* La naïveté de Maillol en ce qui concerne ses rapports avec l'occupant nazi et son amitié avec son mécène le comte Kessler : il était redevable aux Allemands qui l'ont reconnu, exposé, diffusé, acheté, aux occupants qui ont libéré Dina Vierny, emprisonnée à Fresnes, mais cet argument psychologique de la "naïveté" est peu solide. Francis Coste, de Banyuls (décédé tout récemment, décembre 2011), prétendait avoir des preuves de la compromission du sculpteur, en s'appuyant sur la revue de la Collaboration "Signes". La Présidente de la Déportation pour les Pyrénées-orientales aussi, car elle a eu accès, à l'étranger, à des archives encore secrètes, à des photos montrant Maillol et D.Vierny paradant et buvant avec les nazis dans les cafés de Perpignan...
* Rien n'est plus facile que de juger quand on n'est pas dans le contexte de l'époque : qu'aurai-je fait en ces temps de délation et d'occupation ? Aurai-je été courageux..? * Les malheurs de la guerre, de Maillol : l'oeuvre a été commandée par le comité Henri Barbusse en 1939; cependant, la guerre ne permet pas de mener à bien le projet. La sculpture est rebaptisée, de façon idyllique, "La rivière" et exposée au salon d'Automne de 1946. Le plomb est acquis, peu après, par le Musée d'Art moderne.
* Jacques Henric s'intéresse à la peinture et aux modèles. Il écrit que l'on connaît le modèle par le sexe. Le corps du pays qui m'habite, le corps des modèles habitait le peintre. Il devait, pour rendre la vérité de la femme, la connaître intimement, par les formes voluptueuses. L'artiste peint beaucoup avec son sexe.
* Aragon, dans Le Roman inachevé : "Je suis mort en août 1918." * Pourquoi écrire ? On se rappelle la boutade des Surréalistes : "J'écris parce que...", dans l'enquête de la revue Littérature. Plus sérieusement, on écrit pour témoigner, pour rêver, s'inventer une vie meilleure, pour changer le monde, pour la gloire.. Ecrire pour les vivants, même quand on est mort !
* J'ai écrit Moi, Matisse à Collioure à l'encre bleue; j'étais réellement devenu le peintre... Du Portugal, j'avais adressé à la famille S. une lettre dont l'adresse était ainsi libellée: Dany et Lucien S. / Avenue Matisse / 66190 / Collioure. La missive n'est jamais arrivée à ses destinataires car cette belle artère n'existait pas. Je pense plutôt que la lettre a été retenue par un préposé indélicat, je veux dire : collectionneur, maniaque, esthète, fan de Matisse...
* Au Maroc, Matisse manie le bleu admirable des Romantiques. A Collioure, il peint une porte-fenêtre dans les tonalités vert amande de Tanger. De noir, il la recouvrira.
* "Le bonheur est une fenêtre ouverte sur un jardin. " Aragon.
"Le bonheur est volonté de bonheur." Matisse Matisse broie du rose et du bleu comme d'autres des tons amers; ses toiles me mettent du ciel dans les yeux, du bonheur au coeur.
* On en arrive alors à l'esprit du service public. C'est, ce serait, ce devrait être l'esprit d'abnégation, l'absolu respect du client; faire son travail jusqu'au bout, malgré tout, malgré le bout exténuant de la tournée, c'est-à-dire acheminer en 1999, sans se poser de questions, une lettre adressée à Monsieur Henri Matisse, artiste-peintre, Hôtel Beau Rivage, à Nice...
* "La peinture, cette passion périmée." (Bonnard) Maison de Maillol à Banyuls (C) J.P.Bonnel