Lézards au soleil
De Dunkerque La caravane des Arts du Soleil organise la lecture des sables
Culture et Poésie font des vagues sur toutes les plages de France
Tout le jour sur le toit même de la roulotte des Frères Riascamano qui montrent le ciel de Sète jusqu'au plein minuit de la fête : "C'est beau. un musée, la nuit !"
Lézard d'intérieur j'éprouve un fort désir d'azur au seuil de la saison ouverte.
L'amertume de l'eau monte en rumeur
jusqu'aux remparts
La banda joue au bar de la Marine N'attends plus, viens à l'heure spirituelle de la sieste !
Escher dessine la ronde des lézards :
les personnages de mon roman et les animaux de la terrasse estivale passent par tous les stades de l'existence. Les arts florissants?
Privé d'amour le poète devient serpent. Délaissé par l'instable actinie
il se change en piètre lézard.
L'été je vagabonde entre mer et désert. La poésie est captive de l'une et de l'autre.
Par chance même au coeur des cristaux ils m'inondent de leurs phrases néritiques.
Au chaos d'instants de la vie je préfère les pièces détachées de l'été
Lourde sidérurgie des plaisirs Chirurgie du soleil sur la peau
L'été corps de plaisance.
A quoi bon lorgner sur la lézarde de nos demeures ruinées à l'avance ?
Dans l'atelier peint de la Place Arago la lumière du Midi
est prise avec des pincettes par Raoul Dufy.
Je note je souligne je reprends des phrases j'alimente le vampire palimpseste l'incessant écrit incestueux j'y mêle mes circulations sanguines ses regards mes impossibles désirs.
Dans la vallée de Vicdessos
des brumes sont accrochées aux montagnes aux sapins "Mouchoirs en papier, dit l'enfant ou boules de coton jetées par un homme abominable..."
Insoucieux lézard l'été tu n'écris point ou bien du bout des yeux
tu réapprends tu inscris une vie autre
Et quand les mains n'ont su tenir que des livres des revues la jupe de la plage
à l'automne elles ne savent plus tracer les mots
Cette parenthèse a permis au lézard de tomber amoureux du chardonneret.
Loin de la patte du chat qui attend le lézard aoûtien de mon balcon.
une montagne envieuse de neige...
Ce grand désert entre lac et ciel ce silence immaculé cerné de bleus écrins
c'étaient les Orres et ils croyaient que c'était de l'or blanc...
De ce hublot montagneux. je ne vois pas le nord. Je ne le devine que dans la poussée froide
de ses vents. Mais je me régale du midi marin, de l'est vigneron, des pins cembros de la fin du jour. Gros de soleil, j'habite le sud.
L'été saltimbanque entre deux vins, deux bains, se nourrit d'écrivains.
Entre Mme de C. et René de ... à Prague ou à Golfe Juan, les lectures interfèrent : va-et-vient entre les lieux, le linge des pages. Carrousels poétiques, les critiques. les soleils, les oeuvres.
Quand l'été meurt, il peut renaître en un musée , en une phrase de René Char : "Lézards dont l'insouci est guetté par les chats. "