Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 10:26
Le mur

Le mur

Il y a 25 ans, la chute du mur…

 

par notre correspondante à Berlin

 

 

J’étais, ce dimanche… sans aucune connaissance de la valeur de cette date, avec ma mère, qui a 94 ans et ne peut plus rien faire seule… à l’église. 

Je n'appartiens plus à l’église depuis 24 ans. En règle générale, quand j'accompagne maman, j’essaie de dormir : on peut fermer les yeux en donnant l’impression d’écouter à fond le sermon…

 

Pourtant, cette fois, j’ai écouté, car l’homme en costume noir avec le petit truc blanc autour de cou parlait des 25 ans de la chute du mur...

 

J’avais complètement oublié cet événement. Grand spectacle annoncé qui peut être observé s'il fait beau par l’univers, par les extra-terrestres, qui se demandent quelle fin de guerre ou d’autre terreur sur la planète bleue les habitants de la terre fêtent ? 

 

Ou par des astronautes, qui se baladent quelque part dans ce monde des étoiles et leur musique sphérique ?

 

L’homme en costume noir disait encore une chose dont je n’étais pas au courant : que la chute de mur est interprétée par quelques personnes comme un signe de Dieu qui a pardonné l’Allemagne.

 

J’ai eu un fou rire silencieux, intérieur... Le pauvre mec sur son nuage, qui très probablement n’existe pas – tout est interprété par l’être humain, tout événement est une expression de Dieu. Quel être caméléon !

 

Un sadique, une victime, mère Teresa et Paul Pott – tout une expression de ce type  sur son nuage avec la barbe et son fils martyr et l’esprit saint… Joli ménage à trois. Le prêtre, dans l’église avec peu de fidèles, nous sommes 20, dit qu’il a des doutes, qu’on peut interpréter la chute ainsi. J’aimerais bien dire, moi aussi, "j’ai des doutes", car peut-être le Nazisme avec l’horreur de la Shoa est impardonnable.

 

25 ans depuis la réunification et à moi, l’Allemagne de Brandt et de Schmidt me manque. Et Fischer comme ministre des affaires étrangères. Le chancelier de la réunification – Poirot Kohl, anti-homme complet pour moi. 

Sa pauvre femme s’est suicidée… 

 

Et maintenant, depuis une éternité, la fille d’un pasteur, Madame Merkel, à la tête de l'Allemagne. Les anglais ont leur reine, les Allemands ont Angie.

 

Mutti. Mutti va trouver une solution pour chaque chose. Douce dictature.

Et on vote pour elle encore et encore… Et si elle ne meurt pas, elle régnera toujours et encore….

 

Cette Allemagne depuis la réunification me semble étrange. J’étais en France quand le mur est tombé, je n’ai revu l’Allemagne que 10 ans après cet événement.

 

Une Allemagne qui est tellement différente … Une partie de ce nouveau pays qui a la nostalgie des temps heureux sous Honecker, quand il y avait ni lait ni miel qui coulait dans ce pays, mais une chaleur humaine qui valait mille fois plus que tout les bananas chiquita qui ont manqué à l’Est.

 

Et l’Ouest qui a honte du nouveau racisme, avec ces actes trop souvent commis  à l’Est.

 

L’Allemagne, mon pays natal, que je déteste à cause de son fascisme : la Shoa… Détester, parce que j’étais née dans une responsabilité historique, à porter par moi comme par tout le monde, car mon passeport dit : Allemande.

 

L’Allemagne avec ses forêts et ses mille lacs à l’Est. Avec la mer baltique tant aimé et ses bons gâteaux…

 

Tu étais séparée, te voilà réunifiée, ta position dans le monde est différente : tu es plus puissante aujourd’hui et tu dois faire avec tous les drapeaux qui sortent lors d'un match de foot… tu dois faire avec le désir de tes habitants d'avoir une fierté nationale comme tous les autres pays, avec le désir d’oublier, de passer à autre chose….

 

Le cri des âmes qui veulent aussi être fiers de leur pays. Comme les Corses, si fier de leur île. Mais un pays avec un passé bourru, c'est un peu difficile de s’habiller de fierté, n’est-ce pas ? La Corse, île vaincue : les Corses ont la fierté de la victime. Ce n’est pas ainsi, la récompense pour la position de victime, la fierté moral ?

 

Je peux dire, ce que me plaît ou ne me plaît pas dans un pays, mais en être fier ? 

Je ne veux pas être la bonne Allemande, qui crache sur l’Allemagne, pour me distinguer des mauvaises Allemandes, je veux simplement être libre.

 

Je comprends les gens de l’Est qui pleurent leur passé. 

Ils ont la liberté maintenant d’aller voir toutes les belles choses que le capitalisme produit, mais ils n’ont pas tous la possibilité de l’acheter…

 

Et la jalousie peut rendre la vie difficile. Vivre avec rien et voir les gens se balader dans des Mercedes, c’est dur. Est-ce qu’ils ont mérité leur bagnole et toi non ? Sous Honecker ils n'ont pas vu une seule Mercedes, donc le serpent de la jalousie dormait…

 Et les pauvres doivent être solidaires, sinon ils meurent. 

Avec Honecker la solidarité a aussi disparu en grande partie, même s’il faut dire qu’elle existe encore plus à l’Est qu’en l’Ouest. 

 

C'est mon impression, pas le résultat d’une statistique.

 

Je ne sais pas si le petit bar dans un quartier de l’Est à Berlin existe encore. Un bar à vin. Avec des grandes casseroles remplies de soupe. On se sert du vin, de la soupe et quand on s'en va, on donne ce qu’on veut. L’estime est à toi. 

J’étais un jour avec une copine française sur un bateau pour se promener sur un lac, à l’Est. Le bateau a fait différentes haltes. Tout le monde montait sur le bateau sans prendre le ticket. Le bateau a démarré et un homme circulait, de haut en bas, pour demander aux gens qui étaient les derniers arrivants. Et les gens ont levé la main. Ma copine était stupéfaite :

 

 « En France personne lèvera la main, le type ne peut pas savoir si tu as un ticket ou pas. C'est l’individualisme français. Mais les moutons allemands lèvent la main. Pour le pire et pour le meilleur… « 

 

Je rêve toujours d’un autre monde, mais je ne sais plus le chemin, la chute de mur, la fin du rideau de fer, a laissé un grand vide.

 

Les communistes ne vont plus dans les pays capitalistes, dans les quartiers défavorisés pour parler à la jeunesse de rêve, de Marx & d'Engels. 

Pour leur proposer une utopie, pour laquelle on peut tuer sans état d’âme, si l’autre est placé dans la position d' "ENNEMI"…

 

Maintenant il y en a d’autres qui parlent de leur utopie : le califat.

 

Pour vivre dans l'égalité, dans le partage et couper les têtes des ENNEMIS…

 

Et la vilaine tête de nazi se lève sous différentes formes ainsi, de nouveau…

 

Bonjour l’âme humain, pourquoi ce Dieu de la petite église, où, pour une fois, je ne dors pas, t'a-t-il créé ? 

Et Allemagne, est-ce que tu as vraiment compris quelque chose ?

Est-ce que tu es capable de faire quelque chose de bien, réunifiée comme tu es ?

 

Tu es fort économiquement, mais la culture, l’art, la poésie, tu ne veux pas te rappeler un peu de la fleur bleue, le romantisme de tes larges forêts ?

 

La musique des sous, la mélodie du pouvoir économique, est-ce que cela te rend heureux ? 

Le pays de Schiller et Goethe, der Dichter und Denker, tu n’es que le pays de gens ponctuels et travailleurs, maintenant ?

Il a d’autre chose, je le sais, pourquoi elle ne se réveille pas ? Pourquoi les rêveurs restent-ils muets ? 

 

Pourquoi ne peut-on pas décider pour la solidarité, même s’il n’y a pas Honecker, pourquoi ne peut-on pas choisir la belle mélodie de l’humanité ?

 

Ni bourreau, ni victime, ni pauvres, ni riches, ni hommes, ni femmes, ni chaînes, ni tortures, ni génocides, ni catastrophes nucléaires, ni viols, ni assassinats !

 

Que la danse et l’amour l'emportent, pendant les minuscules moments dont on dispose sur cette planète, chacun de nous. 

 

Si vous êtes là, quelque part, vous, les extraterrestres de l'autre bout de cet univers, qui avez observé le spectacle de Berlin pour le 25 ans de la réunification, vous ne pouvez pas nous envoyer une idée utopique susceptible de marcher ? Nous avons besoin l’indication d’un chemin pour aller au pays des bisous-nours !

 

Moi, au moins, j’en ai besoin.

 

 Paradis, paradis… Emmenez-moi au paradis !!!

 

 

 

Frieda Freund  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rostropovich joue au pied du mur

Rostropovich joue au pied du mur

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
à moi, bientôt, Berlin, sur les traces de WB et d'HF...
Répondre

Présentation

  • : Le blogabonnel
  • : Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
  • Contact

Profil

  • leblogabonnel
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...

Recherche

Liens