Un fantôme rêveur observe tous les écrivains
contemporains depuis le coin de leur page,
un sourire mélancolique aux lèvres, une éternelle clope à la main. Roberto Bolaño est mort il y a quinze
ans, un jour de juillet 2003 de mauvaise
fortune et de chaleur épaisse, après avoir
attendu une dizaine d’années une greffe de foie qui jamais n’arriva.
La publication des Détectives sauvages (1998 ; Christian Bourgois, 2006) avait offert une vaste renommée à cet
écrivain né au Chili en 1953, ayant vécu ses
années de jeunesse au Mexique avant d’
émigrer vers l’Espagne, Barcelone, Gérone,
puis finalement Blanes, petite ville du nord
de la Costa Brava où il passa les dix-huit
dernières années de sa vie.
En 2004 paraissait son chef-d’œuvre
posthume, 2666 (Christian Bourgois, 2008), et l’onde de choc Bolaño achevait de se répandre sur le monde entier.
Sa place dans la littérature contemporaine n’a
dès lors cessé de croître, en même temps que
le mythe d’un ultime artiste maudit, qui aurait replacé au centre du jeu la littérature comme risque à prendre.
« Garder courage, en sachant au préalable
qu’on sera vaincu, et aller au combat : c’est
ça, la littérature », disait-il, dans ce qui
n’était pas qu’une posture – ses livres le
prouvent....Le Monde des Livres 30.11.2018)