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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 09:15
2 tableaux de l'artiste suisse Miriam CAHN
2 tableaux de l'artiste suisse Miriam CAHN

2 tableaux de l'artiste suisse Miriam CAHN

Un tableau d'une artiste juive, Miriam CAHN, jugé obscène par l'extrême-droite : la polémique vue de Paris et de Suisse 

 

En effet, si on ne s'informe pas, si on ne lit pas les avertissements affichés au Palais de Tokyo concernant les toiles exposées susceptibles de choquer (ATTENTION : certains tableaux traitant des horreurs de la guerre sont susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes, ainsi que des personnes non averties.)

le spectateur peut penser qu'il s'agit d'une scène obscène, concernant un enfant obligé de devenir l'esclave sexuel d'un adulte... 

 

C'est ce que montre du doigt le RN à travers l'intervention d'une de ses députées : on pointe les apparences, le 1er degré sans approfondir le problème et débattre. On veut censurer et non expliquer. On agite le bon peuple sans donner la motivation secrète du jugement réactionnaire : l'artiste est juive...

 

En effet au premier abord, la toile paraît scandaleuse, mais il faut y regarder à deux fois.

 

Si on suivait la "morale" de l'extrême-droite, il faudrait interdire pas mal d'oeuvres (le David de Michel-Ange a fait, naguère, scandale, alors qu'il s'agit d'une chef-d'oeuvre qui "montre" peu !) ... et des écrits, par exemple, il faudrait ne plus publier A. Gide, prix Nobel de littérature, qui dans Si le grain ne meurt et autres récits, confesse qu'il allait en Afrique du Nord pour avoir des relations homosexuelles avec de jeunes Arabes... Ne pas lire non plus F. Mitterrand qui, dans son livre autobiographique, décrit ses rapports pédophiles...

 

Ces aveux peuvent choquer la morale normale, mais dans le domaine de l'art et de la littérature,  la qualité de l'oeuvre  s'impose et peut se permettre toutes les libertés; quant à la "création" qui ne recherche que le "buzz", le scandale facile pour l'argent et la notoriété, elle dépérit d'elle-même sans que la société fasse usage de censure.

Hélas, l'art contemporain se prête souvent à la facilité et dans la masse des "oeuvres" produites, il est difficile de séparer le beau du lait (mais l'art, désormais, ne prône plus la beauté, le plaisir de regarder, mais pointe l'intention, le projet implicite...)

 

JPB

 - - - - - -

L’exposition au Palais de Tokyo est la première grande rétrospective consacrée au travail de l’artiste dans une institution française. Elle réunit un ensemble de plus de 200 œuvres de 1980 à nos jours. Miriam Cahn invente de nouvelles incarnations plastiques à ce qui nous dérange, à ce que l’on voudrait pouvoir zapper et qui pourtant nous fait face. Au sein d’une œuvre picturale intense qui embrasse aussi le dessin, la photographie, les films et l’écriture, l'artiste met sur pause le flux des images volatiles de l’actualité politique et s’en saisit pour témoigner, résister, incarner.

 

« Une exposition est une œuvre en soi et je l’envisage comme une performance ». L'approche artistique de Miriam Cahn est résolument performative. Le parcours de l'exposition s’apparente à un organisme, soulevé par les pulsations et pulsions de vie et de mort des corps qui l’habitent. Miriam Cahn réveille la conscience du visiteur et permet de renouer avec l’expérience urgente de l’altérité. Sa « pensée sérielle » porte en elle une intranquillité qui doit être partagée ici et maintenant. L’enjeu de l’œuvre n’est alors pas la quête d’un équilibre mais l’incarnation plastique et spatiale des stridences et du chaos du monde.

 

ATTENTION : certains tableaux traitant des horreurs de la guerre sont suceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes, ainsi que des personnes non averties.


Miriam Cahn est née à Bâle en 1949 dans une famille de réfugié·s qui dans les années 1930, sur la vague de persécution des Juif·ves, ont fui l'Allemagne et la France et se sont installé·s en Suisse. Alors qu'elle est encore étudiante, formée de 1968 à 1975 à la Gewerbeschule de Bâle, elle s'engage dans le mouvement féministe et antinucléaire. Elle pose alors les bases de son œuvre qu’elle envisage comme un site de résistance individuelle et de dissidence dénonçant l'humiliation et la violence. Depuis trois décennies, son œuvre se fait la caisse de résonance des conflits contemporains et de leur médiatisation, de la guerre du Golfe à celle des Balkans dans les années 1990, et des changements géopolitiques qui suivent les « printemps arabes » aussi bien que des conflits qui depuis le début des années 2000 ont poussé des centaines de milliers de personnes du Moyen-Orient et d'Afrique à migrer vers l'Europe. Aujourd’hui, elle répond avec rage à la guerre en Ukraine.


Vu de Suisse. 

La rétrospective consacrée à Miriam Cahn à Paris devait être une consécration pour l’artiste suisse, plasticienne militante qui dénonce les abominations de la guerre depuis plus de quarante ans. Qu’une de ses toiles soit soupçonnée d’être pédopornographique est une aberration, selon la presse helvétique.

 

“À 73 ans, Miriam Cahn, artiste suisse contemporaine majeure, maintes fois saluée et exposée dans le monde entier, n’aime pas toutes les questions. Elle est d’ailleurs réputée pour ses manières directes, pour ne pas dire brutales”, prévient la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), un quotidien de Zurich. Quand un interlocuteur l’agace ou l’ennuie, elle est capable de lui montrer la porte.

 

C’est ce qui est arrivé à Birgit Schmid, la journaliste de la NZZ qui est récemment allée rencontrer Miriam Cahn dans sa maison-atelier de Stampa, une bourgade du canton des Grisons. Chevelure en bataille et polaire sur le dos, l’artiste était pourtant ce jour-là “disposée à parler”, parce qu’“en colère”,“en tout cas, plus que d’habitude”.

Si Miriam Cahn est en colère, c’est parce que “Ma pensée sérielle”, la rétrospective qui lui est consacrée jusqu’au 14 mai au palais de Tokyo, à Paris, fait l’objet d’une douteuse polémique. “Une polémique invraisemblable”, selon la formule du quotidien genevois Le Temps.

Contresens sur un tableau

Parmi les 200 œuvres exposées figure Fuck abstraction !, une toile inspirée par les exactions commises par l’armée russe à Boutcha, au début de son offensive en Ukraine. Elle représente un homme imposant une fellation à un personnage fluet, à genoux, les mains entravées.

Le tableau a été dénoncé comme pédopornographique par Caroline Parmentier, la députée Rassemblement national (RN) du Pas-de-Calais. 


https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/03/24/face-a-la-polemique-concernant-une-toile-de-miriam-cahn-le-palais-de-tokyo-renforce-son-dispositif-de-mediation_6166874_3246.html
 

Face à la polémique concernant une toile de Miriam Cahn, le Palais de Tokyo renforce son dispositif de médiation

L’artiste, visée par une pétition l’accusant de faire l’apologie de la pédocriminalité à travers un tableau où elle dénonce les crimes de guerre, a reçu le soutien de la ministre de la culture. 

Par 

Publié le 24 mars 2023 à 18h04

 

 

Depuis mardi 7 mars, une exposition de l’artiste suisse Miriam Cahn, « Ma pensée sérielle », présentée au Palais de Tokyo à Paris, fait l’objet d’une polémique. Celle-ci a été lancée sur Twitter par l’ancien animateur de télévision Karl Zéro et par la députée Rassemblement national (RN) du Pas-de-Calais Caroline Parmentier, qui l’a relayée à l’Assemblée nationale. Ils accusent la peintre de faire l’apologie de la pédocriminalité à travers son tableau intitulé Fuck abstraction !, dans lequel elle représente une scène de fellation forcée entre un homme et un personnage fluet, à genoux. Une pétition demandant son décrochage a réuni plusieurs milliers de signatures.

 

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Au Palais de Tokyo, Miriam Cahn, hantée par le monde

 

Dans un communiqué de presse du Palais de Tokyo, Miriam Cahn affirme que son œuvre ne met en scène aucun enfant : « Ce tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l’humanité. Le contraste entre les deux corps figure la puissance corporelle de l’oppresseur et la fragilité de l’opprimé agenouillé et amaigri par la guerre. »

La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, a réagi à la polémique, en s’adressant directement à la députée du RN : « Vous êtes allée faire votre coup de com’ et filmer ce tableau, mais avez-vous vu l’ensemble de l’exposition ? Avez-vous échangé avec les médiateurs ? Avez-vous lu les explications ? Parce qu’on ne peut pas sortir une œuvre de son contexte. »

L’Observatoire de la liberté de création a, dans un communiqué du mardi 21 mars, soutenu la démarche de l’artiste, rappelant que l’essence même de l’art est de déranger. Et invite les contestataires à « aller voir l’exposition au lieu d’en dire n’importe quoi. Et s’ils en sortent choqués, qu’ils se rappellent que la Cour européenne des droits de l’homme ne cesse de rappeler que les libertés d’expression et de création sont là pour protéger ce qui choque et dérange, et non ce qui est consensuel. »

Panneaux d’avertissement

Le Palais de Tokyo a cependant décidé de renforcer son dispositif de médiation culturelle. Dans la salle, appelée par l’artiste « espace de guerre », où des images pouvant heurter le public sont exposées, une équipe siège à proximité de Fuck abstraction ! Les médiateurs se relaient pour répondre aux éventuelles interrogations des visiteurs, contextualiser les travaux de l’artiste et les accompagner dans leur compréhension de l’œuvre. Certains viennent uniquement pour voir le dessin incriminé, et le photographier. « On les repère facilement, ils foncent sur l’œuvre et repartent dès qu’ils l’ont vue », remarque une médiatrice. « On veille à ce qu’il n’y ait aucun débordement », ajoute-t-elle.

A la demande de l’artiste, un texte explicatif a été apposé à côté de l’œuvre. Un communiqué de presse du centre d’art est disponible sur une table, avant l’entrée. On peut y lire en gras : « Le tableau Fuck abstraction ! qui représente des adultes est une dénonciation des crimes de guerre. »

Avant que la polémique survienne, le Palais de Tokyo avait déjà pris des dispositions pour accompagner le spectateur dans l’exposition. Des panneaux d’avertissement sont égrenés tout le long du parcours : « Certaines œuvres de cette salle sont susceptibles de heurter la sensibilité des publics. Son accès est déconseillé aux mineurs. » Le directeur des publics et de la programmation culturelle, Yoann Gourmel, rappelle que le renfort humain de la médiation culturelle n’a pas modifié le discours de l’institution. « La médiation est dans l’ADN du Palais de Tokyo. C’est un outil d’accompagnement qui invite au dialogue et à la compréhension des œuvres. » La médiation fait d’ailleurs partie intégrante de la démarche artistique de Miriam Cahn. L’artiste suisse avait elle-même pris soin, dès l’accrochage de l’exposition, de rassembler les œuvres sensibles dans une même salle.

 
 
 
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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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