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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 08:30

Benjamin-photo-meditation.JPG Walter Benjamin

 

 

Politique culturelle à Perpignan, "La Méditerranéenne"

 

 

1. Echec d'une politique de prestige : théâtre et CAC

 

  Avec la construction de L'Archipel, création d'un musée d'art contemporain, une politique culturelle de prestige est très difficile et vaine pour une ville de 120 000 habitants environnée de villes plus peuplées, plus prestigieuses et dotées d'infrastructures de pointe (Barcelone, Toulouse, Montpellier = BTM). Perpignan ne peut pas, à l'opposé de l'ambition de J.P. Alduy, être le centre d'un triangle BTM. En outre, une ville de moindre importance, Narbonne, commence à concurrencer Perpignan avec sa propre scène nationale...

 

La politique ambitieuse de l'actuelle municipalité a échoué, mais a gagné sur le plan de l'endettement; il faut savoir aussi que le budget du théâtre Nouvel prend plus de la moitié de la somme allouée au budget annuel de la culture, qui est de 15 millions d'euros...

 

Ce qui est positif, ce sont les échanges théâtraux interfrontaliers (spectacles en catalan à L'Archipel), mais il faut ouvrir le nouveau théâtre (et surtout la salle du Carré), sans oublier le théâtre municipal, central et la salle Cocteau, aux acteurs et auteurs locaux, aux troupes d'ici, pour les motiver et leur donner une chance afin de faire connaître leurs créations ! Les spectacles de L'Archipel doivent tous être gratuits : un écran géant installé sur la façade du théâtre permettra au public de la rue d'assister aux spectacles (l'opéra de Vienne le fait bien !); il faudra voir le coût de cette installation (aide de l'agglo) et traiter avec les troupes et la Sacem pour les droits d'auteur.

 

Le théâtre est représenté à Perpignan par de nombreuses compagnies, mais ces salles de quartiers ou de périphérie doivent être aidées : rénovation, matériel, festival inter-quartiers susceptible de leur donner un nouveau public. Autant d'actions en direction des "arts vivants" et d'une culture vivante, populaire !

 

La création d'un "Centre d'Art contemporain", dans les locaux de l'annexe des anciens Beaux-Arts fut prématurée : au lieu d'aller vite en raison des promesses électorales, il fallait doter la ville d'un vrai CAC, plus spacieux (les salles tout en longueur ne sont pas modulables), avec une exposition d'ouverture plus pédagogique et moins "intello-bobo", avec du personnel motivé et formé. Le CAC, avec sa première installation et ses volumes inadéquats,  est un échec complet ! 

 

Nous proposons d'installer cet espace d'art contemporain à côté de L'Archipel, sur la gare des bus, avec la création d'un parking souterrain afin d'accueillir le public (la faisabilité de ce parking est à étudier de façon réaliste en raison du voisinage de la Têt : risques d'infiltration, d'humidité...) 

 

Les expositions, afin de limiter les coûts, doivent être louées (pour Walter Benjamin, venir "clés en mains" du musée du judaïsme de Paris) ou organisées avec d'autres musées (on pense aux musées de Catalogne, pour une expo "Picasso à Perpignan", à des musées français pour une expo "Dufy à Perpignan"...) Le CAC actuel doit être affecté à des ateliers et à des résidences d'artistes, en priorité catalans et méditerranéens.

 

 

2. Le musée Rigaud : patrimoine et art moderne

 

Les travaux au musée H. Rigaud s'éternisent; une polémique se fait jour entre l'architecte Philippe Pous et M.Halimi, adjoint à la culture : où est la vérité ? (cf. L'Indépendant du 9.1.2014).

 

En tout cas, si cet ensemble muséal devait ouvrir dans ... quelques années, il faudra l'inaugurer avec une grande expo du plus grand peintre catalan né à Perpignan : H.Rigaud. Des oeuvres sont disponibles dans des villes proches (Carcassonne...), deux spécialistes, ayant publié une étude récente sur Rigaud (Presses du Languedoc), pourraient venir pour des conférences ou pour un colloque national. 

 

En attendant l'ouverture du musée, Claire Muchir propose, avec des moyens restreints, des expositions intéressantes (Perpignan et la modernité, la famille Job...); elle peut, avec les réserves du musée des Beaux-Arts, faire connaître l'histoire de la peinture locale. Sous la direction de Marie-Claude Valaison, des prêts de l'Etat et une étude de la conservatrice ont permis de montrer Raoul Dufy (séjours à Perpignan), mais de façon lacunaire; de même, il est à regretter que d'autres dépôts de l'Etat aient été renvoyés...

 

 

3. L'art de plein air :

 

Si J.Paul Alduy a voulu faire de Perpignan "la ville de Maillol" (ce qui est assez étrange, car le sculpteur est né à Banyuls), avec l'installation d'une oeuvre sur la promenade (mais isolée, abîmée par un camion municipal !), on regrette l'absence d'un "itinéraire Maillol" qui permettrait au visiteur de parcourir les statues du Maître dans le centre-ville (de même des parcours Dali, Dufy... pour les arts, et Trenet et Claude Simon pour la chanson et la littérature, sont à mettre en chantier).

 

Il faut aussi revenir sur l'affaire Calder : sa sculpture "Les ailes brisées", grâce à une entente avec le CG66, doit être rénovée et placée en un lieu central (place de Catalogne, de la Victoire, ou à l'aéroport, car il s'agit d'un hommage à l'aviation et à Saint-Exupéry). La municipalité à venir fera preuve d'ouverture et de diplomatie afin d'agir de conserve avec les autorités du département (et de la Région) !

 

 

4. La culture estivale :

 

Dans cette optique, on trouvera un terrain d'entente pour faire revenir les "Estivales" au Campo Santo.

 

 Le "parvis" de L'Archipel a été utilisé, en juillet 2013, pour tenter de dynamiser le festival estival enfermé dans le théâtre; or la culture, l'été, a besoin de plein air et de décor nocturne. En outre, pour l'instant, le lieu est restreint et peu aménagé; à terme, avec la construction du nouveau CAC, ce "parvis", remodelé, dans le prolongement de l'espace Méditerranée peut devenir un "espace de création contemporaine". 

 

Dans la direction d'un espace dalinien" à réinventer autour de la gare (expositions de photos, de reproductions ou de quelques tableaux originaux avec l'aide de la fondation de Figueres, installation du célèbre wagon, diffusion de courts-métrages dans une salle d'attente...), et sur le chemin de la galerie "àcentmètresducentredumonde", avec laquelle il faut travailler, cet ensemble de création contemporaine doit plonger la ville dans une douce folie surréaliste et avant-gardiste...

 

Ce "triangle festif" (spectacles à l'Archipel, gratuité toute l'année avec l'installation d'un écran géant sur la façade, expos à "1OOm du centre du monde" et à la gare, happenings au nouveau CAC) complétera "l'offre culturelle" diversifiée de Perpignan; elle sera plus traditionnelle avec le patrimoine à Rigaud, au Castillet (une partie des traditions catalanes doit y être réinstallée), au Museum d'histoire naturelle (à réaménager), à l'hôtel Pams (ouvert à d'autres événements que Visa en septembre ou pour des rencontres d'écrivains avec le CML).

 

Il va sans dire que le "musée algérianiste" doit être réaménagé afin de l'ouvrir à tous les acteurs et toutes les sensibilités de la guerre d'Algérie : l'historien Benjamin Stora sera le parrain de ce musée de l'Histoire franco-algérienne, envisagée de façon objective et l'établissement sera doté d'un comité scientifique indiscutable ! La caution et l'aura de B. Stora donneront de Perpignan une image de marque positive et nationale.

 

 

 

5. Une culture méditerranéenne : les cultures de Perpignan

 

Dans l'optique d'un musée, non plus de l'Algérie française, non plus des seuls "Pieds-Noirs", mais de l'histoire algérienne pour tous, la ville s'enrichira  d'un ensemble ambitieux destiné à faire cohabiter, à faire vivre ensemble, les cultures qui, au fil des passages et des brassages, ont forgé l'image méditerranéenne de Perpignan. 

 

Cité catalane, ouverte sur Barcelone, Perpignan est en effet aussi une ville méditerranéenne : elle doit permettre une bonne entente entre toutes les communautés. Dans cette optique, l'espace du Couvent des Minimes, situé à la confluence des quartiers juif et gitan, sera aménagé; il permettra d'abriter des salles muséales destinées à des cultures qui souvent s'ignorent : la tradition juive (ancienne à Perpignan), la civilisation musulmane (nombreux Maghrébins dans le quartier Saint-Jacques), la présence chrétienne (catholique, avec le quartier St-Dominique, et protestante, avec la communauté gitane). 

 

La catalanité de la ville doit être montrée de façon sérieuse (et non plus seulement son folklore superficiel) en invitant des artistes, auteurs, chercheurs, etc...du sud, dans tous les lieux municipaux disponibles. Les quartiers doivent participer à ces échanges communautaires pour une "vie ensemble, une ville pour tous", avec l'installation de "maisons de la culture", de "maisons des jeunes", de "maisons d'artistes" (la ville dispose de nombreux lieux disponibles) : des moyens (matériel, conseiller, éducateur dans les quartiers difficiles) sont à voter pour rendre crédible la nouvelle "toile culturelle" de la cité, oeuvrant pour une "culture de qualité accessible au plus grand nombre".

 

Il n'est pas question, bien sûr, de privilégier la religion ou le prosélytisme, mais de montrer les réalisations de ces diverses cultures. Le rez-de-chaussée du "Couvent des Minimes" rebaptisé "Espace des cultures méditerranéennes" abritera ces salles rénovées, ouvertes aussi à des conférences, à des échanges d'idées, tandis que l'étage sera toujours réservé aux expositions photo de "Visa pour l'image" ou autres... Le patio et le parvis de ce lieu seront voués à des soirées musicales, théâtrales, ou de danse, dans l'optique du festival "Ida y Vuelta", qui doit être généralisé tout au long de l'année. Gratuits, ces événements inviteront les jeunes et les groupes locaux à manifester leur enthousiasme à faire partager leur passion.

 

La culture, image de marque d'une ville, est aussi source d'emplois et de retombées économiques. Elle ne doit pas se limiter à l'animation touristique et commerciale du centre-ville, mais irriguer tous les quartiers, afin que les citoyens, en faisant la fête, se frottent à la culture de leurs voisins.

 

On fait le pari réaliste d'une culture pour tous, peu dépensière, mais spontanée, active, dynamique, ouverte, festive, conviviale, humaniste : garante d'un renforcement du lien social.

 

 

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Actions en direction du livre :

 

* Aider le livre en aidant les auteurs (bourse, résidence dans une villa "Médicis" de la ville, comme la villa Petersen, avenue de Grande-Bretagne.

 

En aidant aussi les éditeurs (par l'achat d'ouvrages), à condition qu'ils utilisent des imprimeurs du département. 

 

La ville participera de façon plus active aux événements du CML. Un bulletin "littéraire" trimestriel pourra faire le tour des manifestations littéraires, annoncer des événements, donner "carte blanche" à un romancier, à un poète, à un polémiste, etc...

 

* Un grand prix littéraire de la ville de Perpignan sera instauré. Pour faire connaître Perpignan : à un auteur national qui aura parlé de la ville dans une de ses oeuvres. (doter ce prix par une résidence à Perpignan). Ce pourra être un auteur parisien, lyonnais...ou un auteur de Catalogne du Sud.

 

Un autre prix permettra la reconnaissance d'un auteur local, déjà publié, en français ou en catalan. (doter ce prix - faire participer des mécènes)

 

Un troisième prix fera connaître un auteur non publié (son manuscrit sera édité par une maison d'édition du département) - La presse locale, régionale et nationale seront sollicités pour médiatiser ces prix et ces auteurs.

 

Les prix seront décernés à l'hôtel Pams : ce lieu doit être ouvert : y installer une "bibliothèque idéale" de la Catalogne et de la Méditerranée et un centre de documentation (cela délesterait ainsi la médiathèque).

 

 

* Ressusciter des "scènes ouvertes", consacrées à la littérature, tout au long de l'année (aux Minimes, près du figuier dans le patio, dans une salle, Cocteau...) : pièces et textes d'auteurs locaux, régionaux, lus ou joués. Dialogues théâtraux, sketches, poèmes, nouvelles, contes, extraits de fictions... Entrée gratuite, possibilité d'un bar, d'une petite restauration)

 

* Aménager un "Jardin des poètes" comme il en existe un à Béziers. A la promenade, près d'un futur "Théâtre de verdure". Sur les allées Maillol, dans les Jardins St-Jacques. Pour des rencontres, lectures, veillées l'été. Créer une rotonde ou utiliser le théâtre en plein air.

 

JPB

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...

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