Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Valérie : depuis que son nom, désormais célèbre, a « été pourri » sur le Net par des malfaisants et un ex-compagnon « un peu bordeline », elle a « une psychose » des informations la concernant sur le Web. Après des mois passés dans la « détresse psychologique », elle a sorti la tête de l’eau.
Les aléas de la vie d'un couple "normal" : « Un jour, après une brouille, on a décidé de se séparer, ça arrive à tout le monde. C’est ici que l’embrouille a démarré. » Son ex-compagnon lui vole son chéquier et s'achète un abonnement à "Paris-Match"... Valérie annonce à l’homme qu’elle va porter plainte contre lui.
« Il est fou furieux que je décide de porter plainte pour vol. Il me menace et projette de “me couler à mon boulot”. Il disait qu’il allait balancer des insultes à mon sujet sur le Web. Il me mettait tellement la pression que j’allais souvent vérifier. Et un jour, je me suis trouvée. »
*Toile de Dominique BAILLIEUX :
Une vidéo (censurée) En tapant son (vrai) prénom et son nom dans Google, une « quinzaine de liens » apparaissent « dès la première page de référencement ». Tous renvoient à une vidéo intitulée « Une bonne ... (X) par Valérie» postée sur YouTube via un compte créé avec son patronyme. Dans la vidéo, où l’« on voit une femme pratiquer une ...(X = censuré par l4elysée) » et qui contient « l’adresse du lieu de travail et du village angevin» de Valérie... Même lors de la suppression de la vidéo, les liens de partage conservent une image capturée qui sert d’illustration. On y voit toujours clairement la pratique de la fellation et le texte avec les informations de Valérie.
« Quand il a mis en ligne la vidéo, il a coché la case pour autoriser la vidéo et le texte à être recopiés. J’ai trouvé le texte partout, sur des sites français, allemands, arabes, papous et même sur des sites de menuisiers et autres partouzeurs en DSKonneries... J’ai d’abord eu peur. Peur pour moi, mon travail mais aussi pour mes enfants. Ma seconde réaction a alors été de trouver la source de ces liens. »
« Je pleurais seule devant l’ordinateur »
Devant l’ampleur de la diffusion du texte, Valérie est abattue. Elle en parle à quelques membres de sa famille proche et une poignée d’amis. Elle écrit à Google et YouTube, remplit « des formulaires complexes » que même ses « copains qui connaissaient l’informatique » avaient du mal à compléter.
Elle appelle également des structures spécialisées dans le nettoyage d’e-réputation. Plusieurs lui proposent de payer 200 euros d’emblée mais d’autres suggèrent de « patienter quelques semaines que les liens redescendent ». Mais Valérie n’a pas envie d’attendre :
« Quand ça vous arrive, vous n’êtes pas patient du tout. Vous voulez que cela disparaisse immédiatement. J’explosais, j’avais l’impression que l’on me regardait différemment. Parfois les liens descendaient puis remontaient dans le référencement huit jours plus tard. A moment-là, je n’en pouvais plus. Je vérifiais matin, midi et soir si les liens partaient. Je pleurais seule devant l’ordinateur. »
Elle entre dans une période de détresse proche de la dépression. « Heureusement », elle est dans une période d’inactivité professionnelle et « l’affaire » n’a pas d’impact direct sur son travail.
« Il y a eu un moment où l’on tapait le nom de mon lieu de travail et on voyait mon nom et le texte de la vidéo apparaître. »
LA belle Valérie réagit : Elle a recours à un site qui s’occupe du nettoyage d’e-réputation, MaViePrivee.fr (les inscriptions sont temporairement closes), qui agit pour les particuliers et leur propose de payer ce qu’ils veulent.
« Ils ont contacté les sites pour effacer les informations et créé des tas de pages me concernant sur les réseaux sociaux pour étouffer les liens. Et effectivement les liens ont commencé à descendre. »
Elle alerte aussi la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), compétente pour traiter ce genre de dossiers gratuitement. Problème, à l’époque, elle ne peut contacter que les sites hébergés sur le territoire français ou jouer les intermédiaires avec ses homologues étrangers qui « prennent les dossiers en main au bout d’un mois ».
Après six mois de bataille, il ne restait que deux sites comportant ces informations. Valérie entrevoit le bout du tunnel avec un certain soulagement tout en sachant que les démarches prendront encore un certain temps pour l’un des deux sites : « L’un français et l’autre en Turquie, où il n’y a pas d’équivalent à la Cnil... Cela a donc été compliqué de l’effacer. »
Elle n’a pas porté plainte pour diffamation sur Internet contre son ex-compagnon. La procédure est « trop longue » pour réagir à ce genre de problèmes, les démarches au tribunal de grande instance pouvant prendre plusieurs mois.
Une lenteur juridique, qui n’est pas propre à ce genre d’affaire, inadaptée à la vitesse de circulation des informations sur le Net. Valérie continue d’utiliser Internet « quotidiennement » mais a radicalement changé ses habitudes de consommation. Le traumatisme, sans doute.
« Je ne veux plus rien de moi sur Internet. J’ai une psychose d’informations à mon égard sur le Net, que se soit vrai ou pas. Je veux disparaître de Google, Facebook, MySpace... Avec une simple vidéo téléchargée et un texte débile, j’ai mis des mois et des mois à m’en tirer. Ne faites confiance à personne. »