*** Marie Volta
Écrivain, compositrice, interprète
Née en pays catalan, à quelques kilomètres de la frontière espagnole, Marie Volta vit depuis 1993 à Paris, après Céret, Perpignan, Toulouse et Saint-Marsal.
Interprète, elle enregistre notamment deux disques en solo (1997 : Le Jongleur, compositions - 2004 : Chanson de toile, compositions) et quatre collectifs, et propose dans des cabarets, associations, petites et moyennes salles, son répertoire personnel et de nombreux auteurs du patrimoine.
Auteur d’une dizaine d’ouvrages non publiés, elle sera éditée par l’Association des Amis de Louis Amade (1997 : Le Jongleur, poèmes – premier prix du concours de poésie), par Hélices Poésie (2010 : J’ai avalé un arbre, poèmes) et par TDO Éditions en 2012, pour son premier roman : La nuit du poissonnier.
De 2006 à 2012, elle organise en octobre, à la mairie du 9ème arrondissement, le festival Intégrale Brassens qui reprend en neuf soirs consécutifs l’intégralité du répertoire du poète sétois, interprété par de nombreux artistes de tous horizons. Passionnée de voyages, elle est aussi photographe amateur et participe régulièrement à des expositions avec sa série Instants d’arbres.
En prose comme en poésie, son écriture est sensitive, imagée, et les thèmes se fondent sur l’observation et l’amour de la nature, de la vie, des mystères du cœur humain, des frontières (toutes les frontières). Ses musiques, de facture relativement classique, privilégient une ligne mélodique simple et harmonieuse, et des rythmes légers mais réguliers.
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Dans le blogabonnel - 2 AVRIL 2017
MARIE VOLTA, ROMANCIÈRE, CHANTEUSE, CÉLÈBRE LES PLAISIRS DE LA VIE - LETTRE À FRANÇOISE HÉRITIER
Voici son dernier livre Petits et grands cadeaux arrivés pieds nus *, précédé d'une lettre à Françoise Héritier.
J'avais écrit un compte-rendu de son roman situé dans le Vallespir La nuit du poissonnier (éditions TDO, Pollestres) et beaucoup aimé cette histoire qui démarrait par un style en fanfare ! D'ailleurs, il me semble que la bonne littérature n'est qu'une affaire de style. Travailler l'écriture pour qu'elle ne ressemble pas aux paroles du quotidien et à tous ces livres à succès qui caressent le lecteur dans le sens du poil, alors qu'il s'agit d'innover, de perturber !
C'était en 2012 ..? Déjà ! Il passe, ce temps omniprésent dans le bouquin présent, et Marie est très sensible à ce passage silencieux de la durée : elle comptabilise le temps en nombre de livres qu'elle aurait pu écrire...
Sa carte sympathique m'indique qu'elle célèbre "les pépites de l'existence". En effet, il s'agit de profiter du présent, de tous les plaisirs…après l'expérience de la maladie, dont la mémoire est notée par des détails furtifs, en passant, en écrivant, en revenant à l'essentiel, l'épicurienne existence…
Se dépenser sans compter et dialoguer : l'incipit de ce petit grand livre entame nos yeux et notre coeur par cette philosophie : "Vivre pour moi, c'est dilapider", quand il vaudrait mieux "aller vers les autres, consacrer du temps au partage"… Elle partage pourtant, depuis des années, avec le public, les amis, grâce à ses disques, à ses tours de chants, accompagnée des talentueux musiciens de "Paris-Bamako", entre autres, et ses hommages à Brassens !
Jouir du présent, obsession, comme cette passion de l'écriture; retenons la belle phrase : "Présent et passé se mêlent dans le même infinitif présent, la navette de la vie passant et repassant sur chacun des âges, sans distinction" (page 12)
La longue phrase unique, qui tente de faire la synthèse des plaisirs simples de la vie, livre le rythme ininterrompu du vécu, simplement coupé de façon brèves par la césure des virgules, comme pour exprimer la faiblesses du poumon… On pense à la syntaxe de Proust, à ces phrases interminables traduisant l'asthme du romancier prisonnier de sa chambre de liège… La phrase de Marie Volta veut englober le tout de la vie, veut tout dire, tout ramasser, pour vaincre, elle aussi la mort et le temps, enfin "retrouvé"…
Le lecteur, lui, a du mal à respirer, à suivre le serpentement, à lire les énoncés de phrases nominales, structurées simplement par des verbes à l'infinitif, comme pour dire l'infini et, d'ailleurs, le livre ne se clôt pas, il est ouvert : pas de point, pas de fin…à moi de continuer l'oeuvre…où je me retrouve, dans ces voyages, ces rencontres, ces chansons, ces références…
Surtout, je retrouve le pays catalan, célébré tout au long dans de brèves notations : le Canigou, la tramontane, le radar de Céret, le lac de Villeneuve, d'où j'écris ce compte-rendu…l'agneau de bergerie, les feux de la Saint-Jean à Perpignan…
En fait, ce livre, c'est une autobiographie d'un style nouveau, insolite, dans laquelle chaque lecteur a pu vivre une séquence, ou aurait pu la vivre. C'est un livre qui nous donne envie d'écrire. De vivre, surtout, et n'est-ce pas là le rôle majeur de la littérature..?
* La petite Marguerite éditeur, deuxième édition, 14 euros -
www.marievolta.com