Le paysage redessiné des Pyrénées-orientales
Le paysage du pays catalan va peu à peu se transformer. Des viticulteurs pensent déjà à acheter et planter des vignes vers le nord de la France. Les fruits et légumes qui demandent trop d'eau vont disparaître...
Des fruits insolites ici apparaissent déjà : le kaki, le kaki pomme surtout, la grenade (même si les consommateurs n'aiment pas trop), figures de barbarie...
Les agrumes devraient persister dans le "jardin de la France", mais l'absence d'infrastructures en matière de canalisation et l'absence de "gouverner, c'est prévoir" chez nos élus font redouter des lendemains qui déchantent...
jpb
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Au moindre pas et mouvement, un nuage de poussière se soulève. « On se croirait au Sahel. D’habitude, on n’a jamais de poussière au printemps », s’agace Yanick Laffon, arboriculteur près de Millas, dans les Pyrénées-Orientales. Dans ce département touché par une sécheresse historique, qui n’a quasiment pas connu de pluie depuis plus d’un an, l’aridification est bel et bien une réalité. « Regardez mes pêchers, ils ont des fruits rouges, mais pratiquement pas de feuilles. On dirait des sapins de Noël ! »
Les pêches sont pourtant le fleuron de cette plaine du Roussillon, dont tous les locaux rappellent qu’elle est le « jardin de la France » et l’une des principales zones de production de prunus en France.
Mais les soucis s’accumulent pour l’or jaune du Roussillon. En haut de la liste figure la sharka, cette maladie virale qui attaque les pêchers, redoublant d’intensité depuis une dizaine d’années. A la moindre détection sur un arbre, celui-ci doit être abattu.
« Chaque année, on perd environ 10 % de nos pêchers à cause de la sharka », explique Yannick Chevrier, directeur de la coopérative La Tour à Millas, qui regroupe vingt et un producteurs en agriculture biologique. A ce ravageur s’ajoute, cette année, cette sécheresse inédite, symptôme d’un réchauffement climatique appelé à s’intensifier. La saison est encore trop peu avancée pour tirer le moindre bilan, mais les arboriculteurs ont d’ores et déjà constaté des floraisons difficiles, des fruits moins gros et hors calibre.
Pour faire face, ils n’ont d’autre choix que de se diversifier.
(C) Le Monde, extrait.