Dans le cadre de l'ALEC,
avec le soutien de la Mairie de Prades
le Printemps des poètes 2024
La Grâce
Cette année le rendez-vous avec le Printemps des Poètes aura lieu
le samedi 16 mars, à 17h, à la salle du Foirail, à Prades
avec quelques poètes et lecteurs(trices)) : Françoise Bruxeille-Malaurie , Cathy Chevauché , Jo Falieu , Tisma , Marithé Louis-Falieu , Vénus VéNer ;
– musiciens(nes) : Françoise Fouquet-Turrel , Cathy Legrand , Loïc , Christian Hee
La notion de grâce se trouve souvent associée à la religion ; elle suppose l'intervention du divin ; on la rencontre dans la vie des saints, des mystiques, à des moments d'extase, des états de transcendance faisant référence au sacré. Mais la grâce n'est pas liée à la seule geste chrétienne ; on la trouve déjà dans la mythologie grecque, et elle continue de hanter nos consciences, aujourd'hui.
Ainsi les Trois Grâces seraient filles de Zeus :
– Euphrosyne incarne l'allégresse, la puissance de la joie ;
-- Thalie incarne la fécondité créatrice, notamment dans les arts
– Aglaé incarne la beauté rayonnante, ;
Elles sont filles d'Aphrodite, déesse de l'amour..
Le charme, la beauté, la créativité, un ensemble qui sied bien aux poètes pour qui la composition d'un poème repose sur une certaine harmonie entre l'expérience vécue, l'émotion et l'écrit.
Or la grâce n'est pas la beauté, splendeur apollinienne, qui inonde le réel et vous coupe le souffle ; elle est à la fois plus discrète, furtive, modeste, et pourtant plus improbable en même temps que plus rayonnante et surprenante ; elle vous remplit de joie…
La grâce est un don inattendu, comme le chant des oiseaux, l'éclat d'une fleur qui vous sourit, c'est le vent dans les arbres, la lune qui joue avec les nuages, le chat qui ronronne sur vos genoux, la tendresse qui envahit…
La grâce c'est l'ivresse de la beauté qui vous surprend et fait vibrer les cœurs, c'est le bonheur qui vous prend en embuscade, c'est toute cette poésie furtive qui se glisse dans les jointures du vivre et vous émerveille .
La grâce c'est le chant profond, le Cante Jondo du Flamenco, c'est la flamme de l'amour, le don et le partage de la joie…
Le défi de ce printemps des Poètes 2024 c'est de revenir, en lectures, accompagnées musicalement, sur des chemins inondés de grâce,
sur des textes déjà connus, mais aussi sur nos propres itinéraires de poèmes en prose, ou d'une versification totalement libre, puisque c'est ainsi que se veut aujourd'hui le poème, une ritournelle de liberté…
Notre spectacle s'adresse à tous les publics, simples curieux, amis fidèles, ou poètes chevronnés ; nous vous invitons à venir découvrir toute une poéthèque du désir où viennent se livrer les ferments de la poésie.
La grâce, vous la retrouverez dans des recoins d'histoires vagabondes.
Nous avons recueilli des moments de grâce, secrets et pourtant universels…
C'est elle, la grâce, qui fait le charme même de la poésie et qui vibre avec l'insolite
l'impertinent, l'intime ; elle nous relie au mystère, à la complicité, parfois à l'invisible, toujours à l'indicible ;
L'Eternité c'est la mer allée avec le soleil ((Rimbaud)
La grâce, nous l'avons répertoriée en adoptant quatre itinéraires symboliques :
– nature et voyage…
– nostalgies, errances…
– nos héros, nos amis, nos artistes…(icônes)
– les jeux de l'amour et leur hasard…
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Poésie de Jo falieu
Quelle grâce ?
Y a des cons qui m'avaient appelée GRACE la grasse
d'autres la garce
ça fait bander les demeurés
les frangins des épaves muettes
qui se glissent dans les candeurs incertaines
d'une vie de chenapan biblique
où se désossent les délices de la peur
la grâce est l'affaire d'un Dieu rédempteur
et des puissants de tous poils
qui transcendent la Justice et la misère
de grâce ne mettez pas la grâce en disgrâce
c'est grâce à elle
que les vies les plus humbles découvrent la beauté
et la joie
celle qu'on fait soi-même
en arpentant le ciel
la grâce est ce moment en creux d'une vie désuète
qui se rit de l'absurde
et du guet-à-pans de l'ennui
la grâce est cette déchirure dans la noirceur
d'une existence pétrie
au rythme des saisons d'enfer
quand on n'a même pas le temps de penser
mais qu'on sait répéter les idées mortes des autres
ces satanés poncifs du quotidien
qui nous barricadent dans un confort indécent
moche et disgracieux
vous les verrez défiler
ces saltimbanques de l'innommé
qui enlaidissent la vie de leurs pensées stupides
des satanismes de la dévotion grotesque
et des ritournelles aveugles de l'hypocrisie
la grâce est cette main d'enfant
qui sourit à la vie
sait dire l'innocence
et invite à l'amour
sans autre arrière pensée que d'aller vers la joie
Bonheur des cycles de l'eau
dans ces torrents d'acier
où se baignent des nymphes bleues
la poésie est fille de rêves
d'épanchements de tendresse
de douceur câline
comme la caresse du vent
vision apollinienne et apollinairienne
de la beauté
cercle magique de la déchirure
lorsque Carthage devient Carnage
et qu'il n' y a même plus de troubadours
pour chanter la détresse
j'irai cueillir la beauté sous les feuilles des amandiers
aux équinoxes de la fleur de jasmin
lorsque s'écroule la raison
dans un état de grâce
place à la légèreté des poètes
qui effleurent la vie
de leurs sourires de fées
et vous la chantent
dans la ferveur des petits matins
du monde
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