Marie-Pierre Baux à la Castangalerie de Perpignan (photo J.P.Bonnel)
Elle est belle, elle est Baux ! Enthousiaste, passionnée, aussi, Marie-Pierre, animatrice de la culture estivale, pendant 23 ans à Perpignan, qui vient de publier le récit de cette épopée inoubliable (1)
Plus qu'une directrice, qu'une gestionnaire, qu'une acheuteuse de spectacles, cette grande dame fut une créatrice, au goût très sûr et à l'esprit démocratique, désirant offrir, à l'instar de Jean Vilar, qu'elle cite à plusieurs reprises, une culture de qualité accessible au plus grand nombre. Une culture populaire de création, de haut niveau, sans démagogie.
C'est cela peut-être que les autorités locales (2) ne pouvaient accepter : une culture non-bourgeoise, non réservée à un microcosme privilégié. M.P. Baux s'est donc battue avec courage, avec une grande équipe et une armée de bénévoles, auxquels elle rend hommage (3) avec générosité.
Elle retrace, avec une écriture fraîche, facile et imagée, la "biographie du festival" des Estivales, en racontant mille anecdotes et en décrivant les dessous d'une histoire passionnantes. A l'origine, cette idée dune culture métissée, méditerranéenne et ce n'est pas par hasard si Pedro Soler est associé à la première création "conçue, produite par "Estivales" (page 43), avec la venue de La Joselito, dont Annie Cathelin nous a parlé récemment, à la maison de la Région, à l'occasion de la sortie de son livre.
Marie-Pierre avait saisi l'identité de Perpignan, pas uniquement "La Catalane", mais la plurielle, faite des couches successives du passage et de l'immigration. On regrette alors que l'actuel "Archipel" ne propose pas à toutes les communautés d'ici, aux auteurs et créateurs d'ici et maintenant, des spectacles "méditerranéens" au Carré, sur le parvis, au 7ème étage...
Les éclats de mémoire sont parfois des éclats de voix et si l'amertume et le sentiment d'avoir été écartée de façon injuste n'apparaissent pas, la critique discrète se fait jour, ici ou là, sans que les Alduy ou Pujol soient cités pour leurs mesquineries (4) ni cet "adjoint à la culture, médecin arrogant, "patron de clinique, notable caricatural.." On aura reconnu sans peine le docteur Nicolau...
A ce propos se rattache le moment le plus pathétique du livre, de cet indispensable album de souvenirs culturels : le handicap d'un des fils de Marie-Pierre et les souffrances qui en découlèrent. Cet incipit vous glace...puis, peu à peu, la poésie et la joie reviennent : le spectateur se souvient de ces nuits d'ivresse sur les gradins de lieux ouverts, sous les étoiles, dans la beauté nocturne du Campo santo ou du palais des Rois de Majorque...
Un page est tournée. Estivales se déroule désormais à l'intérieur, aberration nouvelle, ou sur le trottoir, sur le parvis, ce qui est plus festif, même si le lieu est restreint, inconfortable; on préfère se retrouver dans les hauts jardins de Majorque...On espère un accord intelligent entre mairie et Conseil général, afin de trouver enfin un EQUILIBRE culturel !!!
Merci à Marie-Pierre Baux d'avoir ressuscité ce passé proche d'une ville qui semblait avoir de l'ambition.... C'est aux Perpignanais d'écrire à présent le livre du futur...proche, lui aussi...
- - -
(1) Marie-Pierre Baux : Mes Éclats de mémoire, biographie d’un festival - Format : 14 x 21,5 cm – 256 pages + Cahier-photos 16 pages - 17€
(2) mairie de Perpignan, créant "L'Archipel" en faisant appel à un directeur du Sud chassé de tous les théâtres de Catalogne; puis municipalité de Saint-Estève, avec l'aventure éphémère du Théâtre de l'Etang, que les nouveaux édiles ne voulaient pas...
(3) En particulier au dynamique Jean-Michel Henric, inspirateur des "scènes ouvertes", conseiller municipal de Perpignan, à qui j'adresse ici un amical bonjour.
(4) Ils répondent dans l'intimité que Mme Baux a laissé une sacrée ardoise...