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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Walter Benjamin au CAC de Perpignan : pédagogie et konstellations pour cette deuxième expo

 

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Exposition "L'ange de l"Histoire" au Centre d'art contemporain de Perpignan *


 

Après ma critique négative lors de l'inauguration du CAC WB de Perpignan, voici mon compte-rendu plus apaisé, après une deuxième exposition beaucoup plus accessible, pédagogique, voire traditionnelle,  je veux dire "non créative"...

 

 

Malgré l'image floue choisie pour l'affiche et le flyer de l'exposition consacrée au grand et méconnu philosophe juif allemand, mort à Port-Bou en septembre 1940, l'intention est d'y voir clair : d'être lucide comme ce personnage représenté par Paul Klee : "L'Ange de l'Histoire" qui est tourné vers le passé, sachant que l'avenir proche ne peut être que désastreux.

 

En effet, c'est la montée du nazisme, l'arrivée d'Hitler au pouvoir, suivie de la déclaration de guerre et de l'invention des camps de concentration; on ne peut comprendre W.Benjamin et cette expo sans connaître le contexte historique.

 

Après une exposition inaugurale plus que contestable, l'installation  du CAC autour de la figure du philosophe W. Benjamin est, elle, visible pour le grand public !

 

Il est à regretter cependant que les lavabos manquent toujours de savon et que les trois "Grâces" qui gardent les deux salles du CAC soient aussi peu formées aux thèmes présentés et omniprésents dans l'oeuvre inachevée et fragmentée de l'auteur d'Enfance berlinoise : les passages parisiens, la figure de Baudelaire, la barbarie, la critique du progrès, la photographie... Un surveillante monte avec vous, comme on irait vers le 7ème ciel des lupanars (les prostituées sont dans l'oeuvre et sur un panneau du second étage) et vous confie "pas pour vous surveiller, mais pour voir si les machines marchent..."

 

Donc une expo sage, presque conformiste, expliquant le contexte social, historique, urbanistique...Il y a bien deux ou trois "installations" inutiles (pourquoi ces télés ringardes..?) mais on apprécie les pierres tombales consacrées au visa du philosophe et le graffiti "à la façon de BEN", (slogan facile et vieillot) d'Antoni Muntadas : "Tout est politique"... 

 

Les images collées sur une cabane à la Buren (musée de Sérignan) ou Ben (Musée d'art moderne Pompidou) étaient nécessaires : rencontrée à Port-Bou, Nathalie Raoux nous avait parlé de son projet de collaboration avec Arno Gisinger; le photographe a capté tous les lieux (Monaco, San Remo, Paris, Berlin, Ibiza, Port-Bou, où l'on voit l'hôtel détruit, pas celui, rénové, qu'on prétend être le bon, à présent...) et ces images sont collées sur les cloisons : une vision rapide de la vie tumultueuse de WB, avec ses citations.

 

Le flâneur reste un moment devant deux photos de la guerre de Crimée (1855) en pensant à l'actualité et à l'invasion de Poutine; cette affaire donne encore raison au penseur hétérodoxe : le progrès n'existe pas, l'Histoire balbutie et plus, semble regarder les catastrophes du passé, tel l'ange qui est tourné vers le passé, en attente de la prochaine tempête, de la prochaine barbarie humaine...

 

"Que les choses continuent comme avant, voilà la catastrophe." a écrit avec lucidité l'auteur de "Paris, capitale du XX° siècle". En ce début de siècle incertain et troublé, face au retour d'idées et de sentiments malsains, il est urgent d'aller à l'expo, et surtout de lire Walter Benjamin..! 

 

 

* Centre d'art contemporain (CAC) de Perpignan - jusqu'au 18 mai, ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10h30 à 18 heures - entrée gratuite - visite guidée, ce dimanche, à 15 heures.

 

 

 

** à lire: Arno Gisinger, Nathalie Raoux – Konstellation. Walter Benjamin en exil (1933-1940)

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Présentation par Nathalie Raoux : "Konstellation Benjamin - postfacé par Georges Didi-Huberman et fruit d’une collaboration de plusieurs années avec le photographe autrichien Arno Gisinger – s’emploie à rendre justice, à la Benjamin, dans une démarche expérimentale, au penseur de la perte d’aura et de la politisation de l’esthétique. Ici tout est montage et constellation.

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C
Ami Jean-Pierre,<br /> juste une petite précision.<br /> Les premiers camps de concentration furent créés à peine quelques semaines après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, en 1933.<br /> C'est donc bien avant la déclaration de guerre (1939).<br /> Merci pour tout ce blog et ton travail.<br /> CD
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