Météo et sensualité
Chloé Nabédian
Pour faire front face à cette canicule qui s'annonce et qui s'engage à nous faire tellement suer... Prenons la force d'en rire!... Un peu d'humour en ces temps sombres, troubles et incertains : Chloé Nabédian, vestale de la météo fait le soleil et la pluie sur sur France Télévision... (A ne pas lire et à ne pas prendre au 1er degré – fût-il Celsius ou Fahrenheit...) Et rassurons-nous une bonne fois pour toutes: le rosé de Rasiguères titrera toujours 13°, le rouge de Caramany 14, et le pastis – le vrai – 51...
Il peut bien pleuvoir, il peut bien neiger, il peut bien venter... Le monde peut subir toutes les plaies d’Égypte... Peu m'importe que les nimbus, les altostratus, les cirrus - et même les virus - nimbent le ciel, obscurcissent l'horizon et grèvent de malheurs et de catastrophes l'avenir!...
La force des vents m’indiffère... Que le vent d'Autan, la marinade ou le sirocco sifflent et soufflent!... Que la tramontane, le mistral et toutes les tempêtes que l'on baptise bienveillamment - et bien souvent inélégamment, voire indécemment - de prénoms féminins sévissent!... Les tremblements de terre me laissent de marbre...Peu me chaut qu'il fasse froid!... La canicule ne m'atteint pas... Face à elle, je reste de glace... Je me moque des prévisionnistes, des climatologues de tout poil et de tout acabit... Je me soucie comme de l'an quarante et me préoccupe comme de ma première chemise des ours blancs qui dérivent sur leur coin de banquise, lequel territoire gelé se réduit inexorablement et inéluctablement à la dimension et à la portion incongrue d'un glaçon, glaçon destiné à mourir dans un verre de whisky...
L' ours blanc n'a qu'à déménager... de l'Arctique à l'Antarctique, du pôle nord au pôle sud, que son instinct de conservation infléchisse sa décision!... et les manchots, les pingouins, les phoques n'ont qu'à suivre!... Les migrants sont bien contraints de fuir leurs pays, d'échapper aux guerres, aux génocides, à la barbarie de sacro-saints dictateurs, nommés «pères protecteurs des peuples et de leurs nations»... Je demeure irrésolument sourd aux hurlements des ouragans, aux cyclones qui déconnent, aux tsunamis qui reviennent sur le tapis et sur les tatamis ... L'érosion des marées me fait marrer... Les flux et reflux des océans sont à mon goût tels les bruissements et les caresses du pinceau de l'indifférence, lorsqu'il badigeonne une jambe de bois...
Les seuls rayons de soleil qui illuminent mes jours et peuplent ma vie, ce sont ces flashs qui interviennent à la télévision à 13 h et à 20 h, sur France 2 ou France 3 (je me fous des canaux et des chaînes, tant je savoure ce qui m'est soudain offert)... ce sont des rais de lumière qui déchirent les limbes de l'ennui et les vicissitudes de confinements et de couvre-feux imposés, contraints et forcés, en un qualificatif, un seul: liberticides...
Lors de ces rendez-vous bénis, de ces rencontres intemporelles, de ces bouffées de vie solaires et salutaires, Chloé Nabédian, de tout son savoir-faire et de tout son charme, présente la météo...
Cet ange du bizarre – fort heureusement non asexué -, cette Eurydice à jamais perdue par le poète Orphée dans les couloirs de l'Enfer, cette épouse adorée que Loth vit se changer soudain en une statue de sel lors de la destruction divine de Sodome et Gomorrhe dans l'Ancien Testament, étanche la peine qui s'écoule de mes yeux éplorés et apaise en secret les sursauts et les rebonds de mon cœur esseulé, cœur palpitant néanmoins de fièvre...
Durant ces moments heureux où les problèmes s'envolent, où la Covid-19 disparaît sans aucune alternative, et sans nul autre besoin de vaccin, où la canicule se trouve d'un cillement des yeux - d'un seul - rangée, confinée, emprisonnée, réduite à rien et à néant dans le compartiment si familier de mon congélateur...
Au cours de ces instants éphémères où l'existence, bien souvent absurde au demeurant, semble soudain prendre un sens profond... en ces instants féeriques, un message éthéré, volage, volatile et volubile parle secrètement à mon oreille d'enfant...
Chloé Nabédian annonce de sa voix sensitive et sensuelle: «Mets-tes-hauts!...»
Et mon âme fébrile, qui s’enflamme aussitôt, brûlant jusqu'à la damnation de tous les feux de la passion et de tous les supplices que peut imaginer le diable, susurre à haute-voix en mon être ébranlé, dans mon silence et ma solitude intimes: «Enlève tes bas!...»
Jean Iglesis