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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Mai fait le pont : Barcelone, par Josep PLA - Souvenir de MONTJUIC

images-copie-25.jpeg  J. PLA

 

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Barcelone : Souvenir de Montjuic par Josep Pla

 

Montjuic est, à Barcelone, une colline ou plutôt, étymologiquement parlant, une montagne qui culmine à 173 mètres au-dessus du port. Dès le Moyen Age, elle a été utilisée à des fins militaires. Un musée militaire peut d'ailleurs y être visité au sein du château reconstruit au 18ème siècle. L'Exposition universelle de 1929 a transformé le paysage de la colline.

Le pavillon de l'Allemagne de l'architecte Mies van der Rohe est encore visible bien que refait entièrement en 1986. Il reste aussi de cette Exposition, le Village espagnol qui rassemble des bâtiments provenant de différentes régions d'Espagne et dont la grand-place a servi de cadre à une scène du film "Le Parfum" d'après le livre de Patrick Suskind.

En 1992, c'est à Montjuic que se sont déroulés les Jeux Olympiques. Josep Pla, journaliste et écrivain Catalan, a, au fil de son oeuvre, parlé de Montjuic :

 

"Le quartier d'El Poble-sec était une agglomération humaine comme celles que l'on trouve, d'après ce qu'on m'a dit, dans le Sud de l'Italie. Il y avait tant de linge mis à sécher aux fenêtres et aux balcons, tant de marmots criant dans les rues, tant d'hommes et de femmes groupés, comme il doit y avoir, à mon avis, dans le Sud de l'Italie. Il y avait tant de chansons, et de telles vociférations de balcon à balcon, qu'en traversant ce monde on avait la sensation de recevoir une pluie de coups de bâton sur le dos. Une fois l'agglomération urbaine finie, dans le creux de l'entaille que fait ici la montagne, commençait soudain un surprenant et grand silence. Là, partait un chemin flanqué de bidons de pétrole. Aux deux côtés, on voyait quelques potagers minuscules, rachitiques, à la terre argileuse et rouge, superposés au-dessus du versant. Dans ces jardins, on n'y voyait jamais personne.

 

Le chemin était caillouteux : des gravats de démolitions urbaines y étaient éparpillés ; il y avait des figuiers de Barbarie, d'un vert poussiéreux et aigre. Mais, après la bande de terrain aux tristes potagers, on arrivait à la friche de la montagne. Un grand panorama apparaissait alors. On cherchait un peu d'herbe sèche où s'asseoir, à l'ombre claire d'un figuier. Le parfum du thym, de la lavande, étaient intenses. Le panorama, fascinant. Le calme, délicieux, flottait au-dessus du bruit sourd de Barcelone. Les perspectives lointaines étaient si obsédantes que leur présence lyrique faisait, par contraste, ressortir davantage l'immédiat : le bruit du vent dans les pins tout proches, le frisson de l'air dans l'ombre du figuier, l'aboiement d'un chien invisible et lointain.

 

On voyait le château sur la partie haute. Comme toutes les forteresses anachroniques que j'ai eu l'occasion de voir, Montjuic me produisait une grande impression romantique. Il me faisait penser aux gravures espagnoles du dix-neuvième siècle et aux feuilletons français - deux choses qui m'ont toujours plu. Le château et la terre pelée des alentours constituaient une estampe oblongue. Au-dessus des longues lignes horizontales des glacis, émergeaient, à ras de ligne, les structures dont on ne voyait plus que la visière apeurée et trapue. On voyait aussi une grande étendue de mer, avec les vapeurs noirs et les voiliers - partant vers le large ou s'approchant de la terre -, comme des jouets abandonnés.

Et, entre mes eux genoux, apparaissait le spectacle de la grande ville descendant, en pente douce, des collines de Collserola, jusqu'au port, avec ses blancs rutilants et les taches gris-tourterelle, tremblantes, des vieilles pierres. Vue de l'extérieur, Barcelone est une ville blanche. De l'intérieur, elle est grise aux légères touches jaunes - de la couleur de la poudre à récurer. Avec le soleil, la ville blanche dégageait une grande flamme vive que le vent faisait osciller vers l'Ouest, vers l'Est, et qu'il emportait parfois au loin...

 

(Le cahier gris)

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L
!!!! Beau..!!!
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L
Je il moi dans les années 78 /85 il montait en funiculaire pour se baffrer et boire il faut le dire en haut..tout en haut..au restaurant panoramique..se leur de table était dur..et c'était tout les<br /> weekendes pour échapper a la morne cite roussillonaise.. Apres..a pied..facile.ça descend..si je me rappelle bien comme dirait Christian Roger..on traverse les parcs..on s'arrête ou pas..et meme<br /> que l'on peut suivre les méandres du circuit automobile en faisant vroum vroum avec la bouche..sis si ..je l'ai fait..et après le paradis..le parallelo ..et on s'engouffre dans le bario chino...les<br /> dames..plein de dames..!!! Et calle Condé de asalto..un troquet.."los pajaritos" avec le chant des canaris dans les cages accrochées au mur..on boit de la biere ou du gin tonic ..c'est selon<br /> l'humeur.. On ne "monte" pas avec les dames..elles viennent boire un café entre deux clients..elles sont belles.on discute avec elles..elles parlent caussi philosophie..lorsque l'on est un<br /> habitué.. Elles vous aiment bien..on les revoit..elles sont si gentilles..Barcelone était encore un port..mais si mais si..et ça arrivait de partout..et après commencaient trois jours de dérive<br /> sans fin des ramblas au barrio gotico de l'ascensor au zeleste.. Et j'arrête là.. Je ne reviens plus a Barcelone.. Les jeux ont tue MA Barcelone.. Fric..tune..indépendance vous dites.. Indépendance<br /> de la cesbourgeoisie catalane..point barre..mais moi..ce que j'en dit..IL Y A TOUJOURS UN CARILLON QUI RESONNE SUR LE PORT DE BARCELONE.. ! ! ! JPC..!
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