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7 décembre 2018 5 07 /12 /décembre /2018 10:11
L'action enchainée de Maillol, à Paris (photo J.P.Bonnel - oct 2018)

L'action enchainée de Maillol, à Paris (photo J.P.Bonnel - oct 2018)

La violence est illégale, mais parfois légitime 

 

Certains intellectuels les avaient traités, au départ, de "barbares". A présent, ce sont des "pourris", des "assassins", selon A.Gasquez, directeur de l'hebdomadaire La Semaine du Roussillon..!! (1)

 

On peut, certes, prendre peur et être horrifié devant les images de violence que les chaines de télévision montrent à l'envi... Pour effrayer le bon peuple, pour ne pas aller manifester à Paris, pour rester chez soi et annuler tous les événements prévus (samedi, la conférence à Cassanyes, café de Tanger, à 17h, sur le quartier St-Jacques et la culture gitane, aura bien lieu !)..?

 

Bien sûr, on voudrait faire l'économie de la violence, mais l'Histoire nous montre qu'il est rare qu'un changement radical de société ait lieu sans recours à la violence physique.

 

En effet, la violence, illégale, est parfois légitime quand la violence vient de l'Etat, du gouvernement (politique injuste, inégalitaire, mépris, phrases assassines, abus, scandales moraux et financiers, etc...)

 

Il faut lire Marx, sans doute, et Critique de la violence, de Walter Benjamin... Sans violence, pas de révolutions qui ont chassé les anciens régimes, les dictatures, les oppressions coloniales, en France, Russie...

 

D'autres alternatives existent, c'est sûr, le dialogue, le pacifisme, la non-violence, mais quand le pouvoir ne veut pas reculer..? Quand la Nomenklatura ne veut pas partir, quand les nantis s'accrochent à leurs privilèges..?

 

W.Benjamin étude la relation de la violence au droit et à la justice. La violence est-elle morale, comme moyen, si les buts sont justifiés, critère de légitimité ? 

 

Le peuple peut utiliser une violence légitime en cas de légitime défense; "la grève : "...Dans la lutte des classes, sous la forme du droit de grève garanti aux travailleurs. Les travailleurs organisés sont aujourd'hui, à côté de l'Etat, le seul sujet de droit qui possède un droit à la violence." (W.B.)

 

Face à la liberté enchainée, face à l'action enchainée (hommage de Maillol au révolutionnaire Blanqui, qui passa une large partie de sa vie en prison),

face à la violence étatique, physique ou silencieuse (politique inégalitaire, lois, décrets instaurés sans vote de la représentation nationale...),

on est en droit d'écrire qu'une violence massive, issue du peuple, à des fins positives (amélioration des conditions sociales de vie, mais condamnation des actions minoritaires de voleurs, casseurs, "canailles" de banlieue...) est légitime !

 

JPB

(1) article cité plus bas.

 

Antoine Gasquez

Juste peut-être pour nourrir la réflexion...

Les assassins étaient en gilets jaunes.

Il y avait des motifs à la colère : les inégalités, les fins de mois difficiles, le chômage, l'avenir incertains des enfants. A partir de ces bonnes raisons, en s'installant dans la durée, en couvrant ou suscitant involontairement les débordements de casseurs, en refusant le dialogue, en refusant d'intégrer de la raison à leur colère, les « gilets jaunes » se sont transformés en assassins. Involontairement bien sûr, mais en assassins quand même. 


Cette transformation n'est pas uniquement de leur fait.

Pendant plus d'un demi-siècle, les gouvernements successifs ont préféré la facilité à la gestion cohérente du pays. Résultat : un endettement de plus de 30 000 € par français, bébés compris, et peu de marges de manœuvre. Tous les partis politiques, de gauche et de droite, ont participé à cela, appauvrissant une France que les anciens avaient laissé jusque dans les années 70, saine et prospère. Aujourd'hui les représentants des mêmes partis de pouvoir, les Wauquiez, Woerth, Hollande, Royal, Hamon, l'ex ministre socialiste Mélenchon, viennent expliquer à un gouvernement à peine en place depuis 18 mois ce qu'il doit faire. Quelles compétences ont-ils, qu'ont-ils prouvé, qu'ont-ils fait, ces revenants de la politique qui vivent d'elle depuis des lustres ? 

Le FN vient aussi mettre sa part d'huile sur le feu, un FN dont l'activité au sein du parlement européen a été nulle ces dernières décennies.

Les « gilets jaunes » ont aussi leur part de responsabilité dans la situation actuelle. Comme la plupart des autres, pendant des années, par paresse, par facilité, ils n'ont pas voulu comprendre ce qui se jouait dans la marche du pays. Les jeunes adultes de 68 ont profité de la manne offerte pendant des années, des facilités à vivre, de la société de loisirs, de spectacles, de vacances, d'aides sociales que l'Etat leur a largement et lâchement accordées. Ils ont préféré s'abandonner aux Club Med ou aux vacances sur la Costa Brava plutôt que de s'occuper de suivre les affaires publiques. Ils ont laissé le pays dériver, ont accéléré cette dérive en achetant massivement leur télé, leur électroménager, leur portable dans les pays d'Asie, en privilégiant les bas prix pour leur alimentation cautionnant ainsi l'agriculture intensive, la pollution des sols et des rivières, la fin des ressources halieutiques. L'industrie a ainsi fuit le pays, les savoir faire d'antan ont été abandonnés par des agriculteurs à la merci des multinationales de la chimie. 


Ils ont gobé que la voiture, leur prison d'aujourd'hui, les rendrait libres, alors que le pays ne maitrise pas les ressources pétrolières, des ressources dont on sait depuis plus de 30 ans qu'elles sont, notamment pour leur partie la plus facile à exploiter, finies. Refusant de faire l'effort d'essayer de comprendre, ils ont préféré avoir une maison avec jardin à des kilomètres de leur lieu de travail plutôt qu'une demeure plus proche qui leur permettait de se déplacer librement à pieds ou à vélo. On ne les pas aidé non plus, il est vrai, à réfléchir à l'importance de leur choix. Préférant toujours le choix de la facilité, celui de la consommation qui les endettait, ils ont scellé eux-même leurs barreaux.


Aujourd'hui, ils se mettent en colère contre les taxes, les impôts, accusent l'Etat de tout leur prendre sans vouloir voir la redistribution, les soins de santé gratuit, l'éducation gratuite, leur sécurité, les aides aux personnes âgées. Ils veulent continuer dans le modèle ancien, espèrent parvenir à cela en remettant en fonctionnement l'ISF, une particularité française, qui ne représente que 4,5 Mds par an de recette à l'Etat- il aurait dans le même temps fait fuir près de 15 milliards de contributions annuelles -, ou en demandant aux responsables des institutions de la jouer modeste. Ils n'ont pas tort sur cela, mais ces effets ne sont que de l'ordre du symbole.


Aujourd'hui, les enjeux dépassent les pouvoirs d'achats des uns et des autres, les fins de mois difficiles. En poursuivant le mouvement, en refusant le dialogue, les gilets jaunes ont sapé un redressement du pays en cours, un redressement qui aurait pu permettre de lutter contre les inégalités, une lutte nécessaire, de batailler contre les fins de mois difficiles, et poursuivre l'augmentation des créations d'emplois constatée ces jours-ci par l'Insee. Un redressement qui pourrait même permettre, à moyen terme, de changer de modèle social, là encore une aspiration nécessaire. 


Le coût des actions de ces dernières semaines vont bien au delà du demi milliard d'euros de coûts économiques et de dégâts annoncés lundi pour les dernières semaines. Le pays qui était à nouveau attractif pour les investisseurs étrangers, ne l'est désormais plus. Les personnes, les entreprises qui souhaitaient investir en France - que ferait-on à leur place - ne le feront plus avant longtemps, préférant placer leurs billes en Allemagne, en Espagne, dans les Pays-bas ou en Angleterre. Nos jeunes ingénieurs, nos chercheurs vont suivre le même chemin. Le pays va encore perdre une partie de sa matière grise et de ses financements. Les retraités qui en ont les moyens vont continuer à choisir un exil moins coûteux et plus calme au Maroc, en Espagne ou au Portugal; nos riches sportifs continuer de manière plus importante encore à préférer la Suisse, Monaco ou la Belgique. Le travail va se réduire, le besoin en aides sociales augmenter ; les moyens de trouver des alternatives à la voiture individuelle thermique ou à l'agriculture destructrice, diminuer ; l'argent pour investir dans le domaine de la santé, dans les équipements ruraux, dans les services publics, dans le règlement des retraites, dans l'Education et la formation, idem. On pourra toujours rêver alors de réduction de charges sociales et d'augmentation du salaire minimum, ce qu'on devrait faire mais qu'on ne réalisera pas sans moyen.

Mais il y a plus grave aussi : l'élan de lutte contre le réchauffement climatique est brisé. Notre confort d'aujourd'hui, aussi minable qu'il soit, est plus important que le futur de nos enfants. Les problèmes de pollutions atmosphériques vont continuer à croitre. « Les Chinois font bien pire » disent les « gilets jaunes ». Bien sûr, allez donc leur expliquer qu'il faut changer de politique énergétique sans en changer vous-même. Quel modèle, quel exemple pourra t-on donner ?

Enfin et surtout, la destruction de l'Europe est en cours. Cet espace de paix de plus d'une demi siècle est en cours de désagrégation. Le Royaume Uni l'a quittée, Trump et Poutine veulent la désosser, les partis populistes et xénophobes de Hongrie, de Pologne, d'Italie et ceux qui pointent leur gueule en Espagne, en France, dans les Pays-Bas, tous ceux qui veulent le nationalisme d'abord, visent à la détruire de l'intérieur. Le président français voulait, avec Merkel, construire une Europe forte pour peser sur la marche du monde. C'était un moyen, le moyen nécessaire, de lutter contre les multinationales et un système économique mondial qui inféode les hommes. Merkel affaiblie, Macron hors jeu, l'Europe est quasiment morte aujourd'hui. 

Que pèsera la France seule face à l'Arabie saoudite qui la tient en laisse avec ses ressources pétrolières ? Rien. 

Que fera t-elle pour essayer d'éviter puis d'enrayer la marche des millions de réfugiés climatiques qui arriveront dans un enjeu de vie ou de mort ? Ce qu'elle peut avec les moyens dont elle dispose, c'est à dire rien. L'énergie va redevenir le moteur de nouvelles guerres qui n'épargneront plus l'Europe.

Nos enfants, ceux qui résisteront à la pollution atmosphérique, nous accuserons, avec raison. A la barre des accusés, les « Gilets jaunes » auront leur place. 

Vous avez refusé d'essayer de voir et comprendre la complexe réalité de ce temps, vous avez refusé de dialoguer pour tenter de trouver des solutions rapides et applicables à vos réels problèmes du quotidien, en intégrant les problèmes de mutations nécessaire de notre monde... 

« Vous avez voulu éviter les difficultés du moment au prix du réchauffement climatique. Vos enfants auront le réchauffement climatique, des difficultés cent fois plus grandes et la guerre." aurait dit Churchill. 

Un scénario catastrophique ? Peut-être, mais c'est celui qui est en train de s'écrire...

(le 6 décembre 2018)

L'Action enchaînée
 
 
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L'Action enchaînée est une œuvre du sculpteur français Aristide Maillol. Créée en 1905, elle est installée à Puget-Théniers, en France1. Une réplique est visible à Paris2. Une réplique a été installée à Banyuls-sur-Mer, ville natale de Maillol.

Le bronze original est exposé à Puget-Théniers, dans les Alpes-Maritimes, sur la place du Pré-de-Foire. Elle est placée sur un socle en pierre, aussi haut que la statue elle-même, qui sert d'hommage à Auguste Blanqui.

Une réplique, également en bronze, est installée depuis 1964 dans le jardin du Carrousel, dans le 1er arrondissementde Paris; elle fait partie d'un ensemble de statues de Maillol exposées en plein air

Une autre réplique, datée de 1906, est conservée au musée d'art contemporain de Caracas, au Venezuela.

La statue est commandée à Aristide Maillol par la section de Puget-Théniers de la ligue des droits de l'homme, en hommage à Auguste Blanqui, natif de la commune. Maillol réalise la statue entre 1905 et 1908 ; elle est érigée en 1909 devant l'église. Cet emplacement fait scandale et la statue est remplacée en 1922 par un monument aux morts et reléguée sur le pré de la foire4. Pendant la Seconde Guerre mondiale, pour éviter au bronze d'être fondu, la statue est à nouveau démontée et cachée dans les abattoirs du village. Découverte en 1942, elle est entreposée à Nice où elle échappe toutefois à son sort. Elle est retournée à Puget-Théniers après la libération de la région, en septembre 19444, puis érigée à son emplacement actuel.

La réplique parisienne est installée en 1964 dans le jardin du Carrousel.

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commentaires

R
Si chacun lit un peu plus les philosophes, les littérateurs, si on s'occupe davantage de musique et d'art en général au lieu de courir après des biens de consommation bien futiles, et qui ne rendent pas si heureux, on n'aura que faire de ce confort illusoire et chèrement payé. On peut toujours rêver. Quant à ceux qui gagnent à peine de quoi manger (sainement aussi), tout simplement, alors qu'ils travaillent à temps plein, il est difficile de ne pas les comprendre. D'autant que la société, sa publicité incessante, l'esprit de compétition qui règne partout, incite les moins préparés à ne pas résister aux sirènes du bonheur illusoire de posséder. On a tendance à oublier que nous ne sommes que de passage sur cette terre.
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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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