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27 août 2024 2 27 /08 /août /2024 11:19
Kader FOUKA : Descartes contre l'extrême-droite (2)

Tribune philosophique (fin)

 

KADER FOUKA   -  Perpignan - France

 

 

     …En terre luthérienne donc, pour y passer l’hiver, notre jeune Français de catholique confession, se trouve, nouvellement confronté à la diversité, des mœurs, notamment. Et encore une fois, il s’y trouve bousculer, approximativement, de la suivante façon : Quelles mœurs, suivrai-je ? Dois-je, en pays étranger, suivre celles d’autrui ? Mais alors, le jeune Descartes, devra-t-il, renoncer à sa propre éducation, comme à sa liberté, à ses convictions, tout comme à ses personnelles raisons ? Le majoritaire, restreindrait-il, dès lors, le minoritaire ?

 Ensuite, notre jeune Descartes vit au mois de novembre 1619 une si belle nuit de songes. Et c’est en partie, dans tout ce contexte-là, que notre jeune philosophe, va s’entretenir, avec un père jésuite, J.B. Molitor. (G.R. Lewis, Le développement de la pensée de Descartes, chapitre V, Descartes et Charron, Vrin, p107).

 

Celui-ci, l’écoute si attentivement. Il le comprend. Il se décide même, de venir en aide à son « petit frère ». (G.R.Lewis, idem, p 107). Or, en vue de le rassurer, Molitor, lui offre, en décembre, le livre, si d’antan décrié : « De la sagesse », d’un Pierre Charron (1541-1603), comme cadeau du « nouvel an ».  (Idem, p107). Ainsi, il réapparaît à notre jeune philosophe. Et plus particulièrement, son « livre second », du « chapitre VIII ».

 

 Pierre Charron était un humaniste et homme d’esprit, esprit universel. Le Français y soutenait, bien entres autres que, « nous sommes circoncis, baptisés, juifs, mahométans, chrétiens avant que nous sachions que nous sommes hommes ».  Et pour davantage le situer, de Montaigne, il fut son contemporain. Et aussi, son ami, et également, son lecteur si profond. Quand au De la sagesse, il paraissait en 1601, mais ne tarda point, d’être mis à l’index, dés l’année 1605. Fort rapidement, il fut retiré de la vente, et interdit d’être lu, et puis son auteur, critiqué, vivement.

 

Mais qu’est-ce que notre jeune chercheur, va-t-il retenir d’une pareille lecture, concernant la diversité des mœurs ? Si manifestement, il y retient la « règle des règles », à savoir, « d’obéir et aux lois et coutumes du pays où l’on est » (Pierre Charron, De la sagesse, livre second, chapitre 8, p497, édition Barbara de Négroni, chez Fayard).

 

 C’est exactement en effet, ce que l’on y retrouvera chez Descartes, au cours de son fabuleux Discours, en se reportant aux maximes de sa morale par provision : « La première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays », et en « retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance » (Idem, Discours, 3ème partie, p592)

 

Ceci étant parcouru, à présent, interrogeons-nous, juste quelque peu, sur : qu’est-ce qu’une coutume ? Est-elle, de l’ordre de l’universelle raison ? Doit-elle être, universellement admise ? Et, à l’égard de cet autre-là, sera-t-elle osbcurante ? Doit-elle aussi, s’ériger en critérium de vérité ?

 

Mais sans vouloir troubler un quelconque ordre, la première « maxime » d’un Descartes, autrement dit, « d’obéir aux lois et coutumes de mon pays », n’est-elle pas, à vrai dire, énoncer qu’à titre « provisoire » ? N’est-elle point valable que, durant l’espace-temps où notre philosophe Français opérera si courageusement, un « traitement de choc » pour parler ici comme un Henri Gouhier, c’est-à-dire, un « doute méthodique », à l’égard, notamment, de ses « préjugés » ?

Descartes, l’annonce lui-même, l’énonce, juste avant d’y exposer, d’ailleurs, ses mêmes maximes : « ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m’obligerait de l’être en mes jugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors le plus heureusement que je pourrais, je me formai une morale par provision, qui ne consistait qu’en trois ou quatre maximes, dont je veux bien vous faire part. » (Idem, Discours de la méthode, 3ème partie, p591-592).

 

Mais alors, puisqu’il en est ainsi et non, non-ainsi, qu’en sera-t-il dés lors, de sa définitive morale ? C’est, pour en dire légèrement un peu plus, cet autre grand spécialiste Français du cartésianisme qu’était un Etienne Gilson (1884-1978), qui va nous l’expliciter si sûrement : « Ce qui est provisoire, c’est de régler sa conduite sur l’exemple des autres et la coutume ; ce qui est définitif, c’est de la régler sur sa propre raison » (Discours de la méthode, commentaire, idem, p.237)

 Tout cela étant connu, mais quelle va-être l’attitude de René Descartes, par rapport à des positions d’extrême -droite ? A vrai dire, Descartes, y manifeste plutôt, toute son opposition, comme à l’instar de ce passage du Discours, où il se souvient derechef, de son illustre prédécesseur humaniste Français, Pierre Charron, au moment, plus complètement, de sa première maxime : « et me gouvernant, en toute autre chose, suivant les opinions les plus modérées, et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j’aurai à vivre. » (Idem, Discours, 3ème partie, p592-593)

 

  L’ami de Montaigne, y estimait effectivement que, la noble retenue d’éviter si scrupuleusement, pareille extrême, faisait, elle aussi partie de la « règle des règles ». Car, si Charron est d’accord sur l’observance des lois et des coutumes, du pays où nous sommes, en revanche, il ne manquera point d’ajouter, voire, d’ajuster, presque si affectivement « mais le tout d’un esprit et d’une façon noble et généreuse, non servile » ou « pédantesque » et « superstitieuse : ne s’offensant cependant ny condemnant legierement les autres loix et coustumes estrangeres, mais jugeant et examinant librement et sainement les unes et les autres » (De la sagesse, p497). Mais aussi, en évitant « soigneusement toute singularité et particularité extravagante », autrement dit, tout extrême, « escartée du commun et ordinaire », et toujours dans la même dictée « sainement examiner et juger les unes et les autres, n’obligeant son jugement et sa creance qu’à la raison » (idem, p497).

Dans tout cela, bien évidemment, l’humaniste Français, y confère sous le prisme d’une « raison universelle » (idem, p. 496). Et c’est précisément, parce que Charron, ne cesse de faire un tel usage, qu’il est si justement qualifié d’esprit universaliste.

 

Par voie de conséquence, en seulement quelques mots, Montaigne, et puis Pierre Charron, et Descartes a minima, réfléchissait bel-et-bien déjà, sur la problématique de l’autre, mais en s’installant sur le plan d’immanence, stricto sensu, de l’universel. D’ailleurs, comment une grande patrie, peut-elle y prétendre, en étant excluante d’une partie de l’humanité ?

Mais que l’on ne pense guère que, nos Français philosophes, ne furent pas confronté à pareille diversité. Point du tout. La découverte du nouveau monde, commençait à se faire, vers la fin du quinzième siècle. Or, les récits relatant leurs étrangetés, allé en se multipliant. Et c’est même dans ce contexte, précisément, que Montaigne, écrit sur les « cannibales », et puis sur la « coustume ».

 

 Et à Montaigne, de prendre, évidemment parti. Lui, qui en écoute si délicatement, ceux d’un homme y ayant passé plus de dix ans. Et, après en avoir exposé quelques-uns, Montaigne, d’emblée se positionnent : « Ces exemples estrangers ne sont pas estranges ». (Essais, livre 1, chapitre XXIII, p 106-107, édit de la Pléiade).

 

 Pour cela, il s’en explique tout d’abord, par le fait que nous sommes qu’habituer, qu’à ce que nous avons pour coutume de voir. En effet, « si nous considérons, ce que nous essayons ordinairement, combien l’accoustumance hebete nos sens. » (Idem). Et voilà, suivant Montaigne, une des erreurs qui affectent notre jugement vis-à-vis de l’étranger.

En somme, Montaigne, comme un Pierre Charron, sortaient si aisément d’eux-mêmes, et Descartes, avec eux. Nos philosophes Français, se déplacent avec tant d’aisance et d’excellence, ici ou bien là, pour changer d’espace, et pour se mettre, si volontairement, à la place de l’autre. Ils y renversent, si magnifiquement, leurs regards, et par là, leurs logiques et leurs percepts. Dans le « De Revolutionibus », Copernic, n’a-t-il point toucher à ses percepts sur le mouvement du soleil, pour plutôt, celui de la terre ? Or, part là, l’astronome et prêtre Polonais, n’ouvrait-il pas, grandement les portes de la science moderne ? Et puis Kant, dans le domaine épistémique, n’a-t-il point voulu, à son tour, inverser, lors de « La critique de la raison pure », la perceptio, comme dirait un Latin, du rapport entre le sujet et l’objet ? Bref, dans mon rapport avec cet autre-là, le problème ne vient-il pas aussi, du regard, que je pose, ou possède à son égard ?

Ainsi, nos philosophes Français, ici pris, éprouvaient si indéniablement de la déférence vis-à-vis de la différence.

 

« De Descartes, et de sa religion, en pays étranger »

 

René Descartes, comme le remarqua si superbement, je crois, un Sylvestre de Sacy, y passait, la plupart de sa vie à l’étranger. (Voir Descartes Ecrivains de toujours). Mais à l’instar de ses mœurs, le problème de sa religion, se posa presque mêmement : dois-je, en effet, suivre la religion du peuple avec qui j’aurai à vivre ? Mais alors, ceci n’impliquerait-il pas de rejeter la religion de mon enfance, ou bien, si vous préférez, de mon initial pays ?

Pour la réponse à ce dilemme, c’est encore Etienne Gilson, qui va nous l’apporter, durant son historique commentaire du commentaire historique, du si célèbre Discours, qu’il rédigea. Tout à fait, dans celui-là, l’éminent historien, y asserte au sujet de notre philosophe, autant sur le « loyalisme monarchique de Descartes », ainsi que sur son « loyalisme religieux », qu’il s’y « exprime fort bien dans la douce boutade par laquelle il se débarrassa du ministre protestant Revicus », à savoir que « j’ai la religion de mon roi », dans un premier temps, ou bien, en répondant aussi que « j’ai la religion de ma nourrice ». (Commentaire, Gilson, p235-236, Vrin).

 

« De la tolérance, derechef, d’un Pierre Charron »

 

Face à la problématique de notre « diversité », Pierre Charron, y partage quelques quatre conseils. Quant à nous, retenons-en, celui-ci : « En troisième lieu c’est le fait de legereté et presomption injurieuse, voire tesmoignage e foiblesse et insuffisance, de condamner ce qui n’est conforme à la loy et coutume de son païs. Cela vient de ne prendre pas le loisir, ou n’avoir pas la suffisance, de considerer les raisons et fondemens des autres. » (Idem, De la sagesse, p500).

Et puis, davantage, il s’épanche, dans un français, tout de même si proche du nôtre : « Finalement c’est l’office de l’esprit genereux et de l’homme sage (que je tasche de peindre », à la suite d’un Montaigne dès lors, « d’examiner toutes choses, considerer à part et puis comparer ensemble toutes les loix et coutumes de l’univers qui luy viennent en conoissance et les juger (..) de bonne foy et sans passion, au niveau de la vérité, de la raison et nature universelle, à qui nous sommes premierement obligez, sans le flater et tacher son jugement de fausseté » (Idem, De la sagesse, p500).

 

« De Descartes, et de la langue Arabe »

De ses prédécesseurs mathématiciens, Descartes, en possédait, une certaine connaissance, certaine. Des Grecs, notamment, il y évoque, en outre, Pappus d’Alexandrie, lors de ses Règles pour la direction de l’esprit (Descartes, Œuvres philosophiques, tome 1, p97, Ed. Alquié, Garnier). Il lit aussi, des mathématiciens contemporains, à l’instar de Viète (1540-1603). (Idem, Tome 1, p97, note 3)

Et puis à nouveau, lors de cette même Règle IV, et si magistrale au passage pour sa mathésis universalis, Descartes, le mathématicien, il y lie à présent, si justement d’ailleurs, l’Algèbre, à son Arabe étymologie. Scrutons-le, de ce fait, encore quelque peu. Car il y mentionne que « cette discipline que l’on appelle du nom étranger d’algèbre » (Idem, p97). En effet, Al Khwarizmi, intitulait un de ses si superbes ouvrages, « Aljabre », et d’où sortira dès lors, le nom même de cette discipline, dont Parle si bien notre mathématicien.

De plus, quelques-unes des équations de Descartes, ne sont-elles, d’ailleurs, si proche de celle du poète et en même temps astronome, philosophe et en même temps mathématicien, Omar el Khayam ?

Il y corrige aussi, un « homme des langues », sur l’origine du mot Dieu : « Mais il est ridicule de dire que les Romains ont tiré le nom de Dieu d’un mot hébreu et les Allemands d’un arabe » (Idem, tome 1, lettre de janvier, au père Mersenne, p239).

« Descartes et les diverses religions »

 

Cet aspect là étant aussi vu, muni en partie de sa métaphysique, Descartes, et sans orgueil aucun, se savait apte pour y défendre sa position sur l’existence divine. C’est qu’en 1630, nous le trouvons au cours de ses si doctes échanges épistoliers, en possession, de quelques démonstrations la touchant. Or, outre, celles-ci, qu’il désirait aussi « évidente que les démonstrations de Géométrie » (Idem, tome 1, lettre au père Mersenne, du 13 avril 1630, p259), Descartes, ne reste point, à cet égard non plus, que sur un tel plan. Il l’élargie. Il y convoque en effet, à cet endroit, également, le « consentement universel de tous les peuples » (Idem, lettre au père Mersenne, novembre 1630, p286).

 Et in fine, sans rentrer dans son système, Descartes, est le philosophe qui sorti très tôt, d’un enseignement reçu, de façon passive, c’est-à-dire, sans critique d’esprit préalable. C’est qu’il voulait être libre. Il ne désirait percevoir, qu’à partir de sa propre raison. Il fut aussi, si élogieusement auto-critique, pour remettre en doute, si courageusement, ses préjugés, et ses idées, et au vrai, ses vérités. D’ailleurs, le terme de « préjugés », ne vient-il du latin « praejudicare », pour signifier « préjudice » ? Ne l’est-il pas, par exemple, pour le vrai ? De tout cela, en parle si fort bien, sa métaphysique, à l’instar du Discours de la méthode, ou bien, des Méditations Métaphysique, mais encore, des Principes de la philosophie.

 

Bien en outre, il fut le philosophe des nobles distinctions. Après Platon et Plotin, après Saint Augustin aussi et Ibn Sina, il y défendait la distinction entre l’âme et le corps. Et sa réforme de la Géométrie, de l’année 1637, Descartes, l’opère, notamment, en y distinguant bien savamment. Il ne dit point, « tous les mêmes ». Bien à contrario, à vrai dire. Car, tout juste après avoir « dé-couvert » le cogito, il érige avec assurance, que « je pouvais prendre, pour règle générale, que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies ». (Idem, Discours, 4ème partie, p.604-605. Or, est-ce que Descartes, c’est la France ?

Alors souffrant sur son dernier lit, près de la reine à Stockholm, des médecins suédois voulurent l’en abréger, en lui administrant une saignée, comme il était coutume de le faire. Ce à quoi, Descartes, leur répondra : « Epargnez, messieurs, le sang Français ». Voilà, en outre, ce qui me produisait tant d’émotions chez Descartes.

 

Kader Fouka

 

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3 juin 2024 1 03 /06 /juin /2024 15:04
A quoi sert la philosophie (3) par Kader Fouka - Collioure : plein soleil !

A quoi sert la philosophie ?

 

(3, fin)    

 

    Et, après s’être nouvellement observé, de façon si aimante, ils tournèrent leurs regards, à nouveau vers l’horloge. Puis, elle sollicitait kad, cette fois, en ces termes : il ne nous reste, environ, qu’une huitaine de minutes, serais-tu, fort succinctement dès lors, me partager un, ou peut-être deux autres fonctions, touchant à la philosophie ?

D’accord.

 Or, le manuscrit, que je partage de tout chœur avec vous, se termine presque de cette suivante façon : « A dire vrai, la philosophie, sert également à nous bousculer. Ou si tu veux, pour le dire peut-être de façon plus manifeste, sur le plan de nos idées, tout comme de nos croyances, en l’occurrence, elle sert également à nous déterritorialiser, pour parler à mon tour comme un Gilles Deleuze.

 

Oh Kad, j’ai à dire vrai, fort souvent relevé, que tu éprouvais une certaine admiration aussi pour ce philosophe-ci, et que sa disparition continuait même de t’affecter.

Maria en effet, le sentait, à juste titre, bien triste, à chacune de ses évocations. Kad, qui voulait demeurer plus discret sur sa douleur, reprit :

« Cependant, le philosophe, ne bouscule pas sans lui-même basculer. Socrate, à nouveau, paiera de sa vie, pour avoir, émettait les chefs d’accusations, corrompu la jeunesse, ou pour avoir notamment, introduit d’autres divinités dans la cité…Et c’est parce que Thomas Campanella (1568-1639), bouscule par ses écrits, qu’il bascule dans les prisons napolitaines pendant vingt-sept ans. Giordano Bruno derechef, qui bouscule, bascule hélas dans le feu du bûcher, tout comme Vanini, nous l’avons vue. Descartes, en France, bouscule, avec son Traité du monde. Et c’est parce qu’il ne veut pas, basculer, qu’il y brûle son Traité du monde, en 1633.

 

Pourquoi, veux-tu être plus précis ?

C’est qu’il y soutenait, dans celui-ci, une partie de l’héliocentrisme. Or, René Descartes, venait d’apprendre la condamnation de cette thèse, par le tribunal de l’inquisition, sur la personne de Galilée.

Mais, était-ce là, de la prudence, de la peur, ou bien de l’intelligence ?

En Hollande, Spinoza, bouscule, puis bascule dans l’excommunication. Montesquieu, pour revenir en France, et Voltaire et Rousseau et Diderot, basculent aussi. Et puis, les choses changent heureusement. Nietzsche, en Allemagne, bouscule sans basculer, par chance certainement, d’avoir vécu un peu plus tard, celui-là même qui se caractériser pourtant comme n’étant pas : « un homme, mais de la dynamite ». Un peu plus tard, Sartre, qui avait aussi Hegel dans le rétro, fut également un penseur à explosion.

 

Marie, l’originaire de Campillo de Azaba, petit village du Salamanquais donc, continuer de suivre Kad dans ses chemins, avec des yeux ravissant et à la fois renversant. Les trois minutes restantes, étaient suffisantes d’après elle, pour perler encore, même de façon hâtive, d’un dernier petit point, ou même de deux, ou peut-être de trois. Le manuscrit, indique qu’il y reprit son logos, de la sorte :

« En fait, la philosophie, ne sert pas uniquement qu’à mieux dialoguer. Elle est aussi, me semble-t-il, le lieu presque idéal, d’une confrontation idéelle. « Je m’avance vers celui qui me contredit », y écrivait Montaigne, de manière si croustillante dans ses « Essais ».

 

Et touchant aux dialogues toujours, je songe presque si machinalement aux platoniciens, et puis, à Giordano Bruno, tout comme à ceux d’un Schopenhauer. Présentement, concernant la confrontation idéelle, je reprendrai très volontiers, Socrate, comme cela va de soi. Ou bien, de façon suivante, un Aristote, d’allure si savante, au cours de son traité, « Contre les sophistes », notamment. Le dialectikos, pour le dire de grecque manière, nous le retrouverons en terre d’Islam, avec par exemple les « moutekalimouns », ou en terre latine, sous le terme de « loquentiae », avec un Saint Thomas d’Aquin. Et puis en Allemagne, quelques siècles plus tard, il y eut Arthur Schopenhauer, et son incontournable « Art d’avoir toujours raison ». Mais aussi, plus près de nous, un Chaïm Perelman, (1912-1984), en Belgique, tout comme, un Michel Meyer (1950-2022). Enfin, pour en dire peut-être un peu plus, la philosophie, aime et manie si bien les paradoxes.

 

Comment ça, réagissait tout de même Maria.

C’est que le « paradoxe », ne signifie point, à vrai dire, ipso facto que la chose est fausse. Chez Platon, il désigne en effet, ce qui est « para », c’est-à-dire, « au-delà », de la « doxa », autrement dit, de l’opinion. Blaise Pascal, saisissait cela aussi très bien, tout au long de ses Pensées.

 

Le manuscrit, pour sa part, allait se terminer sur les lignes suivantes : comme tu le sais très bien Marie, la philosophie, signifie, « l’amour de la sagesse ». Or, le sage, c’est ici, celui qui tendrait vers la paix, ou pour le dire autrement, vers la « quiétude », ou encore, plus techniquement, vers « l’ataraxie ».

Qu’est-ce que cela ?

Ce mot un peu docte, c’est vrai, signifie « absence de trouble », ou bien mêmement, « la tranquillité de l’âme ». Il désigne aussi « le bonheur », chez les Stoïciens, et chez les Epicuriens.

 

Ainsi, la philosophie, ne serait-elle, la recherche du bonheur ?

In fine, au vu de ces multiples points, Marie, estima, qu’elle pouvait alors, commencer par faire elle-même de la philosophie, comme semble l’indiquer plusieurs de ses notes, dans le manuscrit, d’une rougeâtre encre. Et puis, munis de son accent si particulier, elle prenait, amoureusement je crois bien, la main de Kad, pour se rendre au théâtre, tout en rigolant sur leur chemin.

 

A ma généreuse sœur, Mèma (1965-2024), récemment disparue, ainsi qu’à Annie Brunet (1951-1993), pour nos souvenirs passés au Moulin à vent, durant les années 84 et 85.

               

                                   De tout mon cœur, Kader Fouka

 

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26 janvier 2024 5 26 /01 /janvier /2024 10:30
Alain Finkielkraut et Walter Benjamin : pêcheurs de perles - CATALOGNE  le 28 janvier à Baho (BAO) : FESTA MAJOR
Alain Finkielkraut et Walter Benjamin : pêcheurs de perles - CATALOGNE  le 28 janvier à Baho (BAO) : FESTA MAJOR
Alain Finkielkraut et Walter Benjamin : pêcheurs de perles - CATALOGNE  le 28 janvier à Baho (BAO) : FESTA MAJOR

Actualité littéraire et philosophique `

 

Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu’elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers « pour en arracher le riche et l’étrange ».


Subjugué par cette image, je me suis plongé dans les carnets de citations que j’accumule pieusement depuis plusieurs décennies. J’ai tiré de ce vagabondage les phrases qui me font signe, qui m’ouvrent la voie, qui désentravent mon intelligence de la vie et du monde.


Arendt, Kundera, Levinas, mais aussi Valéry, Canetti, Tocqueville, Nietzsche, Thomas Mann, Virginia Woolf ont été quelques-uns de mes guides. Dans leur sillage, j’ai essayé de penser à nouveaux frais l’expérience de l’amour, la mort, les avatars de la civilité, le destin de l’Europe, la fragilité de l’humour, le monde comme il va et surtout comme il ne va pas. (AF)

 

*Lire :  

-Hanna Arendt, Vies politiques (Tel, Gallimard)

-A. Finkielkraut : L’après-littérature (Folio n° 7239)

-Jean Lacoste : W. Benjamin (Passages, enfance...) Ed. Bartillat.

 

 

 

 

CATALOGNE

le 28 janvier à Baho (BAO) : FESTA MAJOR

 

 

Marché bio 

 

 

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4 janvier 2024 4 04 /01 /janvier /2024 10:09
Malaise dans la civilisation...française

 

Malaise dans la civilisation
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Malaise dans la civilisation

 

française

 

Sommes-nous faits pour le bonheur ? À lire cet essai de 1930, on peut en douter, notre existence étant plutôt caractérisée, selon Freud, par la violence, la souffrance et l'insatisfaction... Utilisant la théorie des pulsions élaborée quelques années plus tôt dans Au-delà du principe de plaisir, il explique pourquoi l'agressivité, l'hostilité et la cruauté sont inhérentes au genre humain, il dégage ce qui les relie au plaisir et à l'amour, et il montre à quelles conditions la culture permet de contrôler les pulsions de mort.

Reliant des thèmes aussi divers que le sentiment de culpabilité, l'égoïsme et l'altruisme, la liberté individuelle, la conscience morale, le travail, le plaisir sexuel ou les drogues, ce livre est essentiel pour qui veut comprendre la violence de notre société et répondre à la question : 

comment vivre ensemble ?

 

- - - -

"Qu'est-ce que l'Europe ? C'est la Bible et les Grecs"

(LEVINAS - A l'heure des nations - 1988 -

 

La France et l'Europe (du sud, surtout) se sont construites grâce à la philosophie grecque et à la religion judéo-chrétienne. 

 

Avant de réussir, notre "civilisation" endura bien des "malaises" : stopper l'avancée maure, chasser les juifs, lancer des aventuriers en Amérique latine pour l'or, le territoire et lé génocide des Indiens...

Au nom de Dieu, du catholicisme et de l'appât du gain, d'autres aventuriers européens allèrent exterminer ls Indiens d'Amérique du nord. Il y eut aussi quelques... tueries entre Cathos et Protestants, au nomme Dieu et des Rois catholiques...

 

Nos croyants étaient à l'époque aussi cruels que les actuels terroristes islamistes : les ethnocides, du 15° siècle à Hitler (pour le catholicisme), Staline et Mao (pour le marxisme), furent légion. Ne parlons pas des guerres coloniales, des tortures, des Américains bombardant le Vietnam au napalm...

au noms de "In God we trust !"...

 

 

Aujourd'hui, l'horreur barbare est filmée, connue de tous, et tous sommes plongés dans le malaise existentiel. Notre confort et notre petit bonheur sont remis en cause. 

 

Et la cause, justement, ce serait l'immigration, l'envahissement, la fin de notre "civilisation".

Or, méditons : avons-nous aidé ou exploité le Tiers-Monde, pour éviter la crise, la guerre, les exils, des immigrés ?

Les pays occidentaux et arabes ont-ils vraiment voulu réglé le problème de la Palestine..? L'horreur n'est-elle pas voulue, la guerre réclamée par les marchands d'armes..?

Et, en France, les esprits se claquemurent, et l'Europe, en proie au narcissisme, au repli, au nationalisme, est traversée par les idées folles d'une idéologie raciste et de droite fasciste...

Comment s'en sortir ?

 

J.P.Bonnel

(lire Freud, J. Rancière : Aux bords du politique)

 

 

 

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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 09:48
L'auteur du texte et l'artiste (à gauche) - oeuvres et article de journal à considérer dans l'ordre du texte -
L'auteur du texte et l'artiste (à gauche) - oeuvres et article de journal à considérer dans l'ordre du texte -
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L'auteur du texte et l'artiste (à gauche) - oeuvres et article de journal à considérer dans l'ordre du texte -
L'auteur du texte et l'artiste (à gauche) - oeuvres et article de journal à considérer dans l'ordre du texte -

L'auteur du texte et l'artiste (à gauche) - oeuvres et article de journal à considérer dans l'ordre du texte -

*En raison de problèmes de "mise en page", hier, nous diffusons derechef le texte de

 

 Fouka Abdelkader ibn Mammar...

qui, sous le simple nom de

Kader Fouka

 

avait publié ici, le 24 juillet 2021, ce formidable texte sur NARBONI.

 

Soin livre sur DESCARTES devrait être publié bientôt...

 

 

        ***     philosophie, théologie

 NARBONI

 

            "Moïse de Narbonne, le philosophe illustre de Perpignan"

 

 El païs catalan a vu naître, tout un archipel de grands maîtres, archi-bel, à l'instar d'un François Arago en physique, et d'un Maillol en sculpture, ou bien, d'un Jean-Sébastià Pons au travers de son art poétique exceptionnel, et sans omettre bien sûr, un Narboni en philosophie, et un Rigaud aussi, le talentueux portraitiste et tapissier de Louis XIV, de Versailles, avec son firmament de beauté.

 

 

 Mais il y a, quelque chose d'impensable, en conséquence à tout cela. C'est que si Narboni mena une vie plutôt rayonnante, et crayonnante surtout, notre philosophe, toutefois, demeure de nos jours encore si méconnu. Narboni, cet inconnu. D'ailleurs, un romancier, sachant mêler si admirablement le vrai du fabulesque, comme Descartes le fit sans doute si ingénument en métaphysique, entre le rêve et la réalité, mais toujours à escient, pourrait même qualifier cette affaire, ou ce paradoxe, suivant votre choix, comme: "l'impensable, ou presque"...

 

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ARTS - Rencontre avec...

Published by leblogabonnel  dans arts philosophie 
 

 

          « Aparté avec Philippe-flip, un artiste, à la classe inclassable »

 

 

Lectrices, mais aussi vous lecteurs, tout naturellement, bienvenue, à bord de votre insolite traversée, pour y vivre, une rencontre, ou plus tôt, la découverte même, d'un prestigieux artiste, je vous l'avoue. Conséquemment donc, notre traversée, se verra dès lors ponctuer, par des évasions culturelles multiples, allant et alliant réciproquement, la rêverie quasi, à la poésie, et l'imagination à la création, plus sûrement. A l'instar presque, pour en dire juste légèrement davantage, d'un promeneur et d'un voyageur solitaire.

 

 

 Et pour décors environnants et si enivrants au passage, des corps, c'est également entendu, mais dans leurs magnificences de leurs splendeurs, et sans leurre, avec tant de lueurs, je le crois aussi, de leurs sciences. Effectivement à ce titre, esquissons-nous, de « rendre à César, ce qui appartient à ses arts », je veux dire ici si expressément, à l'artiste Philippe-flip. Dès lors, d'accord êtes-vous, pour nous verser présentement, sur un créateur pareil ? C'est que la capitaine à bord, vient tout vivement de nous conseiller, de mieux attacher nos ceintures, pour éviter avec moult-précautions, d'être renversés, tantôt comme si, ou tantôt, comme ça. Car notre artiste, ne tardera plus en effet, de nous conférer, comme, entres autres, agréables effets, celui-là même d'un prestidigitateur, au travers de son œuvre, vous l'avez compris, aussi bien sculpturale, que picturale.

 

 

 Ceci étant alors partagé et confié, mais qui donc, est notre incroyable inconnu ? Mais pour cela, débutons, tout d'abord, par nous rendre disponible, quasiment cette fois, au bord de sa naissance. L'enfant, y est né au mois de septembre, lors de l'année, 1945. A Hanoï, plus exactement, Française d'antan. Et tout aussi prestement, l'enfant, fut le nectar d'un parfumé métissage, franco-vietnamien, ici. Pour la croustillante anecdote, le général Leclerc en personne, au cours de l'un de ses déplacements dans l'ancienne colonie, prit tendrement l'enfant dans ses bras, et sur lequel déjà, se tissaient, et se dessinaient et se métissaient tout en même temps, de formidables cheveux blonds ondulants. Un peu plus tard, l'artiste, comprit si aisément l’événement, comme ayant été de la part du général, un symbole particulier, d'un retour prochainement à venir, pour la France.

 

 Et derechef, touchant son aspect biographique, à Paris, l'étudiant, se perfectionna sans vraiment trop de lézard, dans les arts, sur lesquels il ne manquera plus d'exceller. A cela, en témoigne si magistralement par exemple, cette prise photographique, de l'année 1974 certainement, à l'école des beaux-arts de notre capitale.

 

  Philippe-Flip, créé donc des portraits, aussi. Tout comme l'écrivain, créer les siens. Il peint, il dessine. Tel, un Montaigne dans ses Essais, ou bien, un Jean de La Bruyère dans ses incontournables Caractères, ou plus proche de nous, d'un Gilles Deleuze, lorsqu'il aborda si éminemment, aussi bien Hume, Spinoza, Kant ou Nietzsche.

 

 Et dans sa création, chez Philippe-Flip il y a, comme une espèce d'érotisation des matières entre elles, si ce n'est plus, mais qui nous porte et nous transporte entre ailes, vers des intelligibles, au premier regard, mais finement perceptibles, non pas tellement à la raison, mais plus tôt, par l'entremise des sens, et à nouveau, de l'émotion.  

 

  Subséquemment, outre le pays de Marot ou d'un Zola, l'on remarque également Philippe-Flip, si ce n'est même à la façon approximativement d'un monarque éclairé, mais seulement là, par le biais de ses arts, en Amérique Latine, comme à l'instar, du Venezuela.

 

 

 Ceci étant donc entreperçu, profitons par voie de conséquence, de notre si courte escapade culturelle, pour faire davantage la rencontre, d'avec notre artiste. Mais sans toutefois prétendre, il est bien vrai, d'en saisir toute la nature, ou si vous voulez, l'essence, pour parler premièrement comme un Saint Thomas d'Aquin, durant l'extra-ordinaire Somme Théologique, ou bien, secondement, d'un René Descartes, lorsqu'il nous offrira, son si fabuleux Discours de la méthode. C'est que, pour en dire qu'un peu plus uniquement à nouveau, notre artiste, se trouve être à la lettre, dans sa quintessence, si un et si simultanément, multiple. Ici en sculpture, et là, picturalement. En l’occurrence.

 

 

 Et à ces maints égards d'ailleurs, sa main, ne se gare, à vrai dire, jamais, mais au contraire, tout le temps, elle s'égare, par-delà toutefois, la ponctuation de la création, à la fois si utilement et si, subtilement. D'été comme d'hiver, effectivement, Philippe travaille, en explorant, des modes et des mondes si unis et si divers. Et voilà aussi pourquoi, à la vue de son œuvre, la spectatrice, mais également le spectateur, tressaillent, tantôt d'émotions, et tantôt, d'admirations, à l'observé d'un tel spectacle.

 

 

  Une fois encore, à sa main, ça crée, dans un moment que je qualifierai, maintenant, de « préambulesque », s'ajoutera et s'ajustera de façon tout aussi concomitante, à sa main sacrée, incontournablement, d'autres exploits créatifs, si mirifiques. Ainsi, pour le faire nouvellement fort brièvement, l'art de notre artiste, n'est à vrai dire, jamais triste. A contrario même. Avec sa muse, qui fut bien, entres autres, si chère à un Pythagore, ou à un Pierre de Ronsard, ou en outre, au jeune Descartes, durant ses lettres premières échangées d'avec le sieur Beeckman de Middelbourg, Philippe-Flip s'amuse. Et pour tout dire cette fois-ci, ce sont elles, qui vont le transporter d'un continent à l'autre. Mêmement, à la manière dont les anges transportaient la Santa Casa de leurs ailes, disait-on au moyen-âge, avec moult-zèles je crois, de Jérusalem à la région des Marches, en Italie.

 

 

 Mais sans être méta-fort, faisons toutefois si expressément usage, de cette autre métaphore, afin d'intelliger peu à peu, notre artiste. Écrivons-le, en effet, mystiquement, ou, deux fois, « distiquement », à vous de savoir : « N'ayant la plume d'Ibn Zamrak de Grenade, ni même d'un Plotin l'auteur des Ennéades, mais l’œuvre de Philippe-Flip est une Pléiade, dés le puits qui chante des glorieuses Naïades »    

 

 

 Tout cela étant par conséquent traversée, à présent, offrons-nous une halte, mais seulement courte, sur une de ses créations, voire peut-être même, sur quelque deux. A l'exemple, si vous voulez, d'un présent « éclorant » si spectaculairement. Et si l'on s'exalte déjà, par rapport à une parcelle seule de son créé, que dire, au vrai, dès lors, de sa totalité ? Mais voilà en tout cas, un autre côté, pour lequel, je crois, que l’œuvre de Philippe-Flip, ne pourra décharmer.

 

 

 Vue de la sorte, avec notre artiste, vous n'allez donc pas tellement faire le plein d'essence, mais seulement par parfaire, le plein des sens, des vôtres. Ceci aussi m'étant accordé, n'écrivons pas juste s'il vous plaît, mais plutôt, juste écrivons, sur l'artiste au passage, quelques mots en plus, et si, nécessairement, à vrai dire. A cet égard, dans sa « natura », pour le dire latinement, à la façon d'un Lucrèce ou, plus tard, d'un Spinoza, Philippe-Flip est certes galant, mais dans son art, en revanche, rarement égalant. C'est que chez lui, tout y est originel, et de là, tout y est original.

 

 

 Dans son atelier présentement, observons-le, au travers du petit aperçu délicat de sa serrure, à l'instar d'un monsieur Le Vasseur, vis-à-vis du jeune Descartes derechef, et si savoureusement rapporté par l'irremplaçable Adrien Baillet. Or, à l'intérieur, l'artiste y est presquement comme dans un temple. Il y créer, c'est de nouveau entendu. Il s'interroge. Mais surtout, ne l'interrompons point. C'est qu'il y contemple même soigneusement. Il y scrute, il y ausculte aussi quasiment, son imaginatif et son cerveau si créatif. Mais il n'occulte toutefois, jamais le traversant, qui pourrait d'ailleurs, devenir le renversant lui-même. Car l'artiste, sonde dans la cour, et dans le cœur, de l'inimaginé. A la limite, accompagnons-le, mais sans limite à l'inverse, dans « l'ineffabilité » de sa création, lors d'un espace-temps, lui-même illimité.

 

 

 Ceci étant aussi abordé, restons encore au bord de son travail, mais sans pour autant, cependant le border, ou pis, le broder. C'est que pour notre artiste en effet, une sorte de cogito, il y a. Mais qui à vrai dire, n'est pas cartésien. Non plus, il n'est guère, Kierkegaardien. Et pour en dire finement un peu plus peut-être, il n'est presque pas cosmique, mais plutôt, du genre comique, bien que pourtant, mille et une fois sérieux. Le genre, comme vous le savez, fût entres autres, en littérature, si cher à un François Rabelais, ou à un Jean Baptiste Poquelin, dit Molière, sur la scène théâtrale, ou bien en philosophie, à un Bergson. Ainsi, sous ce prisme-ci, Philippe-Flip, ne dit pas tellement avec Descartes « je pense, donc je suis ». Au contraire, dans son atelier, Philippe-Flip, dit plus ordinairement :« je ponce, donc j’essuie ».

 

 

 Et pour en terminer avec son atelier, du moins ici, son travail, l'artiste l'entreprend déjà, au commencement de la journée, ou, pour le dire autrement, à l'instant presque où le jour-né. Et à nouveau dans ce même bout de serrure, nous relèverons cent fois, que Philippe-Flip, ne regarde jamais, mais qu'il observe plus tôt, et ce, jusqu'à ce que l'aube serve, autant la nuit que le jour, et bien au-delà. 

 

 

 

 Tout cela étant donc rendu public, mais pour tout dire, ou quasiment, Philippe-Flip, ne crée pas uniquement dans le seul champ sculptural. In extenso, il crée également et tout aussi mélodieusement, au travers du ciel pictural, et toujours avec de si belles notes, dans la pierrerie, aussi. Sur le pictural, conséquemment, en premier lieu, mirons et admirons en même temps au passage, une de ses prodigieuses créations, et qui interpellera si évidemment je pense, l'imaginé, le vôtre, à coup sûr, et le mien. 

 

  Mais Philippe-Flip, va davantage plus loin dans son créé. Il y scrute aussi, dans le pictural, l'espace-temps, et comme pour tout à l'heure, le commencement même pour tout dire à présent, du cosmos, jusque dans l'état où le tout dans son étant, se forme et se déforme dans le presque tout.

 

 

 Quant à ses dons lithographiques, admirez-en, s'il vous plaît, cette prise-ci, maintenant. Brièvement alors, et comme nous l'avons suffisamment intelligé je crois, la matière dans son art, chez notre artiste, sans cesse se meut, et tout le temps, elle émeut. Ou, pour le dire peut-être autrement, elle est à la fois, mouvante et émouvante. Mais n'est-ce pas là, à dire vrai, presque un mot-tard, voire beaucoup plus, qu'un mot-tôt ?

 

 Tout cela, étant donc présentement parcouru, notre bateau entreprend de contourner l'archipel, au demeurant, si archi-belle, et avec la seule vue, de rejoindre la ferme terre. Dès lors, profitons-en, pour conclure, par découvrir le versant aussi bien philosophique, que poétique, de l'artiste. Vis-à-vis du philosophique dans un temps premier, Philippe-Flip, ne s’intéresse pas vraiment à l'imaginé, mais bel-et-bien à contrario, à ce qui ne l'est point. A l'image, un peu, au philosophe, qui ne s'intéresse pas, à vrai dire, si éperdument au pensé, mais plutôt, au non-pensé, ou si vous le voulez mieux, à l'impensé.

 

 

 

 D'ailleurs, à cet égard cette fois, Philippe-Flip asserte, à l'exemple d'une scolie spinoziste, que « tout ce qui est imaginé, existe », ou, dans toute futurité, « est emmené à exister ». Pour cela, notre artiste, convoque une preuve seule, mais si convaincante je pense pour ma part, celle de la science-fiction, en passant, entres autres, par l'autorité d'un Jules Verne. Et en fonction de presque tout ceci, nous pouvons plus savamment intelliger présentement, l'enchaînement de son concept, à savoir « que seul l'inimaginable m'apporte de l’intérêt ».

 

 

 Et dans la création toujours, notre artiste, y débute quasi épistémiquement, d'un donné connu, mais pour aussitôt aboutir, ou rebondir, ou, si ce n'est même, pour atterrir, dans un je ne sais quoi de complètement inconnu, préalablement. Procédé, de vrai, dont la logique notamment, se fera moultement sienne, en l’occurrence, au moment de la scolastique, et dont le philosophe et métaphysicien Ibn Sina (980-1037), explicitera de façon non décharmée, de nos jours encore, dans son « Livre des sciences ».

 

 

 De manière plus extensive, ce versant philosophique, se lit aussi, lorsque l'artiste prête son regard vers le « mondus », pour le dire derechef en Latin. Dans une analyse, qui peut suggérer Mounier, et Merleau Ponty et Sartre, Philippe-Flip, tient tout d'abord « qu'en réalité, plus nous voyons la réalité, que moins à dire vrai, nous la voyons ». Ou bien, lorsqu'il maintient que « l'être humain, n'est pas à vrai dire un étant qui se voit si parfaitement. C'est plutôt, autrui qui le saisit dans son étantité, et dans son identité, bien davantage ».

 

 

 Enfin, au final de notre courte traversée, concernant le versant poétique à présent, Philippe-Flip, nous murmure si plaisamment que « la poésie est une musique, que tout le monde écoute. Entendez par là, qui touche directement, aussi bien au personnel, qu'à l'universel ». Bien sûr, qu'il se passionna pour Ronsard, entres autres, c'est évidemment entendu, ou pour plus récemment, pour Baudelaire. Mais il se pencha plus fusionnellement encore, pour un La Fontaine, dont il considère d'ailleurs les Fables, comme « une source qui a réussi à tout exprimer, et que même les plus jeunes, intelligent si savoureusement ».

 

  In fine, certes, sa vie fut événementiellement, si riche. Toutefois, avant de nous quitter, pour l'interminable voyage, Philippe-Flip, rêverait, juste avant de fermer les yeux pour toujours , comme  chanterait si bien un Jean Ferrat, à partir d'un de ces magistraux poèmes de Louis Aragon, de conférer un petit clin d’œil à la vie, lui qui en a soulevé, quelques-uns de ses mystères les plus dissimulé.

 

   Aux chrétiennes, et aux chrétiens.                                      

 

 

   Fouka Abdelkader ibn Mammar

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25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 10:26
Qu’est-ce que l’HISTOIRE ? Jean-Pierre BONNEL : Exposé sur les Thèses sur le concept d’Histoire, de Walter Benjamin, à Banyuls/Mer le 3 mars 2023 -

Banyuls-sur-Mer

Salle Novelty

 

Qu’est-ce que l’HISTOIRE ?

Jean-Pierre BONNEL

Exposé sur les Thèses sur le concept d’Histoire, de Walter Benjamin

 

Vendredi  3 mars  - 18 heures

 

 

Association WALTER BENJAMIN  sans frontières -  06.31.69.09.32.

                           

  *Entrée libre et gratuite                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             

 

                                                                                                                                                                          

 

       W B S F                                  Walter Benjamin Sans Frontières                       Le 17 janvier 2023          

                                                                                            66650 BANYULS S/MER

 

Association à but non lucratif déclarée sous le régime de la loi 1901 - * W661002211 

Blog : http://walterbenjamin.canalblog.com   Contact : 7 route de Bages - 66180 Villeneuve de la Raho –   06 31 69 09 32  -

 Courriel : jean-pierre.bonnel@orange.fr  - Le Blog a Bonnel –

 

 

CALENDRIER  ANNEE 2023

 

 

 

                                                        

 

MOIS

 

DATE ET HEURE

LIEU

DESCRIPTION

CONTACTS

JANVIER

 

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FEVRIER

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MARS

Vendredi 03

18 h

BANYULS S/MER

Salle Novelty

*Conférence de Jean-Pierre BONNEL – Ecrivain – Président de l’association WBSF - Intitulée :

« Qu’est-ce-que l’histoire ? » (La conception de l’histoire selon Walter Benjamin)

Entrée Libre

Jean-Pierre BONNEL

06 31 69 09 32

AVRIL

Samedi 01

17 h

BANYULS S/MER

Salle Novelty

*Spectacle poétique et musical  de Jo FALLIEU– Poète – Créateur de ITACA (recueil de poésies, des spectacles poético—musicaux) – Intitulé :

 «  Sur les pas de Rimbaud »

Entrée libre

Jean-Pierre BONNEL

06 31 69 09 32

MARS/AVRIL

A PRECISER

BANYULS S/MER

Puig del Mas

*Randonnée sur le chemin de Walter Benjamin – Collège de St André Elèves accompagnés de leur professeur Claude CANET –

 Guide Jean-Pierre Bonnel

Jean-Pierre BONNEL

06 31 69 09 32

MAI

 

Samedi 06

17 h

BANYULS S/MER

Salle Novelty

*Conférence de Myriam MAS – D’après le roman de Georges Orwell – (auteur célèbre pour son livre : Hommage à la Catalogne) :  L’Utopie dans son roman : La ferme des animaux.

Entrée libre

Jean-Pierre BONNEL

06 31 69 09 32

JUIN

A PRECISER

23 juin

BANYULS S/MER

*Conférence de Pierre BAYART, auteur d’un ouvrage sur les textes écrits lors des « Séjours de Walter Benjamin aux Baléares »  (édition Riveneuve, 2011)

Traduction inédite des "Récits" de Walter Benjamin, rédigés à Ibiza où le journaliste et philosophe s'est réfugié après l'arrivée d'Hitler au pouvoir." Etre heureux, c'est se connaître soi-même sans en avoir peur " W. B.

 

-André ROGER : L'image, de la grotte Chauvet au métayers (image virtuelle). Le 23 juin, salle Novelty

17 heures, entrée libre

 

Jean-Pierre BONNEL

06 31 69 09 32

Juillet/1août

 

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SEPTEMBRE

Samedi 02

9h – 13 h

 

 

BANYULS S/MER

L’Esplanade

FORUM DES ASSOCIATIONS :   Stand de l’association WBSF  - Front de mer. Informations, adhésions, vente de livres sur W. Benjamin …

 

 

OCTOBRE

 

 

 

 

NOVEMBRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 *Pierre Sergent et la police municipale de Perpignan

*Le dirigeant de l'OAS remplacé par Maurice Audin : le site "Made in Perpignan" a eu la bonne idée de rappeler ce fait divers :

 

Le chroniqueur et humoriste de France Inter s’est gentiment moqué du manque de réactivité des agents de la ville de Perpignan.

 C’est dans sa chronique du mardi 21 février que Daniel Morin s’est fendu d’une petite tranche de vie. « Des petits filous » ont recouvert les plaques de l’esplanade Pierre Sergent. Rebaptisant le lieu Maurice Audin, du nom du militant communiste arrêté par les parachutistes à Alger et dont le corps n’a jamais été retrouvé. L’humoriste de se fendre d’un petit commentaire.

« Hier, lundi, les agents de sécurité qui patrouillent dans les rues de la ville avec leur chien n’avaient toujours rien vu… Sacré sécurité ! Moi j’ai peur que si un jour les communistes prévoient d’attaquer la mairie de Perpignan, les vigiles se disent (NDLR imitant l’accent rural) « vite allons sécuriser l’église ! » 

 

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10 juin 2022 5 10 /06 /juin /2022 10:57
Prix Walter Benjamin sans frontières 2022 - Steffen Haug : Une collecte d'images à la BN (Paris)- Conférence de Pierre COUREUX à Banyuls/MER le 17 juin 2022 - Police de Perpignan -

Prix Walter Benjamin sans frontières 2022 (WBSF) :

 

Steffen Haug : Une collecte d'images à la BN (Paris) 

 

Après la parution des Sonnets de W. Benjamin (Prix WBSF 2021), nous sommes heureux de mettre l'accent sur cette nouvelle actualité : la publication en France des matériaux visuels accumulés par le philosophe dans les bibliothèques de Berlin et Paris (surtout à partir de son exil dans la capitale en 1933 jusqu'à sa mort en 1940). 

 

 

Voici un WB très moderne, qui comprend vite que son livre des Passages parisiens doit être accompagné d'images. Cette étude monumentale, commente les gravures, vignettes...toute une imagerie populaire montrant le XIX° siècle, en accompagnant les textes de WB.

 

A lire en même temps que les livres sur l'Oeuvre d'art...et la petite histoire de la photographie.

 

 

Ce livre inattendu arrive au moment même où, à Banyuls/Mer, nous avons consacré nos dernières conférences, très récentes -avril et mai 2022- à

-l'image (de Cosquer aux réseaux sociaux, par André ROGER, psychanalyste)

et

-à la photographie (selon WB, F. Arago et Mérimée, par Clarisse REQUENA, docteur es-lettres, qui écrit dans la revue stendhalienne H et a publié sa thèse sur Mérimée chez Champion.)

L'association WBSF vous invite ce mois-ci : le

 

Vendredi17Juin

De 17:30 à 19:30

Conférence proposée par Walter Benjamin Sans Frontières présentée par Pierre Coureux, Président des AIAM Paris, intitulée « Le voyage des œuvres d'art dans l'histoire », 17h30, Salle Novelty, entrée libre.

J.P.Bonnel

 

 


***Entre 1927 et 1930 à Berlin, puis de 1934 à 1940 à Paris, Walter Benjamin travaille à accumuler des matériaux pour un projet de vaste envergure : retracer, à partir de l'étude des passages parisiens, une « préhistoire du XIXesiècle ».

 

La rédaction du texte est sans cesse différée, tandis que l’immense corpus préparatoire semble voué à croître indéfiniment, devenant une somme composite de citations que double parfois, à la manière d’une note de régie, une réflexion ou une remarque énigmatique.

 

Au fil de ses recherches, Benjamin se rend à l’évidence : il faudra que son Livre des passages soit enrichi par des images. Une « documentation visuelle » se constitue bientôt, écrit-il, glanée pour l’essentiel dans les recueils du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale où il travaille pendant son exil parisien.

 

Une centaine de notes témoignent de cette collecte et conservent, enfermée dans leurs plis, la mention d’une ou de plusieurs images qui sont restées pour la plupart inconnues jusqu’ici.

 

Steffen Haug a voulu retrouver cette réserve enfouie.

Gravures et dessins de presse, tracts, réclames, affiches et photographies, de Meryon et Grandville à Daumier, en passant par l’infinie cohorte anonyme et le tout-venant de la production visuelle à grand tirage du XIXe siècle : la moisson rapportée ici est surprenante.

 

Elle invite à lire ou relire les Passages en faisant à l’image toute la place qu’elle occupe dans la pensée du dernier Benjamin, à l’heure où s’élaborent, sous la menace de temps assombris, son essai « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », le projet de livre sur Baudelaire ou ses Thèses sur le concept d’histoire.

 

Édition Première édition 

Éditeur Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris

(550 pages - 30 euros -)

ISBN-10 2-7351-2854-7

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Police tue ?????     suite –

Police à Perpignan : à voir

https://actu.fr/occitanie/perpignan_66136/la-police-municipale-de-perpignan-a-la-tele-sur-quelle-chaine-et-quand-voir-le-documentaire_51527368.html

 

George Orwell : « S’il faut définir la liberté, elle signifie, avant tout, le droit de prononcer des vérités que les gens ne veulent pas entendre ».

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3 mai 2022 2 03 /05 /mai /2022 10:51
La passion entre Walter Benjamin et Asja Lacis    (1) actualité : livre de Antonia Grunenberg
La passion entre Walter Benjamin et Asja Lacis    (1) actualité : livre de Antonia Grunenberg
La passion entre Walter Benjamin et Asja Lacis    (1) actualité : livre de Antonia Grunenberg
La passion entre Walter Benjamin et Asja Lacis    (1) actualité : livre de Antonia Grunenberg
La passion entre Walter Benjamin et Asja Lacis    (1) actualité : livre de Antonia Grunenberg

*La passion entre Walter Benjamin et Asja Lacis

 

(1) actualité : livre de Antonia Grunenberg

 

L'étude est passionnante, surtout pour les chapitres sur le théâtre (allemand et soviétique) et les années d'internement d'Asja, la communiste sincère et authentique. Le personnage de Walter apparaît peu: la rencontre à Capri est peu développée, le séjour à Moscou escamoté...Le lecteur est frustré car le thème de l'amour (réciproque chez Walter et Asja) n'est pas vraiment abordé...  JPB

 

Asja née Anna Liepina est née le 19 octobre 1891 en Lettonie, occupée en 1940 par l’armée rouge.

La famille s’installe à Riga, province balte de la Russie. Elle fait des études à Saint-Pétesbourg et lit les écrits de Meyerhold, célèbre homme de théâtre.

    Asja épouse son ami Julijs en janvier 1914. En 1915, cours d’art dramatique à Moscou : Anna prend alors le pseudo d’Asja. Elle crée le théâtre pour enfants dans son logement, puis dans une salle de l’Univers, théâtre populaire communiste. (page 24)

-Elle a une fille Dagmara (Daga) avec son mari J. Lacis avant de divorcer. (1919)

Walter fait sa connaissance à Capri en 1924, où elle voyage avec un compagnon. Il l’avait déjà vue à Berlin, lors d’une première au théâtre (p.32). Capri, lieu de l’élite européenne (p.41)

-Est évoqué le mythe de la jeunesse allemande : Haubida (p.34)

-Walter rencontre Jula Cohn (évoquée aussi en p. 63) : à Capri.

Polémique entre WB et Zweig.

-Un grand développement sur le théâtre : Piscator et le th. Prolétarien (p.48) -Bernard Reich, amoureux d’Asja. -

 

-Walter vu par Asja – le livre en commun sur Naples (p.59) – Surnom de WB « l’ordonnateur »

-Ils se revoient à Berlin (p.62) et à Riga, en novembre 1925 (nuits ensemble p. 70)

 

-Le livre Sens unique et la technique constructiviste (p. 72)

-Asja croit Walter marxiste. Avec Reich, elle dénonce Boulgakov à la bureaucratie stalinienne.

 

-Elle est atteinte d’une méningite (p.85) et demande à Walter de venir la rejoindre à Moscou, le 4.12.1926 (voir le Journal de Moscou de WB) – relation triangulaire.

 

-Elle condamne Joseph Roth et Gide qui ont critiqué la Russie.  (p.91)

-Elle revient à Berlin en 1928 et retrouve Walter.

 

-Évocation de Dora, épouse de Walter. (p. 99)

-Hanna Arendt à Moscou en 1930 (p. 105)

-Asja prend le train pour Paris (17.3.1933, p. 113)

-La dernière partie de l’étude est consacré au séjour d’Asja dans un camp de redressement : la communiste est internée par le régime « communiste »… Longue description qui montre la souffrance de la jeune femme et qui s’appuie sur ses mémoires, en particulier Profession : révolutionnaire

 

-A la fin du livre, on apprend que Brecht et Walter n’ont pas de nouvelles d’Asja, mais qu’ils croient encore au régime stalinien. Puis c’est 1940 : WB est évoqué rapidement dans son exil dans le sud de la France ainsi que son suicide à la frontière espagnole (quelques erreurs et même fautes grammaticales de la traduction !)

 

Résumé du livre de Antonia Grunenberg

            par J.P.Bonnel


- - - - - - Histoire d'amour

 

Walter Benjamin et Asja Lacis, passion trouble

Pendant six ans, la comédienne et directrice de théâtre a vécu avec le philosophe une liaison à éclipses, de Capri à Riga. Antonia Grunenberg retrace leurs parcours dans l’Europe intellectuelle du XXe siècle.


Antonia Grunenberg

 

Antonia Grunenberg, née le 2 mai 1944 à Dresde, est une politologue allemande.

Antonia Grunenberg a étudié la sociologie, la philosophie et la culture allemande à TübingenFrancfort-sur-le-Main et Berlin. Elle obtient en 1975 un doctorat en philosophie à l'université libre de Berlin sous la direction de Jacob Taubes et passe en 1986 son agrégation en sciences politiques à l'université technique de Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle.

 

Grunenberg est cofondatrice et directrice du prix Hannah-Arendt qui récompense chaque année une personnalité qui s'est distinguée par ses œuvres sur la politique et de l'action publique dans la tradition de la politologue germano-américaine Hannah Arendt. Elle est notamment membre du conseil de la Maison de l'Histoire de la République fédérale d'Allemagne de Bonn. Depuis 1998, elle occupe un poste de professeur en sciences politiques à l'université Carl von Ossietzky d'Oldenbourg. Elle est membre depuis 2006 de la commission scientifique de la Fondation fédérale pour le travail de mémoire sur la dictature de l'Allemagne de l'Est.

Ses travaux portent principalement sur la vie et l’œuvre de la philosophe politique Hannah Arendt. Elle est fondatrice et lectrice du Centre Hannah Arendt de l'université d'Oldenburg.

 

- - - - -

***ASJA LACIS

 

 

Spécialiste reconnue des travaux et de la vie d'Hannah Arendt, Antonia Grunenberg entraîne son lecteur dans une narration philosophique en vue de résoudre une énigme captivante: comment la passion amoureuse vécue par Walter Benjamin avec Asja Lācis, femme de théâtre, metteuse en scène, dramaturge et comédienne, a-t-elle pu faire de l'intellectuel assuré de ses convictions, de l'auteur de Paris, capitale du XIXe siècle, un marxiste convaincu et un admirateur enthousiaste du communisme apparu au berceau de l'Union soviétique?

Le lecteur n'aura pas la clef de l'énigme mais verra s'ouvrir, chemin faisant, de nombreuses portes sur l'œuvre de Benjamin et sur la vie intellectuelle, la culture, le théâtre, à Berlin, Riga, Moscou dans l'entre-deux-guerres. Sur la scène défilent les figures intellectuelles d'Adorno, Horkheimer, Kracauer, Marianne Weber et les inventeurs d'un nouveau théâtre, Brecht, Piscator, Bernhard Reich et bien d'autres.

Le destin tragique des deux protagonistes, le suicide de Benjamin à quelques encablures de l'exil, la souffrance d'Asja Lācis dans les camps de travail de Staline, au lieu de clore les deux biographies dans une version romantique de l'amour contrarié, incite avec une grande sobriété le lecteur à une réflexion interminable: est-il vrai qu'il ne restait plus à Benjamin que «la tête et le sexe», comme l'écrivit son épouse Dora Sophie, désorientée par cette conversion idéologique, à leur ami commun Gershom Scholem? Peut-être Asja avait-elle, à l'encontre de Walter, ses propres convictions «chevillées au corps». Une énergie de la personne toute entière qui la conduisit à rester en Union soviétique jusqu'au bout.

Une expérience de structure religieuse

Pour inventorier les dédales de l'énigme, il ne suffit pas en effet d'invoquer le messianisme de Benjamin, de qualifier sa nouvelle orientation idéologique de «conversion», et de reprendre les poncifs éculés sur le caractère religieux de la croyance au communisme.

Pour comprendre le rôle de la passion amoureuse, ne faut-il pas avant tout saisir la rencontre entre Walter et Asja, telle bien d'autres rencontres amoureuses, comme une expérience de structure religieuse? Ne faut-il pas la configuration de ces trois figures: le coup de foudre, l'idéal communiste et l'attente, l'espoir, la vision d'un monde meilleur d'autant plus pressante que l'on pressent, avec Benjamin, la catastrophe et que l'on ressent, avec Asja, la montée de la terreur stalinienne?

Dans son commentaire sur Siegfried Kracauer, l'auteur de Les Employés – Aperçus de l'Allemagne nouvelle, Walter Benjamin avait salué chaleureusement «un chiffonnier à l'aube de la révolution». Dans les méandres de la passion qui unit Walter et Asja, le lecteur perçoit les affinités secrètes et les correspondances qui relient l'amour à l'émancipation.

Walter et Asja – Une histoire de passions

Antonia Grunenberg

Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni

Payot

2022

224 pages

18 euros

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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 11:39
Clarisse Requena

Clarisse Requena

Conférences de l'association Walter BENJAMIN

à Banyuls/Mer

 

Saison 2022 - entrée libre, ouvert aux adhérents (adhésion 20 euros/an) et à tous les publics :

 

*** FEVRIER : 
 conférence de Serge Barba (à partir de son livre sur Machado, Trabucaire editorial) vendredi 11 – 17h30

Mars :
*Conférence d'André Roger, psychanalyste, intitulée "Les images : de la grotte Chauvet au cinématographe" 
 
SAMEDI 12 MARS - 17 h 
Salle Novelty 
 
AVRIL :
*Conférence de Maurice Piferrer, écrivain, intitulée "Récit de mon action humanitaire en Afrique" 
D'après son livre : "l'eau de l'étranger" (Cap Béar éditeur)
SAMEDI 9 AVRIL - 17 h
Salle Novelty 
 
MAI :
*Conférence de Clarisse Requena, docteur en lettres (thèse sur Mérimée et la Vénus d'Ille publiée chez Champion), intitulée : "La photographie selon François Arago et Walter Benjamin".

SAMEDI 21 MAI - 17 h
Salle Novelty
 
JUIN :
*Conférence de Pierre Coureux, Président des AIAM Paris (Amitiés internationales André Malraux),  intitulée "Le voyage des œuvres d'art dans l'histoire".


Vendredi 17 juin à 17h30
Salle Novelty
 
 
 
Avec nos remerciements
Cordialement

Association Walter Benjamin Sans Frontières
J.Pierre BONNEL 06 31 69 09 32
 
Michèle Martel 


 
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26 juillet 2021 1 26 /07 /juillet /2021 12:09
Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide.  1300 Perpignan
Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide.  1300 Perpignan
Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide.  1300 Perpignan

philo/Théologie

 

Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide. 
1300, Perpignan - 1362, Soria, Espagne
 
...  

    A la mémoire de Moshé  Narboni,      

               Kader Fouka, S.                                                                                           

suite ...et fin (mais on attend vos commentaires, développements...)

 

   Par là, notre brillant exégète du Roussillon, vient de flanquer un discrédit sérieux, sur les intentions des "Intentions", pour ne pas dire extensivement, sur le restant de ses écrits Or, considérée de la sorte, la critique Ghazalienne de la philosophie, et si admirée parfois, est-elle dés lors, vraiment si identique à celle d'un Blaise Pascal ?

 

 Mais le procédé dont Al Ghazali usa, n'est pas sans rappeler en Orient tout d'abord, Al Jahiz, cet autre dialecticien, et qui mourra quant à lui, par l'éffondrement de son imposante bibliothèque sur sa tête, au cours de son sommeil. Ni même, sans appeller, toute cette constellation de poètes-mystiques, à l'instar d'un Khayam, comme lors du quatrain suivant. Mais pour comprendre, sans doute, le stratagème dans son poème, clarifions-en quelque peu son imagerie.

Pour al Khayam, l'aube signifierait la première des cinq prières rituelles, et la taverne, le lieu partagé de ses prosternations. Quant à la coupe de vin pleine, elle signifierait l'amour du divin, cheminant sur une extase. A présent, savourons-en le quatrain: 

" Dés l'aube, à la taverne une voix me convie, disant: folle nature au plaisir asservie, lève-toi et remplissons notre coupe de vin, avant qu'on ait rempli la coupe de ta vie". Ainsi, sommes-nous réllement certains que le philosophe, et poète, et mathématicien du XII ème siècle, ne s'adressait ici en réalité, qu'au dévot ? 

 

  En Occident comme promis, le stratagème, pour faire écho à un Schopenhauer, ne sera point là non plus inexistant, comme en témoignera ici, particulièrement la philosophie Italienne, aussi bien avec un Pietro Pomponaci qu'un Cremonini, ou bien, avec le philosophe pré-nietzschéen et talentueux, visionnaire et courageux, Giordiano Bruno, et Vanini, qualifié, si ce n'est taxé, comme étant le "Jules César des athées" durant l'époque classique a minima.

Et c'est à propos de Vanini, que Borris Donné, nous rapporte, dans une étude magnifique et historique qu'il consacra, pour le 400 ème anniverssaire de la disparition du philosophe sous les flammes d'un bûcher ardent, 19 ans après Bruno, le tableau qu'en dressa à ses débuts, Marin Mersenne, futur correspondant et fidèle ami de Descartes:

"C'est ainsi, dit-on, que Vanini s'est efforcé d'essaimer l'athéisme à Paris: en feignant d'abord de s'insurger de façon véhémente contre les athées,...simulant en cela les termes les plus vifs; mais, en fait, ensuite, faisant semblant de s'en indigner, il répétait leurs arguments avec insistance, il les insinuait et les justifiait avec force et finesse, et enfin il y répondait si mal et si faiblement, qu'il les imposait facilement aux inexpérimentés, ébranlant leur esprit de telle sorte que ceux-ci en jugeaient à partir de ces réponses sans chaleur, et en concluaient qu'il n'y a nulle raison qui permette de prouver que Dieu existe, tandis qu'il y en a beaucoup qui semblent démontrer qu'il n'existe aucune divinité. (Vanini, Portrait au noir, Borris Donné, édit Allia p 46. 2019).                                 

  Ainsi, en tenant compte du procédé dialectique d'al Ghazali, dans lequel habile il fut, au même titre je crois qu'un Schokus aux Pays-bas, nous pouvons mieux entendre maintenant, l'affirmation du profond spécialiste Belge d'Avicenne, Jean-Yahia Michot, lorsque le professeur d'Oxford affirmait en effet, qu'al Ghazali fut Avicennien, alors qu'il n'a jamais cessé de l'attaquer, du moins en surface, à travers "les Intentions" précisément, mais également, au travers de cet autre écrit :

"De l'effondrement des philosophes", et auquel Averroës répondra, aussi bien rationnellement qu'agilement par "L'effondrement de l'effondrement". Et à cet égard non plus, les Latins, ne s'y étaient point trompés, à vrai dire, en soutenant pourtant curieusement, et cela d'ailleurs à partir de ses mêmes "Maqasid", qu'al Ghazali était un disciple d'Avicenne. Une "ironie du sort" suivant une tonalité heureuse de Gilson, mais dans une intentionnalité subtile certainement, ou feinte...

   Mais le rapprochement succint entre nos deux philosophes catalans, à cependant ses limites. C'est qu'il n'y a pas, pour tout dire, entres les deux, que des interférences. En effet, entre Narboni et Lulle, des différences il y a, surtout. L'approche de Narboni, vis-à-vis de l'héritage arabe par exemple, diffèrera très clairement et très distinctement de celle du majorquin, dans la mesure où l'oeuvre lullienne, se placera quant à elle, très souvent, sur le terrain de la conversion des mMhométans.

 

 Et du philosophe Arabo-andalou, Ibn Bajja de Sarragosse, si évoqué par les Latins sous le nom d'Avempace, notre exégète perpignanais, commentera, quelques-uns de ses ouvrages, comme à l’instar de « L’Epître de l’adieu », ou du célèbre « Régime du solitaire », ou bien encore, « Le livre de l’âme ».

Et pour l'historiette à nouveau, alors que l'original du "Régime" fut perdu pendant plusieurs siècles, la pensée d'Avempace restera tout de même accessible et lisible, grâce particulièrement, aux commentaires et aux paraphrases qu'en fit, voire, qu'en offrit, le philosophe de Perpignan.

 

 Mais il n'y a pas, chez Narboni de distinction, au moment de son intellection, entre son être et sa lettre, que si adroitement, il inttelige à chaque fois. Sans confusion aucune, entre l'être et la lettre, tout est histoire chez lui certes, mais de connexion, d'union, de fusion. Et parmis les multiples originalitées du commentator de Perpignan, Narboni, aborda les philosophes de la Falsafa, non pas qu'à partir des Grecs, comme le font trop souvent certains historiens bien incertains, mais plus-tôt, à partir de la Falsafa elle-même. Et c'est pourquoi également, il commentera si élégamment, l’œuvre du « Hay ibn Yaqzan », du philosophe Arabo-andalou, Ibn Toufayl, le créatif, l'"Abou bakeur" des Latins.

 En plus des traductions hébraïques anonymes, ou bien privées du Hay, ici ou là, l'ouvrage, sera officiellement traduit en Latin, par l'éminent orientaliste Anglais, Edward Pocock (1608-1691), en 1671. Le Hay, paraîtra alors en imprimerie cette fois, sous le nom de "Philosophus autodidactus", c'est-à-dire, du "Philosophe autodidacte" pour le dire plus aisément. Quant à son influence, brièvement, l'aventure philosophique, scientifique et métaphysique du Hay, qui se situe originalement sur une île, se constitue à vrai dire, comme étant un antécédent convoqué, du Robinson Crusoé d'un De Foe tout d'abord, voire même, du roman anglais, mais encore, du Criticon de Gracian, ou de Tarzan, entres autres. Et l'on retrouvera l'oeuvre du médecin de Grenade et maître d'Averroës, chez des philosophes post-Cartésiens par exemple, comme chez Spinoza en Hollande, au moment de l'inventaire de sa propre bibliothèqque.

En Allemagne, Leibniz, le qualifiera d' "excellent": "Les Arabes, écrira-t-il lors d'une lettre de son corpus épistolaire, ont eu des philosophes, dont les sentiments sur la divinité ont étaient aussi élevés que pourraient être ceux des plus sublimes philosophes chrétiens. Cela se peut connaître par l'excellent livre du philosophe autodidacte que monsieur Pocok a publié de l'arabe" (Lettre de Leibnitz à l'abbé Nicaise, 1697).

Enfin, le roman philosophique d'Ibn Toufayl, peut facilement être rapprocher sur le genre, d'un Voltaire, ou sur le plan pédagogique, d'un Jean Jacques Rousseau lors de l'"Emile ou de l'éducation", ou bien, du philosophe encyclopédiste Denis Diderot, durant l'époque des Lumières à nouveau. 

 

 Quant au commentaire du Hay, ou de "L'éveillé", pour le traduire très justement à la façon d'un Léon Gauthier, de sa plume même, Narboni, nous apprend qu'il le fit presque spécialement, à la demande "d'"éminents compagnons de la ville de Perpignan" (M.R.Hayoun, Narboni, p 23).

Cette précision, nous renseigne d'une part, de la présence de l'oeuvre d'Ibn Toufayl tout d'abord, dans certains milieu Perpignanais, et ce, vers la moitié du XIVème siècle déjà, ainsi que de son impact à cette même époque. Mais davantage il y a, à vrai dire. Elle nous indique effectivement, si ce n'est point définitivement, à quel niveau ses semblables plaçaient la flèche du curseur à son égard, et revendique simultanément, de toute son ingéniosité accordée.

 

  In fine, notre exégète du Roussillon, commentera les commentaires eux-mêmes d’Averroës, dans différents traités. Ainsi, à partir de notre angle, Narboni, fut non pas seulement un subtil connaisseur et commentateur de la Falsafa, mais également, un fidèle admirateur utile, si ce n’est même, un véritable continuateur de celle-ci, dans l'histoire de la pensée juive aussi. C'est que de ses auteurs, Narboni, en saisissait, autant ses profondeurs que ses hauteurs. Avec aisance, il en décelait l'essence, si ce n'est même la "quinte-essence", si chère au Nolain, et cela, quelque soit le type du récit qu'il abordait, aussi bien exotérique qu'ésotérique. De la "hokma" des Hébreux en effet, ou pour le dire grecquement, de la "sophia" comme chez Platon, c'est-à-dire "De la sagesse", si chère au théologien et philosophe, humaniste et universaliste Français Pierre Charron, Narboni, en percevait et en perçait alternativement, ses énigmes et ses mystères. Et c'est dans le livre "De la sagesse"; maintes fois mis à l'index, qu'effectivement le contemporain et aussi ami de Montaigne, affirma que " nous sommes circoncis, baptisés, juifs, mahométans, chrétiens, avant que nous sachions que nous sommes des hommes".     

 

 C'est qu'il y a, chez Pierre Charron, comme chez Narboni, comme chez Pic de la Mirandole, bien notamment, une certaine  déférence mais certaine vis-à-vis de la différence, là où à contrario, d'autres manifestes sans complexe, de l'in-déférence par rapport à la différence, si ce n'est même conçue, comme étant de la: "diff-errance".

                       

   En somme, sans conteste aucun, l'oeuvre Narboniene, remise dans son contexte, consistera particulièrement à en livrer, minutieusement, mais toujours de façons subtiles, ses secrets. Et c'est par là je crois, que tout le génie de Narboni, ou une partie, se créer. Enfin, à la question constamment sous-jacente à ces quelques lignes : Mais comment, réhabiliter notre si élogieux prédécesseur, sur le plan départemental tout d'abord ?

En premier lieu, nous osons espérer, qu'un centre culturel, à l'instar de la bibliothèque de Cerbère, ou de l'un de ses espaces, puisse librement et même presque orgueilleusement, porter le nom de notre philosophe. Et pourquoi pas, en second lieu, la ville de Perpignan elle-même, ou bien à commencer, par l'une de ses inoubliables ruelles, traversées, autant par ses propres pas et son esprit pensant si pénétrant et si brillant ?

                   

    A la mémoire de Moshé  Narboni,   par   

               Kader Fouka, S.                                                                                           

 

 
 
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