Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
La Sardane de Picasso
La sardane de Max Jacob *
Les fillettes iront se coucher de bonne heure
et les hommes seront au café tout à l'heure
car les musiciens sont payés tant par heure
quarante pesetas pour donner du bonheur.
Un garçon se plaignait qu'on ne sût plus danser.
Une fille grattait la jambe à son soulier.
Vers la fin, des messieurs et des dames très bien
s'appliquaient du pied gauche et la main dans la main.
Dansez aussi, dame en grand deuil.
Une fillette a reçu de la poussière dans l'oeil.
Elle va se cacher derrière un réverbère
où l'attendait sa mère avec les autres mères.
Et, malgré sa douleur, elle sourit encore
aux accents séduisants de l'ardente tenore.
Les balcons se drapaient de couleurs catalanes
pendant que tressautait la rose des sardanes.
Le choc du jaune et du rouge s'allie assez
avec, ô tenora, les gammes alliacées.
Elle m'a grisé comme une eau de vie.
Elle s'est éteinte comme une bougie
son souvenir est dans ma vie...
* extraits du poème publié dans le recueil : Le laboratoire central, édition Gallimard.
Max Jacob est un poète, romancier, essayiste, épistolier et peintre français, né le 12 juillet 1876 à Quimper, mort le 5 mars 1944, alors qu'il était emprisonné au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis).
* En premier lieu sifflote la ritournelle d'un flaviol à peu près invariable dans le chant. Mains entrelacées, pied chevillés par des vigatanes la plupart du temps, chaque danseur oscille au rythme de la cobla, l'ensemble instrumental typique composé de onze musiciens qui joue des instruments à vents traditionnels tels que la tenora, le flaviol, le tible, le tambori...
A l'origine grecque paraît-il, la sardane maintenue depuis des siècles par les pays catalans est une danse unique au monde, puisqu'elle est originalement mathématique. En effet, musiciens et danseurs des deux sexes, fraternellement unis en se donnant la main, sont tributaires du rythme qui est exactement de 55 points dans une minute.
Au XIXème siècle, le compositeur Pep Ventura (1818-1875) a remplacé la sardane courte par la sardane longue. Pionnier, il est l'auteur de 500 œuvres. Mais on ne joue plus que "Toc d'Oracio", "Per tu ploro", "Cant dels occels". Max Havart est un des dignes successeurs de ce créateur de sardanes. Il y aura aussi Antoni Agramunt, Enric MORERA, Josep Serra, Juli Garreta...
Jusqu'à la seconde guerre mondiale, la sardane, sauf à Prats-de-Mollo et au Perthus, la sardane n'est quasiment plus dansée dans les Pyrénées-Orientales. Puis grâce à l'impulsion d'un grand nombre de catalans venus de la Retirada, elle se développe dans les villages, se propage dans tout le département. La véritable impulsion est donnée quand la fédération sardaniste du Roussillon naît en 1976 à l'initiative du regretté Roger Raynal. Elle se regroupe alors en quatre foments. Aujourd'hui elle en compte 68 et a débordé de ses frontière naturelles. Les foments existent à Toulouse, Marseille, Montpellier, Lille, Tarbes. Chaque année, vers le mois de février, le guide sardaniste est publié avec l'agenda de tous les rendez-vous...
La sculpture de Georges Fontaine (front de mer de Banyuls)
***