Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
(C) J.P.Bonnel
Juvénile ballerine (jeune mouette en l’air dans mon être)
Seule
En l’azur tendre
Au-dessus de la crête
Une jeune plume va dansant
A son humeur
Sur l’air doucereux du matin
Comme une feuille d’automne
A son ivresse de couleurs
Et sa folie semble la rendre heureuse
Loin au-dessus des yeux admirateurs
Qu’on entend parfois venir de la mer
Cette jeune plume égarée improvisait sa musique
Sa poésie l’égarant au-dessus de la crique
Vrillant tournoyant elle ne savait où
Peu importe quelles œuvres arabesques
Grandes et belles elle dessinait
Peu importe qu’elles fussent évanescentes fresques
Calame en la main du vent
Suspendu à l’imaginaire
D’un elfe tenant un cerf-volant
Tango Alchimie frénétique
D’un pas de deux baroque
S’oubliant au bandonéon de l’oubli
A l’improvisation du vent
Expiration inspiration
Séquentielles mesures et contretemps
Laissent à la plume
Pas et ganses à l’impromptu
D’une communion corporelle délice
En détours malicieux d’un voyage
Le regard en ciel de liberté
Plongé dans le miroir indompté
Puis la ballerine lasse s’interrompt
Pose sa chorégraphie triomphante
Parmi l’éparse barbe de Jupiter et les galets
Il se peut qu’elle y soit seule
Grise et blanche panachée
A l’abri de l’enthousiasme des vagues
Immobile comme un rocher
Plus tard d’un somme renaîtra le souffle
D’un vent qui fait chanter les muses
Blanches et nobles
Qui jamais ne se lassent
Dans le levant et le couchant
Comme à l’azur
De faire danser le ciel Lou Nissart
Intériorité
Sur la mer de l’existentialité
Les vents se croisent
Ma barque aux voiles alourdies
Par les embruns de mon passé
Me transportent vers un avenir
Où s’est noyé le désir
Pas de sirènes pas de Circée
Mon erre n’est point une épopée
Enfant
J’ai déjà tout connu
Tout expérimenté
Même immobile
J’ai déjà tant voyagé
Ni je n’implore ni je quémande
Respiration d’humilité
Vie dans la vie
Tu es en moi
Tant que la vie est là
En moi
Tel le froid tranchant du couteau
Et le charbon ardent
Marquant sans cesse la plaie
De chaque absence
Afin que maux et soupirs
Jamais ne s’apaisent
Chaos d’éternité
Portant le monde sur ses épaules
Mûrissant mes entrailles
Jusqu’à la fin des temps
Sur la mère Méditerranée
Les temps se croisent
Mon corps léger s’évade
Aux doux vents de mon passé
Me transportent vers un avenir
Où s’est ouvert le secret de la vie
Et
L’air remue la queue
Et me lèche le visage
A chaque retour
Lou Nissart
Les mots "chants oubliés *
Qui croirait
Les mots
Echos de contrées ancestrales
Parfums de juleps oubliés
Qu’ourlent mimosas en saveurs d’auréoles
Enlace d’essence des premiers feux
Oubliés
Qui croirait
Les poètes
Vents de lointains aléatoires
Ensemencent les champs des possibles
Portent en eux l’essence
La saveur des premiers dons
Délaissés
Qui croirait
Le sens des mots
A leur tintement de monnaie
Qui croirait
La mer
Quand les vagues mugissent
Qui croirait
Les vagues
Libertines sous le joug de l’éperon
Quand les dunes avancent
Sable
En un flot de sommeil
Linceul
Où les pas rejoignent l’empreinte
Jusqu’à étreindre la destinée
L’hagard souffle de vie
Egaré
Qui croirait
La mer
Essence de vie
Quand l’eau est saline
Qui croirait
Les vagues
Chant roulant des galets au temps
Rapproche la distance de l’exil
Je ne peux venir qu’avec le silence
Puisque seuls les mots parlent
Les images s’accomplissent
Cartomanciennes nuptiales
De vérité
Qui croirait
La mer
La dernière feuille du cerisier
Le temps dévore le jardin
Bientôt nu
Et il ne reste qu’une feuille
Verte
Au cerisier dénudé
Même la lune s’est cachée
Suivant son arc
Pour ne pas la voir tomber
Même le soleil ne s’est découvert
De son couvre-chef
Craintif au devoir de la saluer
Un bourdon traînard
Sourd à l’annonce de l’hiver
Echappe aux crocs de Nébla
Pour suivre la route du temps
Que la nature lui a trotté
Dans ce beau gris éclairé
Présage qui précède l’humide
Avant les grands froids
Soleil éteint
Nuages en morne plaine
Poussent charrettes à l’éblouissement
Seule
Sur l’arbre de vie
Sans aucune congénère
Sans aucune amie
Seul
Pourrait lui rester
A l’innocence de la pensée
Le bonheur d’être en vie
Seul
Lui reste la rêverie
Qu’aussitôt ce bonheur s’évanouit
A la précaire réalité
Qui semble viendre
Avec ce gris qui paraît
Dans l’air
Du temps
Vert soleil
Dernier des Mohicans
Mot- rai du Yelkouan
Un rouge gorge vint à se poser
Ecarlate soleil
Sur la branche à ses côtés
Avant
De s’envoler
L’âme ailleurs
Voilà que nous marchons dans le réel
Silence
Que nos pas craquellent l’encre nocturne qui nous invite à réfléchir l’état de la perception et à ce ruisseau tapi dans l’ombre véline dont les reflets ne nous sont audibles que par la face et l’étincelle du chuchotis clamant la sourdine de l’éclat argenté en timbres vocaux à la lueur diffuse d’une floraison lointaine qui projette son empreinte derrière les hanches de la lande ombre et contraste la ligne de crête fuyant les arbres posés en bosquets épars semblant porter le deuil du résolu désambulesque que même l’acte suprême de promesse blanche ne laisse sur le rivage qu’un sable de sel noir
L’air bruine une peine si légère que ses pleurs n’atteignent le sol
A peine le haut des haies en défroques d’hiver aussi dépouillées de l’ensoleillement des elfes aux moteurs si prompts tels des astres partant noyer à notre passage leurs atours de couleurs invisibles dans les poussières des ténèbres que les bras de la nuit enserrent
Muets sont les mots dans la parole de l’obscurité
Où est cette humanité qu’on ne voit soleil qui se repose dans les interstices du muret monté en pierre de sociabilité à défendre les valeurs d’un royaume que l’être semble protéger et s’échange en même temps créant un univers de dupes irradié d’illusions et mystifié des propres valeurs ostensibles prônées et leurs induits frontaliers coulant d’une source qui abreuve un ciment déstructurant toujours plus l’humanité à chaque regroupement d’humain qui même à s’abreuver à une source divine que les dieux descendent de l’Olympe des bacchanales ne rehausse
Murés les non-dits dans le silence du passage des secondes vagues qui ramènent bois et roulent pierres au rivage s’agglomère pierre sur bois et bois sur pierre que demain sculptera en mur ou passe le vent qui altère
Muets sont les mots dans le silence de la voie
Ainsi rêvait l’enfant passant entre la haie et le muret dans le mirage béant du clin d’œil de la nuit étincelante au tintement velouté du médaillon de sa chienne
Retournant à la lumière du labour d’autrui qui convient au supplice
Et entrant
Dépose fusils et pieux au seuil de la porte
Qu’il ferme doucement
De l’intérieur
Il regarde la fenêtre opaque
Son âme est ailleurs
Partie
Peut-être vers les rives d’un pays
A regarder ailleurs vers le lointain
Le feu de l’âtre réchauffait son corps
Quelqu’un lui fit l’amorce d’un sourire connivence sociale qu’il rendit
Dehors quelque part un oiseau devait voler
Et d’autres ailes s’exclamer
Doux peuple d’effervescence libertine
Peut-être à rejoindre dans une haie
L’apaisement
Sauvage
Et il lui voyageait
Le phare rai du Yelkouan
A pouvoir discerner les couleurs
Serait-il autre que contrée
Là où va l’indien
Respiration
Au cœur de la mobilité
Où l’objet du temps
Serait expliqué
Et non donné par la montre
Pur pays intuitif
A l’orée des rumeurs
Ou le regard porte
L’étincelle
Fruit de l’âme
Que silence et parole
Dévoile paysage
naissance d’un matin d estive à’Elne, Nébla déambulant autour
Navire ville haute
Navire forteresse ville haute sereine
A la vue imprenable s’éveille
Au vrombissement balayant mécanique
Rugissante Tarasque de rue s’ébroue
Dont les soubresauts de vapeur donnent
Un air de départ
Face à la proue
Des rubans s’entremêlent tissées
Aux liserés d’ors fins
Teintés de violines évanescentes et
Que pourpres enchevêtrent lentement
De limbes jaunies et d’incarnats
Semblant une arche de bienvenue
Nous accueillant
De bâbord
L’interminable vague des Albères secoue
Au ciel son drap de mousseline bleuté
Et lève le voile à une journée
D’un calme majestueux
Les minutes sont sereines
Comme le ciel qui déjà traîne sa ouate
L’ambre grise du matin s’étire bâille
Langoureusement se teinte
Peu à peu
Parcimonieusement s’estompe
Se mirant d’une clarté d’un bleu
Où plutôt de bleus changeant et alternant
Mimant et semblant
Vouloir tenir tête à son miroir alter et go
Qu’est la mer
Chacun sonnant et multipliant
Les tonalités de bleus et nuances
Les gommant
Les estompant les ravivant
Chaque instant se superpose
Chaque tonalité aussi
Qu’on finit par se croire au bout d’un moment
Revenu à l’instant précédent
On ne saurait dire si
C’est une querelle d’amoureux
Ou une danse nuptiale
Telle la parade de deux seiches se livrant
Un combat de sentiments amoureux
Exalte
Une palette aux multiples et extravagantes couleurs
Tour à tour flamboyantes et plus nuancées
A chaque fois dans l’instantanée
Comme une flèche touchant le cœur
Mais rien n’est moins sûr
Défilent cyans céruléens et azurs
Tours de garde et collines
Nuages bleus et nuages blancs
Chapelet Catalan s’égrenant
Comme ces étourneaux sous les palmes d’un dattier
Ainsi les mots du poète fourmillent
Bruissent ressentis en son âme
Suivant des yeux
L’instantané d’une queue rousse
Rasant Lantanas et Laurettes
Puis glisse dans la chaleur humide d’un figuier
Tandis que de chaque côté du navire
Dansent de juvéniles hirondelles
Dans la claire lueur du soleil
De ce matin galet poli par la douceur du temps
La marée
A posé le contenu de ses filets devant le Cara Sol
Les fenêtres de son âme encore closes
Des conversations de couverts prolongées au-delà
Le pot au noir de la nuit
A aucun des marins passant la coursive ne viendrait
L’idée de l’aubaine d’une maraude
Tel dans le courant chacun tire son vent
Ainsi dans le vent chacun borde son courant
De vertus
Fier impression de puissance
Sorte de Titanic immuable
Vestige d’un passé tellement présent
Et ce bateau-là ne coule pas
Son bastingage émietté terni
De bric et de broc subit
Les outrages du temps l’abandon
Las juste échoué
Entre deux villes
Vile préretraite pourtant mérité
Et moi passager clandestin
Capitaine d’un instant
Au rappel sautillant du médaillon de Nébla
Rechausse humbles semelles et rêverie de vent
Quête de nuages blancs et crêtes d’écume
Les arcanes du temps T.Mahaut Lou Nissart