Rencontre avec Jacques Maso
Collectionneur, retraité de l’entreprise « Ambulances Maso » de Perpignan
En pleine ville, la terrasse est inondée de soleil et de plantes; elle s'ouvre sur la colline des Rois de Majorque et, à droite, sur le Canigou encerclé, tel Saturne, d'auréoles automnales. C'est la maison, labyrinthe musée, qui est plus passionnante encore, de bas en haut et du garage immense (là se signale l'ancien métier d'ambulancier, de taximan et de voiturier de notre hôte) jusqu'au toit, puisqu'elle renferme des dizaines de Miro, Matta, Tapiés, Hartung, Kijno... et quelques dessins de Dali, avant son succès...
Sur l'oblongue table trône le personnage en métal soufflé du sculpteur catalan Henri Iglésis.
Dali, est partout. Jacques Maso a fait sa connaissance d'abord à Madrid, durant une nuit de movida, à trois heures du matin...C'est le personnage le plus extraordinaire qu'il n'ait jamais rencontré ! Il me parle de son absence de sexualité, des frasques de son épouse Gala, qui a toujours entretenu Eluard son ancien époux, et qui tenait donc les beaux cordons de la bourse : lui, il n'avais jamais un sou sur lui... C'est Morse, un industriel qui a payé les dettes américaines du Maître; le milliardaire a créé un musée au nord de Washington, puis il a fait faillite à cause de Salvador...Ensuite, il a installé à Saint-Pétersbourg, en Floride, un musée, refait récemment et contenant des Dali fabuleux... J. Maso va chercher le catalogue de ce musée dans les rayonnages qui occupent toute la longueur du séjour.
La conversation tourne autour du Dali de Perpignan : J.Maso, après l'incendie du château de Castelnou, qu'il détenait en viager, a transporté l'expo au palais des Rois de Majorque.... Exposition complexe : engagement financier de J.Maso, quelques tableaux saisis car on les disait faux, alors que c'étaient des études récupérées par Gala... "Avec Dali, tout était toujours compliqué !"
C'était l'époque où l'on parlait beaucoup des "faux" dessins et tableaux de Dali; en fait, il s'agissait de brouillons que Gala récupérait, d'esquisses que l'épouse sauvait de la corbeille à papier; puis elle signait ces oeuvres et les revendait à Paris ! " En fait, c'était de vrais dessins; c'est la signature qui était fausse !Et tout ça pour donner à son amant-mari Paul, le grand poète surréaliste..."
Pour l'exposition de 1970, J. Maso a voulu aller chercher Dali en hélicoptère à l'hôpital de Figueres, mais les médecins de l'artiste n'ont pas voulu : il était déjà très fatigué.
Jacques avait organisé d'autres expositions dans le château médiéval de Castelnou, acheté en 1967 : Cuixart en 1974, Matta en 1976, et des pièces de théâtre y étaient jouées. Puis, J. Maso vend le château au Crédit agricole en 1987; depuis cette date, Jacques se consacre à la lecture, à la visite d'expositions, à des voyages autour du monde : de chacune de ces villégiatures, il rédige un livre rempli de photos, avec sa fille; avec elle, il va d'ailleurs entreprendre l'écriture de ses Mémoires.
Mon interlocuteur raconte encore cette anecdote sur le tableau représentant un marin : la toile a été volée à Port-Lligat, puis retrouvée à New York. ; à l'heureux et récent propriétaire de l'oeuvre perdue, qui contacte les Dali, gala répond : "Nous ne sommes pas ici pour acheter, mais pour vendre..!" Tout le tempérament de cette femme d'affaires est dans cette réponse !
En fin de compte, cette toile retrouvée est rentrée dans la collection de Xavier Cugat, chef d'orchestre; ensuite c'est le Capitaine Moore, ancien secrétaire de Dali, qui l'a achetée à son tour...
Ensuite, j'évoque le souvenir de Modest Cuixart, que j'ai connu à Palafrugell, chez lui, pour des articles et le projet d'un livre, avec des photos d'Etienne Montes; J. Maso l'a connu....en faisant la connaissance de René Métras, qui possédait une usine de tissage à Barcelone. Il va participer à la revue d'art "Correo de los artes" lancée par R.Métras, qui créée bientôt une galerie d'art contemporain : c'est à cette occasion que J.Maso rencontre Cuixart, Tapiés, Ponç, Brossa...réunis dans le groupe Dau al Set (la septième face du dé). Une autre grande rencontre sera celle de Miro, qui, à l'époque, faisait des dessins imprimés sur des tapisseries; Miro travaillait pour René Métras...
C'est ainsi que Jacques a exposé Modest Cuixart au château de Castelnou et je me souviens de ce moment magique...
Mais, dommage, Cuixart aurait pu devenir plus célèbre :
"Il s'est laissé avoir, il méritait mieux, il était doué, mais il est tombé avant l'élan... Il n'a pas su se vendre et n'a pas pu se renouveler, en sortant de la période du groupe "Dau al set" ; c'était le cousin germain d'Antoni Tapiés : leurs mères étaient sœurs. Tapiés l'a écrasé, ce Maître a inventé un langage propre, son monde personnel de symboles..."
On s'attarde devant une affiche de Miro, à la galerie Gaspar : après la guerre civile, le peintre est revenu exposer à Barcelone, dans toutes les grandes galeries; là il a mis le nom des trois plus célèbres sur la même affiche, comme pour rattraper le temps perdu...Beaucoup de toiles et lithographies de lui, sur ces cimaises intimes : Miro était un familier de J. Maso.
Un autre de ses grands amis était Brossa, un "satellite" du groupe Dau al set, et Jacques possède tous ses livres de ce poète qui jouait avec les mots, les signes; il tourne les feuilles d'un livre dont la mise en page est étonnant, la typographie insistant sur une syllabe, un élément de ponctuation, un lot désarticulé...Brossa jouait avec les vocables et sa poésie était avant tout visuelle...
Nous faisons le tour des appartements et les toiles se suivent, le long de l'escalier, sous les marches, avec ces regards étonnants d'un personnage de Chichorro, jusqu'au bureau, la pièce où est installée une télévision, jusqu'à la chambre, mieux lotie que toutes celles de l'hôtel des templiers de Collioure !!!
Nous revenons au séjour et les quatre-vingt-neuf ans de J. Maso escaladent aisément les marches épaisses et noires...
Il est temps de parler de la biographie de l'ancien propriétaire des taxis de la place Arago....Son père est un Catalan de Sant Celoni; conducteur de camions, il est venu à Perpignan, où il devient chauffeur. Il a un fils, Jacques, qui naît à Perpignan, tandis que les autres frères sont nés en Catalogne du Sud.
"Mon père travaillait chez l'autocariste Grill, le premier du département, puis en transportant des malades, il a l'idée de créer une ambulance; il s'en fait faire une chez Taurinya; à l'époque, avant la guerre, c'était un constructeur de voitures situé à l'emplacement du Central Parking actuel. Mon père a développé l'activité d'ambulancier, une des premières en France ! Il a commencé avec trois ambulances, puis il eut six chauffeurs. Je me rappelle : j'allais graisser les voitures en passant sous elles; le travail était très dur; on ne prenait jamais de vacances : notre seul jour de sortir, une fois par an, c'était quand notre père nous emmenait manger au restaurant ! Tout cela a duré jusqu'à la guerre..."
Jacques poursuit ses études : certificat d'études, deux ans de comptabilité, puis il a la charge des factures pour l'entreprise familiale... Un jour, un client oublie une boîte de peinture... Par hasard, il commence ainsi à peindre et à s'intéresser au monde des arts...
Ensuite, Jacques va conduire les taxis et les ambulances de son père. Dès 1939, il va faire le tour des camps de concentration :
"En effet, les familles nous contactaient pour sortir les enfants des camps; je me suis rendu à Gurs, près de Pau, au Barcarès, à Caussade, un ancien camp organisé pour les Allemands, au Vernet d'Ariège, à la limite de la Haute-Garonne... Tous ces transports, on les faisait gratuitement. On travailla par la suite avec des laissez-passer pour aller en Espagne, où des réfugiés voulaient revenir; on travaillait à cheval sur la frontière...
Voilà pour la guerre civile espagnole... Ensuite, durant la seconde guerre mondiale, la Résistance nous demande de faire passer la frontière à des aviateurs anglais; nous aiderons ainsi plusieurs centaines de soldats étrangers à passer la frontière... Mais le 4 mars 1944, je suis arrêté avec mon père par la Gestapo : après un interrogatoire brutal, proche de la torture, au local de l'avenue de la gare, nous serons libérés, sans avoir rien dévoilé..."
Les enquêteurs de la Gestapo ne réussissent pas à prouver les liens entre ces taxis ambulanciers et la Résistance... Pourtant, les Maso ont accueilli des aviateurs alliés, des Anglais, des Canadiens, qu'ils transportent dans leurs véhicules habilités à circuler, jusqu'à la frontière espagnole...
"Nous sortons libres du local de la Gestapo, mais à notre retour au domicile familial, mon père se rend compte que les Allemands, en fouillant, ont emporté 90000 francs en espèces et 40 000 francs en bons du trésor ! Nous portons plainte tout de suite à la Préfecture de police ; le consulat d'Allemagne à Marseille nous a dirigés vers le tribunal de Berlin, et notre affaire a été jugée en 1964; mais les Allemands nous demandent d'apporter la preuve que le fruit de ce vol était bien arrivé en Allemagne; de fournir le détail des valeurs et des numéros de tous les billets dérobés...Bien sûr, nous n'avons jamais pu produire ces preuves et nous avons été déboutés !
Cependant, nous sommes battus pour récupérer cet argent...J'ai, après la disparition de mon père, intenté des procès à l'Allemagne, au Ministère français des Affaires Etrangères, et j'ai aussi saisi la cour européenne de justice... En 2005, devant le tribunal administratif de Montpellier, le commissaire du Gouvernement pointe le laxisme de l'Etat dans ce dossier ! Mais l'arrêt de la chambre administrative déboute une nouvelle fois Jacques et sa sœur Joachine, derniers survivants de la famille Maso; en vain, depuis plus de soixante ans..."
Nous continuons de parler de la période de la seconde guerre mondiale, de l'Occupation, de la Résistance à Perpignan. Et de sa Libération :
"La Libération de Perpignan n'a pas eu lieu : elle s'est jouée à la préfecture, un compromis entre le préfet et le chef du bataillon allemand de Perpignan. Les premiers coups de feu ont été, en fait, tirés par les Républicains espagnols; c'était un mot d'ordre de la C.N.T. (Confédération Nationale du Travail): le Midi a été libéré par les Anarchistes catalans et espagnols : ils ont préparé l'entrée en Espagne, par le Val d'Aran, qu'ils ont conquis, mais ces guérilleros ont presque tous péri dans l'affaire...
A Perpignan, point ou peu de combats : quelques balles perdues et une explosion des frigos de Saint-Charles. Quelques morts, des soldats allemands, ont été entreposés au café de la Paix, situé autrefois au pont de pierre, en face du Castillet. Durant cette période, je fais partie d'un groupe de jeunes à qui on apprend les premiers secours : c'est ainsi que j'ai ramassé un mort, un Catalan nommé Pierre Dauré, ainsi qu'un aviateur allemand, tué d'une balle dans la tête, à travers son casque...
De même, un matin, par hasard, au 43 du Quai Vauban, je vais dénicher un Allemand caché dans un couloir; j'avais une grenade à la ceinture, je suis entré dans la pénombre de ce couloir et j'ai ordonné au soldat de sortir; je lai conduit à la police, située rue Mailly; quelques "Résistants", qui se trouvaient là ont commencé à le bastonner; j'ai crié, invoqué les droits de l'Homme et les conventions de Genève : ils ont arrêté !
Cet Allemand, je l'ai revu, il y a quelques années, à Montpellier, à l'occasion du vernissage d'un espace baptisé "TOLÉRANCE", (orné de statues d'un sculpteur d'ici, de Cabestany), situé dans l'ancien camp de concentration, au cœur de la ville. Cet homme me reconnaît et me remercie de lui avoir sauvé la vie, il y a cinquante ans... La Libération a eu ses aspects tragiques : deux cents Allemands ont été internés au camp de Rivesaltes, où ils sont morts de faim, abandonnés, et mis dans une fosse commune; récemment un avion est venu rapatrier les corps en Allemagne..."
Nous revenons à la peinture, et parlons de Maillol, qui a été traité de collaborateur durant la guerre. Jacques ne le croit pas coupable. Quant à Dina Vierny, c'est plus trouble... "Elle n'avait rien et a hérité de tout; elle fut la maîtresse du fils, Lucien, qui lui a tout donné et a eu la bonne idée de mourir vite... Cependant, elle a fait pour Maillol plus que Maillol, plus que n'importe qui ! Elle a su le présenter, le faire connaître, le diffuser dans le monde, lui construire deux musées !
Aristide collaborateur ? Non ! Son ami intime était Arno Brecker : "l'enfant de Maillol" a fait acheter des sculptures par Albert Speer, le conseiller spécial d’Hitler, nommé ministre des armements; il fut ensuite condamné à trente-et-un ans de prison lors du procès de Nuremberg. Les Nazis ont acheté des Maillol pour orner "Germania", la grande ville conçue par Speer. Voyez le film "La chute", sur la fin de Hitler; à la fin, on voit un jardin, une terrasse une statue de Maillol; un des témoins de cette histoire, un des intimes de Hitler, la femme qui a écrit le scénario du film a demandé au Führer une oeuvre de Maillol; Hitler lui a répondu : "Je ne peux pas te la donner car elle appartient au peuple allemand !"
Jacques poursuit : "Un jour, je me trouve au restaurant de la plage des Elmes, à l'entrée de Banyuls; le patron lui confie alors : "On a eu M. Speer à cette table; il était venu se recueillir sur la tombe de Maillol ! Une semaine après, l'ancien responsable nazi meurt à Londres..." Quelle coïncidence ! "
J. Maso a été le dernier à voir Maillol vivant; il l'a transporté après l'accident de voiture - c'est le docteur Nicolau qui conduisait - entre Marquixanes et Prades; ils allaient rendre vite à Dufy, en cure à Vernet-les-Bains; le sculpteur, après l'accident, a été conduit à la clinique Saint-Michel de Prades, où il mourra dans les heures qui suivirent. Le docteur Nicolau appelle Jacques pour emmener le corps à la clinique des Platanes (tenu par des religieux, mais M. Nicolau y avait des actions) :
"Je conserve de Maillol une vision unique; il était très amoché; ce sont surtout les cercles, mauves, diaprés comme un arc-en-ciel, autour des yeux, qui m'ont impressionné; cette coloration, due au choc, et à la fracture du crâne, était à la fois tragique et magnifique ! J'alerte la famille de Maillol, à Banyuls; je le conduits dans la "maison rose"; je le déshabille, le lave et l'installe; puis je m'en vais..."
A ce moment-là, Jacques se lève et va extraire de ses rayonnages un superbe livre sur Maillol : je ne connaissais pas l'étude de Paul Sentenac, publié en 1937, agrémenté de belles photos de sculptures, dont "La Vénus au collier", qui se trouve à Zurich, sœur de la Vénus de la Loge, à Perpignan, mais dépourvu du fameux bijou...
La conversation porte ensuite sur Dufy, qui résida longtemps à Perpignan, place Arago et au bout de la rue Jeanne D'Arc, chez Bassères, l'ancien marchand de bois : "Il ne pouvait plus peindre; je le conduisais chez le radiologue qui a dans son bureau quelques toiles de lui : Dufy ne pouvait pas payer...C'était, malgré sa situation difficile et sa maladie, un personnage hautain... C'est grâce au céramiste Artigas et à son épouse "Pincette" que Raoul Dufy a pu trouver refuge à Perpignan; à cette époque, après la guerre, il dessinait sur des étoffes, car il fallait manger...
Tous les peintres de Catalogne sont passés par Llorens Artigas, qui a laissé à l'aéroport de Barcelone une belle fresque sur un panneau énorme. Il a travaillé aussi pour Maegh, à Saint-Paul de Vence; au départ Maegh a enrôlé trois grands artistes, alors dans le besoin, Miro, Chagall et Giacometti, pour la décoration de la maison-musée et de la chapelle aux vitraux..."
J. Maso a aussi connu Hans Hartung, prisonnier au camp du Barcarès et qui, par la suite, résida durant de longues années à Leucate. Il se lia aussi avec Jean Fautrier qui faisait des cures à La Preste, dans le Vallespir; Libion lui confectionnait des chemises, dans son atelier de l'avenue de la gare... Ces rencontres ont donné suite à des années d'amitié, qui expliquent la présence de tous ces tableaux, ici... Jacques me montre une petite pièce où coucha Appel-Les Fenosa en 1957...Et il y aurait encore beaucoup à raconter en regardant toutes ces toiles : celle de Macia, réfugié en France avec P. Garcia-fons, de Berrocal, de Velickowi, de Rossofsky, originaire de Chicago, d'Assadour...
Et Willy Mucha, un peu oublié aujourd'hui, sans fondation à Collioure ou ailleurs; un artiste doué qui recevait beaucoup, par exemple Malaparte, l'auteur de "La piel", dans sa maison du quartier du Mouré, à Collioure...Sa femme a fini sa vie dans la maison de retraite en face de la fontaine d'amour, à Perpignan, puis à Banyuls...Triste fin...Willy Much connaissait tout le monde, mais il n'est pas assez reconnu..."
Nous revenons, pour finir, au présent... Malgré l'âge, J. Maso n'en a pas fini avec les aventures et...les procès !
Il me montre le journal catalan de Figueres, "Hora nova", daté du 17 septembre 2013, qui traite de "l'éternel procès". Jacques avait acheté un terrain à Roses, il avait conçu des plans excentriques; tous les papiers étaient en règle, mais peu à peu les architectes se sont éloignés du projet initial et la maison ne ressemblait pas à la villa des rêves... Il y eut trois ans de procédure, à Roses, puis cinq ans au tribunal de Gérone et enfin quinze à Madrid..! Pour aboutir...à rien, pas de suite...la justice en Espagne...
Il faut savoir terminer une conversation ! Je prends congé, à regret, et Jacques me raccompagne avec l'ascenseur. Il me fait sortir, surprise, par le garage, immense, témoin de l'histoire des taxis et des ambulances de Perpignan; il a "installé" sur un mur de ce garage une sorte d'oeuvre d'art personnelle, symbolisant le travail de toute une vie et de toute une famille : une calandre de Mercédès, synonyme de fortune, luxe et de volupté, jouxte une énorme clé à molette, "rouillée autrefois, mais je l'ai peinte à la feuille d'or", me confie l'heureux propriétaire des lieux...
J'ai compris que par cet objet et cette formule, il voulait exprimer son bonheur du labeur bien fait, toujours au service du prochain, dans les temps de guerre comme dans les années de paix...
Perpignan, rue S. Vauban, 16 octobre 2013.
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* document lu sur le net :
Le feuilleton judiciaire
de la famille Maso
- Par Claude Belmont, mis à jour le 26/11/2007
Cette famille peut-elle récupérer l’argent que lui a volé la Gestapo ? Décision demain de la cour d’appel administrative de Marseille.
L’argent volé par la Gestapo en 1943 peut-il aujourd’hui être remboursé à une famille française ? Demain, la cour administrative d’appel de Marseille devra trancher cette question.
Le 4 mars 1944, les membres de la famille Maso de Perpignan sont interpellés. Ils seront brutalement interrogés pendant dix jours puis remis en liberté. Car les enquêteurs de la Gestapo ne réussissent pas à prouver les liens entre ces taxis ambulanciers et la résistance. Pendant des mois pourtant, les Maso accueillent des aviateurs alliés, des Anglais, des Canadiens, qu’ils transportent dans leurs véhicules habilités à circuler, jusqu’à la frontière espagnole.
À leur retour, les Maso s’aperçoivent que leurs économies ont disparu : 90 000 francs en billets et 40 000 francs en bon du trésor. Ils vont à la préfecture de Perpignan déposer plainte contre... la Gestapo, sûrs que ce sont ses membres qui ont commis le vol.
Depuis, l’affaire a été instruite deux fois sans trouver d’aboutissement. «Le consulat d’Allemagne à Marseille nous a dirigés vers le tribunal de Berlin. Notre affaire a été jugée en 1964. Les juges allemands nous ont demandé d’apporter la preuve que le fruit de ce vol était bien arrivé en Allemagne. Ils nous ont demandé de fournir le détail des valeurs et les numéros de tous les billets dérobés. Nous n’avons jamais pu produire ces preuves, nous avons été déboutés», raconte Jacques Maso, 83 ans, toujours aussi déterminé. «Quand on mène un combat, on va jusqu’au bout. Ce remboursement, c’est une affaire de principe», poursuit-il.
En 2005, Jacques, dernier survivant de la famille avec sa sœur Joachine, pense toucher au but. Devant le tribunal administratif de Montpellier, le commissaire du gouvernement pointe le laxisme de l’État dans ce dossier passé entre les mains de tous les ministres des Affaires étrangères. Mais l’arrêt de la chambre administrative déboute une nouvelle fois celui qui avait osé défier la Gestapo.
Demain, soixante-trois ans après le vol et la plainte déposée contre l’occupant, se jouera donc la dernière séance de ce surprenant feuilleton. Pas sûr qu’elle satisfasse le combatif retraité.
Jacques Maso arrêté et torturé par la
Jacques Maso arrêté et torturé par la Gestapo
Une plainte déposée en 1944 contre la Gestapo toujours pas résolue
Faisant parti d'un réseau allié pendant la 2nde Guerre mondiale, Jacques Maso arrêté et torturé par la Gestapo a découvert en rentrant chez lui que l'occupant avait en plus pillé sa maison. Il a donc déposé plainte le jour même puis attaqué l'Etat français et allemand.
Regardez la vidéo :
http://videos.tf1.fr/video/news/france/0,,3671960,00-plainte-deposee-1944-contre-gestapo-toujours-resolue-.html
Sources : tf1.fr