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2 mai 2024 4 02 /05 /mai /2024 10:09
Henri Iglesis, sculpteur sur tôle - Christophe Levillain, photographe - Christine Campadieu et J. Harrisson - Théâtre aux Croisements, à Perpignan -
Henri Iglesis, sculpteur sur tôle - Christophe Levillain, photographe - Christine Campadieu et J. Harrisson - Théâtre aux Croisements, à Perpignan -

 

Département des Pyrénées-Orientales...

Arts et culture


 

Henri Iglesis, sculpteur sur tôle...

Il ne manque pas de savoir-fer...


 

 

Henri Iglesis, sculpteur sur fer et inventeur du concept de la tôle soufflée, nous invite à la découverte de son univers.

Un monde ferrique et féerique, peuplé de personnages un rien oniriques, un rien ironiques.

Ici et ailleurs, jamais et toujours, en France et un peu partout dans le monde, alors même que les passions et que les idées s'oxydent toute raison gardée et de guerre lasse, les œuvres métalliques, aussi clinquantes qu' étincelantes d'Henri - en autant de témoignages vivants - se confrontent à l'inévitable rouille immanente et routinière du temps qui passe, tout en affirmant et leur pertinence et leur pérennité.

Ses créations ne manquent aucunement ni d'éclectisme, ni d'inspiration...

Henri Iglesis, artiste catalan d'origine et « catalanement » original, éclaire de son « savoir-fer » le réel de nos illusions et forge sur son imaginaire les rêves de notre quotidien...et ce dans une alchimie intime et savante qui conjugue à satiété le fer, et le souffle de la vie : à savoir le vent et le feu...

L'artiste livre à notre soif d'inconnu et à notre intérêt dévorant autant d'icônes infinies et d'idoles indéfinissables.

Enfantés au long d'images entraperçues et de souvenirs transcendés, ses êtres et ses créations de tôle configurent les contours de notre vie de chaque jour... optant de manière optimiste pour les courbes et les arrondis, arrondissant en toutes circonstances les angles, circonscrivant dans ses volumes pudiques mais affirmés les paradigmes de la réalité... et ce face à une existence sécante, parfois brisée, souvent en dents-de-scie, mais incontournablement, subséquemment et inévitablement frangée d'aspérités...


 

Tel : 06 05 48 12 94

e-mail : henri.iglesis@gmail.com

site internet : www.henri-iglesis.com

Légendes photos : Henri Iglesis et ses bonhommes de tôle soufflée

 

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L'Eternel Retour - Un livre & un dîner avec Christine Campadieu

Google AgendaVoir les informations de la librairie
Le 4 mai 2024 à 20h00
91 Rue Lamarck 
75018   -  Paris 
Birdie Num Num
Vous rêvez de légendes d’automnes, de rencontrer Dalva, de vous faire un sacré gueuleton ? Christine Campadieu publie un récit d’amitié, de voyage et de lecture avec Jim Harrison, l’immense écrivain américain récemment décédé. Publié aux éditions Nouriturfu et préfacé par François Busnel son livre Le Sorcier et la Lucioleparaît le 19 avril.
Rendez-vous le samedi 4 mai à 20h chez @birdienumxnum pour un banquet littéraire (sur réservation) et la rencontre avec Christine Campadieu.
Resto Birdie Num Num : 91 rue Lamarck 75018 Paris.

Un menu unique à 25 euros par personne : une entrée + un plat + un dessert + un verre

 

 


LA LIBRAIRIE TORCATIS

Cette semaine à la librairie 

 

 

 
 

 

Vendredi 3 mai

à 18H30
à la librairie Torcatis

Une soirée exceptionnelle en compagnie de
Christine Campadieu


Réservation pour le dîner auprès de la librairie:
librairie.torcatis@wanadoo.fr
ou
0468342051

(30€/personne vin compris)

 

 

 
 

www.librairietorcatis.com
en continu sur notre site internet

Les horaires de la librairie TORCATIS 10 rue Mailly à Perpignan

Le Lundi de 10h à 19h
Du Mardi au Samedi de 9h30 à 19h

 
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Une image contenant Graphique, Police, graphisme, conception

Description générée automatiquement

SPECTACLE
Vendredi 03 mai à 19h30

 

  Spectacle 


Ce qu'il en coûte
Compagnie Les Attracteurs étranges

Venez découvrir ce magnifique spectacle d'une infirmière qui nous raconte son parcours depuis le H.A.D, hospitalisation à domicile, jusqu'à l'EHPAD en passant par l'hôpital. A travers anecdotes et ressentis personnels, elle interroge sa vocation, son lien aux patients, à l'aune de la réforme de notre système de santé, d'une course imposée à la rentabilité et au moindre coût. Elle vient nous expliquer pourquoi elle a perdu le sens de son métier en ne pouvant plus l'exercer dans de bonnes conditions.

Théâtre contemporain pluridisciplinaire
dès 12 ans - 1h

teaser
JE RESERVE : ici

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19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 10:59
Jacqueline IRLES - Julien GREEN -
Jacqueline IRLES - Julien GREEN -

Jacqueline IRLES - Julien GREEN -



le samedi 23 mars, à 20h30, au Théâtre El Mil lenari de Toulouges, le théâtre de l'Inattendu donnera une représentation de



ON NE BADINE PAS AVEC L'AMOUR d'Alfred de Musset.



Veuillez trouver en pièces jointes l'affiche et le dossier de presse.
Veuillez aussi m'excuser pour d'éventuels doublons.

Vous souhaitant une excellente journée
Cordialement

Christian BURIEZ



P.S.: pour ceux qui auraient déjà vu la pièce au Monastir Del Camp, sachez que la version en salle est agrémentée de quelques éléments qu'il nous était impossible de réaliser en extérieur...

 

 

Rencontre littéraire à Saint-Estève : les soeurs BRONTË

 

 

 

 

Mardi 19 mars 2024 à 18h30

 

au Théâtre de l'Étang à Saint Estève

 

 

Dans les pas des sœurs Brontë

 

Charlotte, Emily et Anne

 

 

Les sœurs Brontë, une oeuvre unique qui continue de fasciner.

Chacune des sœurs, Charlotte, Emily, Anne a mené un chemin littéraire singulier, loin du monde. Un chemin que la tuberculose a brutalement interrompu.

Comment ont-elles pu construire un tel imaginaire, en pleine ère victorienne pendant que la révolution industrielle bat son plein ?

Les 3 sœurs publient très tôt des poèmes (1846), puis des romans, d'abord sous des pseudonymes masculins. Leurs romans attirent immédiatement l'attention, pas toujours bienveillante, pour leur originalité et la passion qu'ils manifestent : 

 

 

Le roman de CharlotteJane Eyre (1847), histoire d’un amour impossible, remporte rapidement un grand succès. 

Le roman d’Emily, Les Hauts de Hurlevent (1848), « dans ces landes où l'on peut courir au vent et crier sa colère sans que personne ne nous voie », a scandalisé en brisant le tabou de la bienséance.

 

 

 

 

Les romans d’AnneAgnes Grey (1847) et surtout La locataire de Widfell Hall(1848) traitent du seul métier ouvert aux femmes pauvres, gouvernante, et de ce « genre de choses qu’on gardait secret à l’intérieur de la société victorienne, dont on ne parlait pas » seront admis parmi les grandes œuvres de la littérature. 

 

 

 

 

 

Mois d'avril : Début des Férias !

Notre 2ème Week End 100% Amor Flamenco c'est 3 jours avec une soirée Anda Jaleo, une journée de stage et une matinée shopping spécial Féria !

 

 

 

Cher·e·s aficionad@s,

 

Amor Flamenco revient avec ce deuxième Week end 100% Amor Flamencoqui se tiendra du vendredi 5 au dimanche 7 avril 2024 !

Nous remercions encore une fois tous les participants du premier Week end et nous espérons que vous serez encore plus nombreux pour celui-ci!

 

Vous le savez, le mois d'avril annonce le début des Férias, c'est pourquoi nous allons axer ce deuxième Week End spécialement sur les Férias et sur les Sévillanes !

 

Nous commencerons les festivités avec notre soirée Anda Jaleo "Spécial Féria" qui se fera le vendredi 5 avril à partir de 19h00 à la salle Amor Flamenco.

Pour l'occasion nous vous recommandons de venir en tenue Flamenca !

Le bar sera ouvert comme à son habitude et vous pourrez déguster entre autre nos Montaditos accompagnés d'un verre de Rebujito !

Nous continuerons notre Week End 100% Amor Flamenco avec la journée du samedi 6 avril pour notre troisième stage de sévillanes.

Cette journée est l'occasion parfaite de découvrir les bases des Sévillanes ou bien de parfaire vos connaissances que ce soit au chant, à la danse ou à la guitare pour pouvoir pleinement en profiter durant les Férias !

 

Renseignements et inscriptions : https://www.amorflamenco.fr/we-flamenco

Ou en flashant le QR Code ci-dessous.

Enfin, nous terminerons ce Week End 100% Amor Flamenco avec une vente de vêtements et d'articles spéciale "Féria et Flamenco"!

Dimanche 7 avril de 10h à 14h, retrouvez nous à la salle Amor Flamenco pour profiter d'un moment shopping.

Nous aurons à la vente des robes, jupes, chaussures, bijoux, châles, fleurs et beaucoup d'autres accessoires.

 

Que vous recherchiez quelque chose en particulier ou que vous souhaitiez simplement passer un bon moment avec nous, ne manquez pas notre événement !

Le bar sera également ouvert pour l'occasion et vous pourrez prendre une collation avec nous.

ADRESSE DES ACTIVITÉS

(Cours hebdomadaires/mensuels/soirées Jaleo)

35 avenue Commandant Soubielle | 66000 PERPIGNAN

>> Lien google map <<

LES EVENEMENTS A VENIR SAISON 2023/2024

 

Vos Soirées Anda Jaleo à venir 

Une soirée par mois dès 19h à Perpignan, la salle de danse se transforme en bar et scène ouverte pour accueillir les Soirées Anda Jaleo !

Au programme : JAM session Flamenca, soirée sévillanes et service de boissons & tapas dans une ambiance bienveillante, chaleureuse et festive. Un joyeux Jaleo !

 

Une soirée par mois | 19h/23h | Entrée libre

35 avenue Commandant Soubielle | Perpignan

 

• Vendredi 5 avril 2024

• Vendredi 3 mai 2024

• Vendredi 7 juin 2024

• Vendredi 14 juin 2024 Soirée Anda Jaleo spécial spectacle de fin d'année

 

Vos Stages de Flamenco 

Plusieurs stages de Flamenco à venir en Juillet et en aout !

Informations, dates et tarifs à venir.

La Carte adhérent Amor FLAMENCO

 

Soutenez Amor FLAMENCO tout en bénéficiant d'avantages et réductions sur tous les événements de l'association en souscrivant à notre carte adhérent ! (Tarif 20€. Valable un an à compter de la date de souscription).

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10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 09:16
Attal st son compagnon Stéphane Séjourné

Attal st son compagnon Stéphane Séjourné

ALIOT face à CAVERIVIERE -

Attal, le grand dépassement - Le Liban rayonne grâce à Amin Maalouf, entre autres 

 

Présent hier 8 février sur RTL, le maire de Perpignan a été apostrophé par l'animateur Caverivière : son prénom LOUIS a été loué, non car royal : celui des Bourbons, Louis 14, 16... mais comparé à celui d'un député insoumis médiatique et chiant...

 

L'humoriste a remarqué qu'un Noir avait évolué dans la parade des Rois Mages à Perpignan; normal ils venaient d'Orient. Cet événement prouve que Louis Aliot n'est pas raciste.

Antisémite, peut-être comme le disait E. Borne, mais ça reste à prouver dans les faits...

Et c'est invraisemblable, car à Perpignan Louis a tout fait pour faire ami-ami avec Benguigui, avec Halim, et inviter le célèbre couple Klarsfeld, mangeurs de Nazis !

JPB

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Ces Libanais qui font rayonner la culture en France

D'Amin Maalouf à Wajdi Mouawad en passant par la ministre Rima Abdul Malak, retour sur celles et ceux qui se sont fait un nom dans le paysage culturel de l'Hexagone. Et qui font résonner un Liban différent.

 

Ces Libanais qui font rayonner la culture en France

Montage Guilhem Dorandeu 

Déjà Immortel, Amin Maalouf est devenu jeudi Secrétaire perpétuel de l'Académie française. Une nouvelle consécration pour l'auteur franco-libanais du Rocher de Tanios, des Jardins de lumière et d'autres chefs-d'œuvre, membre de l'Académie depuis 2012.

Lister tous ses best-sellers prendrait trop de temps, tout autant que d'énumérer tous les Libanais qui, depuis la France, font rayonner le pays du Cèdre. 

Liban : lire  Amin Maalouf 

 

Commentaire sur ce blog :

Requena

08/01/2024 11:29

 

En voyant le nom de Zarathoustra, je me suis souvenu de la lecture des "Jardins de lumière" (1991) de Amin Maalouf, œuvre éblouissante dont voici l'argument donné par Le Livre de poche :

 

 "Lorsqu'on emploie les mots «manichéen» ou «manichéisme», on songe rarement à Mani, peintre, médecin et philosophe oriental du IIIe siècle, que les Chinois nommaient «le Bouddha de lumière» et les Égyptiens «l'apôtre de Jésus».


Bien loin des jugements tranchés et sans appel auxquels on l'associe, sa philosophie tolérante et humaniste visa à concilier les religions de son temps. Elle lui valut les persécutions, le supplice, la haine. Mille ans après, l'accusation de manichéisme conduisait encore les Albigeois au bûcher...


Nul mieux que l'auteur de Léon l'Africain, de Samarcande (prix des Maisons de la Presse 1988), et du Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993), né dans un Liban déchiré par les fanatismes, ne pouvait raconter l'aventure de cette existence."

 


J'ajoute un lien vers un article : https://doi.org/10.4000/babel.10241 (à copier et à coller dans la barre du moteur de recherche).

Clarisse Réquéna

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Le grand dépassement avec Gabriel ATTAL

 

Le nouveau 1er ministre a des atouts : le plus jeune de la 5° république, gay, issu d'un milieu bourgeois, il est une caution de gauche (il se réfère à J.P. Chevènement) et parle surtout avec la droite LR. 

 

Convaincant lors de son passage-éclair à l'éducation (fermeté, condamnation du salafisme... uniforme...idées volées au RN, selon L. Aliot), il engrange des voix à droite et n'en perd pas trop à gauche.

 

Il incarne "l'espace central" où Macron veut encore évoluer, malgré une loi sur l'immigration copiée chez l'extrême-droite...

 

Il pourrait faire revenir le pays aux valeurs essentielles, ce "réarmement civique" demandé par Macron. Cela pourrait ouvrir la perspective d'un nouveau "font républicain" apte à stopper l'avancée de Bardella et Le Pen...

 

JPB

 

*en économie, écologie :

 

Le jour du dépassement va tomber, cette année, pour l’ensemble de la planète (pour la France c’était en mai dernier), début août. Inventé par l’ONG américaine Global Footprint Network, ce jour est celui à partir duquel l’humanité est censée avoir consommé toutes les ressources non renouvelables que la terre est capable de produire en un an pour régénérer nos consommations ou absorber nos déchets. Passé ce jour, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves non renouvelables tout en accumulant les déchets.

 

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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 10:00
Avec Claude à Rivesaltes - Préface de C. Delmas pour mon livre sur Matisse - C. Delmas et le peintre Garcia-Fons à la librairie Torcatis - Couverture de son dernier livre
Avec Claude à Rivesaltes - Préface de C. Delmas pour mon livre sur Matisse - C. Delmas et le peintre Garcia-Fons à la librairie Torcatis - Couverture de son dernier livre
Avec Claude à Rivesaltes - Préface de C. Delmas pour mon livre sur Matisse - C. Delmas et le peintre Garcia-Fons à la librairie Torcatis - Couverture de son dernier livre
Avec Claude à Rivesaltes - Préface de C. Delmas pour mon livre sur Matisse - C. Delmas et le peintre Garcia-Fons à la librairie Torcatis - Couverture de son dernier livre

Avec Claude à Rivesaltes - Préface de C. Delmas pour mon livre sur Matisse - C. Delmas et le peintre Garcia-Fons à la librairie Torcatis - Couverture de son dernier livre

Hommage à Claude Delmas (30 décembre 2023) -

J.P. Bonnel

 

"L'action de la littérature sur les hommes, c'est peut-être l'ultime sagesse de l'Occident."

(Emmanuel LEVINAS)

 

*Ma mère, quand elle était fatiguée ou désespérée, me disait : "Toi aussi, tu mourras !"

Parole, comme une gifle, en tout cas une leçon d'humilité !

Je croyais, pourtant, être immortel. Je n'étais jamais malade, pas une opération. Cette situation me convenait. Le seul problème, pensais-je, "c'est que je risque de m'ennuyer, quand tous mes parents, amis, connaissances seront partis."

 

L'éternité, en demeurant vivant, c'est long...puis-je écrire en plagiant W. Allen qui parlait de l'éternité dans la mort...

 

Un autre obsédé par la fin, la destruction du corps, de l'intelligence, d'une oeuvre... Tel était l'ami Delmas, qui, en s'appuyant sur mon épaule, me causait maladie et départ définitif...

 

En traversant, ému, admiratif, son livre ultime, publié par Roger Coste (librairie Torcatis), je pensais que s'il enchainait les courts souvenirs, de façon si rapide, dans liaison, sans titre de chapitre ni pagination, passant d'un voyage à une scène de séduction, d'une description de son village à celle d'une ville orientale, c'était pour traduire le maelström de son existence pleine comme un oeuf, entre guerre et mariage, travail pour Air France et moments d'écriture...

 

C'est là, peut-être son chef-d'oeuvre et on aurait voulu que Claude racontât ainsi sa vie dans de nombreux volumes, avec cette voix sincère d'homme libre, d'écrivain doué qui n'eut pas le temps de parfaire une oeuvre, mais dont on a un exemple magnifique dans cette "disparition des P.O.", qu'il n'évoque que dans les dernières pages.

Et cette submersion du territoire si aimé est la partie la moins intéressante, pour moi, même si elle veut dire que la Catalogne perd son identité, peu à peu, que le politique disparaît lui aussi au profit de la corruption généralisée...Que tout fout le camp !

 

Et que ses amis - Massé, L'Héritier- vont mourir (seul Michel Fourquet, le peintre doué de Rivesaltes, survit)...

Et que lui aussi, hélas, va devoir quitter la beauté des Corbières, de Catherine, de Vingrau, d'une Catalogne dont il n'admet l'indépendance que si elle est démocratique ...

 

En lisant Claude Delmas, je meurs avec lui !

J.P.Bonnel

 

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*Claude Delmas, Ulysse des airs

 

(texte et photo JPB, 24 SEPTEMBRE 2014, le blogabonnel)

 

Je viens de lire ce roman au titre admirable.

Claude m'avait dit qu'il écrivait un livre qui finirait à la mort de son auteur…Or, celui-ci publie un "petit" grand livre avec un début et une fin, bien clôturé, qui est un retour sur le passé du narrateur : ce temps espagnol, basque et andalou, madrilène et surtout tolédan, Tolède étant le centre exact de l'Espagne, est évoqué par le "héros", anti-héros plutôt en prison, s'échappant de sa geôle grâce au souvenir et au récit.

Ce personnage est une sorte d'Ulysse du XX° siècle, rêvant au retour dans sa patrie, comme C. Delmas, désirant revoir son pays après bien des escales, bien des femmes, bien des livres…

Delmas est cet Ulysse des airs, ce directeur d'Air France, qui, après avoir bien bourlingué de par le monde revient à Vingrau, tout contre la frontière des Corbières…Lui qui, page 30, se dit "négateur des frontières", revient dans sa famille (p.121), dans sa Catalogne, pour laquelle il souhaite un futur de frontières, une utopie d'indépendance…

Comme si notre ami le romancier, si obsédé par le temps, la mort, la vieillesse et la beauté des femmes, voulait se trouver un nid sécurisant, un village natal de pierres protectrices, afin d'empêcher la mort d'approcher et de le prendre...

Il y aura encore bien des livres de C. Delmas pour nous protéger, lui et nous, de la mort, pour gagner du temps sur une éternité que nous ne voulons pas envisager. Et Claude de vivre pour toujours avec ses amours, l'Espagne et ses Castilles, et pour son amour, son épouse, lisible à chaque tournant de phrase, aimée à chaque mot apparu sur la langue : érotisme du mot à envisager surtout d'un point de vue linguistique...

Car Claude Delmas, s'il a passé sa vie à aimer sa femme, l'a passé aussi à aimer sa langue, la française !

 

 

 

*A JAMAIS TON NOM SUR MA LANGUE

 

La littérature, c'est ce qui nous étonne et nous bouscule. Avec "A jamais ton nom sur ma langue", dès la première ligne, c'est fait et notre ahurissement ne cessera de croître jusqu'à la dernière page, au long d'un récit brûlant, plein d'ombres et de lumières, à l'écriture fluide et sensuelle, attisant la violence et les tourments des personnages. La littérature c'est aussi ce qui nous élevant au-dessus des opinions communes, nous transforme. Refermant le livre, essoufflés, comment pourrions-nous conserver, après notre lecture, un regard inchangé sur les passions amoureuses, la trahison, l'injustice, l'enfermement, l'amitié et aussi sur cette Espagne, que l'auteur connaît si bien, dont il sait dire à la fois les splendeurs et les ténébreuses pulsions.

 

*Claude DELMAS, écrivain de la frontière


« Dans un village, celui qui dépasse la frontière crée le récit. »


     C’est un doux, un tendre, un timide. De l’énigme et de la retenue qui l’habitent naît ainsi une grande séduction. En effet, cet homme est un séducteur : il vous charme naturellement, en raison de sa modestie et de sa douceur mêmes.

 

Il sait se tenir à l’écart des spectacles du monde, mais un beau jour de tramontane et de salubrité publique, il n’hésitera pas à faire entendre une colère qu’on ne soupçonnait pas chez lui…A l’occasion, par exemple, d’un article de journal inconséquent ou du devenir du Camp de Rivesaltes, dont il fut un temps, le temps de croire à la raison et au cœur des hommes, l’âme et le moteur. Jaillit alors l’intifada des mots !

 

En effet, ce natif des Corbières roule dans sa bouche les pierres frontalières de la Catalogne et de l’Occitanie, avec un accent –comme on dit pour caricaturer- « parisien », lui, l’enfant du Sud, fils d’un instituteur de Vingrau !Il a l’inflexion des gens qui ont voyagé, lu et vécu au-delà des frontières de la proximité. Il a aussi la taille d’un homme du Nord, et la chevelure d’un Indien de ce grand Nord, où la neige ose même vous blanchir les ondulations du crâne. Ainsi, il pourrait, de prime abord, vous impressionner par sa hauteur de corps, par sa hauteur de vue. Par une force spirituelle, née de la croyance en des valeurs inaliénables : l’enfance passée en une géographie précise, irremplaçable, ou l’enracinement dans un ultralocal cerné de frontières sociales, politiques, psychologiques, historiques…et le plus souvent mesquines.

 

Ainsi de la rivalité cloche-merlesque entre Tautavel et Vingrau, en filigrane de plusieurs de ses romans, et qu’il faudra bien expliciter un jour, avec la plume habituelle de la poésie et de l’ironie, formule susceptible de définir le style de Claude Delmas. Mais sa « hauteur de vue », c’est-à-dire son aptitude au bonheur, le recours au recul apaisant et à la distance pourvoyeuse de vérité, il la doit à une existence riche et longtemps déroulée par-delà des montagnettes qui voudraient inscrire des limites entre deux peuples proches.

De par son métier, en tant que haut responsable à « Air France », C. Delmas a parcouru le village du monde et a connu les autoroutes de la terre et des airs. Pourtant, on a l’impression qu’il n’est jamais parti, qu’il n’a jamais quitté la caune de son village ou le nid fœtal de sa préhistoire ! Qu’il est là, droit, dur, debout, débutant de la vie, dans le corps de la pierre, dans la maison commune des Corbières, les deux pieds dans ses racines qui, depuis le Rivesaltais, plongent jusqu’à la Catalogne d’en deçà des Pyrénées et jusqu’au cœur de cette Espagne, sue sur le bout des yeux, et omniprésente dans son œuvre. D’ailleurs, un dossier récent du « Monde des livres » rappelait le beau texte de Claude Delmas sur Madrid et ses Castilles.

 

Avec discrétion, il a l’Espagne au cœur, et Vingrau, ses deux plus chères Républiques. Et l’amitié ! En effet, il saura se taire longtemps, notre ami, et puis, soudain, nous donner par un acte tangible ou par des paroles encourageantes, un témoignage d’affection virile. De celle-ci, il en donne les preuves physiques, telle l’embrassade ou la main sur votre épaule : il s’y appuie longuement et les petits nouveaux, les passants pressés ou les étranges étrangers croient que c’est pour trouver quelque appui ou reposer son interminable taille d’éternel jeune homme…

 

Ses récits racontent tout cela, ces moments d’amitié, d’amour, dans un retour inlassable vers la mémoire, le premier geste de compagnonnage, le plaisir originel avec la femme, dont il découvre, tout étonné, l’anatomie intime…Ses romans sont l’exploration fébrile de l’Autre et du monde : ils sont parcourus d’aventures amoureuses et décrivent l’odyssée des voyageurs des autoroutes.

 

Cependant, Claude Delmas n’est en aucun cas l’Ulysse du cheminement moderne ; il est à l’opposé d’un Julio Cortazar, qui, dans Les Autonautes de la cosmoroute parle des menus événements susceptibles d’arriver sur les multiples voies bitumées ou sur les aires de repos. La poésie de l’autoroute qui intéresse Claude Delmas, c’est cette ligne droite sécurisante, permettant d’aller rapidement d’un point à un autre. Dans cette zone neutre, hors du monde, il oublie les tracas du métier et le travail d’écrivain. Cette frontière, qui sépare la réalité et la fiction, lui promet que rien d’inquiétant ne surviendra.

 

L’autoroute est grosse de « possibles impossibles », formule fulgurante destinée à définir le virtuel et la fiction ; la vie et la confrontation avec le réel ont lieu dès qu’on quitte le poste de péage. De même, le village natal, c’est l’autoroute, la paix, la régression vers la naissance ; passez le « pas » de Vingrau, et il vous faut vous coltiner avec ce qu’on appelle la vie, c’est-à-dire, le cheminement vers la mort. L’existence de C.Delmas peut se résumer ainsi : l’éternité autoroutière, où l’on songe au prochain livre et la retraite au hameau, où l’on écrit le dernier livre ; entre ces deux somnolences, il faudra bien s’activer un peu pour mettre de le l’encre dans le moteur et du super dans le plumier !

 

A l’occasion des rencontres de Leucate, entre écrivains catalans et occitans, en juillet 2001, qui s’interrogeaient sur l’utilité des frontières, Claude Delmas a fait cette remarque essentielle : « S’il n’y a pas de frontières, il n’y a pas d’antagonismes. La frontière provoque le récit. Dans un village, celui qui dépasse la frontière, la limite entre deux cantons, crée le récit. »

 On pense alors que la frontière, pour l’inspiration affective, psychologique de l’adulte marqué par l’époque de son enfance villageoise, la vraie frontière, ce n’est pas la limite politique entre la France et l’Espagne, la barrière géographique des Pyrénées, la frontière économique entre les classes sociales ou les pays riches et pauvres, c’est la présence du Verdouble, qui sépare Tautavel et Vingrau…

 

C’est la frontière mentale entre l’en-deçà, qui est le bonheur de l’enfance, le cocon familial, et l’au-delà qui est tumulte, angoisse et combat pour la vie :

« Dans un village, celui qui dépasse la frontière crée le récit. » Claude Delmas a dû enjamber la frontière, franchir l’entre-deux d’une rivière pour aller gagner sa vie, mais non pas perdre son temps : le monde alimente en lui le romanesque. Le temps passé loin des racines n’est pas vécu comme une situation d’exil ; C. Delmas n’en conserve ni amertume ni dépit ; il estime que la vraie frontière est en nous, témoin la valse-hésitation entre deux femmes dans son dernier recueil L’emmurée de Tolède, ou ces aspirations permanentes entre deux pays, celui, ancien, du père, ou celui, présent, de la famille et des amis. Cependant, cette limite, ce déchirement du bilinguisme, de la culture partagée en deux, est plus un enrichissement qu’une mutilation. Le va-et-vient entre les frontières est pour C. Delmas une nécessité : il se frotte au monde et se nourrit des bonheurs ou des difficultés que les peuples étrangers ont pu lui procurer : il se déclare « négateur de frontières » (1)

 

Il aurait pu demeurer au pays et se consacrer à la célébration du Canigou ou à l’évocation passéiste d’une enfance vécue dans un univers agricole idéalisé : « Enfant, dans l’autarcie mentale de mon village du bout du monde, environné de garrigues, je croyais que la Scandinavie commençait à la frontière belge… » (2)

Il aurait pu écrire pour tenter de reconquérir les frontières d’une Catalogne réunifiée. Il a peut-être l’intuition que, si le territoire catalan est partagé par l’Albère et la chaîne des Pyrénées, c’est afin de pouvoir ainsi apprécier deux fois son indicible beauté…

 

Claude Delmas est revenu au pays, au village, mais quand il se rend à la féria de Nîmes ou, au-delà des « frontières mauves ou bleues de l’Espagne » (3), à Tolède, il est encore chez lui. Même si les frontières sont abolies par l’internet, la rapidité des déplacements, la construction européenne ou la mondialisation, il se déplace avec, en tête, les anciennes limites, symboles de repli sur soi, d’interdit, d’Histoire : 

 

« Intranquillité des gens qui, comme moi, hésitent entre le Sud et le Nord, ignorant que les frontières n’existent plus, ce qui n’empêchent pas qu’on reste pour l’éternité le sudiste ou le nordiste de quelqu’un et que, frontière ou pas, on est toujours celui dont on se débarrasse. »

Grand voyageur, longtemps par nécessité, l’écrivain regrette une vie calme et sédentaire, qu’il aurait pu passer dans le terroir qui l’a vu naître. Le temps de son existence semble avoir été gaspillé dans la vitesse, le dépaysant mouvement des allers et retours entre le village natal et le village global : « Je reproche à mes parents de m’avoir autrefois déboussolé avec leurs déplacements incessants entre les montagnes et la plaine maritime qui m’ont fait perdre mon goût de l’immobilité et mon sens de l’orientation. »

Cette citation de L’emmurée… fait écho à une phrase exprimant elle aussi un sentiment de regret, à l’heure du bilan d’une vie, « cette longue locomotive », pourtant bien remplie : « Je n’aurais jamais dû quitter mon village, planté sur cette terre rouge, porteuse de ceps. » (4)

 

Désormais, Claude Delmas tente sans doute de retrouver « le temps perdu », en réinvestissant une maison familiale rénovée, au cœur du village des Corbières. Se retrouver, vieil enfant, dans la coquille-fœtus, et retrouver la paix ; et l’éternité, cette absence de mouvement. Dans les frontières géographiques de Vingrau, dans les frontières psychologiques de la famille et de la mémoire, réintégrer le temps de l’enfance :

« Entre le désert et la glace, je voudrais trouver un centre, me fixer et qu’on me foute définitivement la paix pour qu’enfin je puisse goûter, même si tardivement, à l’amour partagé et aux plaisirs multiples de la vie. »

Cependant, il nous semble que cet apaisement intérieur, ce repos dans une sorte de retraite protestante au « désert », est impossible pour quelqu’un qui a nourri son œuvre de la transgression des frontières et du mouvement des aventures humaines. Cette paix des braves, Claude Delmas pourrait la trouver dans l’arrêt de l’écriture et le renoncement romanesque. Il nous fera l’amitié de ne pas opter pour cette solution suicidaire ! Pour notre bonheur ! Et d’abord pour le sien, qui réside dans le cheminement des phrases : l’écriture est le geste de la vie et l’expression de l’énergie. La seule frontière que nous désirons lui voir franchir, pour de nombreux livres à venir, c’est celle qui marque la séparation entre la fébrilité prosaïque du quotidien et l’investigation poétique de l’imaginaire.

L’œuvre littéraire de Claude Delmas vit dans cet entre-deux, dans cette dialectique intranquille qui fait jaillir le neuf à partir des vieilles frontières.

 

Jean-Pierre Bonnel  (29 DÉCEMBRE 2018 -CLAUDE DELMAS IN MEMORIAM, HOMMAGE AU ROMANCIER DE VINGRAU)

 


(1) L’emmurée de Tolède, page 14 – Balzac éditeur – Montréal-Paris, 2000 – (2) Idem, p.8 –
(3) Histoire de Billy et la mienne - POL - Paris - 1980 - Réédition à Libres del Trabucaïre – 2001 –
(4) La lune est l’assassin – page 19 - Flammarion – Paris – 1995 -

 

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 09:41
Marian NAZAT

Marian NAZAT

Littérature roumaine

 

 

Marian Nazat

 

« Je suis vieux, je suis vieux ! »…

 

 

Il fait déjà jour. Je reste étendu sur le lit et je regarde par la fenêtre ouverte un groupe d’acacias fleuris. Je flotte entre la réalité et le rêve. « Grand-père, tu es un vieil oiseau qui ne peut plus voler », me réveille de la rêverie Tudor, mon petit-fils de quatre ans, en me regardant d’une certaine manière. Je veux me relever et partir, mais c’est comme si mes ailes… étaient pétrifiées.

 

      Je marche tout doucement à travers la ville. Je n’ai aucun but, tout simplement je veux flâner et écarquiller les yeux, comme disaient les paysans de jadis. Je fais quand même quelque chose – je regarde les visages des passants et j’essaie de voir en eux. D’ vient chacun et il va. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais le dernier temps je n’observe que les vieillards. Et, mon Dieu, comme ils sont nombreux ! Mon cœur tremble tandis que je compte leurs pas toujours plus difficiles… leur regard toujours plus éteint, dont ce scintillement joueur a disparu… l’aspect toujours plus précaire… la peur dans chaque respiration…

Je connais certains d’entre eux depuis quelques décennies et c’est pourquoi je suis troublé à chaque fois que je les aperçois. Ils semblent avoir vieilli d’un coup, jusque récemment ils avaient été jeunes, non fissurés. De toute façon, il n’y a pas longtemps, j’apercevais rarement des gens aux cheveux blancs, sous le fardeau de l’âge. Non qu’ils n’aient pas existé, mais ils ne faisaient pas partie de mon univers, je ne les observais pas. Tandis que maintenant, ils se sont agglomérés autour de moi et je me pose sans cesse une question : « Pourquoi est-il nécessaire de voir la vieillesse sur d’autres visages pour la déchiffrer sur le sien ? »[1]

De sorte que, de retour à la maison, je me fige devant le miroir et je m’investigue, le cœur effrayé. « Comme j’ai changé ! », remarqué-je vaincu. Les fissuressur le front se sont approfondies, mes cheveux ont blanchi et en ont assez de m’être fidèles, eh, ce n’est pas ma meilleure version ! Indiscutablement, il y a eu de meilleurs temps, lorsque je n’avais pas l’aspect d’une « bougie poussiéreuse »[2]. Vraiment, « il est très étrange de vieillir. Le truc principal est que vous devez vous répéter sans cesse : je suis vieux, je suis vieux. »[3]

Et la répétition est la mère de l’apprentissage, n’est-ce pas ? Au diable, un peu d’humour fait augmenter notre moral. Je me le dis sans cesse, mais en vain, l’âge « se colle à moi comme une sangsue »[4], je ne peux en aucune manière la détacher et la jeter au loin. Ou du moins l’amadouer et l’arrêter de sucer ma vitalité. Je cherche à gauche et à droite, peut-être quelqu’un a-t-il découvert la formule magique, mais j’abandonne. Personne n’a trouvé le remède de la jeunesse perpétuelle. Je désirerais celui de la maturité perpétuelle, je ne blague pas du tout ! Je me secoue et j’essaie de sourire, tout n’est pas perdu ! Par exemple, il suffit d’une brise maintenant « pour que le parfum m’habille de souvenirs »[5].

Comme les voyages vers le passé sont merveilleux ! Parfois, toute retouche est à votre portée, toute correction. De plus, le temps estompe les gros accents, violents et cosmétise les plaies. Avez-vous observé que de vos profondeurs on ne sort pas trop de vase ? Le seau n’apporte à la surface que de l’eau cristalline, sinon on s’empoisonnerait de ses propres excrétions, amères comme le fiel. Là-bas, descendu dans ses profondeurs de début, on se revoit comme jadis, un petit d’homme qui n’a que de l’avenir, rien d’autre. Innocent et serein. Les jours volent comme les fous et à votre insu vous vous réveillez avec un gros boulet attaché au pied. « Hélas, mon enfance,/comme il est misérable/ l’être qui s’est écoulé de toi ! »[6].

On avale à sec, on injurie avec dépit, mais rien ne vous empêchera de porter de l’eau sans cesse. Au bout du compte, « la vieillesse n’est que le nom et l’aspect d’un élan sous une cape de nuages qui nous empêche d’observer sa continuation vers le haut »[7].

            « Je suis vieux, je suis vieux ! », me répétè-je comme une machine abîmée dans la cachette domestique, avec le désir d’amadouer les dieux. Eux aussi sont impuissants en cette saison de la peur et de l’impuissance… « Traînant, le crépuscule, lézard de lumière »…[8]

 

1er janvier 2021

 

(extrait de La vie broie, broie…, Éd. RAO, Bucarest, 2023)

 

***Marian Nazat

Né le 14 mars 1961 à Topraisar (Roumanie). Diplômé de la Faculté de droit. Avocat au barreau de Bucarest. Il publie des articles sur son blogue personnel :

 www.mariannazat.ro

et sur divers autres sites.

 

Livres : Starea de anormalitate 1 et 2, România de-a-ndoaselea, România oranj, România târâș, Pe tălpile României, Țara de cobai, Jurnalul banalității, Suflet în exil, Cartea ieruncilor, Lumea de azi, Basmul fotbalului..., Prizonier în „câmpul tactic“, Russia 2018 : de Pierre le Grand à... Deschamps, Homo homini… virus et Dragul meu haștagist.

 

L’écrivain se confesse : « J’écris sans cesse, sinon je sècherais, j’écris pour ne pas oublier que j’existe, j’écris pour ne pas laisser les mauvaises herbes pousser au-dessus d’un monde déjà mort, j’écris… ».

 

 

*Notes :

[1] Vintilă Horia, Jurnal de sfârșit de ciclu 1998-1992. Jurnal turinez 1978.

[2] Charles Bukowski, Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.

[3] Charles Bukowski, Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.

[4] Charles Bukowski, Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.

[5] Vintilă Horia, Jurnal de sfârșit de ciclu 1998-1992. Jurnal turinez 1978.

[6] Dorin Tudoran.

[7] Vintilă Horia, Jurnalul unui țăran de la Dunăre.

[8] Vasile Voiculescu, Printre semințiile gândului.

- - - -

Le mot de la traductrice (du roumain au français) : Letitia ILEA.

 

Le texte que je t'ai envoyé est un extrait d'un nouveau livre paru en roumain : La vie broie, broie... (Ed. RAO, Bucarest, 2023). Il a deux livres parus chez Edilivre, celui sur le football et celui-ci :
 
 
version francaise: Letitia Ilea

- - - - - -

 

***Homo homini… virus

Par Marian Nazat

Thème : Témoignage (Edilivre)

Date de publication : 02/08/2022

 

Je me suis entêté à garder la clarté de mon esprit et l’esprit critique, attentif à la multitude d’exagérations et de mensonges jetés vers nous par la propagande des deux sectes, les deux tout aussi nocives : les croyants et les mécréants au Covid-19.

Je me suis efforcé de me positionner entre les combattants fanatiques, m’assumant de cette manière le risque d’être injurié de tous les côtés. Peut-être que je n’ai pas toujours trouvé la tonalité appropriée, peut-être que mes paroles ne se sont pas toujours alignées sur le champ de cellulose avec de la sagesse, peut-être que parfois je me suis laissé tomber en proie à l’émotion, au trouble de moment… Je ne le nie pas, mais je ne m’en repentis pas. C’est de cette manière qu’a dû être écrit ce livre sur la réduction de l’homme au stade inférieur de virus. Homo homini… virus, qui l’aurait cru ?

 

 

 

- - - -

 

    Le livre retrace les péripéties du « ballon blanc et noir » à l’occasion du Mondial de Russie de 2018, dans le pays des tsars sanglants et sans pitié dont la grandeur captive encore, séduit et effraie à la fois. Pour comprendre la Russie d’aujourd’hui, il faut faire une recherche sur ses racines – et quelle connaissance pourrait contourner Pierre I, le bâtisseur de l’empire infini ? Le livre prend ses sources dans une légende extérieure au football, pour finir un jour de juillet 2018, lorsque Didier Deschamps se mettait sur le front les lauriers du trophée intercontinental.

 

   Cela peut sembler bizarre, mais le football a été le prétexte idéal, le goût de la madeleine proustienne capable de faire revivre le passé historique, culturel et politique d’un empire jamais endormi, sans lequel l’invasion récente sur l’Ukraine serait incompréhensible...

 
 
 

 

 

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18 novembre 2023 6 18 /11 /novembre /2023 09:38
Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO
Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO
Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO
Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO
Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO
Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO

Dernier recueil de J. Gautrand (avec J.P.B.) - Lucie RICO

Banyuls-sur-Mer

 Le 18 Novembre 2023, à 18 heures, salle Novelty

 

Lectures poétiques : « Escales et chemins du Sud »

  par Jacques Gautrand,

poète et journaliste                              

Entrée libre et gratuite. 

 

   ©ontact :  Association Walter Benjamin sans frontières, Banyuls/Mer. 06.31.69.09.32.

 

Jeune romancière de Perpignan

 

Lucie Rico est née en 1988 à Perpignan (66). Elle vit et travaille entre Paris et Perpignan. Ses romans Le chant du poulet sous vide et GPSsont publiés aux éditions P.O.L. Parallèlement, elle écrit des scénarios et réalise des films.

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 12:03
 CONFERENCE HISTORIQUE ET LITTERAIRE PAR CLARISSE REQUENA : PROSPER MERIMEE ET LE ROUSSILLON : médiathèque de Saint-Cyprien, le 22 Nov. 2023 à 18h30

 

 

18h30 - 20h00 > Clarisse Requena, docteur ès-lettres proposera au public une conférence historique et littéraire sur Prosper Mérimée, illustre auteur et Inspecteur général des Monuments historiques, dont elle est spécialiste.
Public adulte.
Gratuit.

OUVERTURE :

Le 22/11/2023 De 18:30 à 20:00

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4 novembre 2023 6 04 /11 /novembre /2023 10:26
Lou Aliot chez Torcatis : non, littérature avec Pascal ALLIOT - Polémique à Céret : l'envolée, départ de Dominique Devals -

Littérature ce samedi 4 novembre à Perpignan :

Librairie Torcatis, dédicace de 11h à midi ce samedi

 

Pascal Alliot

 

Un premier roman qui vient de sortir-le 23 mai 2023-:

 

https://www.decitre.fr/.../journal-ordinaire-d-un...

 

Chez Lazare et Capucine, contrat à titre d'éditeur. Résumé Itinéraire sanglant et halluciné d'un jeune homme, meurtrier en série, qui séduit puis assassine sordidement des jeunes femmes rencontrées au hasard de son chemin, laissant à dessein une trace sanglante bien identifiable. Il va pourtant tenter de revenir sur son enfance tourmentée, essayer d'échapper à ses démons, refaire sa vie, mais l'amour appelle inexorablement le sang. Un juge va se lancer à sa poursuite et le retrouvera, quinze ans après, alors qu'il vit reclus dans un phare. L'heure du jugement sonne enfin. Ce magistrat n'a rien non plus d'un homme ordinaire... Pourtant, justice doit être rendue. La foule gronde et appelle le sang. Mais non, cet assassin pas ordinaire ne mérite pas une peine ordinaire... Archéologue céramologue, Pascal Alliot vit en Espagne, près de Barcelone. « Journal ordinaire d'un assassin pas ordinaire » est son premier roman avec lequel il nous fait pénétrer dans un imaginaire brutal, onirique, riche et haletant, nous faisant visiter les tréfonds de l'âme tourmentée d'un meurtrier.

 

https://www.fnac.com/.../Pascal-Alliot-Journal-ordinaire...

Débat - Association à Céret - Polémique (Communiqué)

 

 

Cher.es ami.es de l'Envolée,

L'Envolée était en sommeil depuis le Covid et de gros problèmes personnels l'an dernier, mais elle vient de se réveiller !!!!

  • Je vous ai informé.es en mai de la création de l'association Les Amis du Ciné Cérétan, suite à la fermeture annoncée de la salle historique de Céret.
  • Vous avez été nombreux.ses à adhérer à cette association, dont j'étais présidente.
  • Vous receviez donc, régulièrement, des courriers d'information sur l'évolution de ce dossier, la plupart rédigés et signés par moi après approbation des dix autres membres du bureau.
  • Vous avez remarqué sans doute que les derniers mails sont signés du « bureau de l'association », avec les noms des membres restants : j'ai en effet démissionné le 20 octobre, suivie par les trois « pros » grâce à qui nous avions élaboré un projet de programmation original pour le Ciné Cérétan, et qui refusaient également qu'on se « débrouille » avec la salle de l'Union, qui n'a jamais été pensée pour remplacer le Ciné Cérétan lors de sa conception, qui n'est pas aux normes du CNC, et où il est donc impossible de programmer des films récents et avec une bonne qualité d'image.
  • Il est vrai que début août, après l'annonce de l'abandon total du projet de rachat de la salle de Monsieur Laporta par la Mairie, j'ai été convaincue qu'il n'y avait pas d'autre solution que le projet de multiplex géré par un privé, et d'utiliser la salle de l'union "en attendant".
  • Puis je me suis fait les réflexions suivantes, nourries des dernières infos concernant l'endettement de la ville, la remise en cause de certains projets de service public dont la communauté a bien besoin, tout en finançant les projets qui favorisent les investisseurs privés, comme c'est déjà le cas pour la brasserie Cap Dona :
  • - L'endettement pour construire un multiplex est colossal, le remboursement par le gestionnaire privé du lieu (à supposer qu'il y ait des volontaires !) étalé sur des dizaines d'années grèvera lourdement le budget de la ville, au détriment d'autres projets.
  • - En termes de coût de construction et d'équipement, c'est au moins 4 ou 5 fois plus que l'achat de la salle de Monsieur Laporta, qui en tous cas devenait propriété de la ville. Ensuite, le budget de fonctionnement de la salle, jugé trop intenable pour la ville, serait loin d'atteindre les budgets consacrés à des projets culturels autrement plus dispendieux, mais qui profitent au « privé ».
  • - Le château d'Aubiry, notamment, coûte très cher aux Cérétans : je voudrais bien savoir combien par habitant, avec les travaux pour accueillir les Déferlantes (et les 265000 € de subvention par an budgétisés pour l'association du groupe Bolloré qui les organise, heureusement qu'ils sont partis !), qui profiteront aux propriétaires du château in fine.
  • Si la ville est trop endettée pour acheter et faire fonctionner un cinéma municipal, comment empruntera-t-elle 4 ou 5 fois plus pour construire un cinéma avant de le confier à un gestionnaire privé qui remboursera la dette, sur le modèle de convention avec Cap Dona ? 
  • - L'étude de marché, commandée à un cabinet privé et dont les résultats devaient être annoncés fin novembre, ne sera lancée qu'en janvier 2024. Cela retarde d'autant plus la sortie de terre de la future salle.... à se demander si elle sortira un jour.
  • - S'accommoder de la salle de l'Union en attendant, au moins 3 ans si tout va bien, est une erreur : c'est exactement le projet présenté par Maria Lacombe et Brigitte Baranoff le 19 avril, et on va nous dire finalement, je parie, que l'étude de marché a révélé que le multiplex ne peut pas se faire mais que « Vous voyez bien qu'avec la salle de l'Union on se débrouille »...
  • Après avoir réfléchi à tout cela, malheureusement je n'ai pas réussi à convaincre les autres membres du bureau qu'il fallait (comme le collectif qui s'est créé au Boulou et a réuni plus de 1000 signatures, fait pression sur le maire et obtenu qu'il ré-envisage l'achat du cinéma par la Municipalité) continuer à défendre un projet de cinéma municipal, explorer toutes les pistes et mobiliser toutes les énergies pour le concrétiser.
  • J'ai donc préféré démissionner de la présidence, mais comme cette démission n'est pas annoncée par l'association, j'ai choisi de vous en informer, vous demandant de « faire passer », comme on dit, l'info suivante :
  • Je ne renonce pas au projet de faire du Ciné Cérétan une salle qui apartiendra aux Cérétans. 
  • Je sollicite toutes les bonnes volontés et énergies disponibles pour m'aider dans cette tâche.
  • J'ai plusieurs idées et pistes, mais j'appelle toutes celles et ceux qui en ont aussi à m'en faire part.
  • Merci beaucoup
  • Dominique Devals, présidente de l'Envolée
  •  
  • P.S. : Je vais pour le moment au cinéma municipal de Pollestres,  la place est à 6,80 € au lieu de 9.50 € dans les cinémas privés de Perpignan et Canet. La semaine dernière pour l'anniversaire de la salle c'était 4 € !
    La programmation est pour tous les publics, la gestion est en régie autonome, avec 2 salariés temps plein, la Mairie a fait le choix politique que Céret devrait faire alors que les Castillet concurrents sont encore plus proches qu'ici....et ça marche !
  •  
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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 09:25
Du béton dans nos courgettes - Walter Benjamin et les images - Ecrivains norvégiens aux RV de St-Estève -


           Le Collectif Alternatives aux Pesticides 66 vous informe de la projection dans le cadre du Festival Alimenterre de la Projection du Film : 

 

                           '' Du béton dans nos courgettes '' AU cinéma CASTILLET - PERPIGNAN

                                              

                                               Vendredi 10 Novembre - 19H00 

 

merci pour la diffusion dans vos réseaux  de la projection de ce film qui traite d'un sujet d'actualité : la préservation  des terres agricoles .( affiche  jointe )

 


 

www.alternatives-pesticides66.fr

contact: alternatives.pesticides66@gmail.com 

 

- - - - -

 

 

Littérature

Les rendez-vous de Saint-Estève

 

 

Mardi 7 novembre 2023 à 18h30

 

au Théâtre de l'Étang à Saint Estève

 

Sur les chemins de la

 

littérature norvégienne

 

 

Chercher le bonheur dans cette vie, c’est là le véritable esprit de rébellion.

Henrik Ibsen

À partir de quand peut-on parler de littérature norvégienne ? Au XIII° siècle, avec l'Edda poétique, un ensemble de poèmes en vieux norrois ? Au XIX° siècle, avec la lutte pour l’indépendance et l’élan nationaliste ?  

À ce moment-là, de grands auteurs se détachent : le romancier et dramaturge Bjørnstjerne Bjørnson qui reçoit le prix Nobel de littérature en 1903, le romancier Alexander Kielland, le poète Jonas Lie.  

 

Mais seul le dramaturge Henrik Ibsen a connu vraiment une renommée internationale.

 

La Norvège peut aussi se vanter d’avoir 3 autres Prix Nobel de littérature : le romancier Knut Hamsunen 1920, la romancière Sigrid Undset en 1928 et le dramaturge Jon Fosse en 2023

Une littérature différente à découvrir, marquée par la Réforme protestante, les valeurs morales, mais aussi le désir d’émancipation des femmes et la résistance ou la collaboration avec le nazisme.

Réalisme social, érotisme et polars, en particulier John Nesbo, sont les points forts de la littérature contemporaine.

 

La discussion se poursuivra autour d'un apéritif convivial offert par les Rendez-Vous tout en dégustant les vins du Domaine Singlade Saint Laurent de la Salanque.

Entrée libre dans la mesure des places disponibles

 

Cette rencontre littéraire est parrainée pa

 

Pour tous renseignements :

Les Rendez-Vous de Saint Estève

Site : www.rdvse.fr

Mel : rdvse@rdvse.fr

Tel : 06 81 37 71 58

Facebook : Les-Rendez-Vous-de-Saint-Esteve

 

 

Elucider le "style" du philosophe juif berlinois

Walter Benjamin et les images 

LIRE : 

« Walter Benjamin ou les pouvoirs critiques de l’image » presses universitaires Blaise-Pascal, par Audrey Giboux et Mathilde Labbé. 2023.

 

L’ouvrage s’intéresse au style souvent énigmatique et obscur du philosophe allemand : « parmi les traits qui caractérisent l’écriture de Walter Benjamin, l’usage d’images originales - métaphores, allégories, symboles - et de ce qu’il nomme les « images de pensée » tranche avec un certain canon de l’écriture philosophique. Or, si la pensée benjaminienne de l’image visuelle a été souvent commentée, son usage des images textuelles, littéraires ou philosophiques, l’est beaucoup moins. Suggestives et stimulantes, elliptiques et hermétiques, ces images s’inscrivent dans une dynamique de renouvellement de la pensée critique en libérant la dimension créatrice de l’écriture, nous invitant à une lecture poétique et esthétique. »

 

 (Presses Universitaires Blaise-Pascal, 20 €)
 

Publiée dans AOC en mai, la remarquable enquête de l’historien de la photographie Guillaume Blanc-Marianne nous apparaissait avoir mis un terme à la controverse qui oppose, toujours dans nos colonnes, Georges Didi-Huberman et Enzo Traverso au sujet d’une photographie de Gilles Caron prise en août 1969 à Derry, en Irlande du nord, lors de la Bataille du Bogside, et présentée dans l’exposition « Soulèvements ». L’historien Enzo Traverso a toutefois tenu à lui répondre ; ce que fera donc également prochainement Georges Didi-Huberman.

La longue « coda » que vous avez consacrée à la correspondance qui m’avait opposé l’année dernière à Georges Didi-Huberman dans les pages de AOC sollicite une réponse. Vos élucidations et la profondeur de vos analyses appellent à une poursuite de la discussion, mais je tiens d’abord à rendre hommage à votre travail d’enquête, qui a permis de percer le mystère de l’image à l’origine de cette controverse. Il s’agit, pour les lecteurs qui n’auraient pas pris connaissance de ces textes, d’une photo de Gilles Caron intitulée « Manifestations anticatholiques à Londonderry 1969 », incluse en 2016 dans l’exposition du Jeu de Paume intitulée Soulèvements, sous la direction de Georges Didi-Huberman. On y voit deux jeunes gens qui, tournant le dos à la caméra, sont en train de lancer des pierres.

 

Votre exploration minutieuse des archives de la Fondation Gilles Caron, où sont conservées d’autres photos prises au même moment, indique qu’il s’agit bien de deux manifestants catholiques. Le tatouage que l’un d’entre eux exhibe fièrement ne laisse pas de doute quant à son identité de catholique républicain. Cette lecture des images est corroborée par la reconstitution des événements d’août 1969 à Derry, aujourd’hui connus comme « la bataille du Bogside », proposée par les historiens Simon Prince et Geoffrey Warner[1]. Ce travail remarquable de contextualisation historique et de « dévoilement » prouve la fécondité d’une approche qui consiste à « élever le doute au rang de méthode » et à ne pas faire confiance aux légendes qui accompagnent les images, en orientent la réception et, souvent, en scellent la postérité[2]. Votre étude est un exemple éloquent du « paradigme de l’indice » qui, en partant d’un détail, remonte la chaîne des signifiants qui permettent d’authentifier dans ce cas non pas l’auteur, déjà connu, mais le sujet de sa photographie. Nous pouvons sourire de Giovanni Morelli et de son « positivisme grossier[3] », mais Peter Burke a raison de souligner, dans le sillage de Carlo Ginzburg, que sa méthode « a des implications importantes pour les historiens[4] ».

Comme tous les visiteurs de Soulèvements et les lecteurs de son catalogue, j’ai donc été piégé par une légende trompeuse. Gilles Caron, vous expliquez, n’était que le dernier « maillon d’une longue chaîne » au bout de laquelle son image ne lui appartenait plus ; il en avait perdu le contrôle, comme c’est souvent le cas avec le « photoreportage d’auteur ». Nous ne savons pas comment ce titre trompeur a été posé sur cette image ; peut-être, vous écrivez, Gilles Caron lui-même s’est trompé ; reste que nous avons été abusés par ce « pouvoir de légiférer », comme vous le définissez en suivant Susan Sontag, qu’une légende s’arroge à l’égard des images qu’elle présente[5]. Vous avez raison d’écrire qu’elle « ouvre grand la porte à toute sorte de fraudes, corruptions et trahisons » et qu’il faut la manier avec les plus grandes précautions. Il n’en découle pas cependant que pour comprendre une image il faudrait l’interpréter systématiquement à l’opposé de sa légende.

Si votre observation incite au doute, elle ne prescrit pas pour autant une lecture des légendes qui en postulerait le caractère inéluctablement mensonger. Ma méprise partait de la même préoccupation, car ma position ne consistait pas à croire aveuglément en l’exactitude d’une légende ; elle consistait plutôt à exprimer un doute sur la possibilité d’interpréter une image, sans aucune explication, tout simplement à notre convenance, dans un sens complètement opposé à sa légende. Ce doute me paraît fécond et nécessaire dans les deux sens : peut-être la légende qui accompagne une image est fausse, mais si nous ne sommes pas en mesure...

[1] Simon Prince, Geoffrey Warner, Belfast and Derry in Revolt. A New History of the Start of the Troubles [2012], Newbridge, Irish Academic Press, 2019.

[2] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope. Coda à la querelle Didi-Huberman/Traverso (1.2) », AOC, 4 mai 2023. [3] Voir Carlo Ginzburg, « Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice », Le Débat, 1980, n° 6, p. 4.

[4] Peter Burke, Eyewitnessing. The Uses of Images as Historical Evidence, Ithaca, NY, Cornell University Press, 2001, p. 188.

[5] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (1.2) » ; Susan Sontag, Devant la douleur des autres, Paris, Christian Bourgois, 2003, p. 18.

[6] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (1.2) ».

[7] Ibid.

[8] Siegfried Kracauer, Erwin Panofsky, Briefwechsel 1941-1966, éd. Volker Breidecker, Berlin, Akademie Verlag, 1996, p. 139.

[9] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (1.2) ».

[10] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope. Coda à la querelle Didi-Huberman/Traverso (2.2) », AOC, 5 mai 2023.

[11] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (2.2) ».

[12] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (2.2) » ; Jacques Rancière, Le partage du sensible. Esthétique et politiques, Paris, La fabrique, 2000 ; Ariella Azoulay, « Getting rid of the distinction between the aesthetic and the political », Theory, Culture & Society, vol. 27, n° 7-8, 2010, pp. 239-262.

[13] Cf. George L. Mosse, The Nationalization of the Masses. Political Symbolism and Mass Movements in Germany from the Napoleonic Wars through the Third Reich, Introduction by Victoria de Grazia, Madison, The University of Wisconsin Press, 2022 [1975], ch. 2.

[14] Siegfried Kracauer, Totalitäre Propaganda [1936], éd. Bernd Stiegler, Frankfurt/M, Suhrkamp, 2013.

[15] Cf. Éric Michaud, Un art de l’éternité. L’image et le temps du national-socialisme, Paris, Gallimard, 1996 ; Johann Chapoutot, La Révolution culturelle nazie, Paris, Gallimard, 2017.

[16] Sabine Bouckaert, « Un peu d’imagination, camarades ! Soulèvements (Jeu de Paume, 18 octobre 2016 – 17 janvier 2017) », Écrire l’histoire. Histoire, littérature, esthétique, n° 17, 2017, p. 247.

[17] Philippe Artières, « L’histoire sociale n’est pas de l’art ! », Libérationdu 8 janvier 2017.

[18] Carl Schmitt, « L’ère des neutralisations et des dépolitisations » (1929), La Notion de politique, éd. Julien Freund, Paris, Flammarion, 1992, p. 129-151.

[19] « Je prévois la dépolitisation complète de l’Italie : nous deviendrons un grand corps sans nerfs ni réflexes. » Ces mots de Pasolini (Stampa sera du 9 janvier 1975), ont fait l’objet de nombre de commentaires, jusqu’à être souvent qualifiés de « prophétiques ».

[20] Voir Walter Benjamin, « L’auteur comme producteur », Essais sur Brecht, éd. R. Tiedemann, trad. Philippe Ivernel, Paris, La fabrique, 2003, p. 144. Sur la censure de l’essai Howard sur Baudelaire, cf. Eiland, Michael W. Jennings, Walter Benjamin. A Critical Life, Cambridge, The Belknap Press/Harvard University Press, 2014, pp. 622-646.

[21] Voir Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse, « Correspondance on the German Student Movement », trad. Esther Leslie, New Left Review, n° 233, 1999, pp. 118-123.

[22] Georg Lukács, « Grand Hotel Abgrund » (1933), repris dans son recueil Revolutionäres Denken. Georg Lukács: Eine Einführung in Leben und Werk, éd. Frank Benseler, Luchterhand, Neuwied, 1984, pp. 179-196.

[23] Enzo Traverso, Révolution. Une histoire culturelle, Paris, La Découverte, 2022, p. 21.

[24] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (2.2) ».

[25] Georges Didi-Huberman, « Introduction », Soulèvements, Paris, Gallimard/Jeu de Paume, 2016, p. 18.

[26] Voir Horst Bredekamp, Théorie de l’acte d’image, trad. Frédéric Joly, Yves Saintomer, Paris, La Découverte, 2015.

[27] Roland Barthes, « Rhétorique de l’image », Communications, n° 4, 1964, p. 44.

[28] Ibid., pp. 44-45.

[29] Siegfried Kracauer, « La photographie » [1927], L’ornement de la masse. Essais sur la modernité weimarienne, trad. Sabine Cornille, Préface Olivier Agard, Paris, La Découverte, 2008, p. 39.

[30] Ibid., p. 47.

[31] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (2.2) ».

[32] Ibid.

[33] Walter Benjamin, « L’auteur comme producteur », p. 134 ; « Der Autor als Produzent » [1934], Aufsätze, Essays, Vorträge. Gesammelte Schriften, II.2, éd. Rolf Tiedemann, Hermann Schweppenhäuser, Frankfurt/M, Suhrkamp, 1991, p. 693.

[34] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (2.2) ».

[35] Siegfried Kracauer, « La photographie », p. 44 ; « Die Photographie », Das Ornament der Masse. Essays, éd. Karsten Witte, Frankfurt/M, Suhrkamp, 1977, p. 32.

[36] John Berger, Understanding a Photograph, éd. Geoff Dyer, London, Penguin Books, 2013 [1967], pp. 52, 66.

[37] Ibid., p. 57. Susan Sontag, à qui est dédié l’essai de Berger, ne disait pas autre chose lorsqu’elle définissait la photo « une trace, une sorte de stencil immédiat, comme l’empreinte d’un pas ou un masque mortuaire », Sur la photographie, Paris, Christian Bourgois, 1993 [1977], p. 182.

[38] Roland Barthes, « Le discours de l’histoire » [1967], Essais critiques, t. 4, Le bruissement de la langue, Paris, Seuil, 1984, p. 165.

[39] Carlo Ginzburg, Le fil et les traces. Vrai faux fictif, Lagrasse, Verdier, 2010, p. 17.

[40] Georges Didi-Huberman, Images malgré tout, Paris, Éditions de Minuit, 2003.

[41] Guillaume Blanc-Marianne, « Image floue, histoire myope (2.2) ».

[42] Rebecca Houzel, Enzo Traverso, « La Révolution russe de 1917 », in Michael Löwy (dir.), Révolutions, Paris, Éditions Hazan, 2000, pp. 157-158.

[43] Hamburger Institut für Sozialforschung (dir.), Verbrechen der Wehrmacht. Dimensionen des Vernichtungkrieges 1941-1945. Austellungskatalog, Hamburg, Hamburger Edition, 2002. Voir notamment le chapitre consacré à la controverse sur l’exposition : « Kontroversen über eine Austellung », pp. 687-730. Voir aussi une présentation de l’histoire de cette exposition par un des historiens de la commission d’enquête : Omer Bartov, « The Wehrmacht Exhibition Controversy : The Politics of Evidence », in Omer Bartov, Atina Grossmann, Mary Nolan (dir.), Crimes of War. Guilt and Denial in the Twentieth Century, New York, The New Press, 2002, pp. pp. 41-60.

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10 octobre 2023 2 10 /10 /octobre /2023 09:43
La décomposition du monde et de l'extrême-gauche française - Lasagesse de Christian BOBIN
La décomposition du monde et de l'extrême-gauche française - Lasagesse de Christian BOBIN

La décomposition du monde et de l'extrême-gauche française - La sagesse de Christian BOBIN

 

Face aux tragédies causées par les hommes, ces monstres, l'écrivain veut nous sauver, comme on a pu le dire pour la beauté. Hélas...

 

Les tragédies s'enchainent et nous savons que la violence est le moteur de l'Histoire et celle-ci ne court pas vers le progrès de l'esprit mais à la perte de celui-ci.

 

Les terroristes, forgés dès l'enfance, à la tuerie et à la haine du juif, d'Israël, de l'Autre, en réalité, sont encore passés à l'acte. Je ne trouve pas d'adjectif pout stigmatiser ces professionnels de la mort.

 

Chez nous, où le terrorisme et l'antisémitisme frappent par bribes, des partis dits "de gauche" ou d'extrême-droite-G. répugnent à qualifier d'agents de la terreur les viandards du Hamas : ils seraient des résistants, les défenseurs du peuple palestinien...

 

Honte aux dirigeants, de LFI et du NPA !!!

La décomposition politique de la Nupes et de l'union des gauches en France s'accélère...

 

JPB

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