L'ours de Patrick Loste
*Fête de l'Ours et Carnaval à Prats de Mollo La Preste : tout le programme du 26 Février au 2 Mars 2011
Au cœur des murailles du Fort Lagarde, trois garçons, revêtus d’une peau de mouton, s’enduisent le visage et les bras d’huile mélangée à du noir de fumée. Escortés de leurs chasseurs, les « ours » descendent dans la ville et marquent de leur empreinte tous ceux qui se trouvent à leur portée avec une préférence marquée pour les jeunes filles.
En fin de journée, les barbiers, tout de blanc vêtus, les enchaînent au prix d’une lutte féroce et procèdent à un rasage symbolique redonnant ainsi forme humaine à ces êtres sauvages, héritiers des croyances et des légendes pyrénéennes.
Noirs de suie, d’huile et de sueur, griffant ou mordant tout sur leur passage, les trois derniers ours du Costabonne descendront dans la ville. Chacun aura sur le visage l’empreinte du plantigrade et celle d’une des plus anciennes et des plus authentiques traditions carnavalesques.
Exposition photos « Les 3 Fêtes de l’Ours du Vallespir »
Dimanche 27 Février 10h00 Passage du témoin “La patte de l’ours” (Office de tourisme)
10h30 Arrivée de Sa Majesté Carnaval
11h00 Contrapàs et sardanes (Place Trinxeria)
15h00 Grande chasse à l’ours
17h00 Rasage (Place du Foiral)
18h00 Sardanes (Place d’armes)
22h00 Grand bal (Foyer Rural)
Lundi 28 Février 10h00 Mascarade
11h00 Sardanes (Place d’armes)
15h00 Encadenat
16h00 Corrida
16h30 Ball de la Posta et Ball de Correr
18h00 Sardanes (Place Trinxeria)
22h00 Grand bal costumé
Minuit Echelle
Mardi 1er Mars
11h00 Sardanes (Place Trinxeria)
15h00 Bal d’enfants
18h00 Sardanes (Place d’armes)
22h00 Grand bal de clôture
Minuit Tió-Tió
01h30 Dernier tour de ville et Incinération de Sa Majesté Carnaval
** OURS des fictions, des contes :
L'ours était à l'origine présent dans une grande partie de l'Europe, mais fut abondamment chassé au cours du Moyen Âge, avec le soutien des autorités chrétiennes qui luttaient contre les survivances du culte de l'ours, en particulier chez les Celtes et les Germains. L'ours se retrouva peu à peu cantonné aux régions montagneuses telles que les Alpes, les Pyrénées, le Jura et les Vosges au xviiie siècle. À cause d'une pression toujours plus importante de l'homme sur leur habitat et leur population, le nombre d'ours français ne cessa de diminuer. Dès le début du XXe siècle, on ne trouve plus aucun ours en dehors des Pyrénées, où leur nombre est estimé entre 70 et 150. Le déclin est rapide, malgré l'intervention du gouvernement, et l'arrêt de la chasse à l'ours n'est effectif qu'en 1972. L'ours brun est inscrit sur la liste des espèces protégées en 1979 et le premier plan de sauvegarde remonte à 1984. On recensait une quinzaine d'individus dans les années 1980 et seulement cinq au milieu des années 1990.
* L'ours des Pyrénées dans la culture
Carnaval de La Vijanera, en Cantabrie, où l'Ours (el Oso), incarnation du mal, est tué chaque année.
Les traces d'un ancien culte de l'ours sont nombreuses dans les Pyrénées, puisqu'il existe deux divinités directement liées à cet animal, qui furent vénérées localement dans le Comminges. Alors que partout en Europe, les différents cultes liés à l'ours furent sévèrement combattus afin de mettre un terme à des pratiques qualifiées de païennes, conduisant à une diabolisation progressive de l'animal, le prestige de l'ours semble s'être plus ou moins conservé dans les Pyrénées2.
Carnaval Les cultes de l'ours se retrouvent encore sous des formes « folklorisées » mais très ancrées dans la tradition locale. Ce sont généralement des manifestations liées au Carnaval et au renouveau du printemps, symbolisées par la sortie de l'hibernation de l'animal qui a lieu à la Chandeleur. Des chasses à l'ours très ritualisées ont lieu : un homme est revêtu de fourrures, le visage noirci ou masqué, il court les rues en donnant la chasse aux femmes, avec des simulacres sexuels très explicites : « L'Ours, allongé sur la route, se laisse aller à des mouvements extrêmement suggestifs — tout à fait adaptés, certes, aux recherches d'un ritualiste sur la fécondité — toujours enveloppé dans la peau de son animal sacré, car l'obscénité est un bon recours magique pour la fertilité »3. Puis il est pris en chasse par des chasseurs et divers personnages aux masques et tenues également très ritualisées, avant d'être mis à mort. La mort de l'ours n'est que provisoire, car chacun sait qu'il reviendra l'année suivante. Ces festivités ont lieu plus souvent en Soule, en Bigorre, en Andorre et en Roussillon4,5,6.
Mythologie et symbolique Comme en Bulgarie, en Roumanie, dans les Balkans, en Asie, en Yougoslavie ou chez les Indiens d’Amérique du Nord, les Pyrénéens ont longtemps considéré l’ours comme l’ancêtre de l’homme ou encore comme un homme sauvage, souvent même il avait le statut d'un dieu. Certaines attitudes proches de celles de l'humain lui ont valu cet anthropomorphisme. Ainsi les Béarnais le nomment « lou pedescaou », le va-nu-pieds, ou encore « lou Moussu », le Monsieur. On lui donne des prénoms comme Dominique et Martin.
Pour les Basques, c’est « Artza » (dont le prénom puis nom de famille García pourrait dériver) tandis que les bergers sont nommés « artzainak ». L’ours était autrefois un symbole de résurrection et de fertilité, l’Église s’est donc efforcée de lutter contre ces anciens cultes animistes. Dans d'anciennes légendes, le Pic d'Ossau représente la tête de Jean de l'Ours.
En Aragon, l'Ome grandizo de la vallée de Onsera (toponyme lié à l'ours) était un géant armé d'une hache de pierre, toujours accompagné d'un ours.
Hagiographie : Aventin de Larboust ôte une épine de la patte d'un ours7. La légende très répandue de saint Martin de Tours obligeant un ours, qui avait dévoré sa monture, à remplacer celle-ci, et le nom de Martin fréquemment donné à l'ours, est largement connue dans les Pyrénées.
Contes: Jean de l'Ours, Juan ou Xan de l’Ours8 pour les Basques, Joan de l’Os pour les catalans est un conte à propos d’un garçon né de l’accouplement d’un ours et d’une femme.
Chasse à l'ours dans les chroniques de Jean Froissart, fin du XVe siècle.
L'histoire de Pierre de Béarn, demi-frère bâtard de Gaston Phébus, est rapportée par Jean Froissart et conte sa lutte sans pitié contre un ours gigantesque. Après avoir vaincu cette bête, l'homme fut frappé de somnambulisme. Dans les mêmes chroniques, le comte de Biscaye chassait un ours lorsque ce dernier se retourna afin de lui prédire une mort indigne pour avoir traqué un animal innocent9. Jean Froissart suppose que les ours pyrénéens sont d'anciens chevaliers qui furent changés en ours par les dieux païens en punition d'une faute10, et Michel Pastoureau pense que cette histoire fait écho à une survivance des rites de passages dans les Pyrénées, consistant à tuer un ours
Montreurs d'ours
Les montreurs d'ours pyrénéens, et notamment ceux de l'Ariège, ont acquis une réputation bien au delà de leurs frontières d'origines. Le village d'Ercé était réputé pour son école des ours. Des oursons capturés étaient élevés et dressés, puis ils partaient avec leur maître pour de très longs périples dans toute l'Europe et jusqu'aux Amériques.
Littérature : Boucle d'or et les trois ours : célèbre conte avec un grand ours, un ours moyen et un petit ours
Bande dessinée : Nestor, ours de Moky et Poupy (bande dessinée)
- Petzi, ourson parcourant le monde à bord de son bateau
- Pooky, ours en peluche de Garfield
- Boule de poils, ourson adopté par Bernard Prince
Cinéma : L'Ours de Edmond Séchan (1960).