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« De Prades à Perpignan, Pau Casals & le monde de l’exil. Reportages du photojournaliste Jean Ribière [1944-1956] ». Une exposition qui réunit 160 photos qui permettent, à travers la figure du grand soliste catalan, de revivre les activités et mobilisations des exilés républicains espagnols en lutte contre le franquisme et pour le rétablissement des libertés démocratiques de leur pays depuis les Pyrénées-Orientales. Un département qui dans l’immédiate après-guerre compte 200 000 habitants et ne tardera pas à abriter près de 40 000 réfugiés politiques espagnols. Le regard singulier du photojournaliste Jean Ribière (Niort, 1922 – Perpignan, 1989) permet au visiteur de l’exposition de revivre en images : la Libération de Perpignan ainsi que ce 11 novembre 1944 durant lequel Félix Mercader, maire de Perpignan, rend un hommage officiel aux Brigades Internationales pour leur action au sein des FFI. Il peut également s’imprégner de l’ambiance de la manifestation rassemblant 15 000 personnes devant le Castillet, au mois de mars 1945, contre la nomination d’un consul franquiste ou celle que suscite la « Falla, Cremem a Franco » plantée au Pont d’en Vestit par la communauté valencienne en exil. Les clichés réunis et présentés par Eric Forcada, permettent de redécouvrir les enjeux de toute une période et de rasseoir Perpignan comme véritable capitale de l’exil républicain catalan. Commissaire de l’exposition : Eric Forcada. À voir jusqu’au 8 juin, à la salle Maillol du Palais des Congrès. Ouvert de 12 h à 19h du lundi au samedi inclus en entrée libre. Renseignements au 04 68 68 26 26.
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Avec la Libération de Perpignan, les réfugiés catalans sortent de la clandestinité et peuvent porter leur combat contre le franquisme et pour la liberté de leur pays au cœur de la ville. Ils célèbrent la première fête nationale depuis 1938 devant le Casal de Catalunya de Perpignan, situé alors au cours Palmarole près de la Promenade des platanes.
Dans l'immédiate après-guerre, le Casal de Catalunya, devient l'épicentre de la vie et des revendications des réfugiés catalans. Son président est jusqu'en 1949, Joan Alavedra, homme proche des présidents de la Generalitat de Catalunya, Francesc Macià et Lluís Companys qui était devenu en 1939, le secrétaire personnel de Pau Casals.
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Reportage 'Retour sur scène de Pau Casals'
Église Saint Pierre, Prades, 2 juin 1950
Le début de la Guerre Froide rejaillit sur le problème espagnol. A partir de 1948, le gouvernement nord-américain se rapproche du régime franquiste afin de le consolider et en faire un rempart contre l'entrée du communisme en Europe occidentale.
Ce nouvel alignement fait sortir Pau Casals de son silence et le pousse à faire son retour sur scène avec la volonté de sensibiliser la population nord-américaine sur la question catalane. Pour ce faire, il donne l'exclusivité de son Festival à 'Life'.
Malgré cette exclusivité, Jean Ribière est présent à l’Église de Prades pour assister au retour sur scène de Pau Casals. il se saisit de son appareil photo et prend cinq clichés de ce moment historique.
Une image présentée dans le cadre de l'exposition photo exceptionnelle à découvrir à l'Espace Maillol.
Exposition du 3 mai au 10 juin 2013 - entrée libre.
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A Pau Casals
Quand Franco s'empara du pouvoir en Espagne
Et voulut que tout art, toute poésie meure,
Pablo Casals quitta ses amis, sa demeure
Et vint se réfugier au pied de la Cerdagne.
En pensant à Lorca, aux vers de Machado,
A Miguel Hernandez mourant dans son cachot,
Chacun de ses yeux devenait un vaste lac,
Chacun de ses refrains une suite de Bach.
Fils d'un arbre de la péninsule ibérique,
Son violoncelle semblait mélancolique
Mais connaissait par c?ur l'accord de l'espérance,
Se doutant qu'un matin viendrait la délivrance.
Aveugle à son talent, sourde à ses festivals,
La mort un jour a emporté Pablo Casals,
L'empêchant, raffiné et suprême bourreau,
D'assister à la fin de l'ère du garrot.
A la mort de Franco, il m'a été conté
Par maint homme pourvu de bonne volonté
Qu'un violoncelliste, au pied de la Cerdagne,
Jouait à l'aube d'un jour nouveau pour l'Espagne.
Mont-Saint-Martin le 26 octobre 1981
Jean Iglesis