La puissance de l’imaginaire du train est également soulignée par Xavier Mauduit, qui retrace, avec une piquante érudition, l’histoire ferroviaire française dans ses composantes économique et sociale aussi bien que diplomatique et culturelle. Dès sa création, le chemin de fer effraie autant qu’il fascine nombre d’écrivains et d’artistes – c’est à lui, d’ailleurs, que l’on doit indirectement l’école de Barbizon, rappelle l’historien –, et jusqu’aux inventeurs du 7e art, les frères Lumière.
Ponctué de haltes informatives et touristiques, le voyage se poursuit dans le train de nuit Paris-Collioure (Pyrénées-Orientales) en compagnie de Blandine Rinkel, qui, avec justesse, restitue toute la singularité du sommeil qu’on y goûte, avec « ses vibrations générales, le constant bruit blanc – qui parfois s’amplifie et prend des airs de musique concrète agissant sur l’inconscient comme un aphrodisiaque ». A ne pas manquer non plus, l’irrésistible périple transrégional Lyon-Bordeaux – sans détour par Paris – « moyennant quatre trains, trois correspondances et 8 h 18 » effectué par l’hilarant Philibert Humm, escorté par le photographe Guillaume Blot. Ou encore la chronique de Philippe Jaenada sur l’insaisissable Charles Jud, qui aurait commis le premier meurtre dans un train et inspirerait, plus tard, le personnage de Fantômas.
Zadig, « Le train, une passion française », n° 17, 168 p., 19 €.