, les textes des autres. Merci Régis, venez donc à Cerbère et Port-Bou !
Sur l'image, donc et son recueil d'articles, après un texte mi-figue, mi-raison (son style a l'amertume des pamplemousses et le ton tient de Voltaire, l'ironique) sur Sollers, parle du "prestige de l'image, de sa faculté de décider, à l'opposé de l'écrit, dont l'aura s'étiole...
"Peu importe le texte, pourvu que l'auteur en parle bien." Nous vivons bien dans le monde "bling-bling", de la séduction, de l'image façon "Paris-Match", du dérisoire, du superficiel, de l'exhibitionnisme généralisé...
Plus loin, Debray nous parle de Breton (André) et de ses "cailloux"; je pense alors à ceux que j'ai ramené du sommet de Bougarach, pour me protéger de la fin du monde...
Le philosophe ne peut se passer de littérature : "Toute langue littéraire est asociale en ce qu'elle est plus qu'un moyen de communication." (p.129); le voici parlant de Gary et Malraux (pages 198 et 271), du roman, "médiation poétique de l'existence."
L'écriture ferme, tendue, précise, bourrée de culture, me fascine. Pas de délayage, tout est utile, rien à jeter, comme l'écrivait Brassens ! L'ironie n'est pas vulgaire, mais elle irrigue le livre de ses discrets courants amers.
Avec R.Debray, j'ai l'impression d'apprendre à écrire.
Vive la pluie, qui permet la lecture !!!
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