Machado, la Retirada, W. Benjamin, Exils avec
Thérèse CAU et J.Pierre BONNEL
au salon du livre de Latour-Bas-Elne, ce samedi 17 juin 2023 -
Expo à Canet/Roussillon - Monastir Del CAMP
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MONASTIR DEL CAMP
MAI s’est terminé dans l’émotion au Monastir del Camp avec Le Théâtre l’Inattendu.
Nous avons eu deux concerts extraordinaires et deux très belles expositions.
Les évènements se succèdent en juin :
En place toujours… la riche collection de céramiques de Michel Gauguet
Le musée des Croix et la visite complète du Monastir avec projection du film vous en contant
L’histoire.
S’ajoutent les expositions :
Du 3 au 19 juin Les toiles de Odile Herran
Du 21 juin au 10 juillet celles de Alyette Bourdanel et Dominique Wacquier
17 juin CONCERT en duo de TILL IN GUITTAR 17 heures
Voyage en guitare entre pop rock – flamenco et musique classique
Suivi du vernissage des peintures de Odile
24 juin CONCERT Pascal COMELADE + COBLA SANT JORDI 20H30
OUVERTURE du site dès 18H30 s’adresser à la mairie pour inscription
25 juin JOURNEE DU PATRIMOINE DE PAYS ET DES MOULINS
Ouverture des portes à 11 heures
Discussion échange avec Jean-Luc Modat sur la nécessité de soutenir l’agriculture locale et circuit
Courts…
Grillade catalane dans le parc du Monastir (uniquement sur réservation)
Possibilité de pique- niquer sur place
Dédicace du Livre de Jean-Luc Modat (recettes catalane)
25 juin 16 HEURES CONCERT WHY NOTES Guitare – contrebasse – alto – violon
MUSIQUE DU MONDE
Suivi du vernissage de l’exposition de Alyette et de Dominique
C’est avec joie que nous vous accueillerons au Monastir del Camp
A très bientôt
Richard Carreras Louis Harua Nicole Le Bigot
Machado, à l’écart du tourisme
Chaque fois que je viens à Collioure, je vais, non pas me recueillir sur sa tombe, mais dire « Coucou ! » à Machado. C’est ici que je devrais vendre mes livres, mon petit livre sur Antonio : au cimetière. Les morts n’en achèteront pas beaucoup, mais les vivants, si ! Des bus entiers d’Espagnols, qui débarquent : « Coucou Collioure ! On va dire bonjour à Machado, lui laisser un mot, un poème, une fleur… »
Les touristes français, eux, ne rendent pas visite au poète : ne savent rien de lui, de sa présence, en ce lieu, entre parking et villas. Ne savent rien : sont aussi absents que lui. Absents à la culture. Présents sur la plage, dans un mètre carré de cailloux : tombe au soleil… Des morts-vivants, les touristes immobiles ! Ils n’ont que l’eau à la bouche et le pastis au fond des yeux : l’apéro à prendre sur les terrasses du Boramar…
Le tourisme est un phénomène de massification anti-artistique. Même si des itinéraires balisés et accompagnés, guidés et médiatisés leur sont proposés ! Fric. Comme l’art, synonyme, désormais d’argent fou…
Rien, pas un indice, Antonio est à découvrir par soi-même, de façon volontaire. Bravo : pas une pancarte : ne pas tomber dans le panneau touristicole ! Pas une notule susceptible de signaler son séjour à l’auberge : simplement, tout proche de la pension où il mourut, une venelle baptisée « Antonio Machado »…
Et sur le mur de l’hôtel rose, du côté du ruisseau, une plaque laconique : « Ici vécut A.M. »
J.P.Bonnel
Machado définit la poésie (*)
comme « le dialogue de l’homme avec le temps… » en ajoutant « On disait combien la poésie est parole dans le temps, et comment le devoir d’un maître de poétique consiste à apprendre à ses élèves à renforcer la temporalité de son vers. » Son œuvre s’inscrit dans son époque dans le contexte social, politique des années si essentielles 18980-1940. C’est en ce sens que sa poésie est engagée, même si ses poèmes parlent plus de son enfance, de sa terre natale, des villes où il vécut, de son épouse Léonor ou de sa Guiomar inatteignable. Seuls, les poèmes des derniers mois, dans le chemin de l’exil, sont réellement politiques, et peu poétiques, tel l’hymne au général communiste Enrique Lister…
La phrase « en prose » de Machado a souvent des allures d’évidence et de banalité ; ainsi quand elle avance cette définition de la poésie « la meilleure est celle-ci : la poésie est ce que les poètes font. » L’acte, le message en direction de peuple sont-ils plus importants que le texte descriptif (le patio de la maison de Séville) ou pathétique (la mort brutale de son épouse) ; le verbe performatif doit-il primer sur le poème lyrique.. ?
En tout cas, Machado est attentif au langage et il choisit le mot adéquat ; il écrit (1- page 51) : « Un long chemin reste à parcourir, sans sortir des lieux communs, avant d’arriver à l’expression nouvelle et surprenante, à l’adjectivation de valeur, qui défie la propre contradictio in adjecto (2) ; par exemple : un gardien d’assaut !... »
Pour définir la poésie machadienne, on pourrait écrire qu’elle est simple, en apparence, a recours à un vocabulaire courant et les métaphores sont faciles à saisir et, parfois répétitives : « la courbe d’arbalète du Douro. » En outre, cette poésie est populaire car elle est morale : elle s’attache à des « valeurs » pérennes : l’enfance, l’amour des origines, les liens familiaux, la fraternité avec les hommes, avec ceux qui défendent la République…Sagesse et tolérance irrigue ses poèmes, qu’il nomme « mes chansons » (« Jamais je n’ai cherché la gloire / Ni voulu dans la mémoire des hommes / laisser mes chansons… »
Son œuvre est en marche vers les autres, vers nous, ses lecteurs présents, vers le destin et le mystère de la mer, thématique omniprésente, comme celle des chemins : « Voyageur, il n’est pas de chemin, rien que des sillages sur la mer. » (3)
Sa poésie dit l’amour de l’Espagne, puis l’exil. En cela, elle incarne l’idéal républicain, en même temps qu’elle interroge la propre angoisse de chaque homme : son exil intérieur…L’autreté, c’est-à-dire les doubles de l’individu hétérogène…D’où l’emploi, comme Fernando Pessoa, d’hétéronymes…
- Juan de Mairena (Gallimard, 1955, puis réédition d’extraits, sous le titre trompeur : De l’essentielle hétérogénéité de l’être par Rivage poche, en 2003- page 20)
- Contradiction dans les termes.
- Extrait de Proverbes et chansons.