Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 14:43

giner.jpeg  Toile de Gino Balbino Giner-Gabarda.

 


 

   Le peintre est mort dans Collioure tant aimée : 'il s'en est allé vérifier si les couleurs de l'au-delà sont aussi lumineuses qu'ici-bas", dit le faire-part, publié dans le quotidien L'Indépendant (11 mai 2012), ajoutant : "ses cendres seront confiées à la Méditerranée qu'il aimait tant."

 

  Il avait fait les Beaux-Arts, avait beaucoup exposé, invité tout récemment à la Bienale internationale de Florence, mais n'aura jamais pu se libérer de l'emprise d'un père, Balbino Giner Garcia, si glorieux, si connu pour sa faconde, son exubérance, sa bonne humeur, son talent, en Catalogne. Gino, lui, était plus froid, plus réservé, moins populaire; après les expériences figuratives et abstraites, il avait retrouvé la luminosité matissienne dans son ultime veine (image ci-contre).

 

   A l'occasion de sa "rétrospective de 2005 à Perpignan, j'avais écrit (cf. "leblogabonnel") un article "méchant" sur lui, "fauve d'un après-midi d'été": la pornographie attire les foules, mais il ne suffit pas de montrer son cul pour montrer son génie...

 

   Depuis ce non-événement, il m'insultait, quand il me croisait à Collioure (*), ou se postait tout près de moi, avec un air mauvais, comme lors d'un récent vernissage à la Castang Galerie. 

 

  Oublions ces mesquineries ! Ce personnage était mal dans sa peau, il n'a pu donner le meilleur de lui-même : faute d'avoir pu "tuer le père", comme le proclame la psychanalyse de trottoir, il essayait de tuer les autres... Le journal "républicain des Catalans" lui consacre une page entière, en couverture : un sacré linceul. La commémoration comme un fait divers, cela permet de ne pas causer culture tous les jours en ce Roussillon tissé de jalousies et d'hostilités rentrées...

 

- - - - -

 

   (*) Je n'ai rien d'intéressant à vous dire ce matin, alors je vais vous parler d'un personnage insignifiant. Je l'ai rencontré à Collioure, ce dimanche de foule et de marché. Il me poursuit de sa hargne, m'adresse des mots de haine. Il m'a lancé, je crois, un mot charmant "Je vous emmerde !" Il est plus doué en parole qu'en einture, c'est sûr !

   Cet individu raffiné s'appelle Balbino Giner, numéro deux, dit "le Petit". Comme il veut se distinguer du père, si sympathique et talentueux, il se fait appeler "GINO": sa petitesse est toute dans ce diminutif...

   Pourquoi cesinsultes ? J'avais écrit, durant l'été 2005, un pas gentil article sur sa mauvaise peinture (voir les débuts de mon blog) : cet "artiste", utilisant les zébrures animales et les costumes des bagnards, dans les couleurs franches de Matisse, n'a pas apprécié que je définisse ainsi son bariolage "pinar plutôt que pintar". J'ai la liberté de dire ce que je pense et ce monsieur me prête trop d'importance: ma "critique" n'a été lue que par 345000 personnes...

   Je l'ai revu un peu plus loin, près des stands des auteurs et éditeurs: se montrer dans le monde de la culture ne peut être que valorisant pour sa cote et ses marchands. On dit toutefois que Gino est plus cul que ture...mais cela ne nous regarde pas...

   Au fait, trêve de trivialité et d'insignifiance, j'avais une info importante à vous communiquer : Marie-Christine Barrault lit ce soir des poèmes de Césaire et Saint-John Perse, au Château Royal, à 21 heures (10 euros): enfin, la vraie culture ! moi-tombe-balbino.jpg

 

 

 

 

 

 

 

La tombe du père, décoré par le fils, au cimetière ancien de Collioure, avec l'appui de la municipalité.

 

(photo de Nadine de Brabandère)

Partager cet article
Repost0
10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 14:05

 

  * Chronique du vagabondage :

IMGP0001-copie-3.JPG

  Jack Kerouac, auteur du "Vagabond solitaire", écrit, dans "Les anges vagabonds" que "la mort est au Mexique"... On réédite "Sur la route", en version complète, non épurée. Et le film sort ces jours-ci...

 

  * Le poète et voyageur franco-irlandais Kenneth White se nomme "clochard transcendantal", "nomade intellectuel", ou "solitaire social". Ses poèmes et ses essais ( comme "La figure du dehors", biblio/essais) tentent de définir l'Homme, cet éternel vagabond : "C'est un animal que j'appellerais bio-cosmos poétique"...

 

  Les derniers films de Kurosawa ("Rêves") ou de Fellini ("La Lune") montrent un monde passé, passif, décadent ou en évanescence. On peut aimer ces songes, ces fantasmes, cette beauté plastique, mais où est le présent ? Fellini affirmait : "Vivre, c'est comme se souvenir."

 

  * Poète qui ne veut pas laisser de preuves, mais des traces, René Char, "passant appliqué à passer, donc à jeter le trouble", aimait les vagabonds, ces "transparents luni-solaires", qu'il a célébrés dans le recueil des Matinaux et dans les aphorismes de "Fureur et Mystère" :

 

  "Vagabonds, sous vos doux haillons, deux étoiles rébarbatives croisent leurs jambes narratives, trinquent à la santé des prisons."

  Réfractaire et vagabond ("épouse et n'épouse pas ta maison"), le poète ne pourrait pas avoir le prix Nobel : il ne peut "tomber" dans un concours...

 

  * Flâneries : Béatrice Commengé publié ses "Flâneries anachroniques (Finitude, 2012, 96 p., 12 euros) : voyages étranges, insolites à la recherche du lieu intime d'un écrivain, telles les chambres d'hôtel fréquentées par Henry Miller à Paris. Elle accomplit des pélerinages  autour du monde : à Trieste, elle note : "Dans le jardin public, on a volé la tête de Svevo, celle que j'avais photographiée le 14 février 1996..." Ne reste que le piédestal de marbre...Ne restent que les oeuvres...

 

  * L'écriture : mes textes commencent, en général, quand j'écris des bribes de phrases, des images, des idées, en marge de lectures : page de garde des livres, colonnes étroites des journaux; les articles d'un quotidien peuvent servir de tremplins à ma propre écriture.

  J'aime me sentir saturé de notes, d'esquisses (mon matériau essentiel est consigné dans un journal "de bord", une sorte de cahier de brouillon : ces "Mémoires provisoires", je les écrits depuis plus de vingt ans; elles constituent un grenier, une réserve de textes ou de livres à venir, du moins je l'espère...

  Un beau jour, je me décide à écrire le poème ou l'article (j'ai beaucoup publié dans des revues, journaux, blogs...) envisagé depuis un certain temps ! Je m'assois devant mon bureau, tel un fonctionnaire (pour réussir à aller au bout de soi et de l'écriture, c'est ainsi qu'il faut travailler, avec la patience d'un laboureur, et un strict emploi du temps !), alors que je déteste écrire dans une pièce. En effet, l'écriture est pour moi synonyme de mort. Ce que j'avance n'a rien d'original; déjà André Gide, au début du XX° siècle, le proclame dans "Les Faux-Monnayeurs":

  "Il me semble parfois qu'écrire empêche de vivre, et qu'on peut s'exprimer mieux par des actes que par des mots." (La Pléiade, page 1150).

  Délaisser le soleil, les amis, les aventures sensuelles, le sport, la mer et la montagne...est un martyre ! J'en viens parfois à souhaiter qu'il fasse mauvais afin de pouvoir rester chez moi, pour travailler, c'est-à-dire écrire !

 

  Mais c'est vrai, quand je m'y mets, quand j'ai la volonté de m'atteler à l'écriture, une jouissance intense s'installe, peu à peu : je me dis alors que la vraie vie, elle est vraiment là, dans le moment accaparateur de l'écriture...         ( avril 1991, revue "Les Alpes vagabondes", Gap)

Partager cet article
Repost0
9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 14:27

aspres.jpeg Banyuls-dels-Aspres

 

 

   Les Aspres

 

   Aspres, un territoire aux visages changeants, où montagnes , collines et vallées sont l’attrait principal de cette région de la Catalogne du Nord. 

   En effet, Aspres qui signifie, «amer, aride et âpres» en catalan, vient faire référence aux multitudes de reliefs abrupts. On y explique l’importance  des Aspres dans la culture catalane en passant par son histoire,qui remonte à cela bien longtemps.

  Plusieurs domaines et gravures laissés par les ancêtres sont encore présents et visibles, ce qui donne un cachet très particulier et exceptionnel dans cette région. De plus, les Aspres sont depuis toujours un lieu de passage entre les deux vallées pour plusieurs personnes, en commençant avec les contrebandiers pour même aller aux pélerins de toutes sortes.

Ensuite, l’article fait référence au riche sous-sol des Aspres et explique son importance dans l’extraction du minerai de fer, travail déjà entrepris auparavant par les Romains. Grâce à leur sous-sol et leur climat, ils leur ont été possible de faire quelque chose de bien original, soit la formation d’un puit de glace. Voici la citation exacte :

Dans ce pays qui cultive les extrêmes, ne manquez pas non plus le puits à glace de Saint Marsal, 3 mètres de diamètre et 5 mètres de profondeur, qui permettait de conserver toute l’année la neige tassée et transformée en glace. Il faut dire que les hivers étaient plus rigoureux et par conséquent, les Aspres enneigées tous les ans, ce qui n’est plus le cas depuis deux décennies. Je peux témoigner ici d’une retraite de communion à la Trinité, dans la neige à la fin du mois d’avril 1971…

Source: http://www.capcatalogne.com/Les-Aspres-la-magie-de-l-authentique–7001.phtm

Une autre caractéristique des Aspres, se sont ses multitudes d’architectures datant de l’âge médiévales et même plus loin dans le temps. Un bien connu est le château de Castelnou :

[...]ont laissé leur marque avec le château de Castelnou qui surplombe l’un des plus beaux villages de Catalogne avec ses rues pavées et pentues épousant la courbe de la colline minérale. Il fut construit en 933 pour atteindre l’apogée de sa puissance avec les vicomtes de Castelnou, entre le XIe et le XIIIe siècle. Aujourd’hui, certes, le village de Castelnou est l’un des plus visités du département et figure en bonne place dans les brochures touristiques. Mais c’est le patrimoine sacré qui tient le haut du pavé, dans ces montagnes écartées des grands axes.

Source: http://www.capcatalogne.com/Les-Aspres-la-magie-de-l-authentique–7001.phtm

De plus, l’article explique l’importance des moines guerriers dans l’évolution historique de cette ville. En effet, ils ont mis en place plusieurs mesures pour contribuer au développement de cette région de la Catalogne du Nord, en «endiguant les fleuves, créant des canaux, reconquérant des terres arables, maîtrisant l‘irrigation».  Toutefois, il est actuellement pratiquement impossible de pouvoir voir encore des traces de ceci, mais on vous encourage à vous y rendre pareil et d’y faire un tour. Toutefois, certains moines, que l’on appelait les Augustins restaient au Monastir del Camp, une architecture encore présente et visible. Plusieurs information sur les moines et la vie à cet époque sont évoqués dans l’article, pour plus d’informations vous pouvez vous rendre aussi sur le site web des Aspres : http://les-aspres61.fr/

De plus, les Aspres est une région qui réunit histoire, paysages magnifiques, et patrimoines culturels très intéressants.  Il ne faut pas oublier de mentionner l’importance de l’eau et la pureté de cette dernière, ainsi que les villages qui ne changent pratiquement pas, vivant une vraie vie d’agriculture et d’élevage. Toutefois, une compagnie de la place a su se glisser au rang des multinationales, avec sa production de bouchon de liège:

Le chêne-liège, par exemple, a dicté sa loi. Il faut 12 à 13 ans entre chaque levée de liège et cinquante ans d’âge, pour qu’un chêne soit exploitable. Les générations qui ont œuvré ici l’on fait au nom de l’avenir. Ils connaissaient les vertus de la patience et de l‘effort. Résultat, aujourd’hui, l’entreprise familiale Sabaté s’est hissée au rang de multinationale en devenant l’une des grandes références des bouchons en liège et en aggloméré. Un bel hommage à l’infinie sagesse des anciens.

Les Aspres est une vraie fierté pour les catalans, car cette région sait comment se démarquer, malgré sont mode de vie plus conservateur. En effet, la chapelle de la Trinité, oeuvre romaine splendide, s’est retrouvée à la grande exposition du Museu Nacional d’Art de Catalunya sur l‘art roman catalan, en 2010, ce qui est une grande fierté pour eux.

[...]trouve la chapelle de la Trinité dont l’apparente austérité cache l’une des plus belles majestés romanes au monde, un Christ en croix apaisé, la tête doucement affaissée sur le côté dont l’humanité étreint inexplicablement le cœur. Une œuvre tout simplement grandiose. Lors de la grande exposition du Museu Nacional d’Art de Catalunya sur l‘art roman catalan, en 2010, cette pièce a été demandée en priorité par les commissaires, tant elle illustre le génie propre de notre territoire.

Finalement, les Aspres doivent aussi leur fierté à leur belle capitale : Thuir, tout proche de Perpignan. Thuir est l’exemple parfait d’une ville ayant conservée ces atouts depuis le début de son existence. Et sans oublier, qu’elle a su garder son identité catalane, tout en s’ouvrant à la culture contemporaine.

Capitale viticole et maraîchère, Thuir a aussi inventé le Byrrh, ce mystérieux breuvage au goût de quinquina qui fit les beaux jours des tables distinguées pendant plusieurs décennies et aussi la plus grande cuve en chêne du monde, devenue une véritable curiosité touristique !

Source: http://www.capcatalogne.com/Les-Aspres-la-magie-de-l-authentique–7001.pht

Partager cet article
Repost0
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 18:55

     coste.jpeg Alors que je travaillais sur Maillol, il y a dix ans, Francis Coste, écrivain, intellectuel, artiste,vigneron,  homme convivial, m'avait invité chez lui. Il me donna des foules de renseignements et me montra des dessins et documents inédits : il faudra bientôt publier ses recherches...Allons voir l'exposition réalisée pour lui, chez lui, à Banyuls !


 

 

DE TERRE ET DE MER

 

Exposition en hommage à Francis COSTE

 

Du 8 au 28 mai 2012 à Banyuls-sur-Mer

 

Salle du Mas Reig (direction Jardin méditerranéen Biodiversarium)

 

avec la participation de l’artiste sud catalan.

 

 

Vernissage le 12 mai 2012 à 18h30 avec une dégustation

                   des Domaines de La Casa Blanca et de la Rectorie                   

Concert-récital du guitariste international     Pedro SOLER     - à 20h30 -

 

 

Partager cet article
Repost0
7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 17:00


    Le changement est en marche. Le changement est là : une autre tête, une gouvernance "normale", moins d'arrogance et d'affaires politico-financières...)

 

   Le plus dur, cependant, est à faire : face à la "crise" (organisée par la finance, les marchés internationaux), au chômage, au mécontentement et à l'amertume de l'opposition...

 

   Comment changer ? L'économie par la relance, au niveau européen, par un partage des efforts (de la part des banques, surtout, des grandes entreprises du CAC 40...), par une réforme fiscale, pour plus de justice et de slidarité...

 

   Changer les esprits, aussi et en même temps; en effet, beaucoup de haine est apparue durant la campagne : dans les discours de l'ex-président, tentant de séduire les électeurs "frontistes", se séparant ainsi des citoyens modérés (d'où la décision courageuse de Bayrou), en recourant à des "arguments" peu glorieux (France envahie par les étrangers, les immigrés, viande halal, bourka, etc...). On ne gagne par avec un tel sentiment ! Certes, à gauche, certains médias (Mariane, Charlie-Hebdo..) ont pu afficher des dessins et slogans insultants, haineux, tel que "Le voyou de la République". Mais dans les propos de F. Hollande, la haine fut étrangère, me semble-t-il...

 

   Changer les structures d'un pays, les mentalités de ses citoyens, la marche de l'Europe, vaste programme ! Nous n'y arriverons que si tous nous mettons au boulot, dans une atmosphère plus apaisée, avec l'esprit de tolérance...

 

  En attendant, dansons et chantons : ne bradons pas notre plaisir !!!! 
Partager cet article
Repost0
6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 15:40

 

 cimetieres-de-baleines--clip-2.jpg 

  * Chemins de l'été. Carrières abandonnées. Ardoises de la maison liquide. Nomadisme de par les plaines. Camis ramaders de Catalogne. Canaïres de Provence. Trazzere de Sicile. Drumul oilor de Roumanie. Canadas de Castille. Drailles du Languedoc...

 

   Chaque jour, le plein midi, malgré l'embrun, malgré la pluie.

  Les textes apparaissent comme à une crête de chemin de randonnée.

  Ce mai assoupi qui se surprend à guetter la foule et la venue de l'été...

  Tandis qu'à la ville, des rues, des marchés, des lycéens...

   Je me souviens, Le Lavandou...Ces gens multicolores, hôtels éventrés, cuisses boursouflées, coquillages blancs, mondes du large, des nuits humides et des sexes ouverts...

  Devanture sans vitrine, un décor de sable et un café posés dans un théâtre fin de siècle...

 

  * Villégiature tranquille dans un transat du Prado. A Marseille, la drôle de mort de Rimbaud. Dans le jeu de quilles de la vie, il perd la sienne. Mort d'une jambe, perte d'un poète...

  Arthur toujours ivre sur sa dune d'olive. Harar, Roucas blanc, Lolla Touareg. Il peut écrire tous les déserts des pages, ailleurs la vraie mort...

 

   L'écriture rimbesque court sur le sein des vagues. Elle est happeuse, pressante, exigeante, sans concession : elle est la mer, dirait Rimbald le Marin, elle écrit du haut de ses épées d'écume !

 

   L'été des oiseaux sur la plage. Pattes et poitrines calcinées par le soleil. Les ailes dans le goudron du vent. La cage noire des cheveux. Quelques filles, qui détiennent la vocation du bonheur, voltigent dans leurs dentelles, dont le geste aérien est charnel. La peau se lit à la pointe d'un sein qui cogne à l'enveloppe de l'air. Un désir nu se visse dans cette rougeur à la chair de poule.

 

   Eté des arbres crachés à la mer; elle rend pourtant un jour, toujours, ses excréments d'hommes et d'objets. Au-dessus des têtes, un manège de cuivres. Une musique d'eau sur l'enclume du sable. La chaleur habite la surface des lèvres, tout à leur récitation du silence. Sculptures immobiles des corps marins. L'été referme ses demeures de noix sous une rapide voûte de bras.

  Il se tient où navigue l'écriture. Il mine le crayon de la parole...

 

   * Sale été 93 : Après le froid alpin de début juillet, après la mort de la collègue de Lettres, et les vents marins glaciaux de Collioure. Ou l'ironie du sort de Ferré parti le 14 juillet. Ainsi que Marcel Oms et sa compagne, victimes des cimetières bitumés en pays audois... Que de mauvaises nouvelles ! 

   Pour le témoignage objectif, on notera le décès de Bouygues, qui n'aura su se faire statufier : du béton que de son vivant !

   Il ne restera que la lecture de Montaigne, long labour estival et les jours rythmés par des musiques, des élans de chaleur, les vagues et les livres sur Artaud, la fête à Perpignan...

 

   * Miettes d'un été. Mots éperdus...

 

  * Après le lever brutal du matin gorgé de soleil, l'écriture se renouvelle, dans l'ombre des tuiles et des lauses...

 

  * J'apprécie, lors des matins estivaux, l'effet duveteux de l'évaporation, de la dissipation des mots nocturnes. Je l'attends, la guette, cette fuite des brumes, pour découvrir enfin les lignes du village, du paysages, les courbes de la mer. Mais la brume se change en un brouillard intense, qui monte, vite, vers les collines et, même en courant vers les hauteurs, les vignes, les tours de guet, elle monte plus rapidement que moi, la brume insoupçonnée, même en courant sur le toit du décor, je n'ai guère le temps d'apercevoir la vergue de la mer, le découpage du littoral, la cambrure de la Méditerranée, la ligne obstinée de l'horizon, l'improbable voile hasardée dans les cotons trompeurs... Il faut fendre les vapeurs de l'impossible jour pour revenir chez soi, avant l'intégrale invisibilité...

 

   La neige sur la mer est aussi insolite qu'un poil de vieillard sur un œuf d'autruche. Pourtant, c'est une si belle surprise, quand plage et mer découvrent la neige !

 

   La plage estivale est une leçon d'anatomie (déjà dit ? décrit dans ce journal intime ?)

   Pourquoi tant de gens demandent-ils si l'eau est bonne. La mer n'est pas bonne, elle n'est que fausse surface, qu'illusion de beauté : sans bonté, son humide profondeur, si angoissante pour mes petites palmes...

   Il a plu dans la nuit méditerranéenne : la mer, au matin, peut vous paraître encore plus mouillée que d'habitude...

   Le vieux fait mille contorsions pour s'enlever le maillot et se mettre un caleçon se; debout, devant la foule qui, par bonheur, ne s'inquiète que de la course d'un nuage ou de la probable venue du dauphin pèlerin de la Côte vermeille.

 

   "Commence pas à couaner !" (sic), lance la mère à son petit, effrayé à l'idée de nager...

 

   Et lui, du tac au tac : "Arrête de nager : tu vas devenir dauphin !"

   Il prit la méduse par dessous et la lança comme une bombe molle cent mètres plus loin dans un orage d'écume.

 

  * L'été, j'aime me contenter de rester dans le soleil de ma table. Au matin, écrire dans cette plongée rêveuse nourrie de cafés chauds et de l'exotisme d'un cigare, pour ramener à peine, parfois, un semblant de poésie...

 

Partager cet article
Repost0
5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 14:58

 

 cri.jpeg Le tableau du peintre norvégien, dans sa version en pastel, a été acquise ces jours derniers, sans doute par la famille royale du Quatar, pour la somme faramineuse et "abstraite", pour moi, de 120 millions de dollars !

 

   Spéculation et investissement dans les oeuvres d'art constituent un scandale, pour la raison humaniste, en ces périodes  de crise, de pauvreté, de famine, d'austérité. Un crime contre l'art : si cet argent pouvait aider les jeunes créateurs de talent ! Or, le capital va vers les oeuvres les plus célèbres ou les plus fantaisistes, à la mode : celles de Jeff Koons, par exemple...

 

   Il ne s'agit pas de contester la "beauté" et la charge émotive contenues dans cette toile; simplement, il s'agit d'écrire ici qu'une telle "obscénité" me pousse à la tentation de vouloir substituer au "marteau"du commissaire priseur, la "faucille" des Segadors, ces faucheurs chers à la République catalane et à d'autres révolutionnaires en herbe..!

 

 

   Le riche acquéreur  s'est emparé de la représentation d'un homme angoissé, en train de crier, les mains sur les oreilles, sur un pont, tentation de suicide, strié de jaune et de mauve, sur un fond de décor tragique et rouge, représentant le crépuscule tombant sur Oslo... Un homme heureux -car l'argent convie au bonheur - a acquis l'intimité, le sentiment le plus personnel, d'un individu poussé aux extrémités par le désespoir...

 

   Ce "cri", exprimant une revendication, demandant de l'aide, traduisant la solitude d'un anonyme dans la foule sourde de la modernité, annonçait, selon les analystes, les traumatismes en tous genres, que le XXème siècle naissant allait subir : guerres coloniales ou boucheries européennes, camps de concentration, Shoah et massacres ethniques...

 

  Ce chef-d'oeuvre d'affectivité, de puissance évocatrice, suggérant la déréliction sociale, affective et métaphysique, se trouve bien à l'abri dans un coffre-fort, loin des regards des amateurs d'art et d'émotion : exposé pour le plaisir d'un puissant de l'argent ou d'une minorité privilégiée ! Que grand soit leur jouissance et grandioses leurs funérailles prochaines !!!

Partager cet article
Repost0
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 10:50

     (C) Dominique Baillieux


100_0387.JPG

    Tous les citoyens ne se sont pas rendus, le premier mai, aux meetings politiques des différents candidats, loin de là..!

 

     Beaucoup de "vrais et faux travailleurs" ont profité de ce mardi chômé pour se promener, pique-niquer en famille, faire du sport, planter des carottes...

  A Canet-plage, la foule perpignanaise des dimanches s'est rendue, de bonne heure, sur la promenade, le long de la plage : le soleil levant laissait présager, malgré le vent marin, une journée splendide ! Ce n'était pas la météo, pourtant, qui motiva ces promeneurs, mais l'installation d'un énorme vide-grenier, étalant ses vieilleries et ses objets pittoresques, depuis le port jusqu'à Canet-Sud...

 

    J'y suis allé, moi aussi, mu par la curiosité et l'envie de voir la mer, enfin, sous le beau temps, après un mois d'avril calamiteux : surtout je m'adonne à la collections de bouquins littéraires et de 33 tours des années 1960/80...

   Tout en randonnant entre les stands et les badauds, je me demandais pourquoi ces gens s'étaient levés très tôt dans la nuit pour apporter leurs paquets de choses informes, sales, surannées, alors qu'il fait bon de profiter d'un matin au lit ou d'aller dans la nature... Ennui, nécessité ? Rester là, durant des heures, à supporter ces chalands impolis qui marchandent de façon éhontée, afin de gagner une misère ? De quoi, à peine, partager un repas honnête entre complices de vide-grenier..!

 

   On le sait : les objets proposés sont destinés à être méprisés, abandonnés, jetés par leurs propriétaires : ceux-ci ne supportent plus ces babioles, abîmées, dépassées, ces disques rayés, ces livres poussiéreux, ces vêtements délavés. Le curieux peut marchander, ils s'en moquent, ils ont tout à gagner car ces affaires informes étaient destinées à la déchetterie !

 

De façon plus profonde, si ces gens jettent ce bric-à-brac personnel tout en gagnant un peu d'argent, c'est qu' ils rejettent un passé, une période de leur vie, qu'ils dédaignent, à présent. Le passant s'interroge alors : comment vendre des accessoires pour bébé, des livres scolaires ayant appartenu, récemment encore à leurs enfants, comment se débarrasser de portraits jaunis de leurs ancêtres, encore prisonniers de leurs cadres ovales... Comment vendre toute cette intimité, sentimentale, culturelle, et parfois sexuelle (on trouve de tout, dans un vide-grenier, des films pornos -c'est interdit- des strings ou des dessous fulgurants...).

 

     Ils ne regrettent plus de ce passé, ou ils font semblant. Ils rejettent les moments heureux, ou veulent aller de l'avant : la nostalgie n'est plus ce qu'elle était, elle ne sert à rien, ne soyons pas passéistes !

 

   Je pense que l'acheteur, ému par tant de vies et de destins étalés à même le bitume, vient là pour récupérer ce passé,et faire sienne cette nostalgie... Il a vécu la même époque que le vendeur ou tente de retrouver des racines sociales en se procurant un objet plus ancien que celui de sa génération.  Récupérations en tous genrtes en ces temps de crise...

 

  Récupération de la nostalgie d'autrui, c'est un non-dit du phénomène "vide-grenier" : un beau geste de solidarité humaine...

 

      (C) Le Castillet de Perpignan, vu par Dominique Baillieux.

Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 17:43

   images-copie-4.jpegIl ne s'agit pas d'une "tentation de l'Occident, ni d'une "Tentation de l'Orient" ! Il s'agit de raconter la vie d'une femme exceptionnelle. Et plus :  le récit de Nicole Yrle dresse le portrait d'une Vietnamienne consacrant sa vie à la cause humanitaire, et le portrait de tout un pays.

   Dans un style clair et élégant, N. Yrle, la narratrice, nous offre une écriture "tendue" par une éthique : son esthétique est indissociable d'une morale du juste milieu, mariant avec harmonie la sagesse et le goût de l'existence.

      Le personnage est une "héroïne" bien modeste, qui refuse de se mettre en avant; elle raconte son arrivée en France, il y a plus de cinquante ans, elle livre ses photos, ses poèmes, mais dans l'effacement du je : dans la confrontation avec "l'autre", N.Yrle écrit, page 11 : "Cet effacement de l'individu me donne à réfléchir et je réalise à quel point l'Occidentale que je suis se pense de façon égocentrique..."

        (photo : Nicole Yrle) 

yrle-copie-1.jpeg
  Il faut donc renoncer à l'ethnocentrisme et trouver le mot juste pour exprimer la pensée humaniste et poétique de Thât. Prénom signifiant "la vérité". En effet, la biographie montre une dame éloignée des faux-semblants, une femme indépendante, une battante, qui agit et ne juge pas, qui a choisi la philosophie du bonheur et de l'amitié. L'amour et l'altruisme (belle photo de la page page 47) sont des valeurs essentielles, avec la musique dont l'harmonie assure la cohérence des êtres.

            Cet ouvrage sur papier glacé, publié par les éditions Cap Béar (25 euros, en librairie et sur le net), retrace la belle rencontre entre deux êtres, deux femmes au tempérament et à la culture solides. Ce récit de vie d'un genre nouveau, alternant images et poèmes, est l'histoire d'une amitié avant d'être la vie de la présidente de l'association franco-vietnamienne. C'est le portrait d'un être unique : à travers Thât, c'est tout un pays et la civilisation orientale qui nous sont contés dans cette originale aventure de l'écriture...  that.jpg

Partager cet article
Repost0
1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 21:32

muguet.jpg (C) photo de Loïc Robinot.

 

 

     Mon blogue, mon joueb

 

Ce blog me sert de journal intime. Je n’écris presque plus dans ces cahiers que je garde depuis des années et que j’appelle Mémoire provisoire. Je regrette un peu  le temps de l'écrit lent, au rythme de la main chargée d’une plume, moins experte et technicienne que les doigts sur l’ordinateur ; écriture concrète qui se frotte à la matière et s’y salit, s’y abîme dans un râle de jouissance, l’encre, le crayon, le stylo, le papier, ce  froissement comme autant de caresses

 

Avec le blog, sale mot, mots en bloc, le monde virtuel est froid, propre mais anonyme, comme si ce n’était pas moi qui avais écrit ces textes, offerts là, à présent, sur l’écran péripatéticien, venant d’une infinie mémoire universelle, totalisante, cachée quelque part dans le monde…

Paradoxe du blog : je donne à voir des textes personnels (pas tous, loin de là, je montre de nombreux articles sur la peinture, la littérature, l’actualité…) à des milliers de personnes. Je les envoie telles des bouteilles à la mer à des publics très différents : certains visiteurs échouent là par hasard, à cause d’un mot ou d’un nom propre qui a été référencé…C’est vrai, je me noie dans la contradiction : comment expliquer ce besoin, peut-être maladif, de se livrer à autrui.. ? Est-ce de l’exhibitionnisme ? Ou le besoin d’être connu et reconnu.. ? Mais par qui ? Ne vaut-il pas mieux travailler pour être reconnu par ses pairs (artistes, intellectuels) plutôt que par une foule impersonnelle, dépourvue de critique constructive.. ? Ai-je versé dans la facilité, dans le populisme ou, au contraire, ce blog n’est-il pas une tentative de dialoguer avec des individus qui veulent en savoir plus sur la littérature ou sur les sujets que j’aborde.. ?

 

De temps en temps, mon blog s'affiche sans photos : rien que des mots ! La foudre a frappé mon ordi..! C'est obscène, un blogue sans images; ne sont visibles que la verdeur et la suggestion des mots; c'est plus abrupt qu'un site de scènes obscènes : elles croient montrer au-delà des limites du convenable, mais c'est le mot, l'argot, le terme vulgaire qui choque plus...

 

Mon cybercarnet devient donc un simple blog-notes; je voudrais qu'il soit bien plus que cela : une photographie de mes réflexions et élucubrations; le film de mes voyages, balades ou lectures. 

Les Québécois, qui ont le respect du français et le génie de la langue, ont inventé un admirable mot-valise : le joueb, osmose entre les deux mots "journal" et "web".

Oui, c'est cela, j'ai trouvé, mon blog est un jouet qui, comme toute démarche autobiographique se nourrit de vérité et de mensonge; pensons au "Mentir-vrai" de Louis Aragon...

Attention, alors, à ne pas se laisser manger par cette activité virtuelle ! Au lecteur de ne pas se laisser berner. A l'animateur du blogue de ne pas croire que ce divertissement est la vie réelle...

Ouvrons tous donc les yeux sur le quotidien véritable..!

 

Mon blog.

 

   C'est uin brouillon, un objectif qui me force à écrire : chaque jour, une "humeur", un compte-rendu de livre, une opinion politique, un poème, ou une nouvelle, tout est bon, rien à jeter, le principal est d'écrire, ne pas perdre la main, noter Chaque jour...

   Mon blog n'est donc pas toujours de l'information, même s'il a pris comme créneau, comme espace géosociologique, la Catalogne, au sens large : Barcelone, le département du 66, le Roussillon, la présence des Catalans dans le monde...

   Cette masse d'écrits (plus de 1500 textes depuis cinq ans !- me fait un peu peur, je m'y perds, je ne sais que garder, mais elle m'incite aussi à préparer l'édition d'un "Dictionnaire subjectif, un abécédaire amoureux/ de la Catalogne... Quel éditeur sera intéressé par une telle démarche personnelle..?

 

  J'ai encore l'idée de publier mes chroniques sur papier, non plus de façon virtuelle, ce qui m'échappe un peu, pour composer un livre d'art : "Les mots dans la peinture", "Attention, peinture fraîche !"; il recueillerait mes visites à des expos, des rencontres avec des artistes, ou des textes nés d'un tableau... En effet, mon écriture s'enfante souvent dans la contemplation d'une toile ou l'analyse d'une exposition.

  A cette ascèse -labeur quotidien- du blog, je tente de substituer un plaisir journalier dans l'écriture, en m'adressant à un public, fidèle ou irrégulier, ou hasardeux...

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blogabonnel
  • : Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
  • Contact

Profil

  • leblogabonnel
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...

Recherche

Liens