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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Teresa Rebull : exposition à La Jonquera - La vie des natures mortes

2013-03-13-17.55.39.jpg  2013-03-13-17.56.42.jpg (C) Teresa Rebull)

 

2013-03-13-17.56.55.jpg          Tout le monde connaît désormais la ville-frontière de La Jonquera, en Catalogne : un haut lieu du marché du sexe, c'est-à-dire un bas lieu de la misère des corps...

 

On sait moins que ce village longiligne est surtout un lieu de culture; avec le Musée de l'exil, la guerre d'Espagne et la Retirada ont gagné une mémoire, grâce aux expositions et événements qui s'y déroulent. Et point de départ du circuit des "routes de l'exil", en passant par Agullana ou La Vajol, jusqu'aux camps du littoral roussillonnais. 

 

Lieu de mort, direz-vous ? De morts, de souvenirs, de tout un passé de souffrance et d'exode, certes, derrière la lourde façade d'acier du musée de la "carrer major", ou rue principale...

 

Mais je ne ne voulais pas parler de mort, mais de vie, c'est-à-dire des "natures mortes" de Teresa Rebull, qui, ô paradoxe, sont des natures vives, vivantes, enthousiasmantes ! Ce motif éternel de la peinture, ce genre de la "nature-morte", pratiqué par les plus grands artistes, est traité ici, avec les outils fauves de la lumière et les constructions spatiales du cubisme. Avec le respect ardu des volumes. Dans la mise-en-scène discrète du tableau... 

 

Mariage voluptueux, pleinement réussi, sous l'oeil du Maître d'Aix, à l'origine de la peinture moderne : le vénérable Cézanne...

 

Teresa la grande dame, comme on aime la qualifier avec amour et admiration, pour son parcours musical et politique, "àvia de la Nova Canço" et "Creu de Saint Jordi 1992", a sorti de sa cave picturale des bouteilles et des verres vides, mais remplis de couleurs, à boire avec les yeux. Et les fruits multicolores, poires, figues, raisins, grenades, dans un équilibre parfait, dans une harmonie d'une classique beauté.. Et, bien sûr, la pomme de Paul, à croquer, que le spectateur a envie de toucher, avant de la conserver dans un coin de son imaginaire...

 

      La dévorer, la pomme, sans penser à Pascal, le triste, qui n'y voyait qu'une "vanité"... Non, restons avec Cézanne : "Avec une pomme, je veux étonner Paris." 

 

Restons avec Teresa, qui nous étonne avec sa pomme ..! 

 

Les poivrons sont rouges et les aubergines matissiennes, sous un décor bleuté, qui ouvre l'horizon de la toile. En effet, la "nature morte" tend le plus souvent à un enfermement de la peinture; avec Teresa Rebull, les teintes et les fruits méditerranéens offrent des perspectives sur le territoire catalan... privilégié encore dans les paysages grecs de Banyuls aux collines et terrasses à l'inénarrable beauté... 

 

Beauté et sensualité sont visibles encore avec ces corps longs et dénudés, que la proximité des croquis noirs et tragiques du camp de concentration de Rivesaltes n'arrive pas à estomper. Il s'agit là d'une exposition comme une rétrospective des divers motifs abordés par T. Rebull, en un lieu un peu trop retiré, hélas, en marge des "passages" touristiques et mercantiles.

 

Une exposition à la frontière. Comme en exil... 

(texte et photos : Jean-Pierre Bonnel)

 

*Exposition "Paletes" per la diversitat, Centre culturel de l'Albera "Can Laporta", jusqu'au 15 mars 2013, entrée (libre) au numéro 2 de la rue principale "carrer Major" - tél. 972 555 258 - horaires : de 17 à 19 heures.

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M
J’aime énormément cet hommage à Teresa Rebull, moins connue pour ses peintures que pour sa musique et ses engagements politiques….Quelle jolie découverte, néanmoins, et sous l’égide de Cézanne lui<br /> qui disait toujours que la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l’espace, la<br /> géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes…Et pour Teresa, oui la couleur est à sa puissance, la forme est à sa plénitude…..Elle ne s’est pas écartée, comme le préconisait le grand<br /> maître d’Aix, de l’étude concrète de la nature pour se perdre dans des spéculations intangibles…..c’est beau, c’est appétissant tout simplement ! Une merveilleuse exposition sur cette frontière qui<br /> symbolise si bien les déplacements entre la Catalogne et la France de toute la vie de cette femme exceptionnelle !
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