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11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 08:16
Photos de Jacques Fulcara -
Photos de Jacques Fulcara -
Photos de Jacques Fulcara -
Photos de Jacques Fulcara -
Photos de Jacques Fulcara -

Photos de Jacques Fulcara -

Expo photos de Jacques Fulcara ce vendredi à Cerbère, au Rayon vert : "Vertnissage" à 18h.

 

Concert de piano de Thierry Parcé

 

 

Exposition photo de Jacques Fulcara
du 11 au 27 août 2023 


 AU BELVÉDÈRE DU RAYON VERT
Av. de la Côte Vermeille
66290 CERBÈRE


ENTREE LIBRE  
Ouvert tout les jours (sauf le lundi) de 10h à 12h et sur rendez-vous.
Vernissage le vendredi 11 août à 19h avec la participation de Thierry Parcé , pianiste.

 

- - - - -

Israël : des clichés inédits de photographes pionniers des 19e et 20e siècles exposés à Jérusalem

 

 

L'exposition est organisée en trois parties qui suivent la structure de l'essai de Walter Benjamin

Le Musée d’Israël à Jérusalem présente une nouvelle exposition tout à fait inédite, réalisée par Gilad Reich à partir de l'œuvre du penseur et philosophe juif allemand Walter Benjamin, Petite histoire de la photographie (1931).

 

Au travers de plus de 80 photos issues de 50 ans de collecte du musée, l’exposition met en lumière l’histoire de la photographie et son influence sur l’art, l’esthétique et la perception. "In Pictures: Walter Benjamin’s Little History of Photography" révèle pour la première fois de rares clichés, minutieusement sélectionnés, des photographes des XIXe et XXe siècles qui ont inspiré Walter Benjamin et qui sont référencés dans son essai.

 

Les photographes français de renom dont Eugène Atget, Charles-Victor Hugo, Nadar (Gaspard-Félix Tournachon), Auguste Vacquerie ou encore Hippolyte Bayard y occupent une place de choix. L’exposition invite le visiteur à une réflexion approfondie sur les photos que nous "consommons", et la place que nous leur accordons aujourd’hui dans notre quotidien. Une véritable immersion dans les origines de la photographie qui permet de comprendre l’évolution de cet art visuel et ses enseignements. Découverte.

- - -

 

 

 

 

 

 

 

J.Pierre BONNEL présente et dédicace ses lives à BANYULS :

 

Ce dimanche, de 9h à 12h30, à la librairie "La plume vermeille",

 

avenue Puig Del Mas, qui mène au marché (justement dimanche prochain)

 

Deux livres récents :

 

*Le chemin ultime de Walter Benjamin (Cap Béar éditeur),

3ème édition : La mort à Port-Bou

 

 

**Teresa REBULL (entretiens, ainsi qu'avec 30 personnalités du pays catalan : Jordi Pere Cerdà, Pere Verdaguer, Claude Massé, Claude Delmas, Eliane Comelade, Renada Prtet, Jacques Maso, Patrick Lhoste, Robert Vinas, Gilles de Montouzon, Serge Fauchier, Jean Labellie, etc.

 

Une mémoire culturelle en Catalogne (18 euros) - chez l'auteur : 06 31 69 09 32

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29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 09:17
Exposition de Sarah Jérôme au Centre d’art de Perpignan (1er juillet) - L’Art caché à Albas en Corbières Les bibliothèques de Perpignan -  La SETA des Artistes à Montesquieu/Albères -
Exposition de Sarah Jérôme au Centre d’art de Perpignan (1er juillet) - L’Art caché à Albas en Corbières Les bibliothèques de Perpignan -  La SETA des Artistes à Montesquieu/Albères -
Exposition de Sarah Jérôme au Centre d’art de Perpignan (1er juillet) - L’Art caché à Albas en Corbières Les bibliothèques de Perpignan -  La SETA des Artistes à Montesquieu/Albères -
Exposition de Sarah Jérôme au Centre d’art de Perpignan (1er juillet) - L’Art caché à Albas en Corbières Les bibliothèques de Perpignan -  La SETA des Artistes à Montesquieu/Albères -

EXPO, à la galerie :

à 100 mètres du centre du monde

Exposition du 01 juillet au 23 septembre
Du mercredi au dimanche de 15h à 19h
fermeture les lundis et mardis

 


De nature rétrospective, l’exposition de Sarah Jérôme au Centre d’art de Perpignan réunit un choix d’œuvres majeures dans la production de l’artiste, du début des années 2000 à aujourd’hui, tout médiums confondus. Peinture, sculpture, installation : l’univers polyforme de Sarah Jérôme se déploie avec une grande cohérence, les œuvres et les séries se répondant et s’emboitant dans un effet poupée russe, entre échos et écarts. Le parcours non chronologique donne à sentir ce fil rouge. Faits de multiples sections, il s’appréhende comme un seul corps où s’incarne les thèmes et enjeux formels qui sous-tendent cette œuvre plurielle et ambivalente.


Ici le corps morcelé. Corps intime et social représenté dans des images où se greffent toutes les secrètes fêlures et les fractures liées à la grande Histoire. Tantôt inerte, figé, suspendu, fossilisé. Tantôt mouvement, danse, course, chute. Là le corps nature. Et d’eau et de sang, et de chair et de roche, et d’air et de terre. Lieu de toutes les métamorphoses, le corps est aussi celui des mythes où se greffe réel et imaginaire, fracture et espoir, chute et élévation. Ce que donne à sentir la fin du parcours ascensionnel, à l’étage, avec un choix d’œuvres faisant échos aux forêts et autres natures originelles. Nostalgie de paradis à jamais perdus ? Possibles éveils ? Un nouvel âge d’or à venir après l’apocalypse ? Face aux œuvres, chaque visiteur écrira lui-même sa propre histoire.


Millefeuilles d’émotions, de sens, d’écritures, toujours l’image chez Sarah Jérôme est parcellaire, ambiguë. Comme si elle s’attachait à fixer le moment où quelque chose va soudain basculer. Juste à l’instant où la forme en nous apparait. Équilibre précaire, toujours l’image est difficile à maitriser comme cette huile sur le calque dont l’artiste a fait son médium de prédilection. L’exposition au Centre d’art, tout comme l’œuvre de Sarah Jérôme, peut s’appréhender comme un puzzle à reconstruire. A l’image de ces formats monumentaux que l’artiste a réalisés spécialement pour la grande allée centrale, point d’orgue du parcours. Tel un grand paysage vu à travers la fenêtre d’un train mais sous plusieurs angles. C’est au visiteur de jouer avec ce myriorama fait d’une multitude de paysages à assembler les uns aux autres. A chacun de réunir ces morceaux du monde, de lui-même. De voir. Et de refaire corps.

 

Amélie ADAMO, juin 2023
Commissaire d’exposition


- - - 
 

 

 

 

 

 

 

L'éveil/Incipit:


“Une figure féminine (...) se tient à l’orée d’un bois. Elle semble hésiter à s’y aventurer. La forêt, univers inquiétant, qui signifie l’inconnu, s’est substituée aux femmes montagnes.


Devant ce corps qui se tient sur un seuil, je ne puis m’empêcher de songer aux premières phrases de la Divine comédie de Dante : « Au milieu du chemin de notre vie, ayant quitté le chemin droit, je me trouvai dans une forêt obscure. Ah ! qu’il serait dur de dire combien cette forêt était sauvage, épaisse et âpre, la pensée seule en renouvelle la peur, elle était si amère, que guère plus ne l ’est la mort ; mais pour parler du bien que j’y trouvai, je dirai les autres choses qui m’y apparurent ». Puis le narrateur descend peu à peu aux Enfers. Sarah Jérôme nous invite à franchir avec elle le rideau d’arbres. À nous engager sur le chemin obscur du milieu de la vie, cet équinoxe de l’existence, ce point de basculement, mais sous les spotlights d’une lumière éternelle. C’est une manière de saut dans le vide. En pleine conscience. En pleine lumière. Alors sautons.”


extrait d’un texte de Richard Leydier, 2022

 

 

 

  • Art caché : 8/9 juillet 2023
  • J’ai le plaisir de vous inviter à "l’Art caché" à Albas en Corbières où je vais exposer en compagnie d’autres artistes, dans les ruelles et les jardins du village début juillet.

 

 

Chaque été, au début du mois de juillet, le petit village d’Albas au cœur des Corbières ouvre ses jardins secrets aux artistes.

Peintres, sculpteurs, plasticiens, musiciens… investissent jardins, ruelles, granges… C'est avec plaisir et générosité que les habitants d'Albas et les bénévoles de L'Art Caché attendent un public de plus en plus nombreux.

Pendant deux jours, le village se transforme en galerie d'art à ciel ouvert. Les sculptures côtoient les massifs de fleurs, les tableaux s'accrochent aux murs de pierres, les installations jouent avec les platanes de la place...

Tout est pensé pour que les œuvres soient mises en valeur, et que les artistes et le public se trouvent heureux de déambuler à leur rythme dans les ruelles.

 

Venez nombreux découvrir les œuvres de:

Alejandro BERCONSKY, BLOUET, Didier BOURDON, Edith BREHAUX, JC BRIDOUX, Mathias BRIECHLE, Fanette BRUEL, Virginie CHOMETTE, Oana DAMMAN, Eric DEMELIS, Delphine DENIS, Marc DEOTTE, Marie-Jo DILLY, Alexandra GATTI, Elise GEOFFRION, Christian GLACE, Nathalie GRANGIS, Ghislaine ISAAC, ISAO, François LACOSTE, Hélène LACQUEMENT, Sylvie MALBRUNOT, Marie-Josée MALEVILLE, Midi au Soleil, Catherine MAUCOURT, Nicole PFUND, Elvira RANCHE, Mandy RASCH, SAND, Tiffany VAILIER-BILLOT et Lileng WONG...

et les performances d'Anne-Cécile DELIAUD (samedi), du groupe TILHÒL(samedi soir), et de "Rita est de la Garrigue" (dimanche).
 

 

Vous pouvez jeter un œil à la sélection sur Instagram https://www.instagram.com/lartcache/ ou sur la page Facebook d'Eurocultures en Corbières https://www.facebook.com/eurocultures/

 

Expositions à partir de 11h et jusqu’en fin d’après-midi.

Samedi 8:  TILHÒL en concert, à partir de 21h

*

Restauration possible, buvette et bonnes glaces sur place.

 

Parking obligatoire aux entrées du village routes de Coustouge et Villerouge-Termenès.

 

Manifestation soutenue par le Conseil Départemental de l’Aude, la Communauté de Communes de la Région Lézignanaise Corbières Minervois et la Municipalité d’Albas, organisée par l'Association Eurocultures en Corbières, sur une idée folle de Gudrun Meïse et Cécile Cros.

 

Attention: pour maintenir la qualité que nous souhaitons, aucune "installation sauvage" ne sera acceptée. Si vous êtes artiste et souhaitez faire partie de la manifestation, merci de nous contacter par mail en vue de l'édition 2024, la programmation 2023 est bouclée.

Pour toute question: mail@eurocultures.fr

 

Hélène Lacquement

helene.lacquement125@gmail.com
06 41 33 19 11
helenelacquement.com
SIRET 820 836 351 00016 
MDA D494700

 

helene.lacquement125@gmail.com
06 41 33 19 11
helenelacquement.com
SIRET 820 836 351 00016 
MDA D494700

 

 

 

 

La Seta des Artistes 

 

Les 8 et 9 juillet prochain, Montesquieu-des-Albères sera aux couleurs 

de la SETA DES ARTISTES.

12 artistes peintres, sculpteurs, photographes exposeront leurs œuvres sur le thème de la nature.

Sensibles aux causes que nous défendons, ils ont accepté de venir s’exprimer à nos côtés.

 

Avec la participation des Artistes

AML, Christine Anterrieu, Isa Boissonnet, Mickaël Brana, Dany Caunes

Muriel Laude, Thomas Lyra,Kristin Pollen,Jérome Ramette

Savi, TRENCA ROCS, VALKO

 

 

Perpignan - Lettre d'information du Réseau des bibliothèques

Juillet - août 2023 dans vos bibliothèques

L'été est là, et avec lui, quelques ajustements que nous vous proposons pour mieux vous accueillir.

Horaires d'été, du 11 juillet au 2 septembre :

Les bibliothèques de quartier ouvriront leurs portes dès 9h30 le matin jusqu'à 12h30 et de 14h00 à 18h00.

La médiathèque ouvrira également à partir de 9h30 jusqu'à 18h00. (les nocturnes du mardi et du jeudi reprendront à compter du 5 septembre.

Prêts d'été jusqu'au 5 septembre : 

Si vous le souhaitez dès aujourd'hui et jusqu'au 5 août, vous pourrez emprunter vos livres de l'été d'office jusqu'au 5 septembre. Pour cela, adressez-vous directement à nos banques d'accueil.

Animations de l'été : 

· Du 11 au 26 juillet, c'est Biblio'jardin à la bibliothèque Bernard Nicolau !

les mardis matins à partir de 10h00 : jeux XXL avec les Enfants du Lude

Les mercredis matins à partir de 10h00 : Bib'ateliers avec les bibliothécaires

· Du 28 juin au 30 août, c'est TricoBiblio à l'espace jeunesse de la Médiathèque !

Les mercredis de 14h30 à 16h00

· Les ateliers de conversation en français prennent leurs quartiers d'été et changent de créneaux !

Rendez-vous les samedis 8, 15, 22 et 29 juillet, de 10h30 à 11h30

· Les "english discussions" avec Gleb se poursuivent tout l'été 

Chaque samedi, 2 créneaux : 10h30 et 11h30 et un sujet de discussion différent...

· Venez vous offrir une pause musicale récréative live, à la fraiche et en toute zénitude, avec Gleb Poro

Chaque samedi de 13h30 à 14h30 en salle d'exposition au RDC de la Médiathèque.

· Samedi 29 juillet, spectacle La Fabrik sonore, par la compagnie Alfred de la Neuche, en clôture de Viens juillet avec moi.

Deux séances pour le très jeune public, à 10h30 et 14h30, sur inscription auprès de la division Petite enfance de la Ville.

Téléchargement

 

Horaires d'été des bibliothèques de Perpignan 2023

 

 

Biblio'jardin - Bibliothèque Bernard Nicolau - juillet 2023

 

 

Pause musicale récréative live - Médiathèque été 2023

 

Ateliers de conversation en français - Médiathèque juillet 2023

 

TricoBiblio - Médiathèque été 2023

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11 juin 2023 7 11 /06 /juin /2023 09:47
(C) Musée Rigaud - Circé (archéologie)
(C) Musée Rigaud - Circé (archéologie)
(C) Musée Rigaud - Circé (archéologie)
(C) Musée Rigaud - Circé (archéologie)

(C) Musée Rigaud - Circé (archéologie)

 

du 24 juin au 5 novembre 2023

L'Italie du XVIIème siècle dans les collections du musée Rigaud

 

* A l'occasion du 1er festival des Méditerranées de la Ville de Perpignan, de juin à octobre 2023, le musée met en lumière une vingtaine d'œuvres inédites nouvellement restaurées.

Il s'agit de révéler les fonds du musée restés confidentiels pour des raisons de conservation.

De manière informelle, cet accrochage interroge l’intérêt des artistes catalans pour la peinture italienne autour de la copie, par Etienne Terrus (1857-1922), de La mise au tombeau exécutée par José di Ribera en 1628-1630 et conservée au musée du Louvre. Ribera, artiste d'origine espagnole, fait sa carrière à Naples et s'est affirmé par la facture caravagesque d'une peinture en clair-obscur qui a marqué Terrus au point d'en réaliser une copie présentée au Salon. Elle est acquise par l'Etat qui en fera le dépôt au musée Rigaud en 1881. Entre Espagne et Italie, la Catalogne bénéficie ainsi d’influences croisées qui célèbrent perpétuellement la Méditerranée.

 

 

**Temps fort de l'année, le musée des Beaux-arts de Perpignan accueille, du 24 juin au 5 novembre 2023, sa nouvelle exposition temporaire "Guino - Renoir, la couleur de la sculpture." Un événement inédit labellisé "Exposition d'intérêt national 2023" avec plus de 200 œuvres mettant en perspective la collaboration entre le sculpteur catalan Richard Guino et le maître de l'impressionnisme Pierre-Auguste Renoir. 

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16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 09:45
Expo "Constellations" à Céret (C) JPB

Expo "Constellations" à Céret (C) JPB

Céret

 le musée d’art moderne présente l’exposition “Constellations”

- du 13 mai au 26 novembre 2023 -

 

 

       Le musée d’art contemporain de Sérignan (MRAC) s’installe dans le musée d’art moderne de Céret (ou MAMOC) et donne à voir des « constellations ».

 

     Les étoiles ont guidé Clément Nouet, le directeur, jusqu’à la « Mecque du cubisme », périphrase absurde, sauf si on fait référence à des Rois Mages -les Picasso, Juan Gris et Georges Braque, qui, grâce à des repères stellaires, sont venus d’une Arabie de fiction, célébrer dans la capitale du Vallespir une nouvelle religion de l’art…

 

       Ainsi, de nouveaux bons princes nous conduisent aujourd’hui jusqu’à Céret pour nous plonger dans les variations du rêve et du ciel de mai. Si le titre est beau et suggestif, aucun document (dépliant, catalogue…), sauf un maigre flyer (*), ne nous explique l’objectif ou la cohérence de l’exposition, agréable par la scénographie des grands formats qui s’emparent des nouvelles cimaises.

 

       L’art contemporain ne s’abaisse pas ici à ses facilités habituelles (installation d’objets hétéroclites ou de toiles abstraites couvrant la surface de la toile de monochromes vus et revus depuis plus d’un siècle)… C’est la petite salle envahie par les amanites rouges et blanches conçues par une artiste quasi centenaire (**) qui obtient le plus grand succès d’affluence. Les jeux de miroirs dilatent perspectives et volumes du petit lieu : la foule nombreuse de ce jour de vernissage et de « nuit des musées » ne peut épuiser sa curiosité que par grappes de cinq personnes …

 

       L’expo, placée sous le signe du philosophe Bachelard, nous mène sur le chemin poétique, énigmatique et infini des étoiles : c’est là le premier degré du cheminement, corporel, affectif.

 

       Afin d’approfondir la portée de l’événement, je convoquerais aussi le philosophe Walter Benjamin, influencé par le livre sur le cosmos de ce révolutionnaire qui passa plus de la moitié de sa vie en prison, Auguste Blanqui.

 

       En effet, pour l’auteur de L’aura de l’œuvre d’art, les notions de constellation et d’image dialectique sont essentielles. Celle-ci est la conjonction fulgurante entre le passé et le présent d’où surgit une « constellation ». G. Scholem, spécialiste de la Kabbale explique que l’image dialectique, qui est une catégorie esthétique, détermine en fin de compte la perception politique de l’histoire.

 

       Nous voici dans le livre ultime de W. Benjamin, les Thèses sur le concept d’histoire : provoquer le télescopage du passé et du présent, c’est déchiffrer le passé à travers notre présent, c’est réfléchir sur le temps au lieu de se laisser aller à l’aveugle progrès de l’historicisme, c’est croire qu’une image passée (le révolutionnaire de 1830 tirant sur des horloges, par exemple) affleure jusqu’au présent et nous incite à agir pour inventer le futur (la libération, la révolution, pour notre philosophe).

 

       C’est ainsi que toutes ces toiles, images et constellations nous invitent, de façon poétique, à réfléchir sur notre sort et à inventer notre destin…

 

JPB

 

(°) le musée de Céret dans la galaxie de la création artistique contemporaine de ces cinquante dernières années, propose de « faire un bilan et de se projeter dans l’avenir, tel est le but de l’exposition qui convie tous les publics à un voyage dans la galaxie de la création artistique contemporaine de ces 50 dernières années… »

Il s’agit « d’associer des œuvres qui ne se seraient sans doute pas retrouvées sans ce panorama, de manière que cette exposition puisse conserver saz capacité à surprendre…Apparaissent ainsi des ruptures de styles, de médiums et de pensée fragmentée qui sont le reflet de la scène artistique contemporaine. »

 

(**) Yayoi Kusama, Dots Obsession (Infinity Mirrored Room), 1998. Installation, peinture, miroirs, ballons, adhésifs, 280 x 600 x 600 cm

 

- - - Les artistes ici réunis sont : 

Tjeerd Alkema, Dove Allouche, Jean-Marc Andrieu, Laurette Atrux-Tallau, Renaud Auguste-Dormeuil, Marion Baruch, Abdelkader Benchamma, Christian Boltanski, Belkacem Boudjellouli, Frédéric Bruly Bouabré, Andrea Büttner, Nina Childress, Henry Codax, Johan Creten, Philippe Decrauzat, Hubert Duprat, Joan Duran, Mimosa Echard, Richard Fauguet, Dominique Figarella, Roland Flexner, Dominique Gonzalez-Foerster, Alain Jacquet, Ann Veronica Janssens, Véronique Joumard, Rolf Julius, Yayoi Kusama, Bertrand Lamarche, Yvan Le Bozec, Tania Mouraud, Masaki Nakayama, Bruno Peinado, Anne et Patrick Poirier, Christian Robert-Tissot, Kristina Solomoukha, Pierre Soulages, Djamel Tatah, Tatiana Trouvé, Jessica Warboys.

- - -

Musée d’art moderne de Céret
8, boulevard Maréchal Joffre
66400 Céret
Tél.: 04.68.87.27.76

www.musee-ceret.com

 

- - - Lire : Louis Auguste Blanqui (1825-1881) :

L'éternité par les astres (1872)

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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 11:30
Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -
Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -
Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -
Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -
Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -
Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -

Nuit des musées- Le stade Brutus du Vernet - Expo André ROBER -

Expo/Vernissage - ANDRE ROBER

 

 

 Renseignements: www.espacedesarts.pro

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19 avril 2023 3 19 /04 /avril /2023 08:25
Expo au 100metresducentredumonde - A. Koesler - l'espace du centre A cent mètres...
Expo au 100metresducentredumonde - A. Koesler - l'espace du centre A cent mètres...
Expo au 100metresducentredumonde - A. Koesler - l'espace du centre A cent mètres...
Expo au 100metresducentredumonde - A. Koesler - l'espace du centre A cent mètres...
Expo au 100metresducentredumonde - A. Koesler - l'espace du centre A cent mètres...

Expo au 100metresducentredumonde - A. Koesler - l'espace du centre A cent mètres...

Littérature

 

Un testament espagnol d'Arthur Koestler

 

 

 Un livre qui arbore, en exergue, une citation de Malraux ne peut être un méchant livre !

 

Ainsi, on le sait désormais : "La vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie." (Les Conquérants)

 

Le romancier, journaliste étranger exposé à la mort, durant la guerre civile espagnole, sera sauvé gr-ace à des photos obscènes. Se déroulant en 1937, ce livre sur la mort et l'attente de l'issue fatale, est né d'un reportage dans plusieurs prisons d'Andalousie.

 

 

Ce livre sur la mort (pages 7 et 264, édition originale du livre de poche), expérimentée par cet écrivain engagé dans le camp républicain, fait penser à Orwell, autre journaliste engagé.

 

 

La durée immobile des prisons permet une réflexion sur te temps (p.158), sur le tragique de la vie, à la Unamuno, mais ici empreinte d'humour de dérision; ainsi, p.54 : "Les Espagnols dorment tard, même quand ils font la guerre, et nous voulons prendre tranquillement notre thé.."

 

La méditation du "héros" se porte aussi ur l'organisation du monde, sur l'engagement de l'intellectuel (p. 146 à 149), car l'ennui rôde et dormir est l'occupation essentielle afin de combler le temps, d'oublier l'angoisse ou de rêver à l'espoir (p. 122 et 139). 

 

 

Dans le contexte de la guerre, les pages les plus originales concernent les remarques sur les lieux communs de la langue (p.85), la pathologie sexuelle et criminelle d'un soldat fasciste (p.69), sur les emblèmes des fascistes p.109).

 

Puis, comme chez Hemingway, Dos Passos, Orwell ou Malraux, on retrouve dans ce roman qui décrit la guerre et l'emprise de la mort depuis l'intérieur d'une cellule, la lutte intestine du camp républicain : Koestler critique l'attitude des Anars espagnols, leur orgueil, leur aveuglement et leurs erreurs, mais ces soldats courageux sont positivés (p. 32 et 131).

 

En fait, c'est la faute globale des Républicains, des citoyens et de l'Europe entière qui est stigmatisée lors de l'épisode sur les responsabilités de la chute de Malaga. (p. 61).. Alors, à ce moment-là, "commence le châtiment...

 

J.P.Bonnel 

 

- - - - - - - - - 

 

Expo au centre d'art contemporain à

 100metresducentredumonde 

 

 

 


"ROASTED HOT WITH HEAT"

Gregory FORSTNER

Cristina LAMA et Matias SANCHEZ


L'exposition se poursuit jusqu'au 27 Mai 2023

Du mardi au vendredi de 14h à 18h
Samedi de 10h à 18h


 

 

 

Invité par ACMCM, Gregory FORSTNER a souhaité présenter à ses côtés Cristina LAMA et
Matias SANCHEZ, deux artistes originaires de Séville qu’il apprécie particulièrement et avec
lesquels il a déjà exposé à la galerie Zink, Waldkirchen l’année dernière et à la WOAW Galleryà Hong Kong cet hiver.

 


Nous sommes très heureux de présenter le travail de Gregory FORSTNER, deux ans après son exposition Flowers for the Bold (Des fleurs pour les audacieux) au FRAC Occitanie de Montpellier, exposition dans laquelle l’artiste présentait des compositions de fleurs immenses avec des dessins modestes au charbon, un ensemble produit pendant les confinements
successifs avec pour la première fois dans son travail, l’absence de la représentation de la figure.

 

 

L’expérience du miroir s’étant faite plus anecdotique pendant la pandémie, l’artiste
s’était en effet concentré sur ce qui lui paraissait le plus vital dans son expérience du monde
– expression qu’il rapproche aux premiers dessins de Lascaux, où seule la main de la
conscience s’exprimait le plus simplement possible sur des sujets rêvés ou du quotidien par des moyens rudimentaires.

 


Le titre de l’exposition ROASTED HOT WITH HEAT est emprunté au poème de E.E Cummings,
I sing of Olaf – poème dans lequel Olaf, soldat pendant la première guerre mondial, objecteur de conscience et pacifiste, est déterminé à ne plus être une arme au service d’une idéologie…


Gregory FORSTNER place ainsi clairement l’exposition dans un contexte actuel de régression
à l’échelle mondiale.
Depuis le début de sa carrière, travaillant autant les archétypes que les stéréotypes véhiculés
par nos sociétés, FORSTNER n’a cessé d’impliquer dans son travail une conscience prudente
et critique des notions de pouvoirs et des idéologies qui les constituent, sans pour autant céder à un discours pathétique et moralisateur. En effet, si les figures récurrentes qui
traversent son œuvre se manifestent sans détour de manière très frontale, elles n’en sont pas
moins ambivalentes. C’est souvent avec un humour décalé qu’elles font appel à la conscience
du spectateur.

 

En témoigne, (entre autres) ses expositions personnelles institutionnelles
EASYOVER (MAMAC, 2007 à Nice). THE SHIP OF FOOLS (Musée de Grenoble, 2009) et GET IN,
GET OUT ! NO FUCKING AROUND ! (Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis, 2019).


Le travail de Cristina LAMA et de Matias SANCHEZ dont les sujets allégoriques font appel
autant aux fables pour enfant qu’à une culture populaire, ne sont pas étranges « au monde à
l’envers » qu’enregistre Gregory FORSTNER dans son œuvre depuis plus de vingt ans et dont
les protagonistes, tels des bouffons, ne font que souligner l’absurdité dans le monde.
Picturalement, les trois artistes font entrer dans le même espace des éléments abstraits et
figuratifs qui cohabitent en se renforçant mutuellement, citant librement, ici et là, Guston (les
figures en voiture de KKK),
De Kooning (Les Women), Courbet, Picabia, Picasso, etc. Il va sans dire que ce travail s’est
confronté à un contexte particulièrement réfractaire en France en ce qui concerne la peinture
figurative, rétinienne et narrative depuis les années 90. Sous ce point de vue, nous avons
réussi à programmer ROASTED HOT WITH HEAT dans le même calendrier que l’exposition
IMMORTELLE qui sera présentée au MOCO à Montpellier au printemps 2023 – exposition dont
l’ambition est de dresser un ambitieux panorama de la jeune peinture française.

 

 

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 09:22
Jaume Plensa. Poésie du silence - La Pedrera, Barcelona -
Jaume Plensa. Poésie du silence - La Pedrera, Barcelona -

Jaume Plensa. Poésie du silence - La PedreraExpositions

 

 

Jaume Plensa. Poésie du silence - La PedreraExpositions
31/03/2023 - 23/07/2023

 

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 09:15
2 tableaux de l'artiste suisse Miriam CAHN
2 tableaux de l'artiste suisse Miriam CAHN

2 tableaux de l'artiste suisse Miriam CAHN

Un tableau d'une artiste juive, Miriam CAHN, jugé obscène par l'extrême-droite : la polémique vue de Paris et de Suisse 

 

En effet, si on ne s'informe pas, si on ne lit pas les avertissements affichés au Palais de Tokyo concernant les toiles exposées susceptibles de choquer (ATTENTION : certains tableaux traitant des horreurs de la guerre sont susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes, ainsi que des personnes non averties.)

le spectateur peut penser qu'il s'agit d'une scène obscène, concernant un enfant obligé de devenir l'esclave sexuel d'un adulte... 

 

C'est ce que montre du doigt le RN à travers l'intervention d'une de ses députées : on pointe les apparences, le 1er degré sans approfondir le problème et débattre. On veut censurer et non expliquer. On agite le bon peuple sans donner la motivation secrète du jugement réactionnaire : l'artiste est juive...

 

En effet au premier abord, la toile paraît scandaleuse, mais il faut y regarder à deux fois.

 

Si on suivait la "morale" de l'extrême-droite, il faudrait interdire pas mal d'oeuvres (le David de Michel-Ange a fait, naguère, scandale, alors qu'il s'agit d'une chef-d'oeuvre qui "montre" peu !) ... et des écrits, par exemple, il faudrait ne plus publier A. Gide, prix Nobel de littérature, qui dans Si le grain ne meurt et autres récits, confesse qu'il allait en Afrique du Nord pour avoir des relations homosexuelles avec de jeunes Arabes... Ne pas lire non plus F. Mitterrand qui, dans son livre autobiographique, décrit ses rapports pédophiles...

 

Ces aveux peuvent choquer la morale normale, mais dans le domaine de l'art et de la littérature,  la qualité de l'oeuvre  s'impose et peut se permettre toutes les libertés; quant à la "création" qui ne recherche que le "buzz", le scandale facile pour l'argent et la notoriété, elle dépérit d'elle-même sans que la société fasse usage de censure.

Hélas, l'art contemporain se prête souvent à la facilité et dans la masse des "oeuvres" produites, il est difficile de séparer le beau du lait (mais l'art, désormais, ne prône plus la beauté, le plaisir de regarder, mais pointe l'intention, le projet implicite...)

 

JPB

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L’exposition au Palais de Tokyo est la première grande rétrospective consacrée au travail de l’artiste dans une institution française. Elle réunit un ensemble de plus de 200 œuvres de 1980 à nos jours. Miriam Cahn invente de nouvelles incarnations plastiques à ce qui nous dérange, à ce que l’on voudrait pouvoir zapper et qui pourtant nous fait face. Au sein d’une œuvre picturale intense qui embrasse aussi le dessin, la photographie, les films et l’écriture, l'artiste met sur pause le flux des images volatiles de l’actualité politique et s’en saisit pour témoigner, résister, incarner.

 

« Une exposition est une œuvre en soi et je l’envisage comme une performance ». L'approche artistique de Miriam Cahn est résolument performative. Le parcours de l'exposition s’apparente à un organisme, soulevé par les pulsations et pulsions de vie et de mort des corps qui l’habitent. Miriam Cahn réveille la conscience du visiteur et permet de renouer avec l’expérience urgente de l’altérité. Sa « pensée sérielle » porte en elle une intranquillité qui doit être partagée ici et maintenant. L’enjeu de l’œuvre n’est alors pas la quête d’un équilibre mais l’incarnation plastique et spatiale des stridences et du chaos du monde.

 

ATTENTION : certains tableaux traitant des horreurs de la guerre sont suceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes, ainsi que des personnes non averties.


Miriam Cahn est née à Bâle en 1949 dans une famille de réfugié·s qui dans les années 1930, sur la vague de persécution des Juif·ves, ont fui l'Allemagne et la France et se sont installé·s en Suisse. Alors qu'elle est encore étudiante, formée de 1968 à 1975 à la Gewerbeschule de Bâle, elle s'engage dans le mouvement féministe et antinucléaire. Elle pose alors les bases de son œuvre qu’elle envisage comme un site de résistance individuelle et de dissidence dénonçant l'humiliation et la violence. Depuis trois décennies, son œuvre se fait la caisse de résonance des conflits contemporains et de leur médiatisation, de la guerre du Golfe à celle des Balkans dans les années 1990, et des changements géopolitiques qui suivent les « printemps arabes » aussi bien que des conflits qui depuis le début des années 2000 ont poussé des centaines de milliers de personnes du Moyen-Orient et d'Afrique à migrer vers l'Europe. Aujourd’hui, elle répond avec rage à la guerre en Ukraine.


Vu de Suisse. 

La rétrospective consacrée à Miriam Cahn à Paris devait être une consécration pour l’artiste suisse, plasticienne militante qui dénonce les abominations de la guerre depuis plus de quarante ans. Qu’une de ses toiles soit soupçonnée d’être pédopornographique est une aberration, selon la presse helvétique.

 

“À 73 ans, Miriam Cahn, artiste suisse contemporaine majeure, maintes fois saluée et exposée dans le monde entier, n’aime pas toutes les questions. Elle est d’ailleurs réputée pour ses manières directes, pour ne pas dire brutales”, prévient la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), un quotidien de Zurich. Quand un interlocuteur l’agace ou l’ennuie, elle est capable de lui montrer la porte.

 

C’est ce qui est arrivé à Birgit Schmid, la journaliste de la NZZ qui est récemment allée rencontrer Miriam Cahn dans sa maison-atelier de Stampa, une bourgade du canton des Grisons. Chevelure en bataille et polaire sur le dos, l’artiste était pourtant ce jour-là “disposée à parler”, parce qu’“en colère”,“en tout cas, plus que d’habitude”.

Si Miriam Cahn est en colère, c’est parce que “Ma pensée sérielle”, la rétrospective qui lui est consacrée jusqu’au 14 mai au palais de Tokyo, à Paris, fait l’objet d’une douteuse polémique. “Une polémique invraisemblable”, selon la formule du quotidien genevois Le Temps.

Contresens sur un tableau

Parmi les 200 œuvres exposées figure Fuck abstraction !, une toile inspirée par les exactions commises par l’armée russe à Boutcha, au début de son offensive en Ukraine. Elle représente un homme imposant une fellation à un personnage fluet, à genoux, les mains entravées.

Le tableau a été dénoncé comme pédopornographique par Caroline Parmentier, la députée Rassemblement national (RN) du Pas-de-Calais. 


https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/03/24/face-a-la-polemique-concernant-une-toile-de-miriam-cahn-le-palais-de-tokyo-renforce-son-dispositif-de-mediation_6166874_3246.html
 

Face à la polémique concernant une toile de Miriam Cahn, le Palais de Tokyo renforce son dispositif de médiation

L’artiste, visée par une pétition l’accusant de faire l’apologie de la pédocriminalité à travers un tableau où elle dénonce les crimes de guerre, a reçu le soutien de la ministre de la culture. 

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Publié le 24 mars 2023 à 18h04

 

 

Depuis mardi 7 mars, une exposition de l’artiste suisse Miriam Cahn, « Ma pensée sérielle », présentée au Palais de Tokyo à Paris, fait l’objet d’une polémique. Celle-ci a été lancée sur Twitter par l’ancien animateur de télévision Karl Zéro et par la députée Rassemblement national (RN) du Pas-de-Calais Caroline Parmentier, qui l’a relayée à l’Assemblée nationale. Ils accusent la peintre de faire l’apologie de la pédocriminalité à travers son tableau intitulé Fuck abstraction !, dans lequel elle représente une scène de fellation forcée entre un homme et un personnage fluet, à genoux. Une pétition demandant son décrochage a réuni plusieurs milliers de signatures.

 

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Au Palais de Tokyo, Miriam Cahn, hantée par le monde

 

Dans un communiqué de presse du Palais de Tokyo, Miriam Cahn affirme que son œuvre ne met en scène aucun enfant : « Ce tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l’humanité. Le contraste entre les deux corps figure la puissance corporelle de l’oppresseur et la fragilité de l’opprimé agenouillé et amaigri par la guerre. »

La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, a réagi à la polémique, en s’adressant directement à la députée du RN : « Vous êtes allée faire votre coup de com’ et filmer ce tableau, mais avez-vous vu l’ensemble de l’exposition ? Avez-vous échangé avec les médiateurs ? Avez-vous lu les explications ? Parce qu’on ne peut pas sortir une œuvre de son contexte. »

L’Observatoire de la liberté de création a, dans un communiqué du mardi 21 mars, soutenu la démarche de l’artiste, rappelant que l’essence même de l’art est de déranger. Et invite les contestataires à « aller voir l’exposition au lieu d’en dire n’importe quoi. Et s’ils en sortent choqués, qu’ils se rappellent que la Cour européenne des droits de l’homme ne cesse de rappeler que les libertés d’expression et de création sont là pour protéger ce qui choque et dérange, et non ce qui est consensuel. »

Panneaux d’avertissement

Le Palais de Tokyo a cependant décidé de renforcer son dispositif de médiation culturelle. Dans la salle, appelée par l’artiste « espace de guerre », où des images pouvant heurter le public sont exposées, une équipe siège à proximité de Fuck abstraction ! Les médiateurs se relaient pour répondre aux éventuelles interrogations des visiteurs, contextualiser les travaux de l’artiste et les accompagner dans leur compréhension de l’œuvre. Certains viennent uniquement pour voir le dessin incriminé, et le photographier. « On les repère facilement, ils foncent sur l’œuvre et repartent dès qu’ils l’ont vue », remarque une médiatrice. « On veille à ce qu’il n’y ait aucun débordement », ajoute-t-elle.

A la demande de l’artiste, un texte explicatif a été apposé à côté de l’œuvre. Un communiqué de presse du centre d’art est disponible sur une table, avant l’entrée. On peut y lire en gras : « Le tableau Fuck abstraction ! qui représente des adultes est une dénonciation des crimes de guerre. »

Avant que la polémique survienne, le Palais de Tokyo avait déjà pris des dispositions pour accompagner le spectateur dans l’exposition. Des panneaux d’avertissement sont égrenés tout le long du parcours : « Certaines œuvres de cette salle sont susceptibles de heurter la sensibilité des publics. Son accès est déconseillé aux mineurs. » Le directeur des publics et de la programmation culturelle, Yoann Gourmel, rappelle que le renfort humain de la médiation culturelle n’a pas modifié le discours de l’institution. « La médiation est dans l’ADN du Palais de Tokyo. C’est un outil d’accompagnement qui invite au dialogue et à la compréhension des œuvres. » La médiation fait d’ailleurs partie intégrante de la démarche artistique de Miriam Cahn. L’artiste suisse avait elle-même pris soin, dès l’accrochage de l’exposition, de rassembler les œuvres sensibles dans une même salle.

 
 
 
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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 11:42
Dibutade, Origine de la peinture, Château de Versailles

Dibutade, Origine de la peinture, Château de Versailles

Origine de la peinture ??? Permettons-nous ce riche "copié-collé"...

 

Karen Knorr

 

 Joseph-Benoît Suvée ( 1743-1807 ) est un peintre belge fortement marqué par la culture néoclassique qui revendique la simplicité et l'idéal de la beauté antique. A Paris, il est nommé académicien, loge au Louvre et ouvre une école de dessin pour jeunes filles.

 

Dibutade ou l’Origine du dessin, 1791-1793, Groeningemuseum Bruges, peinture de 2,77mx1,32m, exposée au Louvre dans le cadre de
l'exposition "L’Antiquité rêvée".

 


Dans un clair-obscur saisissant, l'artiste fait naître le dessin de l'ombre du jeune homme aimé sous le trait de la fille du potier. Il offrit ce tableau en 1799 à l’académie de Bruges en reconnaissance de l’éducation artistique qu’il y reçut à ses débuts.

 

  Wright of Derby 1784, peintre anglais :

 

*Jean-Baptiste Regnault (1754-1829), peintre néoclassique
Dibutade ou l'Origine de la peinture, 1786, huile sur toile, 120 x 140 cm, Versailles, Salon des Nobles

 

Aujourd'hui :

 

Karen Knorr, La fille de Dibutade. Mystère et découverte à travers une parabole féminine.

Revenons au texte à l'origine de ces créations :

Le texte est extrait du Livre XXXV des Histoires Naturelles de Pline l'Ancien, encyclopédie de toutes les connaissances du 1er s av JC.
Pline reprend un mythe grec pour expliquer l'invention de la représentation figurée qui permet de conserver une image de quelqu'un.

La jeune fille n'a pas de nom , elle est la fille du potier Butadès. Elle deviendra Dibutade avec les traductions italiennes : la figlia di Butades. Elle est "capta amore" prisonnière de l'amour ; elle n'est pas vraiment maîtresse de son invention.

Une manière aussi de dire que le créateur disparaît derrière sa création.

 

La photographie de Karen Knorr :
Voulant donner "une version féministe de ce mythe", elle se représente "jouant le rôle de la fille de Butadès", c'est-à-dire dessinant le profil de l'ombre projetée de son modèle : une jeune femme assise devant elle. L'artiste, qui s'est auto-représentée en dessinatrice d'ombre, s'est installée avec son modèle au pied d'une statue dressée sur un socle. Il s'agit du Doryphore de Polyclète, une "icône" de l'art antique, dont la partie supérieure est coupée à hauteur des épaules. Un nu masculin classique, mais sans tête, à qui l'artiste tourne le dos. La contestation ironique vise tout autant l'académisme que le machisme en art.
"Cette photographie pourrait aussi être une allusion à la photographie comme empreinte d'ombre ("négatifs photographiques").

Conclusion : malgré les efforts déployés par les auteurs anciens pour minimiser le rôle de la fille du potier, l'ingéniosité de cette jeune Corinthienne anonyme s'est avérée riche de virtualités.

 

Le potier Butadès de Sicyone découvrit le premier l'art de modeler des portraits avec de l'argile ; cela se passait à Corinthe et il dut son invention à sa fille qui était amoureuse d’un jeune homme ; celui-ci partant pour l’étranger, elle entoura d’une ligne l’ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne ; son père fit un relief avec de l'argile appliquée dessus et le mit à durcir au feu avec le reste de ses objets faits avec de la terre.

 

La photographie est l’impression de la lumière au travers d’une chambre noire. Et si la peinture avait été, en son origine mythique, la projection de l’ombre d’un visage sur une surface claire? Etranges prémices qui surlignent les contours en laissant les traits de la figure dans l’obscurité…

On cite à plaisir ce mythe narré par l’auteur latin Pline l’Ancien (23-79), selon lequel la peinture serait née de l’ingéniosité d’une jeune fille inspirée par l’amour. Profitant du sommeil du jeune garçon qu’elle aime et qui partira bientôt à l’étranger, elle dispose une lanterne derrière son visage afin de projeter son profil sur un mur, qu’« elle entoura avec des lignes ». Cette jeune fille de la cité de Corinthe était la fille de Butadès de Sicyone, potier. Celui-ci se servit de ce profil dessiné pour en faire un relief en argile qu’il fit sécher et cuire avec ses poteries. Au vrai, ce mythe devrait être celui de l’origine de la figuration plastique, de la sculpture !
Pourtant un autre passage du texte de Pline, rapporté par l’helléniste et mythologue française Françoise Frontisi-Ducroux, confirme cette origine mythique de la peinture comme contour : «  La question de l’origine de la peinture est incertaine et ne relève pas du plan de cet ouvrage. Les Égyptiens déclarent qu’elle fut inventée chez eux, il y a six mille ans, avant de passer en Grèce, ce qui est de toute évidence une vaine prétention. Quant aux Grecs, certains disent qu’elle fut inventée à Sicyone, d’autres à Corinthe, mais tous s’accordent à dire que c’est en entourant avec des lignes l’ombre d’un homme ; ce fut par conséquent la première étape, mais la seconde, lorsqu’une méthode plus élaborée eut été inventée, procédait avec des couleurs uniques, appelée monochrome, encore en usage actuellement. » (Histoire Naturelle. XXXV, 151).

 Or les grands théoriciens de la Renaissance italienne, Alberti, Vasari, et Léonard de Vinci évoquèrent aussi l’ombre à l’origine du dessin et de la peinture.

Il a été avancé que ce mythe pourrait s’ancrer dans la polysémie du terme grec « korê », qui désignait la jeune fille vierge mais aurait plus tard  également nommé la pupille de l’œil.
La présence de la jeune fille signifie que la peinture est née de l’amour. Cet amour lui a inspiré un procédé pour conserver la mémoire de l’être aimé. Mais cette mémoire, quoique fidèle en son contour, ne recopie pas la réalité. Cette idée que la peinture imite sera tardive dans l’art, tant la figuration semble toujours avoir eu pour objet de symboliser la réalité. Et peut-être est-ce là un sens possible de cette ombre.


La pupille de l’œil apporte une signification propre à la compréhension de la vue par les grecs : elle est cette partie dans laquelle se reflète la figure observée. Or reflet et ombre sont mêmement dénommés en grec. Par ailleurs, certains philosophes antiques comparaient alors l’organe de l’œil à une flamme protégée de parois translucides, symbolisée par la lanterne du mythe. La jeune fille aimante serait alors cet œil désirant qui enregistre le reflet de l’objet de son admiration.

Invoqué à tous bout de champs, citant un Pline qui doit être bien peu lu de nos jours, ce mythe à la crème n’est donc pas si tarte qu’il paraît. A son origine, la peinture ne fait que circonscrire la réalité, qui demeure aussi inimitable que mystérieuse. Cette idée perdure dans le terme même de portrait, à l’intéressante étymologie de « pour traire » quand traire avait entre autres sens celui de tracer un trait.

 

*Des origines de la peinture

L’image de l’invisible est elle-même invisible, sinon elle n’en serait pas l’image. J. Chrysostome, Homélie sur l’épître aux Colossiens.

« La peinture vient s’inscrire sur un fond blanc », ces mots contiennent en germe toute réflexion sur la peinture.
T. Chikuden, Bavardages d’un ermite de la montagne.

AU COMMENCEMENT ÉTAIT L’OMBRE : LA PEAU DU MUR
L’origine de la peinture n’appartient pas à la peinture. Lorsque Pline l’Ancien,

dans sa rêverie encyclopédique, retrace l’histoire de la peinture au livre XXXV de son Histoire naturelle, il n’en dit que ceci :

La question des origines de la peinture est obscure (incerta) et n’entre pas dans le plan de cet ouvrage. Les Égyptiens déclarent qu’elle a été inventée chez eux six mille ans avant de passer en Grèce : vaine prétention, c’est bien évident. Quant aux Grecs, les uns disent que le principe en a été découvert à Sicyone, les autres à Corinthe, et tous reconnaissent qu’il a consisté à tracer, grâce à des lignes, le contour d’une ombre humaine (umbra hominis lineis circumducta). 1

Pas de mythe d’origine, donc, et pas même de lieu sûr pour son invention, mais, à tout le moins, une technique : ce qui est inauguré est le dessin et non la couleur, la silhouette et non l’expression. Le verbe employé par Pline revêt une certaine importance, car si, littéralement, il désigne bien le fait de conduire la main qui trace autour de l’ombre portée d’un homme la ligne étroite de sa silhouette, il renvoie de manière générale à l’habitude de tracer un cercle avec la charrue, en particulier lors des fondations des villes 2, mais il peut aussi, en un curieux jeu d’ombres, signifier duper ou escroquer quelqu’un, escamoter un objet à la façon dont les Latins entouraient un objet d’un cercle en guise d’annulation. La naissance de la peinture réside dans cette appropriation de l’ombre qui fonde et annule du même mouvement : d’origine de la peinture, il n’existe qu’une fondation biffée. Elle n’est donc pas simplement incertaine, mais d’elle-même trompeuse et égarante, événement qui n’apparaît que dans le geste par où il s’efface. Si l’on veut circonscrire l’origine de la peinture, il faut décidément lâcher la proie pour l’ombre.

Car elle existe bel et bien cette origine et Pline la raconte ; mais il ne la raconte pas dans la partie consacrée à la peinture. À peine en a-t-il fini avec celle- ci qu’il évoque l’origine du modelage et, en douce (presque en taille-douce), la naissance de la peinture :

En voilà assez et plus qu’il n’en faut sur la peinture. Il serait convenable d’y rattacher ce qui concerne le modelage. En utilisant lui aussi la terre, le potier Butadès de Sicyone découvrit le premier l’art de modeler des portraits en argile ; cela se passait à Corinthe et il dut son invention à sa fille, qui était amoureuse d’un jeune homme ; celui-ci partant pour l’étranger, elle entoura d’une ligne (circumscribit) l’ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne ; son père appliqua de l’argile sur l’esquisse, en fit un relief qu’il mit à durcir au feu avec le reste de ses poteries, après l’avoir fait sécher. 3

Là où l’origine de la peinture fait l’objet de conflits d’attribution – l’Égypte, rapidement éliminée, puis, sans que l’on puisse trancher, Sicyone et Corinthe –, voici maintenant que chacun s’accorde. La naissance en revient à la fille d’un potier de Sicyone, mais établi à Corinthe : les deux traditions se fondent l’une en l’autre.

On admirera le déplacement nécessaire pour que l’origine de la peinture puisse être dite : œuvre féminine, elle a besoin de la médiation d’un homme ; ouvrage de jeune fille, elle requiert la puissance d’un père ; travail fragile du désir, elle passe par l’industrie de l’expert ; platitude d’une ombre qui va disparaître, il lui faut le relief du moule pour vraiment apparaître. À peine née, la peinture s’évanouit sous le modelage comme l’ombre sous l’argile (ou encore comme l’homme sous la main toute-puissante du Dieu potier). Cette terre appliquée verticalement sur le dessin de l’ombre est sa tombe plus encore que sa trace. Là où la jeune fille avait soigneusement écrit le tour de son ami, elle voit apparaître une médaille ou une sculpture tombale 4. « Écrire le tour », tel est le terme latin, circumscribere (plutôt que circumducere, cette fois), qui a plus que son prédécesseur une valeur d’enfermement et de clôture, mais offre lui aussi les valeurs de tromperie et d’élimination. L’ombre trompe l’absence comme on cherche, en suçant un bout d’étoffe, à tromper la faim. La jeune fille circonscrit l’homme qu’elle aime, elle écrit son ombre (les Grecs désignent ainsi le procédé : skiagraphein, qui renvoie aussi aux pratiques de trompe-l’œil et d’illusionnisme pictural). Le travail de l’ombre est un travail de l’illusion, un aveuglement qui illumine.

À l’origine de la peinture se trouverait le désir de la présence, et la présence respire dans l’ombre portée d’un corps. C’est ce que comprend cette jeune fille partagée, moitié de Sicyone, moitié de Corinthe : plutôt que de laisser simplement s’en aller son jeune amant sur les chemins du souvenir, la voici qui dessine, d’un trait de charbon, son ombre sur le mur. Il est désormais prisonnier de cette ombre comme Antigone emmurée vive et protégée par les tablettes d’une loi non écrite. L’écriture de l’ombre est présence vive de la mémoire, manière d’attraper l’événement d’un corps : non tant pour l’emprisonner peut-être que pour mieux se rendre soi-même prisonnière de cet événement.

Fille d’un artisan agile, d’un sculpteur de matières utiles, d’un tourneur d’argile, elle souscrit à la gratuité du désir qui ne trouve sa valeur que dans ses propres projections. La jeune fille du potier inscrit la peinture dans l’ordre du privé: elle n’en fait pas un fétiche public ou une beauté collective. En deçà des devoirs de la polis, par ce geste intime, elle trace un cercle qui l’isole dans l’intimité du geste. Là où le potier, modeleur, cherche des masses soumises à son tour de main, sa fille avance sur une ligne, la plus mince possible afin d’épouser au plus près l’exactitude de la peau. La ligne, voilà l’affaire de la peinture : lorsque Protogène et Apelle rivalisent, c’est à qui dessinera, sur le trait de l’autre, la ligne plus fine encore qui, en le biffant, le dépassera 5. C’est une œuvre de la limite : limite ligneuse d’un corps, limite aussi de ce qui peut matériellement faire l’objet d’un trait. Mais un trait qui n’enserre plus rien : ce n’était pas même le corps qui se trouvait là, seulement son ombre. Et même l’ombre s’en est allée, mais non sa limite.

Une ombre est-elle voile jeté sur le corps ou sa plus radicale nudité ? L’ombre escroquée au corps de son amant par le tracé de son contour, est-ce la nuit qui fait son trou dans le mur, qui s’y love et s’y thésaurise, ou bien la lecture émouvante d’un front, d’un nez, d’une bouche ? Car ce qui s’écrit noir sur blanc s’apprête à être lu. C’est un exercice de mémoire. Les Grecs n’ont pas de nom pour la lecture : ils utilisent les mots du souvenir (anagiskein) et de la reconnaissance (anagnorisis). Le visage tapi dans le mur, la jeune fille peut le reconnaître : non seulement s’agit-il de l’amoureuse silhouette de son amant, mais c’est elle qui l’a écrite. Elle a écrit l’ombre de son amant et, en même temps, sa séparation d’avec lui : le trait sépare autant qu’il unit. Dans la silhouette dessinée sur le mur, elle peut lire la présence d’un profil autant que l’absence d’un corps. Le trait sans relief auquel le père donnera la profondeur de la matière est un signe, un signe d’ombre, un signe qui reste à la surface, faute de pouvoir escamoter le vide. L’aspiration de ce signe d’ombre n’est pas de renvoyer à la plénitude d’une jouissance impeccable, mais de faire s’évanouir le néant que cette jouissance creusait, de libérer le fond de sa présence vaine. C’est un signe qui ne connaît rien que la surface – mais n’est-ce pas le destin de tout signe, quand bien même il prétend se superposer aux choses qu’il désigne ?

Le modelage, lui, superpose exactement les matières : ce n’est plus un signe, c’est une similitude. La peinture, en sa naissance, est une lecture angulaire. Elle forme une géométrie spéculaire sur la peau rude d’un mur ; elle travaille dans l’angle mort du modelage. Le signe d’ombre est désir de signe, le modelage du corps est forme d’un modèle : l’un s’articule à la singularité, l’autre à l’identité. Mais le destin de la peinture est de conserver, de façon intempestive, la puissance du singulier, tout en se faisant recouvrir par le type et le modèle. La lecture, plus encore que l’écriture, est cette expérience du singulier. La peinture naît, bien sûr, du geste de
tracer
: c’est d’abord une main animée d’un désir de présence (mais une main qui a justement lâché le corps de l’amant pour tenir entre ses doigts le froid morceau de charbon brûlé, qui a déjà renoncé au plaisir de l’instant pour anticiper le frisson de l’absence en la présence même de celui qu’elle désire) ; et la lecture lui donne le goût de sa passion : c’est un regard rivé à la surface d’un signe. Dans la peinture, nous lisons ce qui nous fonde, la ligne qui nous définit, la chaleur contemplée d’un instant gelé.

S’il s’agit de fonder une ville, le conducteur de la charrue est masculin. Mais ici, le fait d’avoir une jeune fille nous invite à concevoir une autre origine pour la peinture, un autre genre de fondation que la puissance d’éventration, un autre artisanat que la poterie et sa jouissance des creux et des trous : la ligne est, en fait, affaire de tissage, celle qui travaille le lin connaît le mouvement des lignes. Avant d’être trait de plume ou de pinceau, avant même d’être traits du visage, la ligne est d’abord fil de lin, puis cordeau pour monter les murs ou filet pour attraper les poissons. La ligne fait notre linge, elle limite nos chambres, elle piège nos nourritures. Et, finalement, elle enfouit nos corps sous les plis bien lissés d’un linceul. L’écriture est ligne, le visage est ligne : ce sont des vêtements de lin qui disent nos corps. L’ombre portée sur le mur et dessinée d’un trait nous offre donc un voile qui est notre propre nudité, un lin noir qui n’est ni copie, ni modèle : ce sont des vêtements d’ombre qui disent la vérité du nu.

La jeune fille sous le père, voilà ce que révèle l’origine de la peinture 6. La ligne du lin comme un point de rebroussement dans la courbe du lignage. L’invention du père potier est fille de celle de sa fille peintre. La peinture est l’ombre venant avant le corps et l’origine de la peinture, peinture de la limite.

Mais à quel moment naît cette peinture : dans l’instant où la jeune fille, d’une main attentive, trace le contour de la silhouette aimée ou dans le moment où l’ombre de l’amant a quitté la surface du mur et que la blancheur du fond, tout à coup, apparaît ? La naissance est double : d’abord la main et son mouvement, ensuite l’œil et son regard. Il faut le trait qui circonscrive l’ombre, puis ce mince trait noir qui écrit la peau sombre du jeune homme, comme si l’ombre avait pu repousser toute sa noirceur jusqu’à sa surface, libérant alors le fond, amenant le mur blanc à réapparaître, ou plutôt à apparaître comme fond : le trait sépare, en fait, deux fonds, deux manières de faire fond, l’une qui entoure, l’autre qui creuse, l’une qui enveloppe l’ancienne présence, l’autre qui crie la nouvelle absence.

Pour la jeune fille, la ligne d’ombre sur le mur est une caresse qui sommeille.

LES MÉTAMORPHOSES DU MIROIR : À FLEUR DE PEAU Au livre II de son traité Della Pittura, Alberti

fournit une autre origine de la peinture : lâchant cette fois l’ombre pour la proie, il voit dans Narcisse un mythe plus exact que celui de la jeune fille du potier et, dans la mort, une vertu plus prolifique de la mise en figure que celle de l’ombre. Alberti relève, certes, les jugements des Anciens sur la peinture et l’ombre, mais c’est pour écarter rapidement l’histoire (même fabuleuse) au profit d’un examen critique : l’origine de la peinture devient une fable théorique plus instructive que les légendes empiriquement probables.

 

Ce second livre est chargé, dès l’abord, de justifier les pratiques picturales, de leur donner une assise sociale, voire une légitimité transcendante, car la peinture possède « une force tout à fait divine qui lui permet non seulement de rendre présents, comme on le dit de l’amitié, ceux qui sont absents, mais aussi de montrer après plusieurs siècles les morts aux

vivants » La peinture est un lien : dans le temple protégé de son petit espace, elle recueille la vivante présence des disparus, comme pour une religion du temps commun plus encore que de l’espace social. C’est en quoi Alberti souligne son effet puissant pour aiguillonner la piété des gens : respect du portrait du roi qui est le roi même (comme dans l’exemple de Cassandre tremblant devant l’image d’Alexandre, que rapporte Alberti après Plutarque8), ou don fait aux mortels d’admirer les dieux.

À quoi repérer la valeur éminente de la peinture ? À ce qu’elle devient impayable. Faute de pouvoir trouver un juste prix à ses productions, Zeuxis les donnait. Aussi souverain que le dieu qui donne la vie, le peintre exemplaire donne ses œuvres. Au point que

le roi ou le dieu que l’on vénère dans la peinture semble s’effacer derrière sa pure surface, disparaître sous ses rutilantes apparences ; c’est le portrait lui- même qui fait l’objet de la vénération, métamorphosant le peintre en Créateur, dès lors qu’il se distingue « comme un autre dieu parmi les

mortels ».La peinture ne saurait donc être fille de potier sans excéder cette appartenance : tous les autres arts relevaient autrefois de l’artisanat, « seul le peintre n’était pas compté au nombre des artisans » 9. Et là vient le mythe, un mythe plein d’à-propos (si le latin dit simplement qu’il est « parfaitement approprié », la version italienne que compose aussi Alberti lui donne un tour plus énergique : il vient à-propos – viene a proposito) :

C’est pourquoi j’ai l’habitude de dire à mes amis que l’inventeur de la peinture, selon la formule des poètes, a dû être ce Narcisse qui fut changé en fleur car, s’il est vrai que la peinture est la fleur de tous les arts, alors la fable de Narcisse convient parfaitement (perapta erit) à la peinture. La peinture est-elle autre chose que l’art d’embrasser ainsi la surface d’une fontaine (Quid est enim aliud pingere quam arte superficiem illam fontis amplecti) ? (Ibid.)

Sans pinceau, sans tableau, sans fatigue, Narcisse est l’occasion de la peinture 10. Métamorphosé en fleur, il correspond déjà au caractère de celle-ci : être la fleur de tout art (la peinture est transcendante, cette fois-ci au sens où elle traverse toutes les catégories, à l’instar des transcendantaux comme être, un, etc.). Mais l’analogie court au-delà du jeu de mots, car Narcisse est celui qui, tissé de désir, embrasse la surface d’une eau-miroir. La plus profonde vérité sourd de ce geste exaltant la surface. D’autant que fons peut aussi désigner la « source », au sens propre comme au sens figuré. Embrasser la surface de la fontaine-source serait alors comme embrasser la surface de l’origine, l’origine comme surface et non comme profondeur, voire la surface comme origine et non comme trivialité pelliculaire.

 

Le mythe d’origine de la peinture, chez Alberti, est aussi un mythe sur la superficialité de l’origine : peut- être même rien qu’une blague entre amis, une fantaisie de l’art de converser 12. Mais une blague dont la superficialité est tout sauf triviale : l’amitié, on s’en souvient, est là dès le départ. Par l’allusion à Cicéron, l’amitié permettait aux absents de demeurer présents, la peinture, elle, ramène les morts à la vie comme elle fait surgir les ombres dans la lumière. Même si c’était l’occasion d’une plaisanterie amicale, la peinture n’en perdrait pas pour autant sa profondeur originelle : avec l’amitié, elle est liaison, couture, repli de l’absent dans la présence, du mort dans le vivant, de ce qui sombre dans ce qui éblouit. Ce n’est plus seulement une ligne, qui sépare et unit, mais une tache, qui amalgame et différencie.

Et pourtant le mythe de Narcisse semble dire le contraire : voilà un vivant qui passe chez les morts, un présent qui se noie au fil du temps. Ce serait sans compter sur la métamorphose. Le mythe compte deux temps qui n’en font qu’un : aucun délai entre le fait d’embrasser la surface et l’immédiat changement en fleur 13. Narcisse ne coule pas dans le brouillard des eaux, il épouse la surface mobile d’une source. La mort n’apparaît pas, sinon effacée sous la puissance de la transformation et renvoyée à ses profondeurs terrifiantes. L’origine, elle, demeure à la surface ; c’est une origine qui surnage, loin d’édifier ou de bâtir, une origine sans rituel commandé et sans espace infini.

 

La métamorphose est une façon de flouer le temps : on croyait Narcisse noyé, voici qu’il éclôt à la surface de l’eau. Plutôt que l’immobilité d’un mur accueillant le dessin hiératique de la silhouette désirée, voici la fine mobilité des eaux qui change sans cesse ses arrangements floraux 14 : deux façons de dénier au temps son pouvoir ordinaire. Au temps, sans doute, mais à la mort ? La métamorphose originaire ne serait-elle pas une image de la métamorphose mortuaire ? Et donc, la peinture, puissance de mort ? Mais c’est plutôt la mort qui, elle- même, se trouve métamorphosée par la peinture : d’abord, en ce qu’elle apparaît sous la figure vivante des êtres, comme si ce voile était plus originaire que sa nudité ; ensuite en ce qu’elle fait surface, comme si sa platitude devenait plus exacte que sa profondeur. La mort se retourne dans sa tombe d’être ainsi projetée à sa surface : Mallarmé, en rigoureux prêtre des définitions, en avait trouvé la formule lorsque autrefois il annonçait « ce peu profond ruisseau calomnié, la mort ». C’est en ce ruisseau que Narcisse s’est à la fois noyé et transformé pour mieux en affirmer le pouvoir de surface.

 

On a dit que c’était sa propre beauté qui arrêtait Narcisse et le faisait se perdre dans son image sans corps. On s’est trompé, comme le prouvent encore les succès nouveaux de l’autoportrait au crépuscule du Moyen Âge : il ne s’agissait pas de se peindre soi- même, mais de ressusciter la fascination des miroirs 15. Narcisse est amoureux d’un reflet qui le fixe obstinément et non de cet être reflété par les hasards de l’onde 16. Narcisse n’a le sentiment inouï d’exister que regardé par l’œil de son reflet : devenir à la fois visible et voyant, comme à la fois mort et vivant, noyé à la surface. L’art de la perspective dont Alberti vante les productions inédites est, lui aussi, d’abord technique de miroirs, fascination des reflets et des illusions : dans le premier appareillage de Brunelleschi, des nuages fleurissent dans le lit du ciel que les miroirs en cascades attrapent et figent momentanément. Le miroir est, par excellence, la surface de l’immédiat.

 

Quand Platon cherche à révoquer l’usage de la mimesis, chez le poète d’abord, puis chez le peintre, il renvoie Glaucon à l’expérience, qui n’est autre qu’un pur sophisme (comme Glaucon lui-même est prêt à le remarquer), par où en un instant, très vite, on peut créer

[...] la terre, le ciel, les dieux, tout ce qui existe dans le ciel et tout ce qui existe sous la terre chez Hadès. [...] Ne vois-tu pas que toi- même tu pourrais créer tout cela d’une certaine façon ? [...] si tu veux prendre un miroir et le présenter de tous côtés ; en moins de rien [takhu, immédiatement] tu feras le soleil et les astres du ciel, en moins de rien, la terre, en moins de rien, toi-même.

 

S’il est une philosophie de la peinture, c’est la sophistique qui la fournit, et son goût des métamorphoses et sa joie tranquille des apparences et sa manière de favoriser le saut dans l’immédiat plutôt que le travail de la médiation.

Avec Narcisse, la peinture est double : d’un côté, elle importe la ressemblance, de l’autre, elle exporte la métamorphose. Il faut la ressemblance pour que surgisse la métamorphose, non parce que celle-là serait antérieure à celle-ci, mais juste au contraire, parce que la ressemblance est une métamorphose poussée à bout, une métamorphose fatiguée (ou, peut-être, la vérité fatiguée de la métamorphose).

 

À la surface de l’eau pousse un regard. La fontaine ou la source sont des surfaces mobiles, il faut, pourtant, la mince peau de sa surface pour que le visage s’y retrouve, même agité de passions qu’il ne connaît pas ou de rides inattendues. La fable n’évoque pourtant pas la fluctuation des eaux, elles semblent tendues comme un drap, étales comme un miroir d’argent, sans rien derrière ni dessous. Une surface sur laquelle fleurit un visage : mais lequel ? Au sommet de son vêtement vert, la fleur était déjà le visage de la plante, au bout de son reflet le visage de Narcisse demeure déjà à fleur d’eau. De quoi, en effet, s’y abîmer, puisque l’abîme ici est ce qui affleure.

La peinture ne cherche pas les profondeurs : c’est un art sans herméneutique (ce qui ne signifie pas sans interprétations). Ses secrets sont d’autant mieux celés qu’ils sont offerts à qui les voit : tout tableau ressemble à la lettre volée, dont parle Edgar Poe, qui n’est jamais mieux cachée que lorsqu’elle est exhibée. Le secret de la fascination de Narcisse tient à ce désir sans secret, ouvert à quiconque y plonge son regard. Au fil de l’eau, le visage postiche devient fleur fétiche, gagnant une autorité que le duel des jours ne pouvait octroyer. Dans la métamorphose, comme dans le remplacement du mythe empiriquement vraisemblable de l’ombre par celui, purement allégorique, de Narcisse, s’instaure à l’épicentre du bouleversement de la répétition le choc de la différence : là où la singularité extrême rejoint l’Idée et l’origine, pour mieux, encore une fois, lier ce que chacun croyait désuni.

 

La surface n’est pas qu’une surface, elle est aussi un fond. Le blanc qui fonde la peinture n’est pas « le néant blanc, la surface redevenue calme où flottent des déterminations non liées » 19, mais, à l’inverse, la condition de possibilité de la différence. La surface n’offre pas une limite qui serait tout entière manière de borner la représentation, elle opère, au contraire, comme la matrice où ne cesse de disparaître et de naître la détermination finie : la limitation de la forme devient convergence vers un fondement, évanouissement dans l’infini blanc de l’origine. Non pas détermination finie une fois pour toutes évanouie, mais l’instant où elle vacille au bord de la disparition : l’ombre est le corps sur le point de s’effacer, la fleur est la figure d’un visage en train de disparaître.

S’il fallait absolument une ontologie spécifique à la peinture, elle s’articulerait à un disparêtre. À l’instar de l’amour (et c’est bien pourquoi ces deux mythes ont affaire au désir), la peinture est la perception de l’infini dans la finitude d’un corps, l’infini de cette détermination finie elle-même. Fleur d’ombre dont le cœur bat au rythme de l’infini. Est-ce à dire que l’infini est le fond, mais seulement le fond pour la manifestation de l’identique ? L’ombre comme reprise de l’amant, la fleur comme retour du visage embrassé ? Ce serait, ainsi que le dit Gilles Deleuze, « confondre le concept propre de la différence avec l’inscription de la différence dans l’identité du concept en général » 20. Dans l’ombre et la fleur, on oublie, en effet, le mur bien droit et l’eau bien étale, le grain de la surface et les minuscules effondrements ou les infinitésimales montagnes de la fontaine : de sauvages différences ne cessent d’y courir ou d’y flotter. C’est du sein du disparate qu’apparitions et disparitions procèdent. De même, dans la convergence à l’infini, on ne cherche peut-être que le ravissement d’une perspective en point de fuite, là où la convergence des traits qui aimante le regard vers l’infini, non seulement permet le surgissement d’une scène au premier plan, mais surtout sort du tableau selon des lignes de pure divergence. C’est qu’il y a toujours, avec la peinture, une obstination à sortir d’elle-même. Ce n’est pas tant la profondeur que l’on y quête (même si la perspective linéaire en a suscité d’innombrables vocations), mais l’appétit de la surface à nous sauter à la figure. Quand Narcisse tente d’embrasser la surface, ce n’est pas pour chercher une profondeur derrière l’image qu’il contemple : il est à lui-même le tableau dont il voudrait sortir, son visage est la toile qui se noie dans l’ailleurs, il meurt non d’orgueil, mais de s’évanouir dans la différence pure qui l’accueille enfin. On a tant fait de Narcisse l’abîme du Moi qu’on n’y discerne plus l’intimité de la métamorphose : c’est de se voir autre qui le fascine, non de se rencontrer lui-même.

 

Avec Narcisse devenu narcisse, la plante est toute visage, comme la peinture toute portrait – même s’il s’agit de peindre une rose séchée ou un lit bêtement vide. L’ovale vénitien d’un visage sait se glisser, aux yeux d’Alberti, sous la figure grecque de Narcisse, comme une courtisane juive pouvait devenir le modèle d’un ange. La peinture, malgré les imaginations théoriques de certains, demeure à mille lieues de toute physiognomonie, car elle ne désire jamais relier des surfaces à des profondeurs, mais des apparences à d’autres apparences.

 

L’EMPREINTE ET L’ÉTOFFE : LE TISSU DE LA PEAU Entre Pline et Alberti, occupés de peinture, une crise majeure des images a eu lieu sur le versant oriental de la chrétienté : l’iconoclasme. C’est parce qu’il existe un réel pouvoir des images que l’on peut trouver autant de plaisir à les détruire. Du coup, bienvenu est tout récit venant conforter ceux qui défendent le droit à représenter le Seigneur et la possibilité de vénérer les images (mais non de les adorer : ce serait alors verser dans l’idolâtrie).

 

Dans son Histoire ecclésiastique, Eusèbe de Césarée, au IVe siècle, avait évoqué le destin d’Abgar, roi d’Édesse, en conflit avec Hérode et avec les Romains : prenant connaissance des miracles de Jésus, Abgar lui aurait demandé de venir le guérir des maux qui le tourmentaient, et le Christ aurait répondu qu’il lui enverrait un de ses disciples 21. Un siècle plus tard, on trouve, dans la Doctrine Addaï du pseudo-Labubna et dans l’Histoire d’Arménie de Moïse de Khorène, une commune adjonction à la légende : en plus de la lettre du Christ, Abgar recevrait aussi un portrait qu’en aurait fait Anan, son messager 22. Mais, avec la Chronique syriaque du pseudo-Zacharie de Mitylène et, surtout, avec l’Histoire ecclésiastique d’Evagrius, à la fin du VIe siècle, le portrait du Christ est devenu la proie d’une légende tout autre, en avance sur son fameux linceul de Turin : plutôt que d’écrire une lettre et de se faire remplacer par un apôtre, il trempe un linge dans l’eau, le passe sur son visage et le donne à Anan – l’empreinte de son visage est demeurée inscrite sur l’étoffe, image de Dieu au double sens du terme : faite par Dieu et reflet de Dieu (theoteukton eikona) 23. Avant de s’installer enfin dans le saint suaire en passant à l’Occident, le linge sacré portant l’image du Christ servira à Jean Damascène, cet ancien fonctionnaire des impôts devenu moine, pour révoquer les arguments des iconoclastes, le temps de deux versions :

 

Une vieille tradition est parvenue jusqu’à nous : Abgar, prince d’Édesse, entendit parler du Seigneur et s’enflamma d’amour pour Dieu ; il envoya des messagers lui demander de le visiter et ordonna, s’il refusait, que l’on traçât son portrait en peinture ; en apprenant cela, celui qui sait tout et qui est tout-puissant prit une étoffe et, l’approchant de son visage, imprima dessus sa figure propre.

 

On raconte l’histoire suivante : Abgarus, roi de la ville d’Édesse, avait envoyé un peintre pour faire le portrait du Seigneur et il n’y arrivait pas parce que son visage brillait d’un éclat insoutenable ; le Seigneur couvrit son divin visage de son manteau, et son visage se trouva reproduit sur le manteau qu’il envoya à Abgarus qui le demandait.

 

La première version paraît plus euphorique, plus linéaire aussi : la voix de la tradition redouble celle de la rumeur, toutes deux suscitent un désir de présence qui fait demander au Christ de venir et, s’il ne vient pas, à tout le moins que l’on en fasse le portrait, désir que le Christ comble immédiatement sur la première étoffe venue. C’est une histoire sans heurts où la représentation croît de façon continue à partir de la présence.

Le second récit commence avec le seul désir de la représentation, mais une représentation devenue impossible : comment figurer la transfiguration d’un Dieu ? Aussi le Christ voile-t-il son visage devant le peintre, aussi le Christ dérobe-t-il son apparence trop lumineuse, à la fois par charité pour le pauvre homme et pour mieux produire son propre portrait sur l’étoffe photosensible : la disparition du visage fait l’apparition du portrait. Non pas, cette fois-ci, étoffe quelconque, mais le manteau même du Christ, le vêtement qui l’enveloppe et qu’il envoie à Abgarus par une synecdoque qui redouble le portrait que porte le manteau. Il faut que l’étoffe apprivoise la lumière et la rende sous forme d’empreinte. Le peintre est désarmé devant le pur éclat, il doit apprendre, par les plis de l’ombre, à donner à la lumière le volume qui lui convient et l’espace où elle prend sens.

 

 

La face du Christ ressemble alors à un masque mortuaire, mais sans la lourdeur humaine du plâtre ou sans l’inutile chaleur de la cire : ce qu’elle moule est aussitôt modulation de l’étoffe (car le moulage suppose un arrêt, là où la modulation est un démoulage incessant 26). L’étoffe, à mi-chemin du mur et de l’eau, entre souplesse lumineuse et opacité rassurante ; l’étoffe qui se transporte, à la différence du mur qui demeure et qui conserve ou de l’eau qui fuit et qui trompe ; l’étoffe, comme une toile non encore tendue, n’est pas une argile que fixerait le potier, c’est une peau inversée, lignes tressées qui couvrent la peau, qui la prolongent, qui la redoublent : œuvre de protection, bien sûr, mais aussi sensualité d’une caresse inapparente qui s’emmêle au fil de l’existence plutôt que de la mort. Ici, le vêtement est la peau de Dieu et son portrait un lumineux tatouage.

Aux yeux de Jean Damascène, l’iconoclasme trouve là sa déraison : la légitimité de la peinture et, en particulier, des images de Dieu vient justement de cet aveuglement détourné, de la sensualité trouvée à la transcendance – non seulement une transcendance rendue sensible comme on rendrait l’invisible visible, mais surtout une transcendance apparaissant dans la sensualité comme on peut saisir la perspective invisible qui structure aussi bien l’étiquette du visible que l’espace invisible : la théologie de l’icône repose en fait sur la croyance en l’Incarnation, parce que Dieu s’est fait homme dans la personne bien déterminée du Christ, en retour l’image, quoique sensible, est manifestation de l’invisible. À cette perspective, on peut donner le nom d’amour.

Qu’il y ait amour d’un homme pour un Dieu et désir de sa présence ou amour d’un Dieu pour un homme et présence de ce désir ne conduit qu’à circuler de façon entêtée sur des trames qui se répètent. Comme la limaille court vers l’aimant, la lumière aveuglante saute dans les plis d’ombre du tissu : don de la lumière à l’ombre, don de Dieu à l’homme, issus du désir même de l’homme pour la lumière et de Dieu pour l’ombre. Le don trouve son origine dans la différence, de même que la différence aperçoit son fondement dans la répétition.

Il n’est pas question dans ces récits, à strictement parler, d’une « origine de la peinture », pourtant l’on sent bien qu’ils développent une troisième dimension propre à la peinture, au moment où c’est un Dieu qui l’inaugure : après l’ombre et sa trace obstinée sur le mur, après le miroir et sa rapide métamorphose, voici l’empreinte et l’apparition d’un au-delà qu’elle autorise.

Ouvrage du désir d’une jeune fille, du hasard d’une source ou de la charité de Dieu, ce n’est jamais le peintre qui est à l’origine de son art, mais une immédiate métamorphose du regard – métamorphose générique du divin au sensible, de l’humain en végétal ; figure noire, visage de fleur ou face aveuglante. Ces trois manières, ces trois tropismes recouvrent pourtant le même élan, différemment orchestré : tantôt amour de l’autre, tantôt amour de soi, tantôt amour de Dieu. Et, du coup, apparaissent les trois façons de la peinture, trois origines tressées à fleur de peau, où la métamorphose est première et le déplacement, souverain : ombre, reflet, empreinte. Ou, si l’on préfère les supports, tissu, miroir et mur, tels sont les rets en lesquels le regard est retenu. Le feu du Dieu ne traverse pas les corps soumis des hommes, il se cache et, se cachant, se révèle ; le feu des yeux ne traverse pas les miroirs, il rebondit et nous incendie ; le feu sombre de l’absence ne traverse pas les ombres pliées sous la lumière, il s’écrase et nous aplatit.

Ces inventions ont donc affaire au désir et à l’absence présente des corps, affaire à la surface aussi et au support, affaire enfin à la trace sur un tissu, au dessin d’ombre ou à la couleur de la peau. La peinture invente le visage ici comme profil, là comme fleur, ailleurs comme vêtement ; écriture de l’ombre, écriture de l’eau, écriture de la lumière, à chaque fois circonscription d’une mémoire et d’un bouleversement. L’ombre est métamorphose du corps comme le désir est métamorphose du regard. L’ombre n’est pas la négation du corps, mais l’expression de sa différence, la silhouette de son affirmation, de même que la trace sur une étoffe du visage du Christ ne forme pas le contraire du divin, mais son prolongement sensible, ou de même que la fleur ne renonce pas à Narcisse, mais accentue son caractère déjà végétatif, en accord avec le rythme des saisons et les vertus de l’eau.

Avec les traits du contour de l’ombre émerge ce qui capture ; avec le visage qu’on prend comme une fleur, la peinture devient cueillette ; avec la Sainte Face qui résorbe sa lumière divine dans l’étoffe sans profondeur, apparaît ce qui absorbe. La peinture (en conservant au mot ses deux sens) captive.

 

Reste à savoir en quoi les songes des origines de la peinture disent quelque chose de la peinture : ce qui fonde est différent de ce qu’il fonde, sinon, ce ne serait pas un fondement ; de même que ce qui fonde le vrai n’est lui-même ni vrai ni faux. L’origine est un simulacre antérieur aux vérités, une ombre d’avant les visages du vrai et du faux, une éclosion antérieure au regard qui s’y métamorphose, des traces préliminaires à leur inscription photosensible.

 

Pourtant, que cherche-t-on dans l’origine ? De quoi innerver et modeler chaque présent qui lui succède : le fondement voudrait que tout instant devienne son miroir, l’ombre portée de son grand corps, l’étoffe imbibée de son visage. Mais si l’on cherche moins dans le miroir la ressemblance que le fait même de voir (voire la métamorphose), si l’on trouve moins dans l’ombre la sombre copie que le destin de chaque présence, si l’on découvre moins dans l’étoffe le portrait d’un Dieu que la singularité d’une lumière, alors l’origine est moins fondement que source.

 

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8 avril 2023 6 08 /04 /avril /2023 08:33
Un 13 avril qui portera bonheur ! - Musée d'art de Gérone - Museu d’Art de Girona
Un 13 avril qui portera bonheur ! - Musée d'art de Gérone - Museu d’Art de Girona
Un 13 avril qui portera bonheur ! - Musée d'art de Gérone - Museu d’Art de Girona

Restauration  des  œuvres  d’Art

  Par

 Nathalie SERRE

 

  - Rendez-vous au

 Palais des Congrès  à  Perpignan

  Le Mardi    11 Avril  2023  à  17h.

 

Participation : 5 euros  entrée gratuite pour les Adhérents

 La conférence sera suivie du traditionnel buffet-apéritif

       Nathalie Serre nous parlera de la restauration des œuvres d’art, et en particulier des tableaux.

     Après des études aux Beaux-Arts de Paris et de Toulouse, Nathalie Serre s’est spécialisée dans la restauration de tableaux à l’École Supérieure d'Art d'Avignon. Elle a ainsi participé à de nombreux chantiers de restauration pour des organismes publics (Monuments historiques du Vaucluse, Musée Calvet à Avignon, musée de la Villette à Paris…) ou des particuliers (Lyon).

    À Perpignan, depuis 1992, elle anime avec succès « Lartelier », école ouverte aux étudiants se préparant à des établissements supérieurs artistiques ainsi qu’aux amateurs de tous âges.

Dans l’attente de nous retrouver nombreux à cette conférence de  Rivages  des  Arts,  je vous salue bien amicalement et à très bientôt.

jcAutonès

 

 

El Museu d’Art està ubicat a l’antic Palau Episcopal (s. x-xviii), al costat de la catedral de Girona. L’interior de l’edifici acull una important col·lecció d’art gironí, amb peces datades des de l’època romànica fins als inicis del segle xx. La visita al Museu inclou els espais singulars del Palau: el Saló del Tron, la Presó Episcopal, la Capella del Bisbe i el Mirador, que ofereix una de les millors vistes de Girona.

 

Alhora, el Museu desenvolupa una línia d’exposicions temporals centrades majoritàriament a aprofundir i difondre artistes i moviments artístics amb vincles i relacions amb el territori gironí. L’entrada al md’A permet

Pda. de la Catedral, 12 17004 Girona
Tel. 972 20 38 34 museuart_girona.cultura@gencat.cat www.museuart.cat

MUSEU D’ART DE GIRONA

  • Pujada de la Catedral, 12
  • 17004 GironaANTIC HOSPITAL DE SANTA CATERINA
  • Plaça Pompeu Fabra, 1
  • 17002 Girona

 

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Exposició Del 25 de febrer de 2023 Àmbit 2
temporal al 28 de gener de 2024 Museu d’Art de Girona

 

Esclats d’un instant, 70’s. L’aportació de les artistes al fons

d’art del diari Avui Comissariat: Elina Norandi

El Museu d’Art de Girona presenta una nova lectura, en format expositiu, del fons d’art del diari Avui, adquirit per la Generalitat de Catalunya el 2011.

L’exposició, que es podrà veure des de finals de febrer fins a principis de 2024, exhibirà una àm- plia selecció de les obres donades per les artistes del moment com a suport al projecte editorial del primer diari en català després de la dictadura.

La mostra, comissariada per Elina Norandi, esdevé una bona foto fixa de les artistes catalanes en actiu el 1972 i també un testimoniatge del seu compromís social i cultural.

Compra la teva entrada

9

 

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Exposició Del 15 d’abril a l’11 Àmbit 3
temporal de setembre de 2023 Museu d’Art de Girona

 

Costa Brava, la descoberta del paradís. De Blanes al cap de Creus, identitat d’un paisatge (1870-1936)

Comissariat: Mariona Seguranyes

«Costa Brava, la descoberta del paradís. De Blanes al cap de Creus, identitat d’un paisatge (1870-1936)» és la primera d’una trilogia d’exposicions dedicades al descobriment, la destrucció i la recuperació de la Costa Brava des del món de l’art. Ens proposem resseguir la costa nord de Catalunya amb tres itineraris

que, durant tres anys, mostraran com l’art i els artistes han contribuït a promocionar-la, defensar-la i repa- rar-la, des de finals del segle xix fins a la nostra contemporaneïtat.

Aquesta primera mostra es desdobla en dues: la del Museu d’Art de Girona, subtitulada «De Blanes al cap de Creus, identitat d’un paisatge», i una altra de monogràfica que és al Museu de l’Empordà de Figueres amb el títol «Quan Cadaqués era una festa».

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