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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Poésies de Thierry Mahaut lou Nissart (2)

canal du midi (C) J.P.Bonnel

 

Juvénile ballerine (jeune mouette en l’air dans mon être)

Seule

En l’azur tendre

Au-dessus de la crête                                                                                  

Une jeune plume va dansant

A son humeur

Sur l’air doucereux du matin

Comme une feuille d’automne

A son ivresse de couleurs

Et sa folie semble la rendre heureuse

Loin au-dessus des yeux admirateurs

Qu’on entend parfois venir de la mer

Cette jeune plume égarée improvisait    sa musique

Sa poésie    l’égarant au-dessus de la crique

Vrillant    tournoyant elle ne savait où

Peu importe quelles œuvres arabesques

Grandes et belles elle dessinait

Peu importe qu’elles fussent évanescentes fresques

Calame en la main du vent

Suspendu à l’imaginaire

D’un elfe tenant un cerf-volant

Tango    Alchimie frénétique

D’un pas de deux    baroque

S’oubliant au bandonéon de l’oubli

A l’improvisation du vent

Expiration inspiration       

Séquentielles mesures et contretemps

Laissent à la plume

Pas et ganses à l’impromptu

D’une communion corporelle   délice                   

En détours malicieux d’un voyage                        

Le regard en ciel de liberté                         

Plongé dans le miroir indompté         

Puis    la ballerine lasse s’interrompt

Pose sa chorégraphie triomphante              

Parmi l’éparse barbe de Jupiter et les galets

Il se peut qu’elle y soit seule

Grise et blanche panachée

A l’abri de l’enthousiasme des vagues 

Immobile comme un rocher

Plus tard    d’un somme renaîtra le souffle

D’un vent qui fait chanter les muses

Blanches et nobles

Qui jamais ne se lassent

Dans le levant et le couchant

Comme à l’azur

De faire danser le ciel                                                                 Lou Nissart

 

Intériorité

 

Sur la mer de l’existentialité

Les vents se croisent

Ma barque aux voiles alourdies

Par les embruns de mon passé

Me transportent vers un avenir

Où s’est noyé le désir

Pas de sirènes pas de Circée

Mon erre n’est point une épopée

Enfant

J’ai déjà tout connu

Tout expérimenté

Même immobile

J’ai déjà tant voyagé

Ni je n’implore ni je quémande

Respiration d’humilité

Vie dans la vie

Tu es en moi

Tant que la vie est là

En moi

Tel le froid tranchant du couteau

Et le charbon ardent

Marquant sans cesse la plaie

De chaque absence

Afin que maux et soupirs

Jamais ne s’apaisent

Chaos d’éternité

Portant le monde sur ses épaules

Mûrissant mes entrailles

Jusqu’à la fin des temps

 

         Sur la mère Méditerranée

         Les temps se croisent

         Mon corps léger s’évade 

Aux doux vents de mon passé

Me transportent vers un avenir

Où s’est ouvert le secret de la vie

 

Et

L’air remue la queue

Et me lèche le visage

A chaque retour

                                                                                                                     Lou Nissart


Les mots "chants oubliés *

 

 

Qui croirait

Les mots

Echos de contrées ancestrales 

Parfums de juleps oubliés

Qu’ourlent  mimosas en saveurs d’auréoles

Enlace d’essence des premiers feux

Oubliés   

 

Qui croirait

Les poètes

Vents de lointains aléatoires

Ensemencent les champs des possibles

Portent en eux l’essence

La saveur des premiers dons

Délaissés

 

Qui croirait

Le sens des mots                                  

A leur tintement de monnaie

 

Qui croirait

La mer

Quand les vagues mugissent

 

Qui croirait

Les vagues

Libertines sous le joug de l’éperon

Quand les dunes avancent

Sable

En  un flot de sommeil

Linceul

Où les pas rejoignent l’empreinte

Jusqu’à étreindre la destinée

L’hagard souffle de vie           

Egaré

 

Qui croirait

La mer

Essence  de vie

Quand l’eau est saline

 

 

Qui croirait

Les vagues

Chant roulant des galets au temps

Rapproche la distance de l’exil

Je ne peux venir qu’avec le silence

Puisque seuls les mots parlent

Les images s’accomplissent

Cartomanciennes nuptiales

De vérité              

 

Qui croirait

La mer                                             

 

 

La dernière feuille du cerisier

 

 

Le temps dévore le jardin

Bientôt nu

Et il ne reste qu’une feuille

Verte

Au  cerisier dénudé

Même la lune s’est cachée

Suivant son arc

Pour ne pas la voir tomber

Même le soleil ne s’est découvert

De son couvre-chef

Craintif au devoir de la saluer

Un bourdon traînard

Sourd à l’annonce de  l’hiver

Echappe aux crocs de Nébla

Pour suivre la route du temps

Que la nature lui a trotté

Dans ce beau gris éclairé

Présage qui précède l’humide

Avant les grands froids

 

         Soleil éteint

Nuages en morne plaine

Poussent charrettes à l’éblouissement

 

Seule

Sur l’arbre de vie

Sans aucune congénère

Sans aucune amie

Seul

Pourrait lui rester

A l’innocence de la pensée

Le bonheur d’être en vie

Seul

Lui reste la rêverie

Qu’aussitôt ce bonheur s’évanouit

A la précaire réalité

Qui semble viendre

Avec ce gris qui paraît

Dans l’air                                                                                     

Du temps

 

Vert soleil

Dernier des Mohicans

Mot- rai du Yelkouan

 

Un rouge gorge vint à se poser

Ecarlate soleil

Sur la branche à ses côtés

Avant

De s’envoler

                           

L’âme ailleurs

 

Voilà que nous marchons dans le réel

Silence

Que nos pas craquellent l’encre nocturne qui nous invite à  réfléchir l’état de la perception    et à ce ruisseau tapi dans l’ombre véline dont les reflets ne nous sont audibles que par la face et l’étincelle du chuchotis clamant la sourdine de l’éclat argenté en timbres vocaux à la lueur diffuse d’une floraison lointaine qui projette son empreinte derrière les hanches de la lande                                         ombre et contraste la ligne de crête fuyant les arbres posés en bosquets épars semblant   porter le deuil du résolu désambulesque    que même l’acte suprême de promesse blanche ne    laisse sur le rivage qu’un sable de sel noir

L’air bruine une peine si légère que ses pleurs n’atteignent le sol

A peine le haut des haies en défroques d’hiver aussi dépouillées de l’ensoleillement des elfes aux moteurs si prompts tels des astres partant noyer à notre passage leurs atours de couleurs invisibles dans les poussières des ténèbres que les bras de la nuit enserrent

Muets sont les mots dans la parole de l’obscurité 

Où est cette humanité qu’on ne voit soleil    qui se repose dans les interstices du muret monté en pierre de sociabilité à défendre les valeurs d’un royaume que l’être semble protéger et        s’échange en même temps    créant un univers de dupes    irradié d’illusions et mystifié des propres valeurs ostensibles prônées et leurs induits frontaliers coulant d’une source qui abreuve un ciment déstructurant toujours plus l’humanité à chaque regroupement d’humain qui même à s’abreuver à une source divine que les dieux descendent de l’Olympe des bacchanales ne rehausse

Murés les non-dits dans le silence du passage des secondes    vagues qui ramènent bois et roulent pierres au rivage    s’agglomère pierre sur bois et bois sur pierre que demain sculptera en  mur ou passe le vent qui altère

Muets sont les mots dans le silence de la voie   

Ainsi rêvait l’enfant passant entre la haie et le muret dans le mirage béant du clin d’œil de la       nuit    étincelante au tintement velouté du médaillon de sa chienne

Retournant à la lumière du labour d’autrui qui convient au supplice

Et entrant

Dépose fusils et pieux au seuil de la porte

Qu’il ferme doucement

 

De l’intérieur

Il regarde la fenêtre opaque                            

Son âme est ailleurs

Partie

Peut-être vers les rives d’un pays

A regarder ailleurs    vers le lointain

Le feu de l’âtre réchauffait son corps

Quelqu’un lui fit l’amorce d’un sourire    connivence sociale qu’il rendit

Dehors quelque part un oiseau devait voler

Et d’autres ailes s’exclamer

Doux peuple d’effervescence libertine

Peut-être à rejoindre dans une haie

L’apaisement

Sauvage

Et il lui voyageait

Le phare rai du Yelkouan

A pouvoir discerner les couleurs

 

Serait-il autre que contrée

Là où va l’indien

 

Respiration

Au cœur de la mobilité

Où l’objet du temps                                          

         Serait expliqué

         Et non donné par la montre

Pur pays intuitif

A l’orée des rumeurs

Ou le regard porte

L’étincelle

Fruit de l’âme

Que silence et parole

Dévoile paysage    

 

naissance d’un matin d estive à’Elne, Nébla déambulant autour

Navire    ville haute

 

Navire forteresse      ville haute   sereine

A la vue imprenable s’éveille

Au  vrombissement balayant mécanique  

Rugissante Tarasque de rue s’ébroue

Dont les soubresauts de vapeur donnent     

Un air de départ

   Face à la proue

Des rubans s’entremêlent   tissées

Aux liserés d’ors fins

Teintés de violines évanescentes   et                       

Que pourpres enchevêtrent lentement

De limbes jaunies et d’incarnats          

Semblant une arche de bienvenue

Nous accueillant

   De bâbord

L’interminable vague des Albères secoue

Au ciel   son drap de mousseline bleuté

Et lève le voile à une journée

D’un calme majestueux

Les minutes sont sereines

Comme le ciel qui déjà traîne sa ouate

L’ambre grise du matin s’étire   bâille         

Langoureusement se teinte

Peu à peu

Parcimonieusement s’estompe

Se mirant d’une clarté   d’un bleu

Où plutôt de bleus changeant et alternant

Mimant et semblant

Vouloir tenir tête à son miroir alter et go

Qu’est la mer

Chacun sonnant et multipliant

Les tonalités de bleus et nuances                

Les gommant

Les estompant   les ravivant

Chaque instant se superpose

Chaque tonalité aussi

Qu’on finit par se croire au bout d’un moment

Revenu à l’instant précédent

On ne saurait dire si

C’est une querelle d’amoureux

Ou une danse nuptiale

Telle la parade de deux seiches se livrant

Un combat de sentiments amoureux

Exalte

Une palette aux multiples et extravagantes couleurs

Tour à tour flamboyantes et plus nuancées

A chaque fois   dans l’instantanée

Comme une flèche touchant le cœur

Mais rien n’est moins sûr

Défilent cyans   céruléens et azurs

Tours de garde et collines

Nuages bleus et nuages blancs

Chapelet Catalan   s’égrenant

Comme ces étourneaux sous les palmes d’un dattier               

Ainsi les mots du poète fourmillent

Bruissent ressentis   en son âme

Suivant des yeux

L’instantané d’une queue rousse

Rasant Lantanas et Laurettes

Puis   glisse dans la chaleur humide d’un figuier

Tandis que de chaque côté du navire

Dansent de juvéniles hirondelles

Dans la claire lueur du soleil

De ce matin   galet poli par la douceur du temps

La marée

A posé le contenu de ses filets devant le Cara Sol

Les fenêtres de son âme encore closes

Des conversations de couverts prolongées   au-delà 

Le pot au noir de la nuit

A aucun des marins passant la coursive   ne viendrait

L’idée de l’aubaine d’une maraude

Tel dans le courant   chacun tire son vent                     

Ainsi dans le vent   chacun borde son courant

De vertus

Fier impression de puissance

Sorte de Titanic immuable

Vestige d’un passé tellement présent

Et ce bateau-là ne coule pas              

Son bastingage émietté    terni

De bric et de broc   subit                             

Les outrages du temps   l’abandon

Las    juste échoué

Entre deux villes

Vile préretraite pourtant mérité

Et moi    passager clandestin

Capitaine d’un instant

Au rappel sautillant du médaillon de Nébla            

Rechausse humbles semelles et rêverie de vent

Quête de nuages blancs et crêtes d’écume

Les arcanes du temps                               T.Mahaut                   Lou Nissart

 

 

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