Manif contre Polanski - Roman et Jean Dujardin, incarnant Piquart - Marie-Georges Picquart, ici au moment de l'affaire Dreyfus et des procès Zola, est incarné par Jean Dujardin.
le film "J'accuse", de Polanski :
les femmes accusent un homme au risque d'être accusées d'antisémitisme et de censurer un chef-d'oeuvre
J'accuse, de Polanski, cinéaste accusé de viol : sa vie est un roman et une suite de chefs-d'oeuvre. D'actes sexuels condamnables, sans doute, à la justice de trancher : s'il est coupable, il doit être puni (prison, grosse amende...).
Mais son film, lui, n'est pas coupable : il lutte au contraire contre le racisme, la bêtise militaire, l'antisémitisme...
Bien sûr, l'oeuvre, à voir et revoir, tellement elle est actuelle, parle de Roman : bouc émissaire, comme sa famille et tant de juifs, il montre sa solitude, il parle de lui, figure, comme Dreyfus de la victime de complots...
Mise en scène et acteurs sont excellents. On peut toutefois revenir sur le personnage central de Picquart, chef du contre-espionnage: l'histoire est vue de son point de vue, et d'une volonté d'héroïser ce militaire, qui défend l'innocent parce qu'il a une haute conception du devoir militaire. Sens du devoir mais préjugé à l'égard des juifs, de la part de ce soldat qui deviendra un homme politique et manque d'humanité à l'égard de Dreyfus (dernière scène).
Polanski a tort de faire de Picquart un héros, l'unique en fait dans ce film; or, restant du côté de l'armée et des antisémites, Picquart est froid, il n'a pas l'humanisme et le lyrisme de Zola; en outre il n'est pas le seul à enquêter : le film sous-estime le travail du frère aîné, Mathieu Dreyfus, comme l'écrit Vincent Duclerc, spécialiste de l'Affaire...
Malgré les cris -compréhensibles- des femmes contre un homme, il serait honorables qu'elles aillent voir ce film, qu'elles n'insultent plus le cinéaste, à moins d'être accusées d'antisémitismes, tant l'oeuvre démonte la machinerie d'un Etat et d'une armée broyant les libertés et les individus !
JPB
J'accuse est un drame historique franco-italien coécrit et réalisé par Roman Polanski, sorti en 2019. Il s'agit de l'adaptation du roman D. de Robert Harris, portant sur l'affaire Dreyfus.
- En raison des accusations qui sont par ailleurs portées contre son réalisateur, et des thèmes qu'il met en scène, l'innocence bafouée, le bouc-émissaire juif, la condamnation sur de fausses preuves, ce nouveau volet de l’œuvre de Polanski fait tout particulièrement l’objet d'une controverse. Il suscite la gêne dans certains festivals, dont la Mostra de Venise 2019 où il obtient le grand prix du jury et le prix FIPRESCI4, mais aussi lors de sa sortie en France où il donne lieu à des débats et des réactions politiques à l’échelle nationale.
- En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier français de confession juive, est condamné à la déportation à vie pour avoir fourni des documents secrets à l'Allemagne. Le commandant Marie-Georges Picquart, promu lieutenant-colonel et chef du Deuxième Bureau, découvre que le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy espionne pour l'Allemagne et que son propre adjoint, Hubert Henry, sait que le véritable traître n'est pas Dreyfus mais Esterhazy, surnommé Dubois.
- Par devoir et sens de l'honneur, Picquart refuse d'obéir à ses chefs qui lui ordonnent d'étouffer l'affaire. Il est menacé, arrêté, emprisonné, mais persiste jusqu'à ce que la vérité éclate et que Dreyfus soit libéré et réhabilité. Pendant douze ans, cette « affaire » déchire la France de la Troisième République et fait scandale dans le monde entier.